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condition aussi injuste dans ses effets, aussi dangereuse dang son exemple.

Et S. M. ne peut concevoir par quelle obligation de devoir ou d'intérêt, ou par quel principe de politique russe, S. M. I. peut s'être trouvée forcée de reconnaitre le droit que s'est arrogé la France de déposer et d'emprisonner des souverains ses amis, et de s'attribuer à elle-même la souveraineté sur des nations loyales et indépendantes.

Si tels sont les principes auxquels l'empereur s'est inviola'blement attaché, pour le soutien desquels il a engagé l'honneur et les ressources de son empire, et s'il s'est uni à la France pour les établir par la guerre et les maintenir dans la paix; S. M. voit avec un profond regret, une détermination qui doit agraver et prolonger les maux de l'Europe, mais on ne peut lui attribuer d'occasionner la continuation des calamités de la guerre, en faisant évanouir toute espérance d'une paix compatible avec la justice et l'honneur. Le soussigné prie S. Exc. de recevoir, etc.

(Signé)

No. XVIII.

GEORGE CANNING.

Copie de la lettre de M. le comte de Champagny à M.

Canning.

(Remise au courrier anglais, porteur des lettres du 9 Décem

Monsieur,

bre.)

Paris, le 13 Décembre, 1808.

J'ai l'honneur d'accuser réception à votre excellence de sa lettre du 9 de ce mois, et de la note officielle qui l'accom pagnait je m'empresserai de faire parvenir cette note à la connaissance de l'empereur mon maître.

J'ai l'honneur de renouveler à votre Exc. etc.

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Copie de la lettere de M. le comte de Romanzoff à M.

Canning.

(Remise au courrier anglais, porteur des lettres de 9 Dé cembre.

Paris, le 1-13 Décembre, 1808.

Le courrier que j'avais adressé à V. Ex. est revenu ici, et m'a apporté la lettre qu'elle m'a fait l'honneur de m'écrire le 7 Décembre; quelques heures après, le courrier qu'elle a envoyé à Paris m'a remis une lettre de la part, de V. Ex. sans date et qui était accompagnée d'une note datée du 9 Décembre i

je vais transmettre le tout à la connaissance de l'empereur

mou maître.

J'ai l'honneur d'être, etc.

(Signé)

Comte N. de ROMANZOFF.

No. XX.

Déclaration de S. M. le roi d'Angleterre, du Décembre, 1808, insérée dans le courrier de Londres, du 16 Décembre.

Les ouvertures faites à S. M. par les gouvernemens de Russie et de France n'ont abouti à aucune négociation; et les communications auxquelles ces ouvertures ont donné lieu étant terminées, S. M. croit devoir, sans délai et publiquement faire connaître qu'elles sont terminées.

La continuation d'une négociation apparente quand la paix est reconnue absolument impossible ne pouvait être avan tageuse qu'à l'ennemi.

Elle aurait donné à la France le moyen de semer la défiance et la jalousie dans les conseils de ceux qui se sont réunis pour résister à son oppression; et si parmi les nations qui préservent, contre la France une indépendance douteuse et précaire, il s'en trouve qui, même en ce moment, balancent entre la ruine certaine qui résultera d'une inaction prolongée, et les dangers incertains d'un effort pour échapper à cette ruine, la perspective trompeuse d'une paix entre la Grande-Bretagne et la France ne manquérait pas d'être singulièrement funeste à ces nations.

Le vain espoir du retour de la tranquillité pourrait ralentir leurs préparatifs, ou la crainte d'être abandonnées à ellesmêmes pourrait ébranler leurs résolutions.

Sa Majesté était bien persuadée que tel était dans le fait, le principal objet de la France dans les propositions transmises d'Erfurth à sa majesté.

Mais au moment où des résultats si imposans par leur importance, ou si redoutables par leur incertitude, pouvaient dépendre de la détermination de continuer la guerre ou de faire la paix, le roi a cru se devoir à lui-même de s'assurer au-delà même de la possibilité d'un doute, des vues et des intentions de ses ennemis.

S. M. se refusant à croire que l'empereur de Russie se fût si aveuglément et si fatalement dévoué à une puissance avec laquelle S. M. I. s'était malheureusement alliée, qu'elle était préparée à seconder ouvertement l'usurpation de la monarchie espagnole, et à reconnaître et à soutenir le droit que s'est arrogé la France de déposer et d'emprisonner des souverains amis, et d'usurper l'obéissance des nations indépendantes.

C'est pourquoi, lorsqu'il fut proposé à S. M. d'entrer en négociation pour une paix générale, de concert avec les alliés de S. M. et de traiter, ou sur la base d'uti possidetis, NNN

TOME IV.

qui a déjà été le sujet de tant de discussion, ou sur toute autre base compatible avec la justice, l'honneur et l'égalité, S. M. se déterminera à répondre à cette sincérité et cette modération apparentes, avec une sincérité et une modération réelles de la part de S. M.

Le roi déclara qu'il était disposé à entrer dans une négocia tion de cette nature, de concert avec ses alliés et s'engagea de leur communiquer sur le champ les propositions qui avaient été faites à S. M. Mais comme S. M. n'était point liée avec l'Espagne par un traité d'alliance en forme, S. M. jugea nécessaire de déclarer que les engagemens qu'elle avait contractés à la face de l'univers avec cette nation étaient considé rés par S. M. comme aussi obligatoires pour elle que les traités les plus solennels, et d'exprimer la juste persuasion de S. M. que le gouvernement d'Espagne agissant au nom de S. M. C. Ferdinand VII était considéré comme partie dans la négociation.

Dans la réponse faite par la France à cette proposition de S. M., elle écarte l'artifice mal ourdi auquel elle avait eu recours pour remplir l'objet du moment, et montre même dans les ménagemens ordinaires, l'arrogance et l'injustice de ce gouvernement. La nation espagnole toute entière y est désignée sous la dénomination dégradante d'insurgés espagnols, et la demande d'admettre le gouvernement d'Espagne comme partie dans une négociation, réjetée comme inadmissible et insul

tante.

Avec autant d'étonnement que de douleur, S. M. a reçu de l'empereur de Russie une réponse semblable en substance, quoique moins inconvenante dans le ton et la manière. L'empereur de Russie flétrit du nom d'insurrection les glorieux efforts du peuple espagnol en faveur de son souverain légitime et de l'indépendance de sa patrie, donnant ainsi la sanction de l'autorité de S. M. I. à une usurpation qui n'a pas d'exemple dans l'histoire du monde.

Le roi n'eût pas hésité à saisir l'occasion de consentir à une négociation qui eût pu offrir l'espoir ou la perspective d'une paix compatible avec la justice et l'honneur.

S. M. regrette profondément qu'elle se soit terminée d'une manière qui doit aggraver et prolonger les calamités de l'Europe. Mais ni l'honneur de S. M. ni la générosité de la nation britannique, ne permettaient à S. M. de consentir à entrer en négociation, en abandonnant un peuple brave et fidèle, qui combat pour la conservation de tout ce qui est cher à l'homme, et dont S. M. s'est solennellement engagée à seconder les efforts dans une cause dont la justice est si évidemment manifeste.

5.

DÉMARCHES DU MINISTÈRE HOLLANDAIS AUPRÈS DU GỌUVERNEMENT ANGLAIS, EN FÉVRIER, 1808.

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Depuis six semaines que je suis auprès de l'empereur mon frère, je me suis constamment occupé des affaires du royaume, Si j'ai pu effacer quelques impressions défavorables ou du moins les modifier, je dois avouer que je n'ai pas réussi à concilier dans son esprit l'existence et l'indépendance du royaume avec la réussite et le succès du systême continental, et en particulier de la France contre l'Angleterre. Je me suis assuré que la France est fermement décidée à réunir la Hollande, malgré toutes les considérations, et qu'elle est convaincue que son indépendance ne peut plus se prolonger si la guerre mari time continue. Dans cette cruelle certitude, il ne nous reste plus qu'un espoir, c'est celui que la paix maritime se négocie: cela seul peut détourner le péril imminent qui nous menace; et sans la réussite de ces négociations, il est certain que c'en est fait de l'indépendance de la Hollande, qu'aucun sacrifice ne pourra prévenir. Ainsi, l'intention claire et formelle de la France est de tout sacrifier pour acquérir la Hollande, et augmenter pardà, quelque chose qu'il doive lui en coûter, les moyens à opposer à l'Angleterre. Sans doute l'Angleterre aurait tout à craindre d'une pareille augmentation de côtes et de marine pour la France. il est donc possible que leur intérêt porte les Anglais à éviter un coup qui peut leur être aussi funeste.

Je vous laisse le soin de développer cette idée avec toute l'énergie qui sera nécessaire pour faire bien sentir au gouverne ment anglais l'importance de la démarche qui lui reste à faire. Faites bien valoir auprès de lui tous les argumens et toutes les considérations qui se présenteront à votre esprit. Faites la démarche dont il s'agit, de vous-mêmes, sans que j'y sois nullement mentionné. Mais il n'y a pas de tems à perdre; envoyez de suite quelqu'un d'un commerce sûr et discret en Angleterre, et envoyez-le-inoi de suite dès qu'il sera de retour. Faites-moi savoir l'époque à laquelle il pourra l'étre; car nous n'avons pas de tems à perdre: il ne nous reste plus que peu jours. Deux corps de la grande armée marchent sur le royau ne; le maréchal Oudinot vient de partir pour en prendre le commandement. Faites-moi savoir ce que vous aurez fait en conséquence de cette lettre, et quel jour je pourrai avoir une réponse d'Angleterre.

de

No. II.

Instructions données par le ministre hollandais à M. Labouchère.

L'objet de la commission dont à la demande des soussignés, M. Pierre-César Labouchère s'est chargé, est de faire connaître au gouvernement d'Angleterre, qu'en conséquence des renseignemens parvenus au ministère hollandais, et qui ont toute l'apparence d'authenticité, le destin de la Hollande, c'est-àdire le maintien ou la partie de son existence, politique, dépend des dispositions qui pourraient avoir lieu de la part du gouvernement anglais pour parvenir à une prompte paix avec la France, ou du moins pour faire un changement réel dans les mesures adoptées par le susdit gouvernement, par rapport au commerce et à la navigation des neutres.

Ledit sieur Labouchère doit par conséquent se rendre, avec toute la promptitude possible à Londres, ou de la manière et par les voies qu'il trouvera les plus convenables, il cherchera à porter le susdit état de choses à la connaissance du ministère anglais, et toute autre personne qui pourrait servir au but proposé; et il lui sera permis, en cas de besoin, de faire savoir qu'il remplit cette mission avec le consentement du gouverne meut hollandais, qui, à cause de l'authenticité des susdits renseignemens, portant que, sans le susdit changement dans le systême de l'Angleterre, la perte de l'indépendance de la Hollande est absolument inévitable, avait cru pouvoir fermer les yeux sur toutes les considérations et difficultés pour tenter tout ce qui pourrait servir à maintenir l'existence politique du pays.

Il cherchera ensuite à faire envisager au gouvernement anglais combien il serait avantageux à l'Angleterre que la Hollande ne tombât point sous la domination souveraine de l'empire français, et qu'elle restât toujours une puissance indépen dante. Il emploiera, pour prouver cette assertion, tous les argumens que la cause elle-même pourra lui fournir et qui lui

sont connus.

S'il trouve au gouvernement anglais cette conviction, ou s'il parvient à la faire naître, il tâchera de l'engager à contribuer au maintien de l'existence politique de ce pays, et en se prêtant promptement à des négociations tendant à parvenir à une paix générale, ou du moins, dans le cas où de pareilles négociations ne pourraient être promptement entamées et détermi nées, en donnant des assurances satisfaisantes de ses intentions de faire quelque changement dans le systême adopté par les décrets du conseil d'Angleterre du mois de Novembre 1807 et dans les mesures qui en ont été les conséquences.

Il doit surtout appuyer sur ce dernier objet afin, dira-t-il, de s'opposer à l'empressement de la France d'occuper la Hollande. Il ajoutera que, dans le cas où un relâchement ou un

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