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compte-rendu des séances et des divers travaux qui y sont présentés. C'est ce que nous ferons dans un prochain numéro pour la réunion cantonale des officiers bernois du 20 août à Langenthal, et pour celle de la section vaudoise de la société militaire fédérale du 10 courant à Yverdon.

Mentionnons cependant dès maintenant les deux résolutions suivantes prises à l'unanimité par cette dernière assemblée :

« 1o La section vaudoise de la Société militaire fédérale exprime le vœu que les règlements militaires subissent des changements moins fréquents.

«< 2o Estimant être en cela l'organe de la population militaire du canton de Vaud, où chaque soldat fournit son habillement, la section vaudoise exprime le vœu que le règlement actuel sur l'habillement, dont on est en général très satisfait, ne soit pas de nouveau modifié.

>>

Le comité a été chargé de transmettre ces vœux au Département militaire fédéral; il devra de plus se tenir au courant de la question et convoquer une assemblée extraordinaire, si des propositions de changement à l'ordonnance actuelle sont effectivement et officiellement formulées.

Ces résolutions sont destinées, pensons-nous, à produire en Suisse un certain retentissement et à exercer une heureuse influence sur la solution des questions qui y ont rapport et qui sont actuellement à l'étude. Après dix années consécutives passées à entasser modifications sur modifications et essais sur essais pour en revenir souvent au point de départ, ce n'est pas être exigeant, ce nous semble, que de réclamer quelques jours de stabilité et de repos. Nous observons qu'il ne s'agit ici que des règlements de manœuvre et de l'habillement, et non de l'armement, question sur laquelle l'assemblée n'a pas été appelée à se prononcer.

M. le lieutenant-colonel fédéral Lecomte est rentré heureusement en Suisse après une absence de plus de 6 mois, consacrée à visiter l'armée américaine et les principaux établissements militaires de ce pays. Il reprendra sa part de collaboration à la Revue militaire à dater du prochain numéro.

La Revue militaire suisse paraît le 1er et le 15 de chaque mois. Elle publie en supplément, le 15 de chaque mois, une Revue des Armes spéciales. CONDITIONS D'ABONNEMENT: Pour la Suisse, franc de port, 7 fr. 50 c. par an; 2 fr. par trimestre. Pour l'Etranger, franc de port, 13 fr. par. an; 4 fr. par triTurquie et Valachie, franc de port, 20 fr. par an. Numéros détachés: 40 centimes par numéro. Remise aux libraires.

mestre.

Les demandes d'abonnement pour l'étranger peuvent être adressées à M. TANERA, libraire-éditeur, rue de Savoie, 6, à Paris. Celles pour l'Italie à MM. BOCCA, frères, libraires de S. M., à Turin.

Pour tout ce qui concerne l'Administration et la Rédaction s'adresser au Comité de Rédaction de la Revue militaire suisse.

LAUSANNE.

IMPRIMERIE PACHE, CITÉ-DERRIÈRE, 3.

SUPPLÉMENT MENSUEL

DE LA

REVUE MILITAIRE SUISSE

Lausanne, le 15 Septembre 1865.

SOMMAIRE.

Supplément au n° 18 de la Revue.

Fragment d'histoire militaire nationale. (Mémoire adressé au Directoire helvétique le 20 juin 1798, par les artilleurs du district de Vevey. Le bélier cuirassé le Taureau.

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FRAGMENT D'HISTOIRE MILITAIRE NATIONALE.

(Mémoire adressé au Directoire helvétique le 20 juin 1798, par les artilleurs du district de Vevey.)

Pour l'intelligence de la pièce inédite que nous publions ci-après, et dont nous devons la communication à l'obligeance de M. le lieutenant fédéral Mayor de Montreux, nous devons nous reporter aux troubles dont la Suisse de 1798 fut le théâtre, et retracer avec détails l'un des épisodes les plus émouvants de la lutte acharnée qui se livrait alors entre l'unitarisme importé par la France et les barrières que lui opposait l'esprit fédéraliste de populations divisées de mœurs, de langue, d'intérêts et de religion.

C'était au commencement du mois de mai 1798: les petits cantons, après une résistance héroïque, venaient de se soumettre aux armes victorieuses de Schauenbourg; la Suisse entière, à l'exception de Genève, incorporée à la France, semblait avoir définitivement accepté le nouveau système politique.

Cependant, malgré leur soumission apparente, les Hauts-Valaisans demeuraient attachés de cœur aux vieilles coutumes, et les mêmes haines contre les nouvelles institutions, les mêmes excitations fomenlèrent le soulèvement que nous allons décrire, et attirerent sur eux tous les fléaux d'une guerre d'extermination.

C'est dans ces circonstances que les Vaudois furent appelés à combattre pour le maintien de la constitution helvétique, et c'est eux en particulier dont nous allons suivre les pas dans cette sanglante répression.

Le soulèvement valaisan commença dans le dixain de Rarogne, gagna rapidement ceux de Conches et de Louèche, et le 5 mai déjà les avant-postes des insurgés étaient poussés jusqu'à Sierre.

Les proclamations de Mangourit, Résident français en Valais, et ses appels à la concorde demeurèrent sans effet; des envoyés partis de Sion et chargés d'apaiser les insurgés furent maltraités par eux et retenus prisonniers. Le gouvernement provisoire et Mangourit crurent alors prudent d'abandonner Sion et de se retirer à St-Maurice.

Le 7 mai, les insurgés, au nombre de 3 à 4 mille, sous le commandement du jeune comte de Courten (1), entrent à Sion dont la garnison capitule sans faire résistance.

Mangourit, qui avait épuisé tous les moyens de conciliation, dut en appeler à la force, et demanda de prompts secours au préfet du Léman, le citoyen Henri Polier.

Ces secours ne se font pas attendre. Deux bataillons vaudois commandés par les citoyens Blanchenay-Bridel, de Morges, et G. Bergier, quelques tirailleurs et une brigade d'artillerie de 6 canons et 1 obusier sont rassemblés à la hâte et placés sous les ordres de l'adjudantgénéral Bergier, de Lausanne, ancien officier au service du Piémont (*). Ces troupes entrent le 8 au soir à St-Maurice et le lendemain à Martigny (3). Le 10 elles prennent position, leur front couvert par la

(1) Le général comte de Courten, depuis au service de France et de Rome, avait alors 19 ans. Comme il refusait le dangereux honneur du commandement, les paysans armés lui dirent: « Ah, tu ne veux pas venir parce que tu as peur qu'on ne brûle ta maison; eh bien, pour t'ôter ce souci, nous allons la brûler nous-mêmes, et le comte céda. Son cousin Eugène commandait en second.

(*) Il paraît que ce ne fut pas sans peine que ces troupes prirent les armes pour marcher contre le Valais. On lit en effet dans le bulletin officiel (II, 78, 79) la note suivante :

Les Valaisans ont réclamé des secours du canton du Léman, et dans un moment pressant, ils se sont adressés aux endroits les plus voisins. Les habitants de Vevey tardaient à prendre les armes. Le tambour battait, mais à peine quelques soldats paraissaient-ils sur la place. Le citoyen Perdonnet fils, administrateur, oubliant qu'il est malade, pour ne se souvenir que des intérêts de l'Helvétie, et du danger de ses alliés, prend le fusil et se montre aux yeux de ses concitoyens équipé en simple soldat. On n'hésite plus; cette conduite républicaine électrise tous les habitants de Vevey. Tous se précipitent aux armes, tous suivent un exemple qui mérite les louanges des amis de la liberté. La Chambre administrative en décrête la mention honorable et l'insertion au Bulletin.

(3) L'artillerie arrivée la première à St-Maurice reçut le 8 au soir l'ordre de

Dranse, leur droite appuyée au vieux château de Martigny et leur gauche au Rhône et à la montagne de Folaterne.

Le 11 et le 12 sont employés à diverses reconnaissances. Le 13 les Hauts-Valaisans voyant arriver à chaque instant de nouvelles troupes, soit françaises, soit vaudoises, envoient deux députés munis d'une procuration auprès du général en chef Bergier pour négocier. La journée se passa en pourparlers.

Le 14, Bergier annonça aux rebelles qu'il ne traiterait pas avec eux qu'au préalable:

1o Le Haut-Valais n'acceptât de rechef la constitution helvétique purement et simplement ;

2o Que les représentants du peuple et toutes autres personnes détenues à Sion par suite de la révolte ne fussent remis eux, leurs familles et leurs effets en toute sûreté aux avant-postes de son armée; 3° Que les insurgés eussent à évacuer tout le territoire du BasValais jusqu'à Sierre ;

4° Qu'ils remissent 14 ôtages des plus notables,

accordant pour l'exécution de ces articles une suspension d'hostilités jusqu'au 15, à 6 heures du matin.

Ces conditions furent acceptées par les Hauts-Valaisans, qui commencèrent à exécuter leur mouvement de retraite en évacuant leurs postes avantageux, tels que le pont de Riddes, qui fut immédiatement occupé par les Vaudois.

Ce fut après l'exécution de ces dispositions, prises dans la journée. du 14 et qui semblaient devoir mettre fin aux hostilités, que le général Bergier quitta Martigny pour rentrer à Lausanne. En passant à Bex Bergier remit le commandement supérieur des troupes combinées à son ancien, le général de brigade Lorge, qui venait d'arriver et qui avait été dépêché sur les lieux par le commandant en chef des forces françaises en Helvétie, général Schauenbourg.

Sur ces entrefaites, les troupes vaudoises avaient été successivement renforcées par la 31me demi-brigade française et un détachement du 8me hussards arrivant à Martigny par St-Gingolph, puis par la 16me demi-brigade française d'infanterie, par deux pièces d'artillerie et un escadron du 18me de cavalerie qui, passant par Lausanne, avaient été dirigés en toute hâte sur le Valais.

Mais Lorge n'était point satisfait des conditions que Bergier avait

Maugourit d'aller de concert avec quelques Bas-Valaisans enlever le pont de Riddes occupé par les insurgés. Ce coup de main ne put réussir; les troupes combinées durent se replier sur Martigny et y attendre les renforts qui arrivaient (voir plus loin sur ce point contesté le mémoire des artilleurs de Vevey).

imposées aux Valaisans, car, aussitôt après son arrivée à Bex, il écrivait à Schauenbourg :

Bex, 25 Floréal, an VI (14 mai).

Je viens d'arriver à Bex, mon général, et le citoyen Mangourit m'a informé que les rebelles, instruits sans doute de notre marche, avaient demandé à capituler. Demain je ferai pousser sur eux une vigoureuse reconnaissance où je serai moimême, et s'ils sont toujours dans les mêmes dispositions, voici les conditions que nous sommes convenus le citoyen Mangourit et moi de leur imposer :

1° 600,000 L. de contribution provisoire;

2o Le désarmement des rebelles;

3o Des ôtages.

La contribution ne sera exigée qu'après le désarmement.

S'ils n'acceptent point ces conditions, je les attaque après-demain et vous en rendrai bon compte.

Demain je vous enverrai un état détaillé de notre position provisoire; toutes les troupes ne sont pas encore arrivées, mais ne tarderont sans doute point.

Le 2me bataillon de la 16me légère est à St-Maurice et en avant.

(signé): LORGE.

On le conçoit, les chefs des Hauts-Valaisans qui avaient eu grand peine à faire accepter de leurs gens la capitulation proposée par Bergier, ne purent se faire écouter d'eux lorsqu'ils leur présentèrent les conditions de Lorge. Furieux, les soldats jurèrent de se faire exterminer plutôt que de poser les armes, et forcèrent leurs chefs à marcher. Courten dut céder, et la lutte recommença. Laissons les généraux français nous en faire le récit :

Rapport du chef de bataillon de Montserrat au général sur les opérations de la 16m légère, dans la journée du 27 Floréal (46 mai) (1).

En conséquence de vos ordres, citoyen général, je me suis porté par les montagnes au village d'Aillon croyant tourner les postes ennemis, mais leur ligne était tellement prolongée que j'ai été obligé pour cette opération de remonter jusqu'à la source de la Morge: pendant cette marche, que l'ennemi embusqué derrière les rochers sur l'autre revers de la gorge, rendait extrêmement pénible, j'ai fait attaquer par trois compagnies la Chapelle de Chaudeleu, défendue par deux petites pièces de canon et 600 hommes dont les forces étaient encore doublées par la localité. Je croyais par cette attaque les occuper de manière à attirer toute leur force sur ce point; mais leur nombre dans toute cette gorge était tel que chaque rocher demandait un nouveau combat. Le chemin large de deux pieds et pratiqué sur des précipices affreux, offrait peu de ressource pour l'attaque: cependant les

(*) Le mouvement de Montserrat pour tourner la droite des Valaisans doit (ainsi que cela résulte du rapport de Lorge à Schauenbourg) s'être effectué le même jour que le combat de Sion, c'est-à-dire le 28 Floréal (17 mai), et non la veille comme l'indique la date du 27 Floréal que nous croyons inexacte.

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