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les hommes des dixième et douzième siècles, d'après les lumières et l'esprit de notre temps.... Mais à mesure que l'historien avançait, sa plume inflexible trouvait des censeurs plus sévères. On l'a accusé de vouloir déshonorer des familles illustres, des corps respectables et des classes entières; de tirer de quelques faits particuliers des inductions générales fausses, comme si l'on prétendait juger de nos mœurs d'après les arrets criminels de nos tribunaux. Malheureusement la critique était fondée, et l'on doit regretter que, dans un livre si recommandable, l'esprit de détraction en ait trop souvent denaturé le caractère.

homme est sans cesse en présence de ses ouvrages. Le second (Vie de Voltaire, par M. Mazure) représente son héros de manière à ne pas le faire aimer, et il ne le juge guère que d'a-près ses écrits. Le troisième ( Histoire de la Vie et des Ouvrages de JeanJacques Rousseau, par M.V. de Musset-Pathay) a pour objet principal de justifier le philosophe de Genève de toutes les imputations dont la société d'Holbach a noirci sa mémoire, et de prouver que sa conduite, sonlangage, sa morale et ses actions étaient en harmonie, chose en apparence impossible. M. Musset explique toutes les bizarreries, les inegalites d'âme et de conduite de Jean-Jacques par le malheur qu'il eut d'unir son sort à une creature indigne de lui, qui se faisait un jeu de le tromper, d'aigrir son caractère, qui a tourmente sa vie, et qui a pu le porter à en accélérer le terme. C'est l'opinion de M. Musset, dont le livre, écrit de conscience, critiqué sous le rapport de la distribution, contient une grande quantité de lettres inédites, de recherches curieuses, et mérite de trouver place dans les bibliotheques auprès des œuvres du philosophe de Genève.

Une autre composition historique, faite dans un esprit différent, a subi d'autres critiques; c'est l'Histoire de l'assemblée constituante (tom. VII et VIII de l'Histoire de France pendant le dix-hui.icme siècle), par M. Ch. Lacretelle. On y a reconnu le merite ordinaire de l'auteur, la souplesse et l'elegance de son style, Fart qu'il a de classer ou de grouper les faits, d'interrompre ses narrations par des réflexions ou mème des anecdotes qui coupent agréablement la monotonie du récit, et son talent à faire le portrait historique. Les censeurs libéraux lui ont reproché d'être en contradition avec lui-même, et de s'être appesanti avec une douloureuse habileté sur les crimes de la revolution: d'au tres ont loué l'impartialité calme et philosophique de ses jugemens. S. M. le roi de Prusse, à qui M. Ch. Lacretelle avait fait hommage de son livre, lui en a hautement témoigné sa satisfaction. Telle est aujourd'hui l'influence de l'esprit de parti sur le mérite des ouvrages, qu'il n'est plus possible de s'en garantir. Pour la plupart, après avoir été censurés ou loués, l'oubli le plus profond vient finir la dispute. Mais celui de M. Ch. Lacretelle n'est pas de ceux-là: il est livré pour long-laminoirs semblent des personnes temps aux critiques. < ou plutôt des animaux devorans. La biographie, qu'on pourrait ap- « Si vous vouliez lutter contre leur peler la succursale de l'histoire, nous offre cette année, outre la continuation du grand dictionnaire, quelques articles à remarquer. Le premier (Histoire de la Vie et des Ouvrages de La Fontaine, par M. Walckenaer) est un cadre ingénieux où le bou

Entre les mémoires nouveaux qui sont aussi des ouvrages biographiques, il faut placerau premier rang un livre de madame de Staël ( Dix Années d'Exil), publié dans la collection genérale de ses écrits. Il est empreint. comme tous ceux qui sont sortis de la plume de son illustre anteur, de la situation où elle se trouvait. Voiri comme elle peint le gouvernement de l'homme qui n'avait pu la souffriren France;

«Dans une grande forge, on ob< serve avec étonnement la violence <des machines qu'une seule volonté < fait mouvoir ces marteaux, ces

< force, vous en seriez anéanti. Ce« pendant, toute cette fureur appa<rente est calculée, et c'est un seul

moteur qui fait agir ces ressorts. << La tyrannie de Bonaparte se présente à mes yeux sous cette image; il fait périr des milliers d'bommes

← èomme ces roues battent le fer; et e ses agens, pour la plupart, sont « aussi insensibles qu'elles. L'impul«sion invisible de ces machines hu«maines vient d'une volonté tout à la fois violente et méthodique, qui transforme la vie morale en In ⚫ instrument servile; enfin, pour ◄ achever la comparaison, il suffirait d'atteindre le moteur pour que tout eentrât dans le repos. »

Il a paru à la fin de l'année des mémoires de l'abbé Morellet, le dernier homme du siècle de Voltaire. Ces mémoires ( 2 vol. in-8o) offrent des détails précieux et piquans sur l'histoire de la société du baron d'Holbach, grande coterie littéraire, que Galiani appelait le café de l'Europe. Ils offrent moins d'intérêt en ce qui concerne la révolution, où l'abbé Morel let n'a pas cessé de faire un rôle honorable, mais qu'il n'a vue que superficiellement, et dont le tort le plus grand, à ses yeux, était la suppression de l'académie c'était le prototype de l'académicien.

Belles-lettres. —L'académie française, dont nous avons recueilli dans notre Chronique les actes essentiels, a fait cette année une perte sensible dans la personne de M. de Fontanes, homme d'un talent vraiment académique, mais dont la fortune littéraire a peut-être encore été plus grande que le talent. Il a été remplacé par M. Villemain, qu'il avait Ini-meme indiqué au choix de l'académie, et dont la réception (28 juin) a été des plus mémorables, des plus brillantes que l'on eût encore vnes. Le discours du récipiendaire, remarquable par la suite et la cohérence des idées, par le choix des expressions, par l'harmonie et la pureté continue du style, était, suivant l'usage, un éloge complet de son prédécesseur. Il a loué, dans M. de Fontanes, ses premiers essais (le poëme de la Chartreuse et du Verger), son émigration, son retour en France, les talens qu'il déploya comme president du corps législatif, et les services qu'il rendit comme grand-maitre de l'université, etc..... Des critiques lui ont reproche, comme à M. Roger, chargé de lui répondre en qualité de président, de n'avoir ose dire que la liberté naissante avait

inspiré à M. de Fontanes des vers empreints d'une châleur d'âme qui manque à ses autres ouvrages, d'avoir trop exalté son talent poétique; mais ils n'ont pu refuser au récipiendaire les droits qu'il avait à cette riche suc→

cession.

A la suite de ces discours, remar quables par l'effet littéraire et politique qu'ils ont produit, M. Picard a lu un fragment inédit du poëme que M. de Fontanes retenait dans son portefeuille, et qui a pour titre : La Délivrance de la Grèce. Ce fragment, épisode d' Eschyle au tombeau d'Homère, n'a pas complètement justifié les éloges que les deux orateurs venaient de donner au génie poétique de l'antenr.

Poésie.-M. de Fontanes, doué d'un talent éminent pour la poésie didactique, épris de ce poëme que Voltaire regardait comme le plus utile, le plus beau, le plus sublime qu'on eût écrit dans aucune langue, l'Essai sur l'Homme, de Pope, en avait donné en 183 une traduction dont il retira ensuite tous les exemplaires qu'il put trouver, pour la revoir à loisir. Quelques semaines avant sa mort, il l'avait livrée à l'impression, en même temps qu'on publiait celle de J. Delille. Ces deux ouvrages, composés dans la jeunesse de leurs auteurs, n'appartiennent pas à notre époque; mais leur apparition simultanee n'en est pas moins l'événement le plus remarquable de notre année littéraire. Si les attaques dirigées contre l'auteur de l'Essai sur l'Homme, par les théologiens qui le trouvaient trop hardi, par les philosophes qui le trouvoient trop timide, venaient à se reproduire, l'auteur anglais n'aurait plus besoin des dissertations de Warburton; l'honneur d'avoir été traduit à la fois par Delille et par Fontanes suffirait à sa justification.

Ce serait une tâche an-dessus de nos forces, hors du cadre que nous avons choisi, que d'entreprendre un parallèle raisonné des deux traductions, de dire en quoi elles se ressem blent, en quoi elles différent, en quoi l'une peut surpasser l'antre; des critiques exercés l'ont dignement remplie. Il nous suffit de faire observer après eux, que les deux traductions

Dans un autre temps, l'apparition de ces deux poëmes eût mis toute la république des lettres en rumeur : il y avait de quoi occuper plusieurs mois les déjeuners de Ferney et les petits soupers de Paris; cependant leurs éditions se sont écoulées en silence, tandis que le roman de M. Darlincourt, le Solitaire, fatiguait les presses de ses reimpressions successives, les journaux de ses annonces, les amis du bon goût de sa pompe sauvage et romantique.

portent l'empreinte de deux talens < deux écrivains qu'une amitié indisfort différens l'un (celui de J. De-crète a voulu placer sur la mème lille), éprouvé dans l'art si difficile « ligne. > de faire passer les beautés d'une langue dans une autre, sans cesser d'ètre poëte, ou de substituer des équivalens aux tours, aux images, aux expressions que le génie particulier d'une langue rend intraduisibles, talent original, d'une allure libre et fière, distingué entre tous par la coupe savante de ses vers, par les artifices d'un style brillant et pittoresque, et dont l'audace heureuse a fort agrandi le domaine poétique; l'autre (de Fontanes), distingué par la correction, l'élégance et la précision du style, ayant le secret de la langue analytique comme Voltaire, la raison judicieuse de Boiteau, et son goût classique, et sa patience à travailler les vers.

Il serait pourtant injuste d'appli quer sans restriction ce jugement à tous les détails des deux poëmes, Ainsi, dans le début de la première épître, où la surabondance des métaphores est fidèlement reproduite dans les deux versions, Delille l'emporte par la fermeté, la précision et l'élégance du style. Dans une autre, sur l'empire des passions, les vers de M. de Fontanes offrent un éclat, une pompe, une harmonie, une chaleur de traduction où J. Delille n'a pas atteint. Mais en général, et d'après l'impression qui reste de la lecture des deux poëmes, M. de Fontanes serre de plus près son auteur; il en suit mieux les mouvemens il a reproduit avec plus de soin, de concision, et moins d'inégalités que Delille, la partie abstraite du poëme; mais celui-ci, s'attachant moins à la ressemblance détaillée des traits qu'à l'imitation large et vigoureuse de la physionomie, retranchant, modifiant ou remplaçant ce que la délicate sévérité de la langue française ne peut supporter, a passé de bien loin son rival dans ce qui tient à la description, aux grandes images, aux grands tableaux de la nature...... Enfin ce poëme, le chef d'oeuvre de Fontanes et l'un des moindres titres de J. Delille à la renommée, pourrait encore au besoin servir de mesure pour déterminer « l'intervalle qui sépare au Parnasse

A peine, au mileu du fracas qu'il a fait, a-t-on entendu la chute de l'empire romain d'Orient et vu passer le dernier des Césars. Dans l'indifference où les lecteurs français sont pour les compositions héroïques, peutêtre ai-je besoin de rappeler à leur souvenir que c'est le titre d'un poème épique, publié au mois de septembre par M. le comte de Vaublanc. Il a été vivement censur par un parti, faiblement loué par l'autre : on n'a pas même épargné sa jeune vierge, à la vie de laquelle sont attachées les destinée de l'empire, et dont l'innocence court tant de dangers..... Et tandis que, malgré de beaux tableaux, de grands caractères, des épisodes intéressans, le dernier des Césars reposait sur l'étalage des libraires, un petit roman, Smarra ou les Démons de la nuit, succédant à la vogue du Solitaire, envahissait tous les boudoirs, tous les salons, avant d'ètre annoncé par les journaux, sur le seul nom de son auteur, M. Charles Nodier, écrivain coloriste, vraiment original, dont l'imagination brillante enfante sans efforts toutes les merveilles du romantique, le Walter-Scott de notre littérature.

Quand on se plait à recevoir ces émotions, les plus beaux vers paraissent froids et ternes, sans verve et sans couleur à moins que des circonstances particulières, ou l'esprit de parti, ne viennent réchauffer le goût blasé des lecteurs. Ainsi M. Viennet, chantant les malheurs et l'espérance de la Grèce, ainsi M. Ourry, célébrant le dévoûment des médecins français à Barcelonne, ont vivement

intéressé les cœurs généreux et les amateurs de bons vers: ainsi M. de Béranger.......... Mais Thémis les a condamnées, et les muses n'ont qu'à pleurer l'erreur d'un beau talent (Voy. la Chronique ).

THEATRES. De toutes les branches de la littérature, celle du théâtre est presque toujours chez nous la mieux cultivée. La cause n'en est-elle pas dans un esprit de sociabilité plus expansif chez nous que chez nos voisins? Je laisse la solution du problème aux moralistes, pour passer au matériel de ma proposition.

On a calculé qu'il avait été donné en 1821, sur les 13 théâtres de Paris, 173 pièces nouvelles : le Vaudeville et les Variétés n'en ont pas moins de 25, chacun pour leur part. Quelques-uns de leurs auteurs y ont figuré seuls ou en société pour 12, 15 à 18 nouveautés... Dédaignés de la haute littérature, ils n'en sont pas moins les plus heureux nourrissons du Parnasse. Leurs échecs ne laissent pas de traces et sont promptement réparés; leurs succès sont plus lucratif's et quelque fois mieux mérités; leurs petits tableaux ne sont que des gouaches, mais ils n'en offrent pas moins des scènes de mœurs plus vraies et plus piquantes que de grandes compositions sans mouvement, sans expression et sans couleur. Il s'y dépense peut-être autant d'esprit et de talent; mais malheureusement il est en petite monnaie dont on ne se charge pas quand on a tant de bagages que nous à porter.....

Bornonstnous donc à jeter un coupd'œil sur les hauteurs de la scène. L'académie royale de musique, encore dans la salle de Louvois, en attendant la construction de celle dont nous avons annoncé l'ouverture (16 août), n'a donné qu'un seul opéra nouveau, la Mort du Tasse ( 7 février), composition dont le sujet est connu mais faiblement tracé. Quelques morceaux lyriques d'une belle facture et d'une mélodie touchante (de M. Garcia) n'ont pu sauver l'ouvrage de la maladie de langueur à laquelle il a succombé.

Sur le mème theatre, où la troupe italienne était établie, Rossini faisait pålir tous les compositeurs par le suc

cès de ses ouvrages. A peine le sublime Don Juan a-t-il pu soutenir sa renommée à côté du Barbiere di Siviglia, de la Gazza Ladra et de l'Otello. En vain a-t-on reproché à cette musique pleine d'esprit, de verve et de saillies, des réminiscences habilement déguisées, un travail harmonique recherché, un abus fréquent des ressources vocales et instrumentales; Rossini éblouit des prestiges de son art ceux qui ne veulent pas convenir de la supériorité de son génie: il a régné sans rival sur la scène embellie du talent de mesdames Mainvielle Fodor et Pasta.....

C'est encore un blasphème auprès des Dilettanti de parler de l'OpéraComique français en sortant de l'Opéra-Buffa. Mais pourtant j'oserai citer comme une jolie composition lá musique d'Emma (première representation-7 février), dont le style agréable a soutenu le zèle des amateurs bourgeois de l'Opéra-Comique. Il faut que ce spectacle soit bien national pour tenir à la disette d'acteurs et de nouvellès compositions.

Le Théatre-Français, dont on ne cesse d'accuser la paresse ou l'insouciance, peut-être parce qu'on ne juge de ses travaux que par sa fortune, a pourtant donné cette année:

Le Mari et l'Amant, comédie en un acte de M. Vial ( 15 février ); Zénobie, tragédie en cinq actes, de M. Royou (23 février); Le Faux Bonhomme, comédie en de M. Duval cinq actes et en vers, (7 avril );

comédie en trois actes et en vers, de M. Planard (1er juin);

L'Heureuse Rencontre

La Mère Rivale, comédie en trois actes et en vers, de M. Casimir Bonjour (4 juillet);

Le Retour, comédie en un acte, de M. de Rancé (2 août);

Marino Faliero, drame historique en cinq actes, traduit de l'anglais, de lord Byron, par M*** (1er octobre);

Les Plaideurs sans procès, coméde die en trois actes et en vers, M. Etienne (29 octobre);

Et Sylla, tragédie en cinq actes, de M. Jouy (27 décembre).

Si j'ai oublié les titres de quei

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qu'un, que l'on m'en avertisse, je ferai des recherches, et je réparerai mes

torts.

De tous les personnages traduits sur la scène française, dut la muse romantique en pâlir de couroux, en faire des contorsions plus horribles que les brigands de sa cour, il faut le dire, le Doge de lord Byron a eu la destinée la plus malheureuse. Au lieu des accens passionnés et des émotions fortes qu'on attendait, on n'a vu que des lieux communs. Le goût francais n'a pu supporter les inconvenances dont ce drame abonde, il n'a pu s'iutéresser à ce vieux doge qui veut renverser le gouvernement de son pays, parce qu'on n'a pas puni assez sévérement le séducteur de sa femme...

Zénobie, la classique Zénobie, conçue dans toutes les règles tracées par

Aristote et commentées par d'Aubignac, purement écrite, mais dénuée d'intéret, dans le genre admiratif enfin, n'avait guère été plus heureuse; elle n'avait obtenu qu'un de ces succès d'estime équivalent dans le commerce dramatique à une chute, On ne parlait déjà plus de la reine de Palmyre au théâtre, quand le romantique Doge est venu y subir un revers plus bruyant.

On observe a regret la décadence progressive de la haute comédie ; que ce soit l'effet de l'épuisement des grands caractères ou des circonstances politiques, qui ne permettent pas de traduire sur la scène les ridicules qui nous sautent aux yeux, cette décadence est un fait qu'on ne peut contester. Après tant d'explorations heureuses dans un champ qui paraissait épuisé, M. A. Duval a encore fait une découverte. Son Faux Bonhomme est le tartufe de la bonté, à peu près tel que Théophraste l'avait peint il y a deux mille ans :

« Il aborde ses ennemis, leur parle, et leur fait croire par cette démarche qu'il ne les hait point; il lone onvertement, et en leur présence, ceux à qui il dresse de secrètes embûches, et il s'afflige avec eux, s'il leur est arrivé quelque disgrace; il semble pardonner les discours offensans qu'on lui tient il récite froidement les plus horribles choses que l'on aura dites contre sa réputation; il emploie les

paroles les plus flattenses pour adoncir ceux qui se plaignent de lui, et qui sont aigris par les injures qu'ils en ont reçues. »

Quant à l'action dramatique, elle est fort embarrassée d'incidens, d'imbroglios et de méprises, comme toutes les pièces de M. Duval..... En résu mé, le faux bonhomme, Candor, qui convoitait la place et la fille de son ami, est dupe de ses artifices, et démasqué comme Tartufe et Beggers. On a trouvé dans cette pièce le talent de l'auteur pour la charpente dramatique et les effets de theatre, mais aussi trop de romanesque dans la fable, de complication dans les moyens, pen de naturel dans le style: son sucres a été violemment disputé à la premiere représentation, et n'a pas eu la vogue ordinaire des pièces de l'auteur.

Malgré quelques reminiscences trop marquées de la Mère Jalouse de Barthe et de l'hypocrite des deux Gendres, malgré quelques inconvenances, l'essai de M. Casimir Bonjour (La Mère Rivale) a obtenu un succès moins équivoque, grâce à des détails comiques, à des traits spirituels, a un style facile et élégant, sans l'afieterie du Marivaudage dont on a revu cette année quelques pales copies.

Jamais comédie n'à montre mieux que les Plaideurs sans procès la puissance magique du style sur le parterre français. L'auteur a eu en vue de montrer qu'il ne faut pas juger da perfectionnement des institutsons saciales par quelques amelioratas dans les manières et dans les co mes, et qu'un avoué de nos jours, en frac élégant, peut être aussi sangsue qu'un procureur de la vieille soche. Et en effet, le nouveau l'emporte ici sur l'ancien, quand l'auteur les met aux prises pour une succession de dix millions, qu'il s'agit d'exploietr. Cette succession, supposée venue d'Egypte, est une mystification fondée sur une anecdote vraie, mais peu vraisemblable........... Au fait, il s'agit pour l'un des deux jeunes gens d'obtenir la main de la fille du procureur; il a vingt mille livres de rentes à lui offrir, il consent à la prendre sans dot. Cette grande raison suffisait pour lui faire donner la préférence sur le jeune avoué, mais alors

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