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SUISSE

dirigée par

E. RUCHONNET, capitaine fédéral d'artillerie; E. CUENOD, capitaine fédéral du génie.

Lausanne, le 1er Juin 1865.

Xe Année.

SOMMAIRE. Coup-d'œil historique sur l'organisation de l'instruction de l'infanterie dans le canton de Vaud (suite et fin). — A propos des tirs fédéraux. Du fusil Westley-Richards. De la colonne — d'attaque. Actes officiels. Nouvelles et Chronique.

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COUP-D'OEIL HISTORIQUE SUR L'ORGANISATION DE L'INSTRUCTION DE L'INFANTERIE DANS LE CANTON DE VAUD.

(Suite et fin.)

Au point de vue des intérêts financiers de nos soldats-citoyens et de l'Etat, cette question a aussi une importance qui mérite d'être prise en sérieuse considération.

Les bataillons de réserve cantonale ci-après désignés ont été appelés à des cours de répétition en 1863 et 1864.

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En ce qui touche aux intérêts financiers du soldat, nous ne croyons pas exagérer en évaluant le prix moyen de la journée, pour temps perdu et débours, à 3 francs. Si donc l'on compte quatre journées en moyenne, par homme, pour chaque cours, on obtient 6946 journées, qui, à 3 francs, font 20,838 francs.

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somme bien respectable, mais que nous ne regrettons nullement dès que nous aurons la certitude que ces cours de répétition sont d'une nécessité indispensable pour conserver à notre réserve cantonale la place honorable qu'elle occupe dans la landwehr fédérale.

Si, après qu'on aurait reconnu que les réunions de contingents et revues suffisent pour atteindre ce but, l'Etat voulait néanmoins continuer à employer annuellement cette somme d'environ 11,000 fr. à perfectionner l'instruction de nos milices, elle pourrait peut-être recevoir une application plus utile en la destinant à des subsides aux sociétés de tir organisées conformément aux ordonnances fédérales, et à des secours aux communes pour leur aider à transformer leur tir à distance de pistolet, en des tirs à distance convenable pour les armes à longue portée.

En conséquence de ce qui précède, votre commission croit qu'on n'a pas encore fait une expérience pratique suffisante des cours de répétition de la réserve cantonale pour que le Grand Conseil puisse déjà se prononcer d'une manière dé-finitive sur la demande des pétitionnaires. Sept bataillons, seulement, sur douze, ont assisté à ces cours de répétition, depuis leur institution. Cinq n'y ont pas encore pris part et y seront probablement appelés cette année. Il nous semble qu'il y aurait sagesse, nous dirons même prudence, à attendre, non-seulement que cette première rotation soit finie, mais encore qu'une seconde ait eu lieu, ce qui sera effectué dans quatre ans si aucune circonstance imprévue n'y met obstacle, avant de décider laquelle des deux institutions doit succomber pour ce qui concerne la réserve cantonale.

Mais votre commission pense qu'il y a justice à faire droit, dans une certaine mesure, à la demande des pétitionnaires.

Il a été constaté que les revues ont perdu une grande partie de leur importance, lorsque la réserve cantonale se trouve dispensée d'y assister, à cause de l'effectif trop réduit de la troupe qui ne permet pas même de faire exécuter l'école de bataillon d'une manière un peu complète.

Pour remédier à cet inconvénient et donner en quelque mesure satisfaction aux pétitionnaires, votre commission croit qu'il conviendrait de supprimer les réunions de contingents et les revues, pour toute l'infanterie, mais seulement dans l'année et pour les arrondissements dont les bataillons de réserve cantonale sont appelés à faire leur cours de répétition.

Si le Grand Conseil partage notre manière de voir, nous ne nous faisons aucune illusion sur la portée de la décision qui en sera la conséquence. Nous sentons fort bien que, tôt ou tard, il faudra que l'une des institutions cède entièrement la place à l'autre pour ce qui concerne la réserve cantonale; mais en votant les conclusions de sa commission, il évitera de prendre une décision prématurée qui, plus tard, pourrait être envisagée comme regrettable. Encore quelques années d'expérience pratique permettront de juger la question avec entière connaissance de cause. Si cette expérience démontre que les cours de répétition de la réserve cantonale ne sont pas plus onéreux pour les militaires qui en font partie que l'ancienne institution, nous serons heureux de les voir conserver, parce que, nous le répétons, ils doivent donner des résultats supérieurs pour l'instruction à ceux que l'on peut obtenir au moyen de cette dernière. Si par contre il était aussi démontré que les réunions de contingents et les revues sont plus économiques pour la troupe et que par leur moyen on obtient des résultats suffisants pour atteindre le but proposé, ce qui sera probablement le cas dans 4 ou 5 ans, lorsque cette classe de la milice sera composée entièrement de militaires ayant fait cinq à six cours de répétition dans l'élite et la réserve fédérale, on pourrait, dans ce cas, donner la préférence à cette ancienne institution. Par ce moyen, l'Etat ferait une économie annuelle d'une dizaine de mille francs qui deviendraient disponibles et pourraient être utilement employés au perfectionnement d'une autre branche du service. L'institution des réunions de contingents et des revues serait ainsi conservée à la grande satisfaction d'un nombre considérable de citoyens qui y sont encore sincerement attachés, parce qu'ils reconnaissent qu'elle a rendu de grands services pendant les premières années de l'ère vaudoise, qu'elle peut encore en rendre et surtout parce qu'ils voient en elle la cause principale du développement de l'esprit militaire qui a toujours distingué la milice vaudoise.

Mais, selon l'opinion de quelques citoyens, les réunions de contingents et les revues ne sont plus d'aucune utilité pour l'instruction; elles enfantent l'indiscipline et ne sont en réalité que des bamboches!!! Voilà des accusations bien graves et qui doivent profondément affliger et froisser ceux de nos militaires, de toust grades et de toutes conditions, qui ont la conscience nette à cet endroit, lesquels forment heureusemant la grande majorité de la milice vaudoise.

Nous convenons volontiers, quoique avec regret, qu'il y a quelques exceptions,

et que ci et là se passent des faits regrettables qui méritent punition; mais ces faits ne se produisent pas seulement à l'occasion des réunions de contingents et des revues; il s'en présente aussi dans tous les rassemblements de troupes cantonaux ou fédéraux; et si Messieurs les officiers et sous-officiers ne sont pas à même de les réprimer et de rétablir l'ordre dans le premier cas, ils ne le pourront guère mieux dans le second.

Mais si les chefs subalternes et supérieurs sont à la hauteur de la tâche qu'ils ont acceptée en recevant leur brevet, s'ils comprennent les devoirs et la responsabilité que leur impose l'honneur de commander à leurs concitoyens, s'ils arrivent toujours les premiers sur la place d'armes à l'heure indiquée, et se présentent devant leurs subordonnés sans arrogance mais ayant constamment présent dans le cœur les sentiments de dignité qui ne doivent jamais abandonner les chefs appelés à commander des hommes libres, revêtus de l'habit du soldat citoyen, le mal signalé aura bientôt, sinon entièrement disparu, au moins considérablement diminué dans nos réunions de contingents et dans nos revues. Alors ces exercices et manœuvres pourront encore utilement contribuer au développement et au progrès de l'instruction de l'infanterie.

En réprimant avec douceur et en même temps avec fermeté les fautes commises; en remplissant, tous, constamment les devoirs de leur grade, comme le font heureusement le plus grand nombre, de manière à prouver, en toutes circonstances, qu'ils possèdent les connaissances qui leurs sont indispensables, Messieurs les officiers peuvent être certains d'avance que l'estime et l'affection de leurs subordonnés leur sont acquises, et que tous, jeunes et vieux, exécuteront leurs ordres avec zèle, dévouement et les suivront partout où besoin sera pour concourir, tous ensemble, à la défense des libertés, de l'honneur et de l'indépendance de la patrie.

Votre commission a l'honneur de vous proposer, Monsieur le président et Messieurs, le renvoi des pétitions qui font l'objet de ce rapport au Conseil d'Etat, pour examiner s'il ne conviendrait pas de supprimer, pour toute l'infanterie, les réunions de contingents et les revues annuelles pour les arrondissements dont les bataillons de réserve cantonale sont appelés à faire, dans cette même année, le cours de répétition prescrit par l'art. 269 de la loi sur l'organisation militaire du 16 décembre 1862.

Lausanne, le 23 janvier 1865.

Au nom de la commission,

Le rapporteur,
A. AUDEMARS.

Une discussion, à laquelle prirent part MM. Baud, Greyloz, Perrin et Cerésole, s'engagea sur les conclusions du présent rapport. - Ces conclusions, qui n'étaient au fond qu'une demi-mesure, ne furent pas jugées assez catégoriques par l'assemblée. M. le député Perrin leur opposa, avec succès, une proposition tendant à recommander au Conseil d'Etat la demande des pétitionnaires, mais seulement en ce qui concernait l'abolition des réunions de contingent et des revues.

Le Conseil d'Etat, de son côté, obtempérant au vœu du Grand Conseil, présenta dans la même session un projet de décret conforme.

M. le colonel Veillard, rapporteur de la commission chargée de l'examen de ce projet, conclut à son adoption et justifia la mesure en

ces termes :

«Votre commmission s'est principalemeut occupée de ce qui concerne la suppression des réunions de contingents et des revues, comme étant l'objet le plus <«<important mentionné dans le projet de décret.

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« Dans sa séance du 23 janvier le Grand Conseil s'est prononcé sur cette question. La commission chargée d'examiner les pétitions demandant la suppression des réunions de contingents et des revues proposait de recommander au « Conseil d'Etat la suppression partielle. Le Grand Conseil a adopté au contraire <«< en principe la suppression totale de ces réunions et a recommandé dans ce sens « au Conseil d'Etat la demande des pétitionnaires. En présence de cette résolution, la commission ne croit pas devoir entrer dans les considérations développées sur la mesure dont il s'agit. Elle est unanime pour proposer l'adoption «du projet de décret et déclarer qu'il convient, en tout cas, de liquider ce point. « dès à présent, afin que le Conseil d'Etat puisse régler le service sédentaire pour « 1865. Il y aurait des inconvénients majeurs à laisser la question en suspens vu « le vote pressant du Grand Conseil.

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« Si les revues et les réunions de contingents avaient lieu en 1865 elles s'en ressentiraient nécessairement d'une manière fâcheuse.

« Votre commission croit qu'il convient d'apporter au service militaire les allé«<gements prévus par la Constitution, et que la suppression indiquée dans le pro«jet atteindra ce but sans nuire au développement militaire du canton. En suppri<«<mant les revues et les réunions de contingents, on déchargera nos milices d'un « service quelles font sans solde, ni vivres, ni casernement.

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«La commission reconnaît que les revues sont encore aimées dans quelques parties du canton comme fêtes populaires, mais ce n'est pas le cas dans la majeure partie du pays. Quelques personnes y voient un moyen d'entretenir l'esprit « militaire, mais d'un autre côté la commission croit que le grand nombre de fêtes « militaires, de sociétés de tirs, etc., remplissent tout à fait ce but. D'autre part << nous continuerons à avoir les avant-revues et les inspections d'armes auxquelles « sont appelés les militaires de toutes armes, tandis que les revues ne concernent « que l'infanterie. A ce dernier point de vue, le projet établit l'égalité entre les "armes et allége spécialement l'infanterie, que la loi du 16 décembre 1862 avait moins favorisée que les armes spéciales.

«Le grand nombre de places d'armes que possède le canton de Vaud permet, « du reste, de répartir les cours de répétition, les écoles de recrues et les écoles préparatoires dans toutes les parties du pays. En effet, nous avons l'école des

«< recrues d'infanterie à Lausanne, les écoles de recrues de carabiniers à Payerne, « des écoles préparatoires et cours de répétition à Moudon, Morges, Yverdon, Payerne et Aigle; il est probable en outre, que les bataillons de réserve canto<«<nale du 5me arrondissement seront réunis cette année à Orbe et Cossonay.

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