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caractéristique des simples justices royales. De plus, il nous semble probable que, cédant à une requête présentée par les gens de Couches, la nouvelle administration établit dans cette ville une lieutenance de chancellerie. Probablement aussi cette faveur n'eut qu'une durée très-limitée, et laissa trop peu de traces pour avoir pu appeler l'attention des historiens de la Bourgogne. C'est donc à la courte période de la fin de novembre 1361, au 2 juin 1364, qu'il nous paraît convenable d'attribuer le sceau de chancellerie de Couches.

Si nos conjectures, à cet égard, n'étaient pas approuvées, on devrait reporter le sceau à la fin du 15me siècle, après la réunion définitive du Duché, en 1477, et avant le règne de Louis XII, qui commença en 1498.

Dans cette hypothèse, il serait difficile d'expliquer la création d'une lieutenance de chancellerie à Couches, et la suppression de cette institution très peu de temps après; suppression qu'on doit nécessairement admettre, car, d'une part, le sceau ne peut être rapporté à une date postérieure à 1498 ; et d'autre part, si l'institution eût eu plus de durée, il serait inconcevable qu'elle eût échappé à l'attention des historiens de la Bourgogne. A la vérité, l'histoire rapporte que, le 8 septembre 1477, Louis XI, irrité de ce que la garnison de Montcenis avait tenu pour la duchesse Marie, supprima le bailliage de cette ville, et le réunit à celui d'Autun; puis que, bientôt après, les Seigneurs voisins

204 NOTICE SUR UN SCEAU DE LIEUT. DE CHANCELLERIE.

et les habitants ayant représenté qu'ils n'avaient pris aucune part à la résistance opposée au Roi par les soldats qui formaient la garnison, les lettres-patentes du 8 septembre ne reçurent pas leur exécution. On pourrait supposer qu'à cette époque la lieutenance de chancellerie, unie au bailliage de Montcenis, fut momentanément transférée à Couches, et bientôt après rétablie au chef-lieu du bailliage. Mais ce n'est là qu'une conjecture, et les recherches les plus minutieuses ne nous ont fourni à ce sujet aucune preuve historique certaine. Un fait inattaquable, et garanti par l'existence du sceau qui a fait l'objet de cette notice, c'est l'institution temporaire d'une lieutenance de chancellerie à Couches; il n'y a de douteux que la date de cette institution, qui peut être fixée entre 1361 et 1364, ou entre 1477 et 1498; nous regardons la première date comme la plus probable.

P. DIARD.

sur

DEUX MONUMENTS GALLO-ROMAINS

EXISTANT A S. MARCEL-LES-CHALON.

On voit, à Saint-Marcel-les-Chalon, incrustés dans une muraille de la maison de feu M. Vincent, architecte, deux monuments Gallo-Romains, dont l'un est assez important pour que plusieurs ouvrages en aient donné des descriptions plus ou moins étendues. Deux dessins en ont été publiés dans des ouvrages connus d'archéologie; mais ces dessins manquent d'exactitude; les notices qui les accompagnent contiennent des erreurs. Il nous a donc paru convenable de rectifier ces erreurs, et d'offrir aux amateurs deux dessins irréprochables de notre estimable collègue M. Couturier, dont nous ne saurions trop louer le talent et la scrupuleuse exactitude'.

Le premier de ces monuments, trouvé en 1805 dans un champ voisin de la route de Chalon à St-Marcel,

• Voir aux planches, nos 7 et 8.

a été décrit par Grivaud de La Vincelle', qui en a donné un dessin peu exact. Ce monument représente deux personnages de sexe différent, sculptés en relief. Chacun d'eux tient un verre à la main, et la femme tient en outre un panier, dans lequel sont entassés des objets que Grivaud de La Vincelle croit être des fruits. Ces verres et ces fruits, dit-il, sont des emblèmes de la communion, et indiquent que ce monument avait été placé sur le tombeau de deux époux, qui avaient embrassé le christianisme aussitôt après son établissement dans les Gaules. Nous nous rangeons complètement à cet avis; seulement nous pensons que les objets qui remplissent le panier, malgré leur forme sphérique et leur peu de volume, représentent, non des fruits, mais des pains, qui du reste sont bien mieux l'emblème de la communion. Si, en effet, nous ouvrons l'ouvrage si parfait d'Aringhi, Roma subterranea, nous y voyons, en beaucoup de planches (notamment aux planches 575 et 589 du tome Ier, et 333 du tome II), la bénédiction de pains absolument semblables à ceux du monument de Saint-Marcel, et contenus dans des paniers, différents seulement du nôtre, en ce que ce dernier a une anse que n'ont pas les premiers.

Recueil des monuments antiques, la plupart inédits et découverts dans l'ancienne Gaule. Paris, 1817.

2 Rome, 1651, 2 vol. in-folio.

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SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHEOLOGIE DE CHALON S.S.

Imp. L Landa à Chalon s s

P1.7

N.C Del et Lith.

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