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seroit faite sur le procès-verbal du 30 pluviôse. Lequel procès-verbal sera de nouveau apporté sur le bureau decadi prochain pour donner la satisfaction de la signer à ceux qui ne se seroient point trouvés à la séance du 5 du présent.

Délivré conforme par moi archiviste de la société, le 11 ventôse, l'an III de la République française une et indivisible.

BIZARD.

Le 30 germinal (30 avril) était dressé un procès-verbal du désarmement:

Procès-verbal du désarmement fait en e récution de la loi du 21 germninal et de la circulaire du Représentant du peuple André Dumont en mission dans ce département.

Aujourd'hui trentième jour du mois de germinal, l'an III de la République une et indivisible, moi, Nicolas Sanson l'aîné, marchand épicier, agent national de la commune de Rambouillet, pour mettre en exécution la loi du vingt-un germinal, conformément à la circulaire du citoyen André Dumont représentant du peuple en mission dans les départements de l'Oise, Seine-et-Oise et de Paris extra-muros, en date du vingt-trois de ce mois et de la loi adressée et reçue le jour d'hier, aidé d'un détachement de la Garde nationale et d'un détachement de gendarmerie en station en cette commune, précédé des commissaires que la municipalité a nommés le jour d'hier, sur mon requisitoire, j'ai cejourd'huy désarmé, comme notoirement connus, pour avoir participé à la tyrannie qui a précédé le 9 thermidor et pesé sur les citoyens de la commune soit par des dénonciations vagues dans les clubs et sociétés populaires avant et pendant le régime de la Terreur, soit par leur conduite dans leurs fonctions publiques, soit par leurs propos dans la Société,

soit par le despotisme qu'ils exerçaient sur la liberté des opinions et l'amour bien prononcé de la domination sous les motifs de patriotisme exclusif, les cy-après nommés, chez lesquels j'ai trouvé, savoir chez le nommé Etard, fils tisserand, ex-membre du premier Comité révolutionnaire, un fusil simple, chez le nommé Serracin, ex-membre du premier Comité révolutionnaire, inspecteur des bois du domaine national de Rambouillet, un sabre à poignée de cuivre; chez le nommé Tissier, maçon entrepreneur, ex-membre du premier Comité révolutionnaire, une canne à sabre; chez le nommé Spex, vivant de son revenu, deux épées dont une de deüil et un couteau de chasse; chez le nommé Saussay, ex-curé de la commune de Poigny, une canne à épée, une paire de pistolets d'arçon, deux petits pistolets à deux coups; chez le nommé Dufour, ex-homme de loi, ex-maire de la commune, ex-membre du premier Comité révolutionnaire, une pique et une paire de petits pistolets; chez le nommé Horeau fils le jeune, marchand épicier, membre du premier Comité révolutionnaire, un fusil qui paraît provenir de la ci-devant liste civile; chez le nommé Roulleau, marchand chapellier, ex-membre du premier Comité révolutionnaire, un fusil à deux coups et un simple, chacun sans baguettes; chez le nommé Horeau père, vivant de son revenu; chez le nommé Villery cultivateur, ex-membre du premier Comité révolutionnaire; chez le nommé Rointru cordonnier, ex-membre du second Comité de Surveillance; chez le nommé d'Envers; chez le nommé Lemonnier, marchand vannier, ex-membre du premier, du second comité révolutionnaire et instituteur public, je n'ai trouvé aucunes armes d'après leurs déclarations.

De tout quoi j'ai dressé le présent procès-verbal pour être envoyé au citoyen André Dumont, représentant du peuple en mission dans le département de Seine-et-Oise, après avoir fait apporter les armes saisies au greffe de la Municipalité pour être dans le plus bref délai envoyées à l'administration

du district de Dourdan aux termes desdites loi et circu

laire.

Fait à Rambouillet les jours, mois et an que dessus.

SANSON l'aîné,
Agent na1.

La Société populaire se réunissait le même jour, et Serracin, inspecteur des forêts, se plaignait vivement d'être compris parmi les terroristes désarmés :

Le citoyen Serracin entre dans ce moment, demande la parole et l'obtient; il dit: Je viens d'apprendre qu'il venoit d'être fait un rapport contre moi, je demande qu'on veuille bien me donner connaissance de l'article qui me concerne et que vous me permettiez d'y répondre, ce qui lui a été accordé.

Le Secrétaire fait la lecture de l'article concernant Serracin. Serracin demande à répondre, obtient la parole et dit : Citoyens, je viens devant vous, plein de confiance que vous me rendrez justice sans aucune partialité, je suis en ce moment-ci regardé comme terroriste de cette commune, et comme tel, je viens d'être désarmé; j'invite en conséquence ceux des citoyens ici présens de dire de moi ce qu'ils en connaîtront, tant à charge qu'à décharge; quant au rapport qui vient de vous être lu, il y est dit le Comité est faché d'avoir à reprocher à ce citoyen ses intimités avec les terroristes, mais il est r. venu au Comité des traits d'humanité et de justice de sa part du dit Serracin, qui ne permettent pas de douter de lui et nous portent à faire croire qu'il a cru nécessaire à son avantage et peut-être à sa propre tranquillité de paroître se ranger du côté de l'opinion des hommes. de sang vous voyez donc, citoyens, que je ne suis pas regardé par votre Comité comme un terroriste, que seulement j'ai fréquenté les terroristes; je réitère donc l'invita

tion aux citoyens ici présens de dire s'ils me regardent comme terroriste.

Le citoyen Cabot obtient la parole et dit : L'objet qui nous est présenté en ce moment est absolument important et demande beaucoup de délicatesse pour juger sainement; d'abord il faut bien prendre garde qu'on ne nous accuse de tomber d'un terrorisme dans un autre, et dans le nombre même de ceux que nous devons regarder comme terroristes, il y en a qui sont plus coupables les uns que les autres, et comme ils ont la même punition, il faut donc bien prendre des précautions afin de ne pas comprendre comme terroristes ceux qui seulement n'ont que fréquenté les terroristes par exemple moi, j'ai été obligé par état de me trouver avec Dufour et autres de cette commune, qui sont reconnus terroristes, et si pour cela j'étois accusé d'être terroriste il y aurait de l'injustice, et, comme je viens de le dire, nous tomberions d'un terrorisme dans un autre : ainsi donc ce ne peut être que pour des faits que l'on peut accuser de terrorisme un citoyen.

Le citoyen Brière, ayant la parole, a dit sans doute on peut très bien avoir fréquenté les terroristes et ne pas l'être, et je rappelle un trait du citoyen Serracin; ce fut lui qui, à cette tribune, a présenté une lettre de la sœur du citoyen Corteuil en faveur de son frère, qui a été une des victimes du terrorisme.

Le citoyen Maclard : Ce fut aussi lui qui a réclamé avec chaleur le citoyen Richer.

Le citoyen Blanchery: Sans lui le citoyen Richer n'existeroit plus.

Le citoyen Camp-Martin: Je dirai pour Serracin, qu'il est à la connaissance de bien du monde, qu'il a toujours et en tous les tems, pris vivement l'intérêt des gardes.

Le citoyen Liénard: La compatibilité de l'état de Serracin avec le mien m'a mis dans le cas de le voir assez souvent, et je dirai comme une vérité certaine que je l'ai souvent vu

gémir en prenant le journal d'y voir un si grand nombre de victimes; de plus le citoyen Serracin à toujours le plus vif intérêt pour l'amélioration du sort des gardes qui sont dans son commandement, j'en ai la preuve certaine.

Le citoyen Boullé, je peux dire à la louange du citoyen Serracin qu'il a beaucoup contribué à sauver la vie du citoyen Rocher, et que le Comité d'épuration, en lui rendant la justice qui lui est dû, dit bien dans son rapport: Nous sommes fâchés d'avoir à reprocher à ce citoyen son intimité avec les terroristes, mais ce ne doit pas être le résultat des opérations de notre Comité qui a fait désarmer Serracin, et j'en ignore absolument les motifs.

lité

Le citoyen Maclar: Les mesures prises par la municipapour ce désarmement ne dépendent et n'ont aucuns rapports avec les délibérations de la société; la municipalité a reçu une loi, elle doit la mettre à éxécution; elle à délibéré légalement, et de cette délibération est résulté le désarmement de tel ou tel, mais cela n'a rien de commun avec les délibérations de la société ; quant à Serracin, je dois lui rendre la justice de s'être intéressé vivement pour que le payement des gardes qu'il commande s'effectue promptement; il a même pour cela emprunté une main étrangère afin que ce payement ne soit retardé en aucune façon.

Le citoyen Cabot: Citoyens, j'imagine que pour juger de la moralité d'un citoyen habitant d'une commune il faut que la pluralité se prononce ou pour ou contre; car, lorsqu'il s'agit d'une punition pour un crime, il faut que ce crime soit évidemment prouvé par des faits; par exemple, je suppose que la commune de Rambouillet soit composée de deux cent cinquante citoyens, et que nous soyons deux cents ici réunis en société populaire, si les deux cents se prononçoient en faveur d'un citoyen et que la municipalité seule se soit prononcée contre ce citoyen, qu'en résulterait-il ? que nous ne serions pas libres et que nous serions sous la férule de la municipalité, puisqu'elle auroit le droit de punir arbitraire

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