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Une somme de 6000 fr. est prévue au budget pour paiement de l'indemnité de 400 fr. à chacun des officiers nouvellement élus dans l'état-major; cette somme se trouve insuffisante pour cette année, en conséquence il est accordé au département militaire un crédit supplémentaire.

-L'édition française du service de garde et d'avant-postes vient de paraître. Elle forme la deuxième et troisième partie du règlement général de service. Ces deux parties font suite au règlement sur le service intérieur et précèdent le service de sûreté en marche qui forme lui-même la quatrième et dernière partie du règlement général.

Fribourg, 19 mai. (Correspondance) - En fait de nouvelles militaires, nous commençons à avoir du monde dans les quatre coins de la Suisse.

L'école de balistique à Aarau a été suivie par un lieutenant d'artillerie, et nous avons à l'école centrale à Thoune, un 1er sous-lieutenant de la même arme. Nos recrues de train de parc sont rentrées de Zurich le 7 mai dernier, Celles de carabiniers sont revenues de Thoune le 6 mai, pour rentrer en caserne le 10 et partir le 13 avec les compagnies nos 13 et 25 qui suivent un cours de répétition à Genève.

Celles de cavalerie sont parties aujourd'hui pour Bière.

Celles d'infanterie, actuellement toutes réunies, seront inspectées les 30 et 31 mai, par M. le colonel fédéral Veillard d'Aigle. Le licenciement aura lieu le 1er juin pour les fusiliers, et le 5 pour les chasseurs. Les cadres fournis par le bataillon no 39 resteront en caserne, la troupe de ce bataillon entrera le 8 juin pour son cours de répétition, et sera inspectée les 13 et 14 par M. le colonel Veillard. Licenciement le 15 juin. Les autres cours de répétition d'infanterie seront renvoyés jusqu'en automne.

Valais. Ont été promus :

Capitaine: M. Bertrand, Ernest, à St-Maurice.

Lieutenants MM. de Cocatrix, Henri, à St-Maurice.

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de Bons, Charles-Marie, à St-Maurice.
Ballifard, Benjamin, à Bagnes.

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Morand, Valentin, à Martigny.

1er sous-lieutenants: MM. Exhenri, Basile, à Champéry.

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-

Vaud. Le Conseil d'Etat a nommé M. Auguste Jaccard, à Ste-Croix, capitaine aide-major du 70m bataillon d'élite ; M. J.-P.-L. Lagnel, à Bière, capitaine au n° 2 du 8e bataillon de réserve cantonale; M. J.-D. Vuagniaux, à Vucherens, capitaine aide-major du 2e bataillon de réserve cantonale; M. Jeles Cuendet, à l'Auberson, lieutenant de chasseurs de droite du 70° bataillon d'élite; M. J. Morax, à Morges, lieutenant au no 4 du 50° bataillon d'élite; il a, en outre, avancé au grade de 4er sous-lieutenant M. J.-F. Dentan, secrétaire-adjoint du commissaire des guerres cantonal.

-Sur la demande des autorités communales de Vevey et des Conseils de la Confrérie des vignerons, le Conseil d'Etat a autorisé le département militaire à mettre sur pied 500 hommes d'infanterie et l'artillerie nécessaire pour la fête des Vignerons. Il a chargé M. Alph. Rosset, commandant d'arrondissement, à Villeneuve, de remplir les fonctions de commandant de place.

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SUISSE

dirigée par

E. RUCHONNET, capitaine fédéral d'artillerie; E. CUENOD, capitaine fédéral du génie.

N° 12.

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Lausanne, le 15 Juin 1865.

Xe Année.

SOMMAIRE. Etude sur la géographie militaire de la Suisse.
De l'introduction en Suisse d'une arme à feu portative se char-
geant par la culasse. - De la colonne d'attaque suite et fin).
Nouvelles et Chronique.

SUPPLÉMENT. REVUE DES ARMES SPÉCIALES.

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ÉTUDE SUR LA GÉOGRAPHIE MILITAIRE DE LA SUISSE.

Nous offrons ici aux officiers de notre armée quelques considérations sur la défense de la Suisse. Le cadre de ce travail nous a été fourni par un ouvrage sorti de la plume d'un officier de l'état-major autrichien, M. Pollatscheck, sur la géographie militaire de l'Europe centrale. L'auteur consacre un article spécial et détaillé à la Suisse. Ses idées, quoique contestables peut-être à certains égards, nous ont paru être le résultat d'une étude consciencieuse de notre territoire, et c'est à ce titre que nous en reproduirons ici les points les plus essentiels, car il eût été à regretter qu'elles fussent restées ignorées de ceux auxquels elles peuvent offrir un véritable intérêt.

La Suisse forme, sous le rapport géographique, un tout assez compacte. A peu d'exceptions près, ses frontières sont naturelles, et elle est protégée de tous côtés par quelque obstacle formé par la nature.

La partie intérieure se divise en deux sections bien distinctes, la région montagneuse et la plaine ou plateau suisse. La première forme le cœur du pays; elle est d'un accès difficile; son point central est le St-Gothard; c'est près de celui-ci que la plupart des rivières de la Suisse prennent leur source; c'est à lui qu'aboutissent un grand nombre de vallées, et c'est le point central d'où le réseau des routes suisses s'étend, en forme d'éventail, dans toutes les directions.

La plaine, ou plateau suisse, commence au lac Léman et se prolonge dans la direction du N.-E., jusqu'au lac de Constance. C'est une contrée fertile, d'un accès facile, et praticable pour toutes les armes. Ici nous trouvons un point que nous ne saurions passer sous silence; c'est la contrée qui s'étend aux environs de Brugg et de Baden, car c'est là que l'Aar, la Reuss et la Limmat, grossies de leurs affluents, opèrent leur jonction; c'est non loin de là que l'Aar se jette dans le Rhin; c'est donc là le point de réunion des principales rivières de la Suisse, comme le St-Gothard est leur point de départ. Notons pour le moment ce fait, dont nous aurons plus tard l'occasion de faire ressortir l'importance.

Revenons-en maintenant aux frontières de la Suisse. Nous disions que, presque partout, la nature semblait avoir pris plaisir à la séparer de ses voisins par un obstacle plus ou moins important. Jusqu'à quel point la Suisse pourrait-elle mettre sa confiance dans ces barrières, et s'en servir pour repousser un ennemi qui voudrait envahir son territoire et attenter à son indépendance? C'est ce que nous nous proposons d'examiner ici.

La Suisse a quatre frontières attaquables: celles de l'Ouest, du Nord, de l'Est et du Sud. Nous les prendrons l'une après l'autre, en faisant un examen critique de leur valeur défensive. Nous supposerons toujours que la Suisse agit pour son propre compte, avec son armée seule, et sans secours auxiliaire de l'étranger.

Frontière de l'Ouest.

Formée par les chaines parallèles du Jura, la frontière occidentale offre de nombreux défilés et chemins d'invasion. Vers le centre, le Doubs forme une profonde coupure. Au pied et à l'orient de la montagne, les marais de l'Orbe, les lacs de Bienne et de Neuchâtel, la Thiele, l'Aarberger-Moos et l'Aar paraissent devoir donner à cette ligne de défense un solide appui. Malgré ces avantages apparents, nous la croyons défectueuse par sa longueur. Vouloir occuper et défendre les nombreuses routes qui la traversent serait tomber dans le système des cordons, et, par conséquent, s'exposer à être battu en détail sur tous les points. Tout ce réseau de routes est insuffisant, par contre, pour favoriser les communications entre des corps agissant isolément sur une ligne transversale. Le Jura peut être franchi en une seule marche; il offre par conséquent un espace trop restreint pour sa défense. Les lacs de Neuchâtel et de Bienne entraveraient la liberté de mouvements du défenseur placé en arrière de cette ligne. Enfin, sa direction prolongée vers le S.-O. n'est pas son moindre

défaut, car la frontière française débordant ici le Jura, la possession du pays de Gex par la France constitue pour la Suisse occidentale, et pour Genève en particulier, une menace continuelle. Le Jura, pris dans toute son étendue, ne pourra donc jamais offrir un champ de bataille à de grands corps d'armée; tout au plus pourra-t-il être le théâtre d'une opération de courte durée, telle qu'une invasion ou un passage rapide sur un de ses points. La défense de ses défilés pourrait cependant être confiée à de petits détachements, lorsqu'il y aurait opportunité à le faire.

Nous indiquerons maintenant les chemins qui servent de communication entre la Suisse et la France. Outre ceux venant de l'Alsace,

nous avons :

1o La route et le chemin de fer de Belfort à Bâle;

2o La route de Montbéliard à Bâle;

3o La route, et, en partie, le chemin de fer de Besançon à Bâle par Blamont et Porrentruy.

De Bâle nous avons des routes :

a) Le long du Rhin;

b) A Brugg;

c) Par le Staffelegg à Aarau;

d) Par le Hauenstein inférieur (route et chemin de fer) à

Olten;

e) Par le Hauenstein supérieur, Balsthal et la Klus, dans la vallée de l'Aar, entre Olten et Soleure.

4o Les routes de Belfort

Montbéliard
Besançon

à Porrentruy,

et de là, ou par le val Moûtiers dans la vallée de l'Aar, entre Olten et Soleure, ou par Tavannes et Sonceboz à Bienne.

La configuration du Jura, ainsi que celle de la vallée du Doubs, rend difficiles les communications transversales entre Morteau, le Locle et Porrentruy. On n'y trouve que de mauvais chemins et des sentiers.

5° De Besançon par Morteau, le Locle et Neuchâtel, et, de là, par l'Aarberger-Moos à Aarberg.

6° De Besançon et de Salins par Pontarlier :

a) Par les Verrières et le Val-de-Travers à Neuchâtel (route

et chemin de fer);

b) A Yverdon, soit directement par Ste-Croix, soit par les Verrières et le Val-de-Travers;

c) Par Jougne et Orbe à Lausanne.

70 Du fort des Rousses, il y a des routes :
a) Par Bois-d'Amont à la vallée de l'Orbe ;

b) Par St-Cergues à Nyon;

c) Par la vallée des Dappes à Genève; celle-ci se relie au col de la Faucille, à une route venant de St-Claude. A Gex,

elle se bifurque, se dirigeant à gauche sur Divonne et à droite sur Fernex et Genève.

8° De Mâcon ou de Lyon par le fort de l'Ecluse à Genève (route et chemin de fer).

L'assaillant, que nous supposerons être la France, aurait donc à choisir les unes ou les autres de ces routes.

Mais, avant d'aller plus loin, il faudrait pouvoir préciser quel serait le but de son agression. Voudrait-elle conquérir une partie de la Suisse ou seulement l'obliger, par une pression à main armée, à satisfaire à l'une de ses prétentions? Dans ce cas, elle pourrait se contenter d'une guerre localisée; en occupant une partie du territoire suisse, elle s'y maintiendrait jusqu'à ce qu'il fût fait droit à ses exigences. Sa puissance lui permettrait de le faire impunément, sans avoir à craindre de contre-coup sur un autre point. Si, par contre, son but était l'annexion d'un territoire placé à sa proximité et à sa convenance, elle chercherait à pénétrer directement au cœur de la Suisse, tout en occupant préalablement la partie convoitée.

Son objectif serait alors Berne, et ses efforts tendraient à la possession de la ligne de l'Aar, afin d'anéantir par là la résistance que la Suisse voudrait lui opposer dans la plaine.

Elle aurait alors deux moyens à sa disposition. Son attaque se ferait ou par le centre ou par les deux ailes de la frontière. Une attaque par le centre se motiverait par la proximité d'Aarberg et du centre de la ligne de l'Aar. Le succès de cette entreprise dépendrait de la rapidité avec laquelle elle pourrait être conçue et exécutée. La France emploierait à cet effet les chemins qui la relient le plus directement au coeur de la Suisse, c'est-à-dire la route de Porrentruy à Bienne par Tavannes et Sonceboz, ou celles conduisant de Morteau et de Pontarlier au lac de Neuchâtel, et se dirigeant de là sur Aarberg par l'Aarberger-Moos. Si l'assaillant réussit à forcer promptement ces lignes, s'il assure son flanc droit par la prise d'Yverdon, son flanc gauche par une bonne position à Sonceboz, s'il fortifie l'espace compris entre les lacs de Bienne et de Neuchâtel, le village d'Anet, par exemple, le succès de son agression ne dépendrait plus que du résultat d'une bataille rangée que la Suisse ferait peut-être mieux d'éviter par une retraite dans les montagnes. Nous ne saurions conseiller à cette dernière une confiance trop absolue dans la ligne

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