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- Oui; le poète a dépeint avec un pathos touchant, une profonde douleur morale agissant sur une constitution frêle et une imagination ardente. Ta jolie chanson de la Larme Cachée exprime la même chose d'une manière plus brève.

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"Like drops within some hidden cave,

That waste the rock away;

It falls within the bosom's core,
And makes the heart decay.
This tear, like that insidious worm,
Which gnaws the giant oak,
Hath levelled many a noble heart,
And many a heart-string broke.

This tear hath seen the exile pine,

Upon a lonely shore;

Till hope forsook his homeward dreams,

And life's pulse beat no more.'

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- J'espère que notre demande sera accordée, dit Hélène, en apercevant devant elle l'hôtel du Commandant.

-

Ne crains rien; j'ai trop souvent éprouvé l'amitié du colonel pour en douter maintenant.

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Quel bonheur de revoir Roseville !

M. de Macis reçut un bon accueil de la part du commandant qui l'estimait cordialement; les principes de courage, d'honneur, et de droiture qui distinguaient le médecin, lui gagnaient tous les jours quelque chose dans l'amitié d'un officier très capable d'apprécier ces qualités. Non-seulement le colonel se rendit à ses désirs pour le temps actuel, mais il lui accorda le congé qu'il

désirait si ardemment.

On était alors dans le courant du mois de février, et il fut décidé qu'au commencement de l'été on partirait pour l'Angleterre.

* Weir.

XII.

L'HEUREUSE MORT D'HÉLÈNE.

"Elle était de ce monde où les plus belles choses

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Un matin, madame de Macis se leva de bonne heure, et voyant qu'il y avait encore un quart d'heure avant le déjeûner, elle se rendit à Marada. Pour expliquer ce que c'est que Marada, il faut dire que la petite Hélène avait une bonne anglaise, qui se nommait Marie; et lorsque ses joujoux devinrent si nombreux qu'elle eut un cabinet pour les y mettre, jamais elle ne voulut appeler l'appartement autrement que Marada. Et Marada était un charmant boudoir, tout tendu de mousseline blanche; en été, le balcon était orné des plus belles fleurs, sur lesquelles des jalousies vertes jetaient leur ombre rafraîchissante. Cependant, aucune fleur n'ornait l'appartement au moment où madame de Macis y entra, vu que l'on était au milieu de l'hiver.

Hélène s'assit là au coin du feu, surprise que sa petite fille continuât à jouer avec son ménage sans se soucier de sa présence. Hélène, dit-elle, enfin, est-ce que tu m'as déjà vue ce matin ? Pardon, chère maman, dit l'enfant, en courant vers sa mère, mais j'étais si occupée tout-à-l'heure, que je ne me suis pas aperçue de votre entrée. Figurez-vous que je ménage une petite

surprise pour ma chère bonne maman. (Madame de Macis avait accoutumé son enfant à appeler madame Mordante ainsi, ce que faisaient toujours Edouard et Lucile, enfants de Madame Maberly.)

Vraiment !

Tous les jours je ne pense qu'à Roseville, et à notre voyage en Angleterre, et à tout ce que vous me dites au sujet des bons parents et amis que j'y trouverai; combien ma bonne maman aime à voir les petites filles jouer avec leurs ménages et qu'elle s'est donné la peine de renouveler pour Lucile celle dont vous vous serviez, chère maman, lorsque vous étiez enfant.

Il me semble

que la tienne a subi quelque changement, dit madame de Macis, en indiquant les lits et les domestiques pêlemêle sur la table.

Chère maman, dit l'enfant, vous ne vous apercevez pas que toutes mes pièces sont rangées en salons. C'est une comédie voilà la répétition d'un petit divertissement que je prépare pour mon séjour à Roseville.

:

Eh bien, Hélène ! dit M. de Macis, qui entra à ce moment, est-ce que nous n'allons pas déjeûner ce matin? Pour toute réponse, Hélène s'approcha de son époux, en même temps que la petite fille courut vers son père, en le priant d'écouter une pièce de théâtre qu'Aline s'était donné beaucoup de peine à lui faire apprendre. Monsieur et madame de Macis se tenaient debout derrière leur fille, attendant le dénoûment du petit mystère. L'enfant avait arrangé les pièces de manière à faire une représentation exacte d'un charmant vaudeville nommé l'Education à la Mode. Aline, en supprimant quelques scènes peu importantes, avait arrangé les autres de manière qu'elles fussent à la portée de la petite fille, qui joua les divers rôles avec une grâce admirable; en personnifiant le bon M. de Verteuil, l'enfant rendit ses sages leçons avec tant d'emphase et de vérité, qu'Aline eut été extrêmement fière de son élève.

Voilà une comédie excellente, dit M. de Macis, aussitôt que sa fille eût fini, il faut engager le Capitaine à être présent à la prochaine représentation.

Hélène était une charmante enfant; assez avancée dans l'éducation qu'enseigne le bon exemple, elle demeurait encore fort ignorante de celle qu'on puise dans les livres; ce qui avait surtout contribué au développement de son intelligence, c'était la conversation de sa mère; celle-ci ne se lassait jamais d'interpréter les pensées qui se présentaient à cette jeune et naïve intelligence si récemment sortie des mains de son Créateur.

La petite Hélène attendait avec une manifeste impatience le voyage en Angleterre, mais ses espérances devaient étre déçues par un évènement funeste qui déchira le cœur de cette petite fille noble et aimante, et porta la désolation au foyer de M. de Macis.

Peu de temps après la Comédie à Marada, l'enfant tomba malade; pendant plusieurs jours elle fut dans les agitations d'une fièvre violente; madame de Macis ne la quitta point aussi longtemps que la maladie eut quelque apparence de danger: ses craintes s'étant enfin dissipées, M. de Macis lui conseilla de se reposer, tandis que la fidèle Marie veillait à côté de l'enfant.

Le Commandant ayant fait chercher M. de Macis, la nuit était déjà fort avancée lorsque le médecin revint chez lui. Sa femme lui ouvrit la porte. Charles,lui dit-elle, notre enfant

est retombée dans ses convulsions..... monte, je t'en prie.

L'as-tu mise au bain ?

Oh, oui! j'ai fait tout ce que tu m'as dit; au moment où tu frappas, je sortais de la pharmacie, ou j'étais allée pour prendre

le restoratif que tu lui as préparé, mais je n'ai pu le trouver.

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Parce que je l'avais monté, en disant à Marie que je le plaçais sur la tablette supérieure, en cas qu'Hélène eût une nouvelle attaque; pourquoi ne te l'a-t-elle pas dit?

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Pauvre fille elle avait si peur, elle savait à peine ce

qu'elle fesait, elle ne s'était jamais trouvée seule avec l'enfant pendant ses convulsions.

Montant aussitôt, ils se rendirent auprès de l'enfant. - Chère Hélène, dit le médecin, en regardant son épouse avec enquiétude, tu frisonnes, le froid du dehors t'a saisie, mets-toi au lit, comment as-tu pu aller à la pharmacie par une nuit pareille? laisse notre fille à mes soins, tu verras si je ne puis te remplacer auprès d'elle pour une fois. Cédant aux instances de son époux, Hélène se coucha, M. de Macis sortit et revint quelques instants après avec une potion spiriteuse, qu'il pria sa femme d'avaler.

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Tu n'as rien apporté pour l'enfant, dit-elle.

Non, dit le médecin, en s'avancant vers le bain; mais je m'occuperai d'elle maintenant..... Marie, les convulsions sont passées, enveloppez bien l'enfant, et tenez la tranquille à côté du feu jusqu'à mon retour.

Après quelques jours de soins, l'enfant fut entièrement rétablie; mais la pauvre Hélène s'était enrhumée si violemment pendant cette nuit, où elle avait craint pour la vie de sa fille chérie, que M. de Macis éprouva la plus grande anxiété sur son compte, car son mal ne céda pas aux remèdes qu'il lui prescrivit. Sa mère avait succombé à une maladie de poitrine et en jeune fille Hélène paraissait atteinte de cette affection, mais les forces de la nature, et l'habitation dans un climat doux, avait opéré sa guérison; maintenant, tout indiquait chez elle une désorganisation progressive des poumons; depuis deux mois elle gardait sa chambre, car son époux craignait de l'exposer au moindre souffle d'air.

Hélène, quoique fort convaincue qu'elle n'avait pas long-temps à vivre, n'avait rien altéré de la sérénité de son âme qui, imbue d'un calme divin, envisageait avec courage et fermeté la triste nécéssité qu'elle allait subir; elle souffrait beaucoup par intervalles, mais la gaieté habituelle de sa physionomie n'avait point

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