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m'a ordonné de vous envoyer vos passeports, dont elle considère la demande réitérée comme une déclaration de guerre,

J'ai l'honneur, &c.

(Signé)

Pour copie conforme,

Le ministre des relations extérieures,

Le Duc de BASSANO.

Le Duc de BASSANO.

7 Juillet.

Préfecture de Police.

Une ordonnance en date du 3 Juillet, concernant les dégâts commis par les pigeons fuyards, dans les communes rurales, contient les dispositions suivantes:

L'article 2 de la loi du 3 Novembre 1789, et l'article 12 du titre 12 du 2 de la loi du 6 Octobre 1791, concernant les biens et usages ruraux et la police rurale, seront réimprimés, publiés et affichés avec la présente ordonnance.

Conformément à l'article 2 de la loi précitée du 3 Novembre 1789, les propriétaires des colombiers et tous autres propriétaires de pigeons dans les communes rurales du ressort de la préfecture de police, seront tenus de les enfermer depuis le ler Mars jusqu'au 20 Avril, depuis le 15 Juillet jusqu'au 20 Août, et depuis le 1er Octobre jusqu'au 15 Novembre.

Les contraventions seront constatées par des procès-verbaux, qui nous seront adressés.

Il sera pris envers les contrevenans telles mesures de police administrative qu'it appartiendra, sans préjudice des poursuites, à exercer contre eux devant les tribunaux.

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9 Juillet.

Bulletin de la grande armée.

Wilkowisky, le 22 Juin, 1812.

Tout moyen de s'entendre entre les deux empires devenait impossible; l'esprit qui dominait le cabinet russe le précipita à la guerre. Le général Narbonne, aide-de-camp de l'empereur, fut envoyé à Vilna et ne put y séjourner que peu de jours. On acquérait la preuve que la sommation arrogante et tout-à-fait extraordinaire qu'avait présentée le princeKourakin, où il déclara ne vouloir entrer dans aucune explication que la France n'eût évacué le territoire de ses propres alliés, pour les livrer à la discrétion de la Russie, était le sine quá non de ce cabinet, et il s'en vantait auprès des puissances étrangères.

Le 1er corps se porta sur la Prégel. Le prince d'Eckmuhl eut son quartier-général le 11 Juin à Konigsberg.

Le maréchal duc de Reggio, commandant le 2e corps, eut son quartier-général à Vehlau; le maréchal duc d'Elchingen, commandant le 3e corps, à Soldapp; le prince vice-roi, à Rastembourg; le roi de Westphalie, à Varsovie; le prince Poniatowski, à Pultusk; l'empereur porta son quartier-général le 12 sur la Prégel à Konigsberg, le 17 à Justerbourg, le 19 à Gumbinen.

Un léger espoir de s'entendre existait encore. L'empereur avait donné au comte de Lauriston- l'instruction de se rendre auprès de l'empereur Alexandre, ou de son ministre des affaires étrangères, et de voir s'il n'y aurait pas moyen de revenir sur la sommation du prince Kourakin, et de concilier l'honneur de la France et l'intérêt de ses alliés avec l'ouverture des négociations.

Le même esprit qui régnait dans le cabinet russe, empêche, sous différens prétextes, le comte de Lauriston de remplir sa mission; et l'on vit pour la première fois un ambassadeur ne pouvoir approcher ni le souverain, ni son ministe dans des circonstances aussi importantes. Le secrétaire de légation, Prevost, apporta ces nouvelles à Gumbinen; et l'empereur donna l'ordre de marcher pour passer le Niémen: "Les vaincus, dit-il, prennent le ton de vainqueurs, la fatalité les entraîne, que les destins s'accomplissent. S. M. fit mettre à l'ordre de l'arinée, la proclamation suivante :

"Soldats,

"La seconde guerre de Pologne est commencée. La pre"mière s'est terminée à Friedland et à Tilsitt; à Tilsitt, la "Russie a juré éternelle alliance à la France et guerre à l'An"gleterre. Elle viole aujourd'hui ses sermens. Elle ne veut "donner aucune explication de son étrange conduite que les "aigles françaises n'aient repassé le Rhin, laissant par là nos "alliés à sa discrétion. La Russie est entraînée par la fata"lité! ses destins doivent s'accomplir. Nous croirait-elle donc "dégénérés? ne serions-nous donc plus les soldats d'Austerlitz? "Elle nous place entre les deshonneur et la guerre. Le choix, "ne saurait être douteux, marchons donc en avant! passons "le Niémen! portons la guerre sur son territoire. La seconde guerre de Pologne sera glorieuse aux armées françaises, "comme la première; mais la paix que nous conclurous por"tera avec elle sa garantie, et mettra un terme à cette orgueil"leuse influence que la Russie a exercée depuis cinquante ans sur les affaires de l'Europe."

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En notre quartier-général de Wilkowisky, le 22 Juin, 1812.

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Le 16 Juillet.

Le pape est arrivé à Fontainebleau le 20 Juin dernier, accom gagné de l'archevêque d'Edessa et de plusieurs officiers de sa maison. M. le duc de Cadore, intendant de la couronne, et S. Exc. le ministre des cultes, l'archevêque de Tours, les evêques de Nantes et de Trèves, l'ont reçu à son entrée au palais. L'évêque d'Evreux est arrivé le lendemain. Les car dinaux présens à Paris y ont été quelques jours après. S.S. y occupe le même appartement qu'il y a sept ans; elle a trèsbien supporté le voyage.

28 Juillet.

7e Bulletin de la grande armée.

Wilna, le 16 Juillet, 1812.

La diète de Varsovie s'étant constituée en confédération genérale de Pologne, a nommé le prince Adain Czartorinaki son président. Če prince, âgé de 80 ans, a été, il y a 50 ans, maréchal d'une diète de Pologne. Le premier acte de la confédération a été de déclarer le royaume de Pologne rétabli.

Une députation de la confédération a été présentée à l'empereur Napoléon à Wilna, et a soumis à son approbation et à sa protection, l'acte de confédération.

Noms des membres de la députation de la confédération générale de la Pologne.

MM.

Joseph Wybicki, Valentin Sobolewski, sénateurs palatins; Alexandre comte Beniski, nonce du district d'Obornicki. (département de Posnan);

Stanislas comte Soltyk, nonce du district de Szydlowice (département de Radom);

Ignace comte Stadnicki, nonce de Konieck (département de Radom);

Mathieu Wodzinski, nonce du district de Brzesk (départe ment de Bromberg);

Ladislas comte Tarnowski, nonce du district de Lubarton (département de Lublin);

Stanislas comte Alexandronicz, nonce de Losick (départe ment de Siedlac).

Discours de M. le comte palatin Wybicki, président de la députation.

Sire,

La diète du duché de Varsovie, réunie à l'entrée des puissantes armées de V. M. ayant eu pour but de pourvoir aux

moyens que les localités lui offraient pour qu'elles ne manquas sent de rien, a senti, dès le premier pas, qu'elle avait des droits à réclamer et des devoirs d'un ordre plus élevé à rem plir. D'une voix unanime, elle s'est constituée en confédération générale de Pologne; elle a déclaré la Pologne rétablie dans ses droits, et tous les actes arbitraires et usurpateurs qui avaient anéanti son existence, comme nuls et de nulle valeur.

Sire, V. M. travaille pour la postérité et pour l'historie; et l'histoire et la postérité, comme l'Europe toute entière, ne peuvent méconnaître nos droits, pas plus que nous ne méconnaissons nos devoirs. Nation libre et indépendante depuis les âges les plus réculés, nous n'avons perdu notre territoire et notre indépendance, ni par un traité ni par une conquête, mais par la trahison et la perfidie. La trahison ne peut jamais constituer un droit. Nous avons vu notre dernier roi, traîné à Pétersbourg, y périr dans l'oprobre, et notre nation déchirée en lambeaux et partagée entre les princes auxquels elle n'avait pas fait la guerre, et qui ne l'ont pas conquise.

Nos droits sont donc évidens aux yeux des hommes et aux yeux de Dieu même. Nous avons le droit de nous déclarer Polonais, de relever le trône des Jagellons et des Sobieski, de ressaisir notre existence, de rassembler nos membres épars, de nous armer pour la patrie, et de montrer, en combattant pour elle, que nous sommes encore dignes de nos ayeux,

Ce qui constitue notre droit, constitue aussi notre devoir. Grâce à V. M., quatre millions de Polonais sont libres et gouvernés par des lois polonaises; mais le bonheur dont ils jouissent n'a point étouffé, dans les circonstances actuelles, le sentiment des devoirs qu'impose la patrie, qui sont gravés dans tous les cœurs et commandés par le ciel même.

Nos frères, formant la plus forte population de la Pologne, sont encore courbés sous l'oppression des Russes: nous osous réclamer leur droits, et présenter un centre de réunion à toute la famille polonaise.

V. M. pourrait-elle nous désavouer et nous blâmer d'avoir fait ce que notre devoir de Polonais exigeait, et d'avoir repris nos droits? Oui, sire, la patrie polonaise est proclamée dès aujourd'hui. Elle existe en droit: existera-t-elle de fait ? Le devoir et le droit légitiment notre résolution; mais la force sera-t-elle pour nous? Et Dieu n'aurait-il pas assez puni la Pologne de ses divisions? Voudrait-il perpétuer nos malheurs et les Polonais qui ont nourri l'amour de la patrie, devraient-ils descendre dans la tombe tristes et sans espérances? Non. Vous avez été suscité par la Providence, sire; sa force réside dans les mains de V. M., et l'existence de notre duché est due à la puissance de vos armes.

La confédération nous a députés devant vous pour soumettre son acte de confédération à votre suprême sanction, et pour vous demander votre puissante protection pour le royaume de Pologne. Sire, dites le royaume de Pologne existe, et ce décret sera pour le monde, l'équivalent de la réalité !

Nous sommes seize millions de Polonais. Il n'en est pas un dont le sang, les bras, les biens, ne soient dévoués à V. M. Tous les sacrifices seront légers pour nous, lorsqu'il s'agira de la restauration de notre patrie. Depuis la Dwina jusqu'au Duiester; depuis le Borysthène jusqu'à l'Oder, un seul mot de S. M. va lui dévouer tous les bras, tous les efforts, tous les cœurs. Cette guerre imprudente, que, malgré les souvenirs d'Austerlitz, de Pultusk, d'Eylau, de Friedland, malgré les sermens de Tilsitt et d'Erfurt, la Russie a osé déclarer, nous n'en doutons pas, sire, est un décret de la Providence, qui, touchée des malheurs de notre nation, a résolu d'y mettre un

terme.

Cette seconde guerre de Pologne est à peine commencée, et déjà nous portons nos hommages à V. M. dans la capitale des Jagellons, et déjà les aigles de V. M. sont sur la Dwina, et les armées de la Russie, séparées, divisées, coupées, errent, cherchent en vain à se réunir et à se former.

L'intérêt de l'empire de V. M. veut le rétablissement de la Pologne: peut-être l'honneur de la France y est-il également intéressé. Si le démembrement de la Pologne fut le signe de la décadence de la monarchie française, que son rétablissement prouve la prospérité où V. M. a élevé la France. La Pologne opprimée a tourné les yeux, durant presque trois siècles vers la France, cette nation grande et généreuse. Mais ses destinées ont réservé ce dénouement au chef de la quatrième dynastie, à Napoléon le grand, devant qui la politique de trois siècles a été l'objet d'un moment, et l'espace du midi au nord ne fut qu'un point.

Nous présentons à V. M. l'acte de confédération qui proclame la renaissance et l'existence de la Pologne. Nous renouvelons devant elle, au nom de tous nos frères, l'engagement solennel de poursuivre jusqu'à la fin, et par le concours de toutes les volontés, de tous les moyens, et, s'il le faut, de tout le sang qui coule dans nos veines, l'entreprise que nous n'aurons pas formée en vain, si V. M. daigne la protéger.".

Réponse de Sa Majesté.

"MM. les députés de la confédération de Pologne, "J'ai entendu avec intérêt ce que vous venez de me dire. "Polonais, je penserai et j'agirai comme vous. J'aurais voté comme vous dans l'assemblée de Varsovi; Mamans de la patrie est la première vertu de l'homme civil

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