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ORIGINE DES VASES.

Quant à la question d'origine, elle n'aura probablement jamais de solution incontestable. La riche abbaye de Cluny, qui était à quelques lieues de Gourdon, n'existait pas encore. L'histoire nous apprend, au reste, que Louis VII obligea à restitution les sires de Beaujeu, de Brancion et le comte de Chalon, qui avaient spolié cette abbaye; et la brique romaine et la grande quantité de médailles de Justin et d'Anastase ne nous permettent point de descendre si bas dans l'histoire de nos contrées; il faut donc remonter à l'époque de ces empereurs.

Sigismond était alors roi de Bourgogne et patrice de Justin pour cette partie des Gaules. Anastase, en conférant à Clovis cette dignité, lui avait fait don d'une couronne d'or. Nos annales ne disent pas ce que reçut Sigismond du successeur d'Anastase; mais, si nous nous rappelons que la question religieuse dominait alors toutes les questions, dans la Gaule comme en Orient, où Justin poursuivait l'arianisme que Sigismond venait d'abandonner en Occident, ne peut-on raisonnablement supposer que les religieuses dépouilles de Gourdon sont une partie du don impérial que reçut Sigismond, quand il fut décoré du patriciat? Quel intermédiaire plus naturel entre Sigismond de Bourgogne et Justin de Constantinople?

Peut-être ces vases sacrés appartenaient-ils au mo

nastère de Gourdon, dont Grégoire de Tours peut faire supposer l'existence à cette époque reculée, et qui se trouvait sur le passage des Francs, d'Autun à Agaune. A de plus habiles la décision.

OCCASION DE L'ENFOUISSEMENT DU TRÉSOR.

En l'attendant, je reviens, Monsieur le Ministre, sur un terrain plus solide. Le caractère des vases de Gourdon est antique, et les médailles qui les accompagnaient fixent notre attention, entre 518 et 527, sur le règne de Justin, celui qui demanda un formulaire au pape Hormisdas. Ce qui se passait alors dans nos contrées était certes de nature à faire cacher les trésors, surtout ceux des rois. La Bourgogne est envahie au midi par une armée de Théodoric, au nord par les enfants de Chlothilde. Sigismond est trahi et battu ; il se cache, et les moines d'Agaune le livrent avec sa famille aux mains des Francs, qui l'égorgent. Tout fut mis à feu et à sang; on passa au fil de l'épée les enfants, les femmes, les vieillards; on pilla les églises comme les palais; c'est un effrayant tableau qu'une invasion, dont chaque soldat combat pour s'enrichir, et croit que droit du vainqueur est le droit de tout faire impunément. Les Francs ne quittèrent la malheureuse Bourgogne qu'après l'avoir entièrement ruinée. Ceci se

1 Gesta Regum Francorum.

le

passait en 524, précisément sous le règne de Justin, dont les médailles, les dernières du trésor, ont une fraîcheur que la circulation ne leur avait pas encore fait perdre, et sont toutes frappées au même coin, tandis qu'il y en a plus de trente pour Anastase.

Jusqu'après Charlemagne, l'histoire signale des objets en or massif, qui étonnent nos générations. Mais entre les mains de qui se trouvent-ils ? dans celles des vainqueurs, chez les Romains et les barbares, dans les églises qui les tenaient d'eux. Il y avait alors de grands calices, des candélabres, des statues en or massif. Bélisaire fit faire, avec les dépouilles des Vandales, une grande croix d'or garnie de pierres précieuses; Clovis avait une couronne d'or; Aétius avait un bassin d'or qui pesait vingt-cinq livres; trois cents bassins d'or furent offerts à Placide, sa fiancée; du temps de Charlemagne, on parlait encore de sceptres, de tables et de trônes d'or; et voici que nous retrouvons à Poitiers un carquois, et à Gourdon un vase et un plateau d'or? N'oublions pas que ce sont les dépouilles du monde : mieux vaut le fer de nos jours, Monsieur le Ministre ; c'est la preuve et la garantie de la paix, de la force et de la liberté.

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NOTE

SUR UNE STATUETTE DE BRONZE

TROUVÉE A PIERRE,

DÉPARTEMENT DE SAONE-ET-LOIRE.

La statuette de bronze qui est l'objet de cette note, est une des plus remarquables qui aient été trouvées dans notre contrée. Beauté des traits, noblesse de la pose, perfection des proportions, grâce du mouvement, richesse des draperies, tout en elle est vraiment digne de l'attention des amateurs. Notre intention n'est pas d'entrer dans de grands détails sur son mérite, car la charmante lithographie, que nous devons à M. Couturier, membre résidant de la Société, suffira pour en donner une juste idée. (Alb. Pl. XI.)

Cette statue représente une Diane chasseresse. La forme des mains, inégalement entr'ouvertes, indique qu'elle tenait de la droite l'arc, de la gauche les flèches. Pour en faire l'épreuve, nous avons mis dans les mains les deux armes désignées, et nous pouvons affirmer que leur position était pleine de grâce, et ajoutait beaucoup au charme de la statue. Des personnes, se

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