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d'État, les chevaliers aux officiers de l'armée. Les grands-commandeurs avaient leurs entrées à la Cour, et, dans les cérémonies publiques, ils passaient immédiatement après les ministres et les grands-officiers de la couronne. Tous les membres de l'Ordre devaient être adjoints à un collége électoral.

Le titre troisième réglait les pensions: nous avons fait connaître plus haut leur quotité.

Le titre quatrième était relatif au grand-chancelier: nous avons indiqué ses attributions.

Le titre cinquième réglait le costume des grandscommandeurs, des commandeurs et des chevaliers.

C'était, avec des variantes dans les couleurs, la reproduction des modes particulières adoptées à cette époque par la Cour de l'Empereur, pour les costumes de grand apparat.

Le titre et la pension de membre de l'Ordre ne pouvaient être perdus que par suite d'un jugement de condamnation à une peine afflictive ou infamante.

Le grand-chancelier de l'Ordre pouvait exercer sur les membres le droit de censure; un conseil intérieur, composé de quatre membres, présidé par le grandchancelier et ayant le trésorier pour secrétaire, devait discuter sur les affaires de l'Ordre.

Le 20 février, un autre décret royal réunit à la dotation de l'Ordre de la Couronne de Westphalie tous les biens, domaines et revenus de l'Ordre de Malte et de Saint-Jean de Jérusalem, supprimé dans le royaume.

Une pension égale à la moitié des revenus était allouée aux sujets westphaliens en jouissance de ces revenus sur l'Ordre supprimé.

Le 11 mars fut fixé pour le jour de la cérémonie de la distribution des décorations. A midi, les ministres, les grands-officiers prirent place dans la salle du Trône au palais de Cassel. Sur un trépied en forme d'autel était placé le livre des Évangiles sur lequel chaque membre de l'Ordre vint à tour de rôle prononcer à haute voix la formule du serment :

« Je jure d'être fidèle à l'honneur et au Roi en bon et loyal chevalier. »

Après le prononcé de ce serment, chaque membre reçut la décoration de la main du Roi.

Une croix de commandeur et quatre-vingts croix de chevaliers furent ainsi distribuées.

La cérémonie avait été ouverte par le discours suivant, prononcé par le comte de Furtenstein.

Sire, de toutes les institutions des législateurs, les plus éprouvées, les plus fécondes en heureux résultats, sont celles qui tendent à élever le caractère des citoyens en excitant les vertus publiques et les actions généreuses. C'est principalement dans les monarchies modernes, sous ces gouvernements mixtes et sagement tempérés dont l'honneur est le mobile, qu'on a établi avec prévoyance de nobles distinctions pour les services, le courage et la fidélité.

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Mais par un vice qui s'attache aux choses les plus

habiles, ces mêmes distinctions ne furent que trop

souvent créées pour entourer le trône d'un appareil stérile; elles devinrent l'apanage exclusif de la naissance et de la faveur. De là cette déconsidération qui, depuis un demi-siècle, obscurcissait graduellement l'éclat de la plupart des Ordres de chevalerie.

C'était au chef de Votre Illustre dynastie, Sire, à ce héros en législation comme en guerre, habile à détruire les préjugés aussi bien qu'à conquérir les États, qu'il appartenait de relever une institution que les abus du siècle passé avaient presque terrassée, en fondant le premier Ordre qui embrassât toutes les classes, tous les services, tous les talents.

« Votre Majesté, dans un royaume nouveau, composé de différents peuples, a cru devoir avec une intention semblable se proposer un but pareil. Elle a jugé que le premier Ordre de l'État, l'Ordre national, ne devait point être le partage unique d'une caste, d'une secte, d'une profession, mais celui de tous ses sujets qui sauraient s'en rendre dignes. Elle a senti enfin, dans des temps difficiles, la nécessité de consolider le trône en créant une sorte de légion sacrée, qui, liée par la reconnaissance, par la religion du serment et par le glorieux souvenir de son mérite récompensé, formât autour du Souverain une barrière vivante et forte du respect du peuple.

« Ce que Votre Majesté a conçu elle l'exécute aujourd'hui, et je vois l'élite de la nation rassemblée dans cette enceinte auguste pour la plus noble des solennités.

Depuis l'époque déjà reculée où les députés des

provinces vinrent pour la première fois au pied du trône jurer obéissance à leur nouveau Souverain, la guerre qui s'est rallumée sur le continent a amené pour la Westphalie des circonstances qui ont permis à Votre Majesté de juger de la foi de la saine partie de ses peuples: d'importants services ont été rendus dans l'intérieur; à l'extérieur les troupes westphaliennes ont combattu en Espagne à côté des premiers soldats du monde, et ont mérité d'être citées avec éloge par ces vétérans de la gloire.

La paix qui vient d'être rendue au continent par l'arbitre des affaires humaines, cette douce paix qui ramène le militaire à ses foyers, l'agriculteur à ses champs, le savant à ses hautes et tranquilles spéculations, a paru à Votre Majesté le moment et le signal des récompenses.

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O vous qui avez été jugés dignes de recevoir une distinction qui va proclamer, pendant le cours de votre vie, les services que vous avez rendus et qui vous érige en un monument animé de la reconnaissance de votre Souverain, songez aux obligations qu'elle vous impose !

« Vous devenez désormais la première sentinelle de l'État, et l'Ordre dont votre Roi vous décore, vous trace par sa devise l'étendue de vos devoirs : caractère et loyauté.

« Le premier de ces mots vous dit que quels que soient votre rang et votre profession, vous devez suivre avec fermeté la ligne qui vous est marquée par l'honneur et au bout de laquelle sont groupés d'une manière inséparable le Roi et la Patrie.

« Le second est le nom de cette heureuse et franche vertu qui, dans les camps comme dans les stations. paisibles de la vie privée, distingue toujours le véritable citoyen et le guerrier courageux et fidèle.

« Sur la décoration se voient les armes des principaux États composant maintenant la Westphalie. Elle est surmontée d'un aigle qui paraît les réunir et les mettre à l'abri de ses ailes. Emblème immortel du Chef de la famille auguste que le génie, la victoire, et tout ce qu'il y a de grand et de plus admiré parmi les hommes ont fait asseoir sur le plus beau trône du monde.

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Westphaliens! vous lui devez votre existence comme nation; vous n'aviez qu'un nom sans patrie, aujourd'hui elle est créée pour vous et déjà vous allez recevoir la récompense des services que vous lui avez rendus, de ceux qu'elle vous croit capable de lui rendre, du zèle que vous avez témoigné et des talents par lesquels vous devez illustrer son nom et le vôtre.

« Prononcez donc avec enthousiasme ce serment d'amour et de fidélité au Roi qui vous honore par l'espérance qu'il a conçue de vous, et que le souvenir constant de ce que vous avez fait de bien, soit pour lui, pour vous et pour les autres, le garant de votre conduite future. »

Le 21 février 1810 le duc de Cadore fit connaître à M. Reinhard que l'Empereur l'avait choisi pour procéder à la remise du Hanovre au gouvernement westphalien, conformément au traité du 14 janvier. Le

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