Page images
PDF
EPUB

la tension sera élevée sur cette fraction de ligne, au moyen d'un transformateur de rapport 1/1, monté en triangle-étoile. Ces essais devaient être exécutés dans le courant de l'été 1921, et il est probable qu'on ne tardera pas à en connaître les résultats.

Enfin, il ne faut pas oublier que, si les Américains font des essais dans le domaine des hautes tensions, cela ne les empêche pas de faire aussi des réalisations. Les installations hydro-électriques, surtout dans l'Ouest, se développent sans arrêt, et chaque société a un plan de travaux qu'elle fait exécuter méthodiquement. Ainsi, la Southern California Edison C°, qui a en ce moment 100.000 chevaux installés dans ses deux usines de Big Creek, a l'intention d'équiper dans la même région jusqu'à 1.250.000 chevaux; d'après les projets actuels, 750.000 chevaux seront installés dans un avenir de 10 ou 15 ans au plus. Déjà, une nouvelle usine (Big Creek, no 8), sur le point d'être terminée lorsque nous avons visité les installations actuelles, devait donner, dès le mois d'août, 30.000 chevaux. Ajoutons que, dans une autre région exploitée par la même compagnie, l'usine de Kern River no 3, qui a commencé à tourner en mai dernier, envoie à Los Angeles 40.000 chevaux.

Un tel développement qui, au premier abord, peut nous paraître excessif, est cependant raisonnable, étant donnée la consommation toujours croissante d'énergie nécessitée par les besoins de l'agriculture et de l'industrie. Aussi voyait-on, jusqu'en 1920, les affaires de la Southern California augmenter de 10% tous les ans, celles de la Montana Power Co de 25 %; ces chiffres, qui ont subi un arrêt momentané depuis quelque temps, pendant la période de crise qui a frappé l'industrie américaine, ne sauraient tarder, semble-t-il, à reprendre leur marche croissante.

Un examen impartial des conditions de fonctionnement et d'installation des lignes à haute tension en Amérique, nous oblige donc à conclure que nos amis d'outre-Atlantique sont bien en avance sur nous, en ce qui concerne les transports d'énergie à grande distance.

Cette avance, ils la doivent, non pas au hasard, mais bien à

un travail continu, à des recherches méthodiques, à une ferme volonté d'aboutir.

Ils sont, il est vrai, peut-être plus favorisés que nous par les circonstances. Pendant les premières années de la guerre, alors. qu'en France, tous les cerveaux, toutes les énergies se consacraient uniquement à la défense nationale, ils ont pu continuer leurs recherches et poursuivre leurs progrès. Leur pays est si vaste, si riche, qu'ils peuvent aisément se procurer les moyens de faire leurs expériences.

[ocr errors]

.Mais ces considérations ne doivent pas nous faire méconnaître les importants résultats auxquels sont parvenus les ingénieurs américains. Adoptant une méthode qui paraît peut-être un peu terre à terre à des esprits français: expérimentant d'abord, méthodiquement, en faisant varier de façon continue les conditions de l'expérience; puis, cherchant à démontrer les résultats obtenus, admirablement secondés dans ce but par des théoriciens remarquables, les Steinmetz, les Peek, les Ryan; puis, reprenant leurs essais sur une vaste échelle, dans les conditions mêmes de la pratique; enfin, sûùrs d'eux-mêmes, créant ces nouvelles installations qui nous surprennent par leur audace, ils sont parvenus à doter leur pays de réseaux de transport d'énergie fonctionnant, avec une irrégularité irréprochable, à des tensions inconnues jusqu'ici et, par suite, à des conditions économiques très avantageuses.

Ils ont été poussés dans ces recherches, sans aucun doute, par le désir, bien compréhensible, de produire de l'énergie à meilleur compte ; mais ils ont été soutenus dans leurs travaux par une confiance ardente dans le succès. Le professeur Ryan, avec lequel nous causions de la ligne qui doit transporter l'énergie du Rhône à Paris, nous déclarait : « Vous pouvez, dès maintenant, adopter comme tension pour cette ligne 220.000 volts. Lorsque vous la construirez, vous aurez bénéficié des résultats de nos expériences; mais ces résultats, je les connais déjà. Notre ligne à 220.000 volts fonctionnera mieux que celle à 150.000. »

Au lieu de nous laisser aller à des sentiments d'incrédulité et de méfiance vis-à-vis des nouvelles qui nous parviennent

d'Amérique, cherchons donc à connaître davantage les méthodes employées là-bas, et à en profiter. Notre pays est particulièrement privilégié au point de vue des richesses en énergie hydraulique; essayons de les utiliser au mieux des intérêts du pays, en tenant compte des résultats déjà obtenus.

Ne craignons pas des mécomptes dus à une différence de climat existant entre l'Amérique et la France. Il y a des lignes à haute tension sur tous les points des États-Unis, aussi bien dans les régions chaudes et peu humides de la Californie, que dans les montagnes couvertes de neige de la Sierra Nevada, les plateaux orageux de l'Utah et du Montana, les plaines de la Géorgie et de la Floride.

Une crainte plus grave que l'on pourrait avoir, c'est que nos projets d'électrification ne soient un peu grandioses, et ne dépassent considérablement les besoins de la consommation. Il faut évidemment, à ce point de vue, être très circonspect, et il serait vraiment inadmissible de consacrer des sommes considérables à la construction d'usines qui devraient tourner à vide, et de lignes que l'on n'utiliserait pas. Mais il n'est pas mauvais de voir grand. C'est parce qu'ils voient grand que les Américains, suivant des plans définis, développent tous les ans leurs installations, et que les compagnies productrices d'électricité doublent leur chiffre d'affaires en quelques années. C'est peutêtre aussi le développement en grand de nos installations hydroélectriques, le transport à haute tension de l'énergie produite qui, permettant à nos industriels de se procurer de l'énergie à bon compte, donneront un nouvel essor à notre industrie. Ce sont les organismes collectifs de transport qui, groupant dans chaque région de la France les sociétés productrices d'électricité, nous permettront d'utiliser l'énergie dans les conditions les plus favorables, pour le plus grand bien de notre pays.

TABLE DES MATIÈRES

La Production et la Transmission de l'Énergie électrique aux ÉtatsUnis..

I. Usines génératrices...

A. Centrales thermiques et turbines à vapeur..

B. Les installations hydrauliques.

C. Génératrices..

II. Postes et Sous-Stations..

A. Transformateurs

B. Disjoncteurs.....

C. Barres omnibus..

D. Parafoudres...

E. Condensateurs synchrones.

III. Canalisations à haute tension.

A. Les pylônes

B. La ligne....

C. Les isolateurs...

Pages.

19

20

20

23

30

34

35

37

39

39

43

44

44

49

[ocr errors]

55

IV. Fonctionnement des Grands Réseaux américains à haute tension........ 63 V. Les tendances actuelles. Conclusions....

67

[blocks in formation]

La mission avait pour but l'étude des barrages et de leurs accessoires (déversoirs, vannes, etc.) et, plus particulièrement, celle des grands barrages en maçonnerie.

Arrivée à New-York, le 16 avril 1921, elle en est repartie le 9 juin, après avoir visité les ouvrages les plus importants et s'être entretenue avec de nombreux ingénieurs s'occupant de la question (Bureaux d'études du « Reclamation Service » à Washington et Denver; Services des eaux de New York, San Francisco, San Diego, Los Angeles ; etc...)

Le présent rapport comprend 3 parties:

1° Barrages en maçonnerie (1);

(1) Ouvrages visités :

Barrages de New York: Croton, Kensico, Olive Bridge.

Barrages du « Reclamation Service » : Arrowrock (Idaho), Elephant Butte (Nouveau Mexique), Shoshone et Pathfinder (Wyoming).

Barrages près San Diego: Sweetwater, Lower Otay, Upper Otay.
Barrages près San Francisco: San Mateo, Spaulding.

Autres barrages: East Canyon Creck (près Salt Lake City), Cheesmann (près Denver), Kekouk.

Barrages en construction: Gilboa (près New York), Wilson Dam (près la Nouvelle Orléans), Barrett (près San Diego), Hetch Hetchy (près San Francisco).

« PreviousContinue »