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QUELQUES RÉFLEXIONS ET OBSERVATIONS PRATIQUES SUR LES COURS SANITAIRES FÉDÉRAUX.

Il a paru dernièrement dans le Bund une série d'articles concernant le service sanitaire en général et les cours sanitaires fédéraux en particulier. L'institution de ces cours qui datent de 1851 y était vivement attaquée, même d'une manière absurde, provenant de l'ignorance complète de leur but. Serait-ce peut-être le cas de dire que ceux qui raisonnent le plus sur le service sont souvent ceux qui s'y entendent le moins? Une plume exercée s'est chargée de répondre; en pays de connaissance et à l'aise en pareille matière, elle n'a pas eu de peine à mettre en déroute l'aventureux correspondant dont on n'a plus entendu parler dès lors. Aussi, nous considérons l'affaire comme terminée et nous ne reviendrons pas sur le plaidoyer. Les cours sanitaires sont donc d'une utilité qui ne saurait être contestée; il faut, qu'outre leurs connaissances médicales, les jeunes médecins aient l'occasion d'acquérir les notions indispensables d'administration militaire, de service en général et de comptabilité. Fant pis pour ceux qui n'en sont pas convaincus; nous ne perdrons pas notre temps å corriger les incrédules et les sourds.

Mais tout n'est pas là; à côté et au-dessus des jeunes médecins, des commissaires d'ambulance, des infirmiers et des fraters, nous avons les chefs du service médical de l'armée, les médecins de division, sur la position desquels nous avons à dire quelques mots.

Les médecins de division occupent-ils dans le service d'instruction la place qui devrait leur appartenir? Telle est la question que nous voulons examiner.

Dans les instructions pour les médecins de division» (pages 3 et suivantes du règlement sur le service de santé), nous voyons, « qu'ils veillent à la marche règlementaire du service de santé dans les « corps de la division; . . . . ils surveillent l'équipement réglementaire du personnel de santé, son entretien et son remplacement;... ⚫ sur l'ordre du médecin en chef, ils surveillent en outre les hôpitaux sédentaires dans l'étendue de leur division; . . . . les ambulances de leur division sont sous leurs ordres, ils les dirigent et les ⚫ surveillent ; . . . . comme chefs des ambulances, ils avisent à l'entretien et au remplacement du matériel par les commissaires d'am⚫bulance dont ils surveillent les opérations, ils dirigent l'administration et la comptabilité, vérifient et visent les bons de fournitures, les états nominatifs des malades soignés dans les ambulances, les ⚫ comptes du ménage, etc; . . . . ils veillent à l'inscription, à l'enre

gistrement et à la conservation des lettres, rapports, comptes offi<< ciels, etc. »>

Ces citations abrégées font clairement ressortir l'étendue de leurs obligations et toute la responsabilité qui leur incombe. Les médecins de division ont en réalité sur les bras l'organisation et la direction de tout le service administratif médical d'une division, soit de 10,000 hommes environ.

Si maintenant nous comparons le poids d'une telle tâche avec le peu d'occasions qui leur sont fournies pour les mettre à même de la remplir convenablement, nous sommes involontairement saisis d'un sentiment de vive inquiétude. Comment espérer de voir fonctionner convenablement l'administration du service médical de l'armée, quand les chefs de ce service n'en peuvent connaître que superficiellement le mécanisme compliqué? Les à-peu-près sont dangereux, en militaire plus encore qu'ailleurs.

Loin de nous cependant la pensée de rendre les médecins de division responsables d'un état de choses auquel une modification dans l'organisation de l'instruction du personnel sanitaire peut seule apporter quelque remède. Que voyons-nous dans les corps armés? Le commandement d'un cours de répétition y est remis à un officier supérieur d'état-major, quelquefois même à un capitaine. Pourquoi ne remettrait-on pas aussi à tour de rôle aux médecins de division le commandement et même l'instruction des cours des officiers de santé et des commissaires d'ambulance, en leur associant comme aides les médecins-instructeurs soldés par la Confédération? Ce serait, à notre avis, un excellent moyen de les élever à la hauteur des fonctions auxquelles ils sont appelés en temps de guerre. Ils seraient contraints. par là à étudier de près les prescriptions de leur service et celles du personnel sous leurs ordres; appelés à enseigner à ce dernier le mécanisme du service administratif médical, ils seraient bien obligės d'en faire une étude approfondie; ils s'instruiraient eux-mêmes en instruisant leurs subordonnés.

Ne craignons pas de le dire, soit dans les écoles centrales, soit dans les rassemblements de troupes, les rapports, la subordination, l'organisation, la marche tout entière du service médical laissent à désirer; et il continuera d'en être ainsi tant que les médecins de division resteront au-dessous de leur tâche et incapables de cheminer sans béquilles.

Nous nous résumerons donc en demandant que l'instruction et le commandement des cours sanitaires soient confiés aux médecins de division, et en émettant le vœu que l'achèvement de leur instruction personnelle se fasse par des missions à l'étranger, missions dans les

quelles ils examineraient sur place ce qui se pratique en dehors des
limites de notre petit pays.
Un médecin d'état-major.

DU NOUVEAU FUSIL D'INFANTERIE.

On est enfin parvenu à arrêter et à compléter d'une manière définitive l'ordonnance du nouveau fusil d'infanterie. La question principale qui restait à résoudre était la graduation de la hausse et surtout le point de départ, soit l'élévation à 300 pas, question importante, demandant de nombreux essais avec des séries de fusils afin d'arriver å une juste moyenne; cette question vient donc d'être résolue et sa solution a été communiquée à tous les fabricants, ensorte que rien n'arrêtera désormais la confection de notre nouvel armement. Laissant de côté la question du calibre, qui est chose jugée et dont il faut malheureusement faire son deuil, ce fusil, dont nous avons eu l'occasion d'examiner quelques échantillons, nous parait être combiné de manière à en faire une bonne arme de guerre longueur du canon suffisante, permettant une défense efficace du premier rang par le second, sans toutefois risquer d'en blesser les hommes au moment de l'action; pente de la monture recourbée de manière à satisfaire à toutes les conformations physiques; bronzage et bleuissage de toutes les parties apparentes, facilitant l'entretien et surtout ne reflétant pas les rayons du soleil; platine entièrement encastrée dans la monture, avec grand ressort et détente qu'on peut appeler délicats relativement à nos armes actuelles. Il nous a cependant paru que le centre de gravité était placé un peu trop en avant lorsque la bayonnette est au canon, ce qui constitue un inconvénient pour le tir; de même, la tige de la bayonnette étant plus mince que le refouloir, produit dans l'embouchoir, lorsque l'arme est maniée, un ballottement désagréable semblable au bruit produit par les fusils de nos anciens troupiers qui, pour les rendre sonores, évidaient la crosse sous la plaque de couche et y logeaient quelques pièces de métal. On aurait pu obvier à ce cliquetis en faisant un renflement à la tige de la baguette au point de contact avec l'embouchoir, ainsi que cela se voit dans les armes de différents pays.

Il n'est peut-être pas sans intérêt pour ceux de nos lecteurs qui s'intéressent au nouvel armement de donner ici quelques détails que nous puisons dans l'ordonnance fédérale du 24 décembre 1863:

Bayonnette: lame quadrangulaire en acier, douille et bague en fer forgé, le tout bleui; longueur totale, 1' 6".

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Baguette: tige et poignée en acier, refouloir en laiton; longueur, 3' 3".

Platine: grand ressort, ressort de gachette, noix, gachette et chainette en acier bleui; les ressorts restent blancs; les autres pièces, en fer forgé et cémenté, conservent la couleur de la trempe.

Canon en acier fondu et bronzé; longueur avec la culasse, 3' 3"; calibre normal, 35"""; tolérance, de 34""" 50 à 35"" 50; 4 rayures concentriques avec l'àme, allant de gauche à droite en regardant de la tranche du tonnerre et faisant un tour complet sur 2' 7"; largeur de chaque rayure, 1" 3"" maximum, 1"" 2""" minimum; profondeur de chaque rayure, de 0" 60 à 0"" 75.

Culasse et bascule: en fer forgé et cémenté, conservant la couleur de la trempe.

Cheminée (grande) en acier fondu, trempée et recuite au jaune au còne, et au bleu à la partie inférieure; grain de lumière en cui

vre.

Garnitures: l'embouchoir, la rosette, les battants de grenadière et sous-garde, le pontet et la plaque de couche, en fer forgé ou fonte malléable. Les autres pièces en fer forgé, excepté les ressorts de garnitures qui sont en acier; le tout est bleui, sauf la détente qui est cémentée et garde la couleur de la trempe.

Hausse le pied, en fer forgé ou fonte malléable cémentée; la lamette, les deux ressorts et la grande vis servant d'axe à la lamette, en acier bleui. La graduation se place sur l'épaisseur des rondelles du pied de hausse (non sur le flanc gauche comme c'est le cas dans le fusil de chasseur et la carabine), les chiffres pairs sur la rondelle de droite et les impairs sur celle de gauche; de cette manière, le soldat a toujours sa graduation en face et n'est pas obligé de tordre son fusil ou d'incliner sa tête pour régler sa lamette.

Voici la graduation telle qu'elle a été arrêtée dernièrement.

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Pour éviter la déviation à droite, produite par la torsion des rayures, l'encoche de la hausse se trouve à 4"" à gauche du plan vertical

de l'axe de l'ame; il sera important par la suite que le soldat soit instruit sur ce point, afin qu'il ne s'imagine pas au premier aspect de son arme que sa hausse est mal placée.

Toutes les pièces du nouveau fusil, sauf les canons bruts, doivent ètre forgées et finies en Suisse. MM. les contrôleurs fédéraux sont chargés de veiller à ce que cette clause soit strictement observée. La Confédération s'est chargée de la fourniture des canons bruts; elle les tire d'une usine de Dusseldorf, en Westphalie, et les livre aux fabricants pour le prix de 6 fr. la pièce. Il est à regretter que la Suisse soit tributaire de l'étranger pour cette importante livraison, mais les essais faits dans nos principaux établissements métallurgiques ont démontré notre infériorité, soit sous le rapport de la qualité, soit sous le rapport du bon marché. Les bayonnettes et les baguettes sont toutes confectionnées à la manufacture d'armes de Neuhausen; seulement, en attendant que les machines et engins nécessaires soient en activité, la société industrielle suisse a reçu l'autorisation de l'administration fédérale d'acheter 6000 bayonnettes et 6000 baguettes à l'étranger.

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BIBLIOGRAPHIE.

Trois jours de vacances. Voyage des écoles industrielles dans le Jura neuchatelois, les 3, 4 et 5 juillet 1864. Un grand album autographié. Neuchâtel, Delachaux et Sandoz, éditeurs.

Cette charmante Topferie, œuvre d'amis de l'instruction et de professeurs neuchâtelois, secondés même par leurs élèves, se recommande à notre attention par son lien avec un objet qui nous a toujours tenu à cœur, c'est-à-dire avec l'édu– cation militaire de notre jeunesse, avec une part plus large à faire dans les écoles de la Suisse romande à l'utile récréation du maniement des armes. Les jeunes voyageurs dont il est ici question n'étaient soldats que par l'habit; pour toute armure guerrière ils portaient leur tenue de cadets, mais ils la portaient dignement, fièrement, et nous savons que l'uniforme et les insignes des divers grades n'ont pas peu contribué au bon ton et à l'excellente discipline de l'excursion. Ajoutons que l'album est illustré par M. Bachelin, et que l'élégant peintre militaire, déjà connu de nos lecteurs, s'est voué con amore à son œuvre. Sous son gracieux crayon, les petits troupiers neuchâtelois prennent une tournure qui, sans quitter la vraisemblance, pourrait servir d'idéal à maints soldats de plus haute taille.

NOUVELLES ET CHRONIQUE.

Encore une perte douloureuse pour l'armée suisse et les milices bernoises en particulier dans la personne du colonel Steiner, récemment décédé.

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