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Italie. Le transfert de la capitale à Florence a amené aussi quelques changements dans les établissements militaires; ainsi c'est à Modène que se trouve maintenant la grande école militaire, le Saint-Cyr italien, d'où sortent les officiers non-seulement d'infanterie mais aussi de cavalerie. Les études, qui se font en deux ans, sont sous la direction de M. le major Corvetto, le rédacteur en chef bien connu de la Rivista militare italiana.

Angleterre Dernièrement ont eu lieu des essais de fusils Enfield transformés en breechloadings. Cinq modèles sont restés en présentation, les systèmes déjà connus Westley-Richard, Storm, Green et Wilson, tous à capsule, et un Snider à cartouche fulminante. C'est ce dernier qui a donné les meilleurs résultats, mais sans qu'on puisse les considérer comme complétement satisfaisants la tiré ses 20 coups en 2 minutes; les autres en 4 minutes en moyenne; l'Enfield ordinaire a besoin de 7 minutes. La commission s'est bornée à demander l'essai du système Snider sur une plus grande échelle, et à cet effet un millier de ces armes sera réparti aux troupes. Elle recommande surtout l'adoption d'un nouveau fusil, et la transformation du fusil actuel seulement comme un pis-aller provisoire.

Etats-Unis. (Corresp part.) 10 octobre 1865. La semaine dernière on a essayé à l'arsenal de Springfield plusieurs spécimens de fusils se chargeant par culasse, en vue de l'arme unique de ce système dont on va doter les troupes, à pied et à cheval. Il y a eu beaucoup d'échantillons; et ce sont un Remington el un Peabody, à vous déjà connus mais perfectionnés, qui ont eu la palme. A Washington toutefois on n'est pas encore pleinement satisfait, et l'on veut quelque chose de mieux qu'on est en train de trouver. On veut une arme à cartouche métallique, à simple charge, mais pouvant, à rigueur, être adapté en arme à magasin, comme le Spencer ou le Henry.

A propos de breechloadings il va vous arriver bon nombre de nos échantillons pour votre concours suisse ; seulement vous n'aurez pas les meilleurs, vu le peu de temps que votre gouvernement a laissé aux fabricants, surtout en leur imposant la condition d'avoir un canon au modèle suisse quand personne en Amérique, pas même votre ambassade, ne possédait votre modèle. Sans être un grand prophète, je puis donc vous prédire que votre concours est manqué si l'on n'accorde pas à nos fabricants un délai jusqu'en janvier ou février.

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Vaud. Dans sa séance du 24 octobre, le Conseil d'Etat a nommé : lieutenant de la compagnie du centre no 2 du 11 bataillon, R. C., M. Gallandat, Frédéric, à Yvonand; lieutenant de la compagnie de chasseurs de gauche du 50 bataillon; M. Constançon, Alfred, à Yvonand; 1er sous-lieutenant de la compagnie de chasseurs de droite du 9e bataillon, R. C, M. Perusset, Charles, à Baulmes; 1er sous-lieutenant de la batterie attelée n° 50, M. Fontannaz, Adalbert, à Cossonay; 1er sous-lieutenant de la compagnie d'artillerie de parc no 40, M. Rosset, Alexandre, à Villeneuve.

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La Revue militaire suisse paraît le 1er et le 15 de chaque mois. Elle publie en supplément, le 15 de chaque mois, une Revue des Armes spéciales. CONDITIONS D'ABONNEMENT: Pour la Suisse, franc de port, 7 fr. 50 c. par an; 2 fr par trimestre. Pour l'Etranger, franc de port, 13 fr. par an; 4 fr. par trimestre. Turquie et Valachie, franc de port, 20 fr. par an. Numéros détachés 40 centimes par numéro Remise aux libraires.

Les demandes d'abonnement pour l'étranger peuvent être adressées à M. TANERA, libraire-éditeur, rue de Savoie, 6, à Paris. Celles pour l'Italie à MM. BOCCA, frères, libraires de S. M., à Turin.

Pour tout ce qui concerne l'Administration et la Rédaction, s'adresser au Comité de Rédaction de la Revue militaire suisse.

LAUSANNE.

IMPRIMERIE PACHE, CITÉ-DERRIÈRE, 3.

SUISSE

dirigée par

MM. F. LECOMTE, lieut.-colonel fédéral; E. RUCHONNET, capitaine fédéral d'artillerie; E. CUENOD, capitaine fédéral du génie.

N° 22.

Lausanne, le 15 Novembre 1865.

Xe Année.

SOMMAIRE. Quelques considérations militaires à propos des chemins de fer des Alpes (suite).- Le bataillon de Neuchâtel pendant l'empire (suite). - Nouvelles et chronique. SUPPLÉMENT. - REVUE DES ARMES SPÉCIALES.

QUELQUES CONSIDÉRATIONS MILITAIRES A PROPOS DES CHEMINS

DE FER DES ALPES.

(Suite.)

Nous avons analysé précédemment (1) deux brochures militaires sur la question du passage des Alpes qui préoccupe si vivement la Suisse et quelques pays voisins, en particulier l'Italie. Une d'entr'elles démontre, on se le rappelle, la prépondérance du St-Gothard, tandis que la seconde établit la supériorité du Lukmanier. Précédemment divers rapports avaient aussi prouvé la haute importance du Simplon.

Rappelons tout d'abord que le débat se présente actuellement entre un passage unique par le St-Gothard et le centre de la Suisse d'une part, et d'autre part les deux passages des ailes, le Lukmanier et le Simplon, et que tous les ingénieurs sont d'accord que la trouée du St-Gothard serait la plus difficile et la plus coûteuse des trois.

Déterminer d'une manière absolue lequel des deux systèmes est le plus avantageux à la défense de la Suisse n'est point, nous nous empressons de le reconnaître, une chose simple et facile. Trop d'éléments variables entrent dans ce calcul comme facteurs importants. La guerre a ses accidents non-seulement dans ses péripéties, mais aussi (1) Voir Revue militaire du 1er octobre 1865.

dans ses causes et dans ses débuts, et les hypothèses de luttes que notre pays peut être appelé à soutenir sont si nombreuses et si diverses, vu sa situation de barrière européenne entre trois grandes nationalités se répartissant en six états très inégaux le long de sa frontière, qu'il serait fort prétentieux de les prévoir toutes. Et ce sont précisément peut-être celles qu'on aurait laissées en dehors de l'examen qui se présenteraient les premières et qui viendraient donner tort aux meil leurs raisonnements.

La Suisse étant en guerre avec un, deux, trois, etc., de ses voisins, sur quel pied est-elle avec chacun des autres ?

Ces derniers sont-ils alliés, sont-ils strictement neutres, neutressympathiques ou neutres-hostiles?

Tels sont les différents cas qu'il s'agirait de déterminer et d'étudier tour à tour en détail avant de pouvoir dire que telle zone de terrain, telle voie de communication est militairement plus importante que telle autre.

Cette méthode d'analyse serait la seule logique en thèse générale et appliquée à un pays ou échiquier quelconque.

« Il n'y a pas rien qu'une manière de gagner une bataille, » disait Napoléon à Ligny, quand, déçu sur sa gauche par l'absence malheureuse de Ney, il se décida à agir par son centre. Jomini, dans cette même idée, nous donne en effet un minimum de douze ordres de bataille (1). On en dirait plus encore de la manière d'entamer une campagne, car les combinaisons stratégiques sont plus susceptibles de variété que les combinaisons tactiques.

Cela serait vrai en Suisse surtout.

On peut, dans d'autres pays, discuter les problèmes de défense ou d'attaque en partant déjà de quelques jalons fixes et arriver plus facilement à des conclusions. Ces jalons sont entr'autres les alliances établies d'avance, qui limitent le nombre des combinaisons de guerre, et les réseaux de forteresses, qui fixent, dans certaines limites, la nature et la direction des premières opérations.

En Suisse, rien de semblable ne facilite la recherche des meilleures conditions de notre défense. Neutre en droit et par les traités, trop absolument neutre en fait par l'absence de toute ligne de conduite en matière de politique extérieure, la Suisse n'a en réalité aucun allié, quoique sans doute elle ne manque pas de quelques amis par le monde. Elle n'a pas davantage de forteresses, prescrivant d'entrée des zones naturelles de rassemblement; elle n'a pas de base fortiflée, pas même de point déterminé d'avance où concentrer ses approvi

(1) Voir Précis de l'art de la guerre, T. II, ch. 4.

sionnements, ses réserves et dépôts. Le champ est libre pour ouvrir une campagne; le génie d'un général peut s'y donner pleine carrière; des opérations très diverses peuvent y être combinées sans entraves et toutes plus ou moins assises sur les bons principes de l'art. Il y aurait dans presque toutes les hypothèses dix façons de défendre convenablement le sol suisse, résultant plus ou moins du tempérament et des goûts du commandant en chef, devant s'inspirer à son tour, cela va sans dire, de ceux du pays et de l'armée.

Il est donc tout naturel que les différences de vue qui pourraient se produire en temps de guerre, mais sans aucun danger vu les freins de la hiérarchie et de la responsabilité, s'accusent aussi en temps de paix. Bien loin de nous ranger au sentiment de quelques personnes qui affectent de voir dans ces discussions publiques d'officiers supérieurs la ruine de la considération des uns et des autres, nous y constatons un signe de vie intellectuelle et de développement qui ne peuvent qu'être profitables à tous. L'armée sait que des controverses techniques en temps de paix n'empêchent pas l'unité d'action en temps de guerre, mais plutôt l'éclairent; l'armée sait qu'il y a un temps pour ramasser les pierres, et un temps pour les jeter, et que si beaucoup de gens confondent trop aisément ces temps dans la vie ordinaire, les militaires sont par leur métier et par leur devoir tenus spécialement en garde contre cet écueil.

Nous sommes donc fort éloignés, nous le répétons, de tirer de la discussion actuelle les sinistres présages que cherchent à en tirer des personnages toujours prêts à ridiculiser ce qui a trait au militaire suisse. Nous aurions désiré au contraire, nous le répétons aussi, que cette discussion, puisqu'on l'entamait, fût plus complète et plus serrée; qu'elle reposât sur quelque chose de solide et de réel et non sur des chimères; c'est-à-dire qu'on voulût bien nous exposer un plan raisonnable de défense de la Suisse dans chacune des hypothèses possibles; qu'on déterminât d'abord le premier élément d'une opération quelconque, la base militaire, - et ce n'était déjà pas chose facile dans notre république fédérative puis qu'on dressât un état comparatif des services que pourrait rendre chacun des deux systèmes de chemins de fer alpestres, dans chacune des hypothèses et avec chacune des bases à choix.

Or ce n'est pas ce qui a été fait par les brochures dont nous parlons. La première brochure cherche, nous en convenons, à être logique; elle débute par parler d'une base. Mais cette base elle la place au St-Gothard lui-même et dans les hautes vallées avoisinantes, ce qui est totalement inadmissible.

Une base n'est pas une cachette, un réduit; elle doit pouvoir servir

de pivot de manoeuvre, à rigueur de centre politique. Pour cela il faut qu'elle soit en pays peuplé, à la jonction ou à proximité des routes les plus fréquentées, au cœur de la nation, si possible, y compris ses habitants bien entendu, et non pas perdue dans des contrées désertes et sans ressources. Le pâté du St-Gothard pourrait, il est vrai, servir de point culminant à une base qui comprendrait le centre du plateau suisse, mais en vue d'un conflit général européen et d'un champ d'opérations embrassant à choix les vallées du Danube et du Pô. Pour ce qui concerne la Suisse seulement, dans ses limites restreintes, la base ne saurait déserter la région populeuse, le plateau. Le Gothard, admirable pour chasser le chamois et la marmotte, serait nul pour maintenir notre prépondérance dans le pays, et le perçâlon dix fois au lieu d'une, qu'il n'en serait pas sensiblement amélioré.

La deuxième brochure se borne surtout à rétorquer les arguments de la première, et il ne lui était pas difficile, d'après ce que nous venons de dire, d'en montrer le peu de solidité. Mais à son tour elle compte beaucoup sur la confiance de son public lorsqu'elle établit que le Luckmanier est supérieur au St-Gothard. Nous le croyons aussi; mais nous avouons n'avoir su en trouver des raisons bien convaincantes dans son plaidoyer.

Les auteurs de cette seconde brochure se dépouillent trop d'un avantage qu'ils considèrent peut-être, par suite de préoccupations financières, comme un embarras. Ils laissent presque complétement de côté le Simplon dans leur argumentation. Craignent-ils que cette solidarité leur soit onéreuse? Pour nous, nous pensons que c'est au contraire cette solidarité qui doit assurer le triomphe du Luckmanier et amener ensuite celui du Simplon; nous allons en présenter brievement quelques raisons se rattachant à la question générale.

Toute bonne route dans l'intérieur d'un pays coupé comme le nôtre, ou menant à l'extérieur, a une importance militaire, puisque c'est surtout par les routes que se font les opérations militaires et les approvisionnements. Plus on aura de routes, ferrées surtout, plus on aura de facilités de circulation, de communications, de mouvements en un mot. Nous avons à choisir entre un seul chemin de fer et deux autres. Le premier exclut ceux-ci, donc nous le considérons comme désavantageux par cette raison seulement.

On nous répliquera sans doute que ce n'est pas la quantité mais la qualité, c'est-à-dire la position du chemin de fer qu'il faut considérer, pour apprécier son utilité. En admettant cette objection dans une certaine mesure et en l'appliquant à l'objet du litige, nous dirons qu'à ce point de vue encore le St-Gothard est fort inférieur nonseulement à l'ensemble mais à chacun des deux autres passages. Le

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