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huit heures, pour venir se former derrière Rottenbourg. Il était trop tard. Ce n'est point une armée en masse et victorieuse, qu'une tête de colonne peut arrêter dans sa marche; le désordre des fuyards, des chariots, des trains d'artillerie, ne laissa point au général Vincent, qui commandait cette troupe, le moyen de le soutenir; cependant, ordonnant de hâter la marche de sa colonne, ce général occupa, avec deux régimens hongrois, la hauteur de Rottenbourg, et arrêta les Français sur les bords de la Laber. Il était temps de prendre cette mesure : le plus affreux désordre régnait sur toute cette ligne; les chemins étaient couverts de caissons, de bagages, de munitions, et les Français pouvaient arriver à Landshut avant, ou pêle-mêle avec les Autrichiens.

Cette opération donna ainsi le temps à l'archiduc Louis d'opérer un mouvement analogue au sien, et de se placer en ligne sur la gauche. Ce prince, beaucoup trop faible, comme nous l'avons dit plus haut, avait été attaqué le matin par la division bavaroise qui se trouvait vis-à-vis de lui, et qui était à peu près de sa force. Après une longue et belle résistance, apprenant les succès que les Français obtenaient à sa droite sur les corps qui formaient sa communication, il commanda la re traite, et la fit avec beaucoup d'ordre sur Pfaf

fenhausen, par le défilé de Birckwang, opérant ainsi sa réunion avec la partie du sixième corps qui n'avait pas marché à Rottenbourg. La nuit, qui survint, mit un terme à ces combats partiels de la journée du 20, qui coûta aux Autrichiens environ 6000 hommes tués, blessés ou prisonniers, huit drapeaux, douze pièces de canon, et dont l'issue peut être attribuée à l'ignorance, où était le général Hiller des mouvemens des Français, et au peu d'importance qu'il attachait à leurs attaques. Du moment où l'archiduc Louis avait appris, le 19, le désastre du général Thiéry, il aurait dû envoyer courrier sur courrier au général Hiller, pour l'engager à se rapprocher de lui, soit pour couvrir sa droite, soit pour lui permettre de se prolonger sur le point entamé

Pendant ces opérations sur la gauche des Autrichiens, le duc d'Auerstaëdt restait seul, avee 26,000 hommes au plus, pour tenir tête à toute la grande armée autrichienne, forte environ de 72,000 hommes, sans compter les 60,000 des généraux Bellegarde et Kollovrath, qui aurarent pu, dès le 19 au soir, passer sur la rive droite, et prendre part aux actions c'est-à-dire, que par les marches divergentes de ses colonnes, et le défaut de notions sur la position des Français, l'archiduc avait d'un côté 100,000 hommes. paralysés par 26,000, et de l'autre, 50,000 écra

sés par 80,000. Le maréchal Davoust, pour mas quer le mouvement qui s'opérait sur sa droite," fit avancer hardiment une partie de son avantgarde pour faire mine d'attaquer les Autrichiens, et fut fort étonné du peu de résistance qu'il trouva. En effet, l'archiduc craignant d'être attaqué sur sa gauche, ou seulement dans l'incertitude des opérations de cette aile, ou pour se rapprocher du point sur lequel il attendait les cinquième et sixième corps, avait, comme nous l'avons dit plus haut, retiré, dans la nuit du 19 au 20, une partie de ses troupés derrière la Laber, et n'avait laissé que des détachemens de l'autre côté. Le corps des grenadiers se trouvait en arrière à Hoheberg, le quartier-général à Eglofsheim, le prince de Rosemberg en avant de Dizlingen, et le prince Hohenzollern derrière Leuendorf.

Il est difficile de se rendre compte de cette marche rétrograde, qui n'était point motivée par les événemens de la veille: sans doute les Français avaient opposé une forte résistance; mais ils n'avaient été nullement victorieux, et il était constant que leur seul but avait été de défendre leur marche de flanc, et de protéger la jonction de leur colonne avec les Bavarois. M. de Stuterheim attribue ce mouvement à l'intention de se retirer d'une position trop avancée, et de se rapprocher du point par lequel on espérait voir arriver le

cinquième corps; mais plus on se repliait, et moins on conservait de communication avec ce corps et les détachemens postés près de Siégenbourg. Si, au lieu de ce mouvement rétrograde, l'archiduc eût attiré à lui les colonnes de droite pendant la nuit, et même eût rapproché à marche forcée les corps de Bellegarde et de Kollovrath, et eût recommencé le lendemain l'attaque, à la fois, contre le maréchal Davoust sur Hausen, et bientôt contre les les Bavarois à Abensberg, il est difficile de croire que l'empereur eût pu exécuter avec facilité son mouvement sur le centre; du moins, les avantages eussent été partagés. Lorsque l'ennemi, dit Machiavel, porte toutes ses forces sur l'une des ailes, les grands capitaines de l'antiquité ont toujours eu pour principes de lui opposer un mouvement semblable de l'autre côté, qui l'arrête dans ses projets; ils pensent moins alors à renforcer le point menacé, qu'à redoubler d'efforts sur la contre-partie qu'ils lui opposent. La journée du 20 fut donc entièrement perdue pour l'archiduc, et à l'exception de quelques légères escarmouches, les troupes restèrent dans leur position; ce qui donna le temps à l'empereur Napoléon de diriger, le jour même, vers le maréchal Daoust, les divisions de Deroi et Prince Royal, avec le duc de Dantzick, et de le soutenir dans les opérations ultérieures, qui pouvaient lui être funestes.

CHAPITRE VI.

Affaire de Landshut. Combat partiel sur les autres points.

LES deux armées se trouvaient en présence sur les bords de la Laber, l'armée autrichienne commandée par le général Hiller, et forte d'environ 45,000 hommes, couvrant les deux routes de Landshut par Pfaffenhausen et Rottenbourg; l'armée française, renforcée de la division Wrede et forte de plus de 60,000 hommes, menaçant toujours sa droite et attendant avec impatience le retour du jour pour continuer son mouvement si bien calculé, et qui devait être encore secondé le lendemain par l'approche des généraux Oudinot et duc de Rivoli qui arrivaient avec 40,000 hommes du côté de Pfaffenhofen et Mosbourg, et devaient entamer le flanc gauche des Autrichiens, si ceux-ci ne hâtaient

pas

leur retraite. Deux moyens s'offraient alors au général Hiller : le premier était de continuer sa retraite par Landshut, en renonçant à la com

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