J'ajouterai au travail de notre collègue que la découverte de la substance en question dans les granites de la côte, sous Roguédas, est déjà ancienne; qu'elle est due exclusivement aux patientes explorations de M. Galles père, le maître et le guide consciencieux et dévoué de tous ceux qui, dans la Société polymathique, se sont occupés d'études minéralogiques. J'ajouterai encore que, dès 1866, dans un traité des minéraux du Morbihan, M. D'Ault-Dumesnil donne le nom de Saussurite à la partie blanchâtre du minéral de Roguédas, que M. de Limur nomme Jade gris océanien; et celui de Diallage aux taches vertes disséminées dans la roche, tandis que ce dernier les attribue à la présence du Pyroxène diopside. M. le docteur Mauricet a déposé encore dans nos armoires un échantillon de cette même substance qu'il a fait polir à Paris, en imitant la forme des celtæ antiques. Enfin M. Le Gall de Kerlinou nous a donné deux volumineux fragments détachés du même filon par M. de Limur qui les avait abandonnés sur la grève, ainsi que plusieurs autres qu'on peut y voir encore. CATALOGUES. J'ai entrepris et mené successivement à terme la refonte de nos divers catalogues d'histoire naturelle du Morbihan, et j'ai inscrit à leurs rangs toutes les nouvelles espèces observées dans nos limites. Ce travail a donné les résultats suivants : ZOOLOGIE. 1o Mammifères : 47 espèces, divisées en 5 ordres, 14 familles et 22 genres. 2o Oiseaux: 258 espèces, appartenant à 6 ordres, 40 familles et 152 genres, et représentées par 466 individus sous divers plumages, de sexe, d'âge ou de saison. 3o Reptiles: 23 espèces, appartenant à 4 ordres, 8 familles et 15 genres. 4o Insectes lépidoptères : 460 espèces, divisées en 7 sections, 61 familles et 208 genres. 5o Crustacés: 77 espèces, appartenant à 5 ordres ou légions, 25 familles et 58 genres. 6o Molusques divisés en deux sections, savoir: Mollusques terrestres et fluviatiles 124 espèces, appartenant à 11 familles et 32 genres; Mollusques marins: 318 espèces, classées dans 57 familles et 128 genres. BOTANIQUE. Les plantes divisées en quatre classes, savoir: Les dicotylédonées : 970 espèces, divisées en 78 familles et 366 genres. Les monocotylédonées: 306 espèces, composant 16 familles et 87 genres. Les monocotylédonées cryptogames: 38 espèces, réparties dans 6 familles et 19 genres. Les acotylédonées: 646 espèces, appartenant à 7 familles et 160 genres. Les algues: 399 espèces, appartenant à 32 familles et 139 genres. Monnaie en argent de Charles X de Bourbon, datée de 1592. (Charles de Bourbon est mort le 8 mai 1590.) Trouvée à Guidel. Don de M. l'abbé EUZENOT. Deux monnaies en argent dont une de Louis XIII, trouvées en construisant les casernes d'artillerie. Don de M. De Cussé. Douzain de Henri II, 1550, trouvé dans le pré Bodan. Don de M. GUYOT-JOMARD. Écu d'or au soleil de François Ier, trouvé dans le pré Bodan. Acquisition. 43 monnaies romaines de Constance Ier, Constance II, Constantin, Faustine, Valentinien et Dioclétien, trouvées dans le Kaïdat des Haratsa, province de Constantine. Don de M. le Capitaine MEUNIER. OBJETS DIVERS. Petite boule en granit, semblable à un percuteur, trouvée à Keralier. Don de M. G. DE LAMARZELLE. Sceau en cuivre des États des pays et Duché de Bretagne. Biberon en faïence de Quimper. Don de M. HERVIEU. Don de feu M. FOUQUET. Cadran solaire en ardoise, style Louis XV, décoré de sculptures en bas-relief, représentant les signes du Zodiaque, et, aux quatre angles, des personnages en costumes du moyen-âge et de la renaissance. Don de M. GUYOT-JOMARD. Fac-simile d'un percuteur en Quartzite, trouvé à Carnac. Don de M. DE MORTILLET, attaché au Musée de Saint-Germain. Fragments de peintures à la fresque avec incrustations de coquillages. Ces peintures proviennent d'établissements gallo-romains découverts au Boceno, en Carnac, et fouillés par M. James Miln. Don de M. MILN. DÉPOTS. Un petit vase å anse en terre rougeâtre, de provenance inconnue, un affiloir en pierre (?), provenance inconnue. ALLOCUTION DE M. BURGAULT EN QUITTANT LE FAUTEUIL DE LA PRÉSIDENCE. MESSIEURS, Je ne vous parlerai pas aujourd'hui du vide que la mort a fait dans. nos rangs au cours de ma présidence. J'ai déjà rendu à la mémoire de notre regretté collègue, M. Fouquet, un hommage bien justement mérité. Aucun de nous n'a oublié les relations amicales qu'il avait su conserver, l'aménité de son caractère et les services rendus à notre Société par ses travaux. J'ai à passer rapidement en revue à l'heure présente les études qui se sont produites à nos séances durant l'année 1875, celles qui ont déjà paru et celles qui vont paraître dans nos bulletins. Vous me permettrez de vous indiquer ensuite la direction qu'il me semblerait utile de donner à nos recherches. Les comptes-rendus des conservateurs de nos Musées établissent un accroissement dans la richesse de nos collections. Ils témoignent de la sollicitude et du dévouement avec lesquels ils s'acquittent si utilement de leurs fonctions. Le conservateur de notre Bibliothèque particulière n'apporte pas moins de zèle et d'activité dans l'exécution de son mandat. Je les remercie sincèrement tous les trois au nom de la Compagnie. Trois mémoires précieux pour notre histoire locale ont excité, à la lecture, le plus vif intérêt, malgré l'indispensable sécheresse de certains détails. L'un, dû à la plume féconde de M. l'abbé Luco, concerne l'état ancien des paroisses du diocèse de Vannes, la succession de leurs recteurs et leurs chapellenies. Un autre, du même auteur, a pour titre : Construction de l'église de Notre-Dame-du-Paradis, à Hennebont. Dans le troisième, M. l'abbé Le Mené nous initie à l'origine et aux accroissements de la maison religieuse du Père-Éternel, à Vannes. Ces œuvres sont puisées aux meilleures sources. Les archives de la Préfecture et de l'Évêché ont fourni les matériaux. A peu près étrangère au Morbihan et ne se rattachant qu'en quelques points à la province de Bretagne, l'étude de M. Kerviler sur M. Lefebvre de Caumartin n'en est pas moins de nature à captiver l'attention des érudits. Une opération césarienne récente, qu'il a eu la joie bien légitime d'avoir réussie, a fourni à M. le docteur de Closmadeuc l'occasion d'un de ces écrits où il sait jeter le charme de son style en présentant les matières les plus arides sous une forme séduisante dont il a seul le secret. Je n'arrêterai pas longtemps vos regards sur le plus long mémoire, la Notice sur les peuples Armoricains. Un auteur a toujours mauvaise grâce à parler de ses productions. Je vous fais seulement remarquer que les questions qu'il soulève sont d'une haute importance, et que le sujet, plutôt effleuré que traité à fond, sera plus tard l'objet d'un examen nouveau par des archéologues plus autorisés. La communication de M. du Chatellier sur des découvertes nouvellement faites dans le Finistère, prend naturellement place à côté de la notice. Elle nous prouve, qu'au moins jusqu'à la rade de Brest, l'Armoriqne a des signes gravés sur une partie de ses monuments mégalithiques. L'exploration et surtout la reproduction de ces caractères ne sont pas un travail commencé depuis longtemps. On n'avait regardé ces figures rarement inaltérées qu'avec un œil distrait au début des études archéologiques. On ne s'était pas demandé si on parviendrait à les expliquer un jour, si même sans les interprêter on n'y trouverait pas des indices qui conduiraient à des solutions vainement cherchées, poseraient de nouveaux problèmes scientifiques ou rectifieraient les données acquises. Actuellement on ne les néglige plus. Quand on les aura relevés partout où des monuments mégalithiques existent, quand on aura établi les comparaisons ou que l'on pourra déterminer les régions qui n'en fournissent pas, des conjectures, tout au moins, pourront être formulées. L'avenir nous réserve probablement bien des surprises comme la géologie en a donné aux esprits modernes. Nous avons cru savoir, nous ne savons réellement rien de notre passé. A mesure que l'homme s'efforce d'arriver à la vérité scientifique, il voit poindre le crépuscule de nouveaux horizons; mais la lumière ne grandit pas. Cependant nous voulons approcher au moins de la clarté. C'est pour cela que nous contrôlons l'histoire et que nous essayons de combler ses lacunes en interrogeant les monuments. S'ils sont le plus ordinairement demeurés muets, gardons-nous de nous abandonner au découragement; ne nous arrêtons pas dans la poursuite de nos labeurs tant qu'il restera quelque chose à entreprendre. Ce ne sont pas seulement les caractères gravés sur le granit que nous n'avions pas remarqués. Nous passions, sans nous en douter, auprès de ruines très curieuses, qu'une légère couche de terre et quelques décombres avaient ensevelies. Nous ne supposions pas que de petits reliefs de terrain, que nous avions tant de fois foulés sous nos pieds, recélaient les restes d'habitations somptueuses, d'une civilisation sans souvenirs quoiqu'elle n'eut pas précédé l'histoire. |