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quelles ont été nos inquiétudes durant votre absence, quels ont été nos vœux, qui jamais n'ont cessé de vous accompagner; nous y venons vous remercier du bonheur, d'autant plus grand qu'il était inattendu, que votre retour dans votre empire nous fait éprouver.

"Sire, à l'expression franche de ces sentimens, nous n'ajouterons pas des félicitations dès long-tems inutiles à votre gloire sur une campagne que rien ne saurait mieux signaler que le désespoir de vos ennemis, que l'incendie de leurs villes par leurs propres mains, que l'impuissance de leurs efforts (quoiqu'ils fussent sécondés par le climat, non moins barbare qu'eux); que l'impuissance dis-je, de leurs efforts pour s'opposer au railliement de votre armée dans les quartiers de repos que votre prévoyance et votre sollicitude paternelle lui avaient ménagés.

"Mais, pressés par le souvenir des événemens intérieurs, dont nous avons été les témoins, encore pénétrés d'une indignation profonde sur l'horrible attentat du 23 Octobre. C'est un besoin et un devoir pour nous de dire à V. M., ce sera pour elle une consolation d'entendre que c'est surtout dans ce moment de danger pour la patrie, que nous avons plus vivement ressenti le bienfait de la monarchie que votre main a relevée, que votre épée a raffermie, que votre sagesse consolidera, en achevant de l'environner de toutes les institutions qui peuvent en garantir la durée, et dont le ciel lui-même a si manifestement sanctionné Je rétablissement, lorsque, répondant à nos vœux et pour en assurer la perpétuité, il vous a accordé un fils, et à nous un héritier du trône.

"Oui, Sire, de ces heures d'une calamité passagère où l'esprit du peuple et la force déployée par le gouvernement avertirent bientôt les séditieux et de leur isolement, et de la folie de leur tentative, et de la vanité de leurs espérances; il restera du moins un résultat utile qui en préviendra le retour; c'est que tous les Français demeureront plus intimement convaincus que ce n'est que du gouvernement naturel de leurs pays, de ce gouvernement tutélaire que vous leur avez restitué, qu'ils peuvent attendre et obtenir l'ordre, la conservation et la tranquillité; c'est qu'ils sentiront mieux la nécessité de se rattacher à ce centre unique de force et de protection, et qu'ainsi guéris à jamais des théories chimériques dont une imposture ambitieuse cherche trop souvent à les fasciner, dont tous les essais ont été si malheureux, dont presque tous les sectateurs ont été les victimes, heureux sous votre empire, rassurés sur l'avenir de leurs enfans, il ne voudront, il ne sauront plus que bénir votre nom, célébrer votre gloire, proclamer leur reconnaissance, et former des vœux pour votre conservation, pour celle de votre auguste fils, S. M. le roi de Rome, et pour la succession d'âge en âge de votre illustre postérité.

"Sire, ces sentimens et ces vœux sont particulièrement les Y Y Y Y Y 2

nôtres; placés à l'apogée de la magistrature française, nous devons donner, et nous vous supplions de croire que nous donnerons constamment le plus ferme exemple d'un dévouement absolu à votre personne, d'un attachement inviolable à votre dynastie, et d'une invariable fidélité aux devoirs que nous imposent notre institution et l'honorable confiance de V. M.

Discours du président de la cour des comptes.

"Sire,

"Toutes les fois qu'après avoir couru les chances périlleuses de la guerre, V. M. rentre au sein de ses états, sa présence y fait renaître la joie et l'espérance. La confiance succède aux inquiétudes dont ne peuvent se défendre tous les hommes éclairés qui savent combien votre existence est nécessaire au repos, à la gloire et au bonheur de la France.

"Tels sont, sire, les sentimens qu'éprouvent les magistrats de votre cour des comptes en se félicitant de votre heureux retour, après une campagne où V. M. a porté ses armes victorieuses jusque dans la ville principale de ses ennemis, et où elle a montré tout ce que peuvent un grand caractère et les ressources du génie dans les circonstances les plus difficiles.

"Constamment dévoué à votre auguste personne et aux principes du gouvernement que vous avez établi, nous avons partagé l'indignation dont tous les bons Français ont été pémétrés lorsque de vils conspirateurs, supposant l'événement le plus funeste qui puisse affliger l'empire, ont voulu s'emparer du pouvoir et violer les droits de l'hérédité sur lesquels repose la monarchie.

"Grâce à la Providence et grâce à la sagesse et à l'énergie d'hommes véritablement pénétrés de leurs devoirs, ces trames criminelles et insensées ont été rompues dans l'instant même où elles avaient été formées! Mais quelques dangers qui eussent pu eu résulter, n'en doutez pas, sire, la magistrature serait restée fidèle à votre dynastie.

"Instruits par l'expérience, nous savons que la France ne peut avoir de repos que dans la monarchies, et que la monarchie elle-même ne peut être solidement établie que sur le système de l'hérédité de la couronne. Nous sommes donc fermement attachés à ces principes par conviction; mais nous y tenons aussi par notre amour pour votre personne sacrée et pour votre auguste descendance, et nous nous félicitons d'être admis à les professer solennellement au pied du trône sur lequel vous

êtes assis.

"Puisse V. M. pour le bonheur de la France l'occuper encore pendant un grand nombre d'années! Qu'elle daigne agréer de nouveau l'assurance de nos sentimens! Elle nous trouvera toujours sujets fidèles, magistrats intègres et laborieux, et eitoyens dévoués."

Discours de son excellence le grand-maître de l'université.

"Sire,

"L'université que les monarques, vos prédécesseurs, appelaient leur fille aînée, doit partager vivement la joie que le retour de V. M. fait naître dans tous les cœurs. Elle se félicite, en ce moment, de porter aux pieds du trône les hommages et les vœux d'une génération entière qu'elle instruit dans ses écoles à vous servir et à vous aimer.

"Oui, sire, l'université fondée par Charlemagne, relevée par Napoléon, mille ans après son premier fondateur, ne peut oublier devant ces deux grands noms les saints engagemens qu'elle a contractés envers le trône et la patrie. Son origine et son antiquité lui rappellent tous ses devoirs, dont le premier est de faire des sujets fidèles. Sage dépositaire des vieux principes, elle parle au nom des siècles et de l'expérience. Elle fut, elle sera toujours en garde contre ces nouveautés hardies et ces systèmes désastreux qui l'entraînèrent dans la ruine universelle, avec toutes les institutions monarchiques.

"L'étude des bonnes lettres qu'elle enseigne, est fondée sur le bon sens ; et le bon sens est le premier besoin des sociétés. C'est le bon sens qui montre partout l'accord de l'intérêt et du devoir. C'est lui qui révère tout ce qui est utile, même avant de l'expliquer. Il s'arrête avec respect devant le mystère du pouvoir et de l'obéissance. Il l'abandonne à la religion qui rendit les princes sacrés en les faisant l'image de Dieu même. C'est lui qui terrasse l'anarchie et les factions, en proclamant l'hérédité du trône. C'est lui qui fit de cette lo un dogme français, et, si je puis parler ainsi, un article fondamental de la foi de nos pères. La nature ordonne en vain que les rois se succèdent, le bon sens veut que la royauté soit immortelle.

"L'université conservera toujours ces antiques maximes qui font la sécurité des familles auxquelles son sort est lié. Mère commune de tous les enfans que l'état lui confie, elle vous exprime leurs sentimens avec les siens. Permettez donc, sire, qu'elle détourne un moment les yeux, du trône que vous remplissez de tant de gloire, vers cet auguste berceau où repose l'héritier de votre grandeur. Toute la jeunesse française environne avec nous de ses espérances et de ses bénédic tions cet enfant royal qui doit la gouverner un jour. Nous le confondons avec V. M. dans le même respect et dans le même amour. Nous lui jurons d'avance un dévouement sans bornes comme à vous-même.

"Sire, ce mouvement qui nous emporte vers lui ne peut déplaire à votre cœur paternel. Il vous dit que votre génie ne peut mourir; qu'il se perpétuera dans vos descendans, et que la reconnaissance nationale doit être éternelle comme votre nom.'

S. M. a répondu qu'elle agréait les sentimens exprimés par MM. les présidens de la cour de cassation, de la cour des comptes et par S. Exc. le grand-maître de l'université.

Sire,

31 Décembre, Rapport à l'empereur.

Paris, le 12 Septembre 1812.

Les commissaires du transport-office ont adressé, le 17 du mois dernier, au chef de la 5e division de mon ministère, deux listes des officiers français de tous grades qui se sont évadés des lieux de leur cautionnement.

La première comprend 270 personnes reprises dans leur évasion.

L'autre contient les noms de 590 personnes désignées comme ayant réussi à s'échapper.

J'ai lieu de croire qu'il y a erreur sur ce dernier nombre, car nous n'avons connaissance que de 363 prisonniers de tous grades rentrés de cette manière en France.

Les réflexions dont les commissaires du transport-office ont accompagné l'envoi de ces listes, m'ont porté à me faire remettre sous les yeux, l'état des prisonniers de guerre Anglais de tous grades qui se sont évadés du lieu de leur cautionnement en France, avec l'indication du jour où ils ont violé leur parole.

Le nombre en est de 355, non compris ceux qui ont été repris dans leur invasion.

Dans le nombre de ceux qui ont réussi à s'échapper, on distingue un membre du parlement, Thomas Brook, évadé en Octobre 1804; de Valenciennes, où il était sur parole; on y compte aussi un Sir James Crawfurd, connu par les places distinguées qu'il a occupées, qui s'est évadé vers le même tems d'Aix la Chapelle, en abusant de la permission qui lui avait été donnée d'aller y prendre les eaux.

L'objet de ces rapprochemens est de démontrer que l'initiative de la violation de ces paroles d'honneur a été prise par les Anglais; car on voit à peine quelques Français des grades les plus inférieurs qui, en 1804, se sioent mis dans ce cas, alors que l'exemple en était donné par les Anglais de marque que je viens de désigner.

D'un autre côté, pour peu que l'on fasse attentiou que le nombre des prisonniers anglais détenus en France n'est que le tiers du nombre des Français détenus en Angleterre, on voit dans la comparaison du nombre des évadés des deux nations, que les violations de cette espèce ont été proportionnellement bien plus nombreuses de la part des Anglais.

Mais il n'est pas hors de propos d'ajouter ici, que sur le nombre des Français qui sont en Angleterre, il en est sept ou huit mille provenant de la capitulation de Baylen, c'est-à-dire, qui y sont retenus contre tout droit, et par une violation scandaleuse de cette capitulation, suivant laquelle, ils devaient être renvoyés en France avec leurs armes.

Et si l'on avait à porter plus loin cet examen, on aurait encore à remarquer qu'an grand nombre de Français qui se sont échappés d'Angleterre, ne sont pas des prisonniers appartenans à cette puissance, mais qu'ils ont été pris par les Espagnols, dont plus de 2700 othiciers genéraux et de tous grades prisonniers de guerre en France, se sont évadés de leur cautionnement eu violant leur parole.

Tels sont, sire, les détails dont j'ai cru devoir vous rendre compte. Peut-être V. M. jugera-t-elle que la publicité qui leur serait donnée suffirait pour faire retomber sur les Anglais tout ce que dans ces derniers tems ils out affecté de répondre d'injurieux à cet égard contre les prisonniers français.

DECRES.

FIN DU QUATRIÈMÈ ET DERNIER VOLUME.

De l'Imprimerie de R. Juigné, 17, Margaret-street, Cavendish-square.

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