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LETTRES

ADRESSÉES

A MARIE DE BASTARNAY, COMTESSE DU BOUCHAGE, SA MÈRE,

PAR

ANNE DE JOYEUSE

EN 1587, PENDANT SES CAMPAGNES DU POITOU,

PUBLIÉES

Par Léo DESAIVRE

INTRODUCTION

I

Le Fonds français à la Bibliothèque nationale renferme plusieurs lettres d'Anne de Joyeuse à sa mère antérieures à ses deux dernières expéditions et qu'à ce titre, nous avons dû négliger. Il en a fourni treize pour la première chevauchée du Poitou en 1587, mais fort malheureusement une seule subsiste pour la seconde; elle est datée de Vouzailles, le 8 octobre, douze jours avant la mort de l'amiral.

Claude de Joyeuse, sgr de Saint-Sauveur, le plus jeune des sept frères, son petit, comme l'appelait leur ami commun Desportes, l'avait suivi aux pays d'outre-Loire et périt avec lui à Coutras. Il ne mettait pas moins d'empressement que son aîné à adresser des messages à Marie de Bastarnay; deux lettres ont été trouvées dans le même fonds.

On reconnaît aisément, à la lecture de plusieurs de ces diverses missives, que la comtesse du Bouchage entretenait, de son côté, une correspondance fort active avec ses enfants. Toutes ses lettres sont perdues, et avec elles, sans doute, de précieux renseignements sur ce qui se passait à la cour. La pauvre mère avait lieu cependant de se montrer fort réservée, car les billets envoyés du Poitou, perdus ou interceptés en route, n'arrivaient pas toujours à destination, et elle pouvait craindre pour les siens un sort semblable.

C'est à l'aide d'un chiffre que les amis de l'amiral restés près du roi le tenaient au courant des sourdes menées de d'Epernon. Deux frères, les Desportes, figurent parmi ces zélés correspondants.

Le poète Philippe Desportes avait suivi le duc d'Anjou en Pologne; toutefois c'est surtout à Joyeuse que Tallemant des Réaux attribue la grande faveur dont il jouissait près de Henri III.

TOME XXVII.

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Il en obtint quatre abbayes valant plus de 40.000 liv. de revenu et prit une part active aux affaires. C'était en outre, lit-on encore dans les Historiettes1, « tout le conseil » de l'amiral.

On comprendra que Benjamin Fillon ait cru, quoique tout prénom fît défaut dans la mention de la signature, devoir restituer audit Philippe une lettre en partie chiffrée adressée à Joyeuse à la date du 11 août 1587. Elle a déjà été publiée dans ce recueil et, malgré son grand intérêt, nous n'avons pas à la reproduire.

On en trouvera l'analyse en son lieu; nous n'en retenons ici que l'indication de lettres de l'amiral à la Reine mère et à Villeroi, secrétaire d'Etat, aujourd'hui perdues. Il y est aussi parlé des rapports envoyés à Joyeuse par l'autre Desportes.

Une autre lettre avait été adressée de Paris à Joyeuse le même jour 11 août 1587. Cette lettre se trouve en original à la Bibliothèque de Poitiers 3, parmi d'autre lettres adressées à Du PlessisMornay. Ce dernier, qui avait réussi à mettre la main sur cette pièce importante, a inscrit au dos cette note: « Lettre deschiffrée de Desportes à feu M. de Joyeuse. »

Ces deux messages du même jour disent assez que l'amiral ne négligeait rien pour être exactement informé.

Ce dernier rapport excepté, notre publication ne comprend que seize lettres des deux Joyeuse à leur mère. On pensera peut-être qu'il eût été plus rationnel de fondre cette série incomplète dans les documents consacrés à Malicorne. Si ces nouvelles missives n'ont rien d'officiel, elles n'en offrent pas moins, en effet, des informations dont la sincérité ne saurait être mise en doute.

On en eût, à notre avis, singulièrement amoindri l'importance en les mêlant à ce vaste ensemble; les réunir, c'est au contraire mieux mettre en relief leur caractère intime et augmenter d'autant leur intérêt.

Aucune des lettres échangées entre Joyeuse et Malicorne ne nous est parvenue. Ces personnages se trouvaient être d'assez proches parents. Marie de Bastarnay était issue de René de Bastarnay et d'Isabelle de Savoie-Tende ; Anne de Bastarnay, sœur de

1. Historiette 8.

2. T. II, p. 336. L'un de ces Desportes fut secrétaire d'Etat pour la Ligue et passa au service de Henri IV. Il ecrit deux lettres de Rome le 6 avril 1591. On a encore une lettre de lui, s. d., adressée à Mayenne. (Bibl. nat. mss. fr. anc. fonds 5045-127, 128, 129.) Il avait pour correspondant en France un cousin resté inconnu.

3. Vol. 73, p. 221.

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