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Nous sommes chargés de vous annoncer que S. A. R. éprouve une grande satisfaction à se trouver à même de vous déclarer que la dernière campagne a donné de nouvelles occasions aux forces de terre et de mer de S. M. de signaler leur valeur et leur habilité.

La conquête des îles de Bourbon et d'Amboyne a diminué encore plus le nombre des colonies de l'ennemi(1),

TOME IV.

(1) La supériorité de la ma rine anglaise mettait nécessairement à sa disposition toutes les petites colonies de la France. La Martinique, la Guadeloupe, l'Isle de la Réunion, l'Isle de France, ont dû appartenir aux escadres qui étaient maîtresses de la mer. Leurs garnisons ne pouvaient être plus que de 2000 hommes. Plus nombreuses, elles n'auraient pas pu subsister. Il était évident que 2000 hommes à mille lieues de leur patrie, ne résisteraient point lorsqu'ils deviendraient l'objet des attaques successives de 12.000 hommes.

Mais l'occupation de ces colonies par les Anglais est-elle un mal pour la France dans les circonstances actuelles?

Ces colonies souffraient de leur état de blocus. Les liens du sentiment qui attachèrent les colons à la métropole se resserreront, et leur fierté s'exaltera sous la dénomination d'un ennemi qui ne sait qu'humilier ceux qui tombent sous son pouvoir. Les habitans du Canada, séparés depuis cent ans de la France sont encore

aussi Français que les habitans des bords de la Loire,

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Dans les circonstances actuelles, la Martinique, la Guadaloupe, l'Isle de la Réunion, l'Isle de France ne rendaient rien à la métropole, et Jui coûtaient plus de 20 mil. lions chaque annnée. Avec 20 millions on peut construire dix vaisseaux par an; c'est donc pendant cinq à six années que peut durer encore la guerre actuelle, de quoi avoir 50 vaisseaux de ligne.

Le café, le sucre, le coton que produisent ces colonies sont à si vil prix à Londres, que la valeur commerciale ne couvre pas les frais du transport de ces denrées en Europe, Il est très-douteux que ces iles fournissent à la depénse de l'administration et des troupes que le gouvernement anglais sera obligé d'y entretenir.

Il faudra qu'il y maintienne des garnisons. En éparpillaut ses forces militaires, l'Angleterre devient vulnérable sur un plus grand nombre de points.

Les colonies occupées par les Anglais reviendront à la métropole, ou à la paix, ou lorsque l'empire aura 120 vaisseaux de haut bord et 200 frégates et bâtimens légers. Cette époque qui est prévue, calculée, n'est pas très-loin de

nous.

La possibilité d'avoir cette grande force navale est le résultat de la situation où se trouve l'empire. Tous les bois de l'Istrie, de l'Italie, de la France, de l'Allemagne, arrivent par les fleuves dont nous possédons les embouchures, L'Adriatique, le.Zuyderzée, l'Escaut, les rades de Brest et de Toulon, le cabotage des immenses côtes de l'empire,

L'attaque contre la Sicile, qui avait été annoncée au monde avec une présomption anticipation du succès(2),

servent à former nos matelots, nous fournissent le moyen d'armer tous les bâtimens que nous pouvons construire.

(2)Cette phrase sort d'une plume plus accoutumée aux assertions hasardeuses des pamphlets, qu'à la réduction des discours officiels d'un gou

vernement.

Pour occuper la Sicile, il aurait fallu détacher du continent 30,000 hommes, et l'on n'a pas jugé qu'il convint de le faire en 1810. Aussi aucun acte n'a-t-il aunoncé qu'on fût à cette époque, dans l'inten tion de conquérir la Sicile.

Le roi de Naples a réuni à Reggio, malgré les efforts des Anglais, 600 bâtimens de flotille, tous montés par des ma◄ telots napolitains. Ii a tenu en échec 12,000 Anglais; il a forcé l'Angleterre à rappeler les forces qui menaçaient Corfou. Descendant tous les jours en Sicile, il a livré tous les jours des combats de flotille où il a été constamment victorieux. Ses sujets ont montré aux Anglais avec quelle ardeur ils combattaient contre eux. La conquête de la Sicile se fera quand on le voudra; mais est-ce donc un si petit succès que d'obliger les An- · glais à tenir 12,000 hommes si loin de l'Angleterre et de l'Irlande? Il en résulte le triple avantage de la dispersion des forces militaires des Anglais d'une opération ruineuse pour leurs finances et d'une influence morale très-utile sur l'esprit des Siciliens.

Le spectacle d'une soldatesque hérétique, grossière et toujours ivre, et de cette morCc cc 2

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gue britannique ei insultante pour toutes les nations, a irrité toutes les classes en Sicile.

(3) Repousser! le rédacteur du discours nous apprendra comment on peut repousser une entreprise qui n'a pas été tentée.

(4) Le peuple anglais est mieux instruit que son gouvernement. Tout le monde sait à Londres que les Siciliens ont été bien de témoigner du zèle et de l'ardeur, et qu'ils haïssent les Anglais; la cour elle-même ne cache pas son aversion pour eux; mais il fallait parler de la co-opé ration des forces navales de S. M. Sicilienne pour faire croire que le roi de Naples n'a obtenu ses succès de flotille, que parce que les forces des Anglais ne se composaient pas seulement d'Anglais, mais aussi de Siciliens qui co-opé raient avec eux. Cette affectation de mentionner les forces navales de la Sicile, ne peut avoir d'autre motif.

(5)Il y a un an, le gouver nement anglais ne prétendait pas moins que chasser les Français de Madrid, et les rejeter au-delà des Pyrénées; aujourd'hui c'est le Portugal et Cadix dont la défense constitue le principal objet de ses efforts. Nous nous flattons que lors du discours qui sera fait en 1812. S. . aura également réussi dans le projet de ses efforts, parce que ce

l'ennemi ont été déjoués(6),

ne sera plus la défense du Portugal et de Cadix qui sera alors le principal objet des efforts de S. M. mais la défense de Gibraltar.

(6) Les desseins de l'ennemi ont été déjoués, dites-vous, en Portugal. S'il arrivait qu'un ennemi eût fait une descente devant Edimbourg; qu'après s'être emparé de l'Ecosse, du Northumberland etc. il eût poussé pendant quinze jours votre armée, l'épée dans les reins; que battant prudemment en retraite, la lorche d'une main et le fer de l'autre, vous eussiez dévasté vos champs, détruit vos bestiaux, vos granges, vos parcs, vos châteaux; qu'arrivés sur des hauteurs devant Londres, appuyés à la mer et à la Tamise, postés sur des mornes inabordables, converts par 1500 pièces de canon de gros calibre, de 36, 24 et 18, tirées de vos navires et de vos arsenaux, et ayant vos flancs tellement assurés qu'il fût impossible de vous tourner et de vous couper de la mer, vous vous vanteriez donc alors d'avoir défendu l'Angleterre. Mais les habitans des comtés d'Essex, de Middlesex, etc. vous diraient que brûler, saccager un pays, ce n'est pas le défendre; que Londres n'est pas la frontière pour une armée qui vient d'Ecosse; que prendre une position à 80 lienes de la frontière, laissant l'ennemi maître des trois quarts du pays ce n'est ni une mesure de défense ni une preuve de puissance. C'est cependant ainsi défendu le Portugal. Vous avez abandonné Almeida, Ciudad-Ro

que vous

avez

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