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» du Parlement..., les substituts du procureur du roi des présidiaux..., » les notaires des grandes juridictions..., partie des bourgeois vivans de » leurs rentes, capitaines des milices, traitteurs, aubergistes et cabare> tiers dans les villes du premier ordre..., les échevins des villes du » troisième ordre..., etc... >> Dans la dix-septième, à 9 livres : « Messieurs les gentilshommes non compris dans les classes précé> dentes; les buvetiers des présidiaux..., les sénéchaux des juridictions > seigneuriales..., les bedeaux des universités..., les médecins des villes » du troisième ordre..., les garçons des gros marchands tenant bou»tique..., les Damoiselles suivantes..., etc... >> Dans la dix-neuvième, à 3 livres : « les commis distributeurs des lettres dans les villes >> du troisième ordre..., les servantes des personnes demeurant dans les >> villes de deuxième ordre..., les fermiers, meuniers, tenant des > fermes et moulins depuis 400 livres et au-dessus..., etc..., etc... »

Tel est un aperçu sommaire de ce tableau curieux qui ne contient pas moins de 360 articles, et qui présente une hiérarchie fort curieuse de toutes les situations respectives des citoyens dans la province à cette époque. On ne sera pas moins surpris de la distribution des villes pour la taxe. Le tarif en comptait cinq du premier ordre Rennes, Nantes, Vannes, Quimper et Saint-Malo. Du second ordre: Brest, Morlaix, Vitré, Guingamp, Carhaix, Fougères, Auray, Lannion, Landévenec, Quimperlé, Guerrande, Lamballe, Saint-Brieuc, Saint-Pol de Léon, Lesneven, Ploërmel, Pontivy, Redon, Dinan, Dol, Quintin, Hennebont. - Enfin, du troisième ordre: Josselin, Moncontour, La Guerche, Hedé, Montfort, Le Croisic, La Roche-Bernard, Châteaubriant, Ancenis, Malestroit, Rhuys et Concarneau. Le reste était compté comme bourg ou paroisse de campagne. Il est étonnant de rencontrer Landévenec et Lesneven dans la seconde classe mais ce qui ne doit pas moins surprendre, c'est que la troisième classe comprenant La Guerche et Heué, plusieurs des villes qui furent, en 1790, déclarées chefs-lieux d'arrondissement, n'étaient encore, en 1701, que bourgs de campagne. Nous ne parlons pas de Lorient qui sortait à peine de terre; mais il n'est ici question ni de Châteaulin, ni de Loudéac, ni de Savenay.

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Un dernier article, inséré à la suite du tarif, portait que : « Messieurs » de la noblesse payeront leur taxe pour le tems passé, eu égard à la » qualité qu'ils auront pris ; et pour l'avenir, s'ils cessent de prendre la > même qualité, dont ils signeront leur déclaration au greffe des États, » ils ne seront imposés dans le rolle que suivant leur qualité et nature de leurs biens. >>

Le lendemain de la signature du tarif (24 août), « sur l'avis donné » par M. le procureur général syndic que Nosseigneurs les commissaires » du roy avoient reçu des réponses de la cour sur le mémoire leur (1)

(1) Leur pour à eux. Formule assez usitée dans les documents de cette époque.

» donné de la part de l'Assemblée, touchant la levée de la capitation, a » esté arresté que Monseigneur l'évêque de Rennes et Messieurs ses > co-députés, pour l'affaire de ladite capitation, iroient présentement >> vers nos dits seigneurs les commissaires pour savoir lesdites réponses; » le héraut des États ayant été envoyé pour savoir l'heure à laquelle >> lesdits députés pourroient être reçus, ledit héraut a raporté que >> nos dits seigneurs les commissaires étoient prêts de recevoir ladite » députation dans le moment. Mondit seigneur de Rennes et Messieurs >> ses co-députés sont allés pour l'effet de leur députation en manteau >> et sans cérémonie, et retournés sur le théâtre, mondit seigneur » l'évêque de Rennes a fait rapport desdites réponses et pour y déli» bérer, renvoyé à l'après-midy de ce jour... »

La plupart des demandes des États avaient été accordées par le roi; aussi la délibération ne fut pas longue l'après-midi, et l'on rédigea aussitôt l'ordonnance que nous rapportons au No 2 de l'appendice, réglant la forme et les termes de la perception... Enfin, lorsqu'on eut arrêté le 30 août, sur le rapport de la commission, que « la noblesse » sera imposée en total, suivant la recette claire de la capitation de l'an » 1697, et portée bonne à recouvrer, la moitié en sus et le tarif arrêté >> en la présente assemblée et que la noblesse payera conformément à ladite imposition, sans qu'aucune partie de ladite imposition puisse >> retomber sur le tiers, ni sur le général de la province, chacun des >> ordres rapportant sa taxe... » lorsqu'on eut approuvé, le 31, un projet d'instruction pour les commissaires qui vacqueront à l'imposition de la capitation dans la province (pièce No 3 de l'appendice), et arrêté définitivement, le 4 septembre, le registre des rolles à supporter par la noblesse, par les villes et communautés, et par les bourgs et paroisses de campagne (pièce No 4 de l'appendice), la commission put se reposer sur son œuvre laborieuse, enfin parachevée.

Mais ces travaux n'avaient pas été les seuls pour l'abbé de Caumartin qui, le 14 août, avait été nommé président de la commission composée de 6 membres de chaque ordre, pour l'examen des comptes de l'ordinaire, et présenta son rapport le surlendemain. Nous avons dit aussi qu'il faisait partie de la commission des Étapes et grands chemins, à laquelle une décision du 14 août confia de plus le soin d'examiner la requête d'apurement du précédent compte des Étapes et le calcul des intérêts des sommes avancées. Des difficultés, qu'il importe de signaler pour constater la part abusive que prenaient les officiers du roi dans l'administration de la province, s'élevèrent au sujet de l'apurement de ce compte; et sur le rapport de l'évêque de Rennes, le 27 août, on décida, en séance générale, « de retrancher du compte différents objets » de la dépense qui ne regardent pas les États et ne peuvent être > alloués avec les Étapes »; telles que 600 livres pour la réparation des pavés de Nantes, 500 livres pour escarper un rocher pour Saint-Malo,

2,3971 28 4d pour les matelots entretenus à Saint-Malo, les mois de juin et juillet derniers, et diverses sommes pour les fortifications..... Cela faillit amener un orage le lendemain du départ de l'abbé de Caumartin, obligé d'abandonner la session en même temps que l'évêque de Rennes, pour des affaires de famille.

En pareille matière, il n'y a rien d'éloquent comme un procès-verbal : laissons donc la parole au Secrétaire des États pour la séance du 3 septembre. On s'occupa d'abord de remplacer les commissaires absents: « Sur ce que M. le procureur syndic a remontré que Mér l'évêque de » Rennes a été obligé de partir avec précipitation à l'occasion de la triste > nouvelle qu'il reçut hier, et que son départ a empesché que la com> mission qu'il avoit pour l'examen des étapes, ponts et chaussées, ait » été entièrement finie, et que même les comptes aient été portés à » Nosseigneurs les commissaires; qu'ainsi il paroit nécessaire qu'il > plaise à l'Assemblée, pour finir cette commission, nommer un autre > de Nosseigneurs les Évêques en sa place, et un abbé au lieu et place » de M. l'abbé de Buzé, qui s'est aussi retiré. Sur ce délibéré, les » États ont nommé Me l'évêque de Tréguier au lieu et place de > Mer l'évêque de Rennes, et M. de Barre, abbé de Blanche-Couronne, > au lieu et place de M. de Caumartin, abbé de Buzé, pour l'examen et > conclusion desdits comptes des étapes. » Or voici cette conclusion qui eut lieu le soir même :

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Mgr l'évèque de Tréguier a dit que le départ de Mar l'évêque de » Rennes, causée par la fâcheuse nouvelle qu'il a reçue, lui procure > l'avantage de succéder à la commission qu'il avait presque finie pour > les Étapes, et dont il se fut beaucoup mieux acquitté; mais qu'aiant >> su qu'il y a plusieurs difficultés dont il ne peut avoir été éclaircy, il >> supplie très instamment Messieurs des Éstats de l'en faire instruire, » pour qu'il puisse avec plus d'assurance exécuter leurs ordres. Après >> lequel discours de Msr l'évêque de Tréguier, M. le procureur général >> sindic a pris la parole et a dit que les difficultés consistent dans » quelques parties qui ont été rayées dans l'examen desdits comptes des » Étapes, et qu'aiant été présent lorsqu'on a parlé de cette affaire de>> vant Nosseigneurs les Commissaires chez M. le Maréchal d'Estrées, il » est obligé de déclarer qu'il a été dit en sa présence et de beaucoup » d'autres personnes dans le même lieu, que les parties qui ont été » rayées avoient été adressées de la part du roy. Sur quoi délibéré, les » États ont ordonné que toutes les parties qui ont été rayées, à la con>currence de 14,3291 17s 2d de capital, et 795 livres pour intérêts, » seront rétablies comme pour dépenses faites en conséquence des ordres » du roy, et ont chargé MM. les Députés en Cour qui seront nommés > en cette Assemblée, et M. le Procureur général sindic, de faire très » instantes prières à Sa Majesté, de ne point charger la province de pa» reilles dépenses; et que, suivant le règlement de 1687, le trésorier ne

» puisse outrepasser les ordres qui lui seront réglés par l'état de recelte » et dépense, quelques contraintes dont on puisse user contre luy, et qu'il » lui soit fait deffense d'emploier en dépense aucune somme, qu'elle n'ait été ordonnée par les États; et que, faule d'en reporter les ordonnances » en bonne forme, les articles seront rayés.

De pareilles décisions n'ont besoin d'aucun commentaire.

NOTICE

SUR

LES PEUPLES ARMORICAINS.

(Par M. Burgault, Avocat.)

I.

Je lisais dernièrement deux mémoires fort remarquables que les travailleurs de notre Société avaient certainement lus avant moi. L'un de ces mémoires, dû à la plume de M. Le Sioch'an de Kersabiec, a épuisé tout ce que l'on peut dire sur les Bretons de la Loire-Inférieure. Il est inséré dans le bulletin de la Société archéologique de Nantes (année 1869) L'autre, signé par M. Kerviler, ingénieur, a paru, il y a quelques mois, sous le titre : Étude critique sur la géographie de la presqu'ile armoricaine au commencement et à la fin de l'occupation romaine.

Malgré le mérite incontestable des deux écrits, où les questions historiques les plus graves ont été soulevées et parfois traitées à un point de vue tout nouveau, il s'y rencontre des conjectures et même des assertions qui provoquent un examen d'autant plus sérieux que le talent des auteurs peut produire une illusion.

Nous avons des collègues plus autorisés que moi, auxquels appartenait naturellement la tâche d'une réponse. S'ils se sont abstenus, c'est qu'ayant émis précédemment sur le même sujet des opinions différentes, ils auront craint de paraître obéir à un sentiment d'amourpropre. Je ne suis pas dans ce cas. Si ma critique se trompe, elle ne pourra du moins être taxée de partialité.

II.

Le classement et la délimitation des territoires armoricains présentent de grandes difficultés.

Les Commentaires de César sont le premier livre que nous devons

consulter. Il mentionne (1. II, n. 24) la soumission simultanée des Venètes, des Unelles, des Osismiens, des Curiosolites, des Sésuviens, des Aulerques, des Redones, qui sont, dit-il, des cités maritimes touchant à l'Océan. A propos de la guerre entreprise par lui contre les Venètes, le général romain parle de ce peuple (1. 11, Ix et XI, n. 8.) comme ayant la prépondérance dans les régions côtières et s'étant préparé à soutenir la lutte en appelant à son aide les Osismiens, les Lexoviens, les Nannètes, les Ambiliates, les Morins, les Diablintes, les Ménapiens et des Bretons insulaires. Le concours des Unelles, des Curiosolites et des Belges leur était, à ce qu'il paraît, assuré; car pour empêcher ces derniers peuples de faire une diversion, il fit avancer ses lieutenants vers eux.

Des Redones pas n'est alors mention, soit qu'ils n'eussent point de marine militaire, soit que, ne voulaut point courir les dangers d'une campagne, ils fussent restés fidèles aux Romains.

Enfin, à l'ouverture de la guerre générale de l'indépendance gauloise, dirigée par Vercingétorix, les Commentaires (1. vi, n. 75) inscrivent pour un contingent de six mille hommes toutes les cités attenant à l'Océan, et que pour cette raison, est-il dit, on nomme armoricaines. Les Curiosolites, les Redones, les Ambibari, les Caletes, les Osismii, les Lemovices, les Veneti et les Unelles sont indiqués comme faisant partie de cette ligue armoricaine qui envoyait cette fois des troupes de terre. Je n'ai pas besoin d'observer que, dans les noms que je viens de transcrire, il en est, et c'est même le plus grand nombre, qui n'appartenaient point à la presqu'ile. Tous étaient-ils bien riverains de l'Océan ou de la Manche?

C'est un point que nous vérifierons au cours de cette notice. Pour le moment, bornons-nous à enregistrer les dires des historiens et des géographes postérieurs au vainqueur des Gaules.

Strabon, qui vivait sous l'empereur Tibère, considère (1. IV, ch. 1, II et IV) comme peuples Belges tous ceux situés entre le Rhin et la Loire, qui coule, dit-il, entre les Nannètes et les Pictons. Il ne nomme, parmi ceux qui confinaient à l'Océan depuis la Loire jusqu'à la Seine, que les Venètes, les Osismiens (Ostimiens de Pythéas), occupant un promontoire assez étendu, et les Lexoviens. A l'embouchure de la Loire, il place des Samnites.

Pline l'ancien (liv. IV, chap. XIV) nomme Océan septentrional la mer au-delà du Rhin, Océan britannique la partie de la Manche comprise entre le Rhin et la Seine, et Océan gaulois la mer qui baigne les côtes situées entre la Seine et les Pyrénées. Quant aux peuples côtiers, il les réduit (1. IV, ch. XVIII) aux Lexoviens (1), aux

(1) Habitants de Lizieux. Les Luxubiens de Ptolémée.

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