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isolés; cet intervalle s'accrut encore, dans la nuit du 19, par une marche rétrograde que l'archiduc fit faire aux troupes qui avaient donné dans la journée, et en abandonnant les hauteurs de Hausen et tout le pays près de Labens. Il était donc certain qu'en opposant sur la gauche et sur la droite seulement les troupes suffisantes pour attirer l'attention de ces deux parties d'armées, et portant toute sa masse entre elles, et les sciant pour ainsi dire en deux, on pouvait croire qu'on accablerait les deux extrémités presque simultanément, et qu'on les jetterait, l'une après l'autre, dans des retraites divergentes, qui les empêcheraient de se réunir, et leur causeraient toute la perte que l'infériorité du nombre et le démembrement occasionent toujours *.

La ligne intermédiaire dont nous venons de parler, se trouvait être naturellement la grande route de Rohr à Landshut, qui séparait dans ce moment les deux armées autrichiennes, quoique naguères elle eût été leur centre et leur point

et

* C'est cette mauœuvre que fit César à Pharsale, Lucain décrit si bien dans ces vers :

que

Tenet obliquas post signa cohortes,

Inque latus belli qua se vagus hostis agebat
Immittit subitum, non molis cornibus, agmen,

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LUCAIN, lib. vII, v. 524.

de départ. C'est sur les différentes positions que pouvait offrir cette route, que l'empereur Napoléon dirigea tout son mouvement. La situation d'Abensberg et la forme du terrain favorisèrent cette belle manœuvre. Abensberg est situé sur la rive droite de la petite rivière de Labens, qui va se jeter dans le Danube, à peu de distance. Le terrain qui environne cette ville, inégal et coupé de bois, permet de dissimuler les manœu vres à l'ennemi.

A peine les divisions Gudin et Morand étaientelles arrivées à Arnhoffen, et avaient-elles opéré leur jonction avec les Bavarois, que l'empereur les réunit sous le commandement du duc de Mon tebello, et se mit lui-même à la tête des Wurtembergeois et des divisions bavaroises de Deroi et du Prince Royal, ne laissant pour observer l'archiduc Louis à Siégenbourg, et le tenir en suspens, que la division bavaroise du général Wrede, suffisante pour empêcher ce prince, dont tout le corps ne se montait qu'à 11,000 hommes, de faire un mouvement sur sa droite, et donnant l'ordre au duc d'Auerstaëdt de tenir en échec autant qu'il le pourrait les corps de Hohenzollern, Rosemberg et Liechsteinstein *

A la tête de cette armée de 50,000 hommes,

* L'empereur, réunissant autour de lui les principaux officiers des Wurtembergeois et des Bavarois

animée par la présence de son souverain, l'empereur cut bientôt culbuté le faible corps du général Thiéry, qui n'avait été renforcé que d'un régiment, et ne se montait pas à 8000 hommes. Le maréchal duc de Montebello, à la tête de la division Morand, rencontra, à neuf heures du matin, les Autrichiens dans la forêt qui se trouve sur la grande route près d'Offenstetten: il les fait débusquer par le 13° léger, et mettre en déroute. Il aperçoit, à la hauteur du village de Peissing, qu'il avait fait occuper par le 61 une ligne ennemie, qui débouchait pour attaquer le flanc droit de la division Morand. C'était la brigade Bianchi du cinquième corps, qui avait été envoyée au secours du général Thiéry, Montebello se précipite sur elle avec le 17 et le 13e léger, en fait prisonnière la plus grande partie, et entre pêle-mêle avec les fuyards dans Rohr.

Ce cinquième corps autrichien, commandé par l'archiduc Louis, déjà affaibli par l'envoi de plusieurs détachemens, ayant en tête toute l'ar

leur adressa un discours remarquable, que le Prince de Bavière leur traduisit. Après la bataille, il embrassa le Prince Royal devant le front des troupes, et donna pour mot d'ordre Bavière et Bravoure. Ce fut un piquet du régiment du duc Louis, des Wurtembergeois, qui fit, pendant l'action, le service auprès de sa personne.

mée bavaroise et wurtembergeoise sur Labens, ne pouvait se prolonger sur sa droite avant l'arrivée du sixième corps, sans exposer la communication directe sur Landshut ; et s'il avait même tenté de remplacer la brèche faite sur le point du général Thiéry, il en aurait ouvert une autre plus dangereuse encore sur sa gauche. L'archiduc Louis devait donc rester dans sa position, et se borner à s'échelonner sur sa droite en envoyant le prince de Reuss au soutien du général Thiéry. L'ordre qu'il avait reçu de Farchiduc, généralissime, de se rapprocher de lui, n'était que conditionnel au mouvement du général Hiller. L'attaque du duc de Montebello eut donc son effet; il culbuta, détruisit, ou fit prisonniers les faibles détachemens des généraux Thiéry, Bianchi, Reuss et Shusteck, qui vinrent partiellement se présenter à lui, et s'avança pêle-mêle avec eux au-delà de Rohr.

Cette circonstance, qu'il était facile de prévoir dès la veille, par les échecs du général Thiéry, et l'éloignement connu où se trouvait l'archiduc Louis de l'aile gauche de l'archiduc son frère; cette circonstance, dis - je, aurait dû déterminer le général Hiller à marcher toute la nuit pour se réunir au cinquième corps, et même occuper sa droite, la seule qui se trouvait menacée dangereusement. Cette opération, si bien indiquée, avait l'avantage

d'appuyer le mouvement offensif de l'archiduc généralissime, et, en cas de revers, d'offrir au moins une retraite commune sur Landshut, base unique des opérations, et sur laquelle toutes les ambulances, les ponts, les bagages, avaient été dirigés. Mais, au lieu de prendre cette résolution, le général Hiller, suivant les premiers ordres qui lui avaient été donnés, continua lentement son mouvement par sa gauche, et s'arrêta même une partie du 19 à Aw, observant l'arrivée sur Pfaffenhofen du corps du maréchal Oudinot, dont l'avant-garde avait été engagée avec le détachement du major Scheibler. C'est sur ce point qu'il reçut l'ordre du généralissime de hâter sa marche sur Pfaffenhausen, afin de se réunir au cinquième corps et deuxième de réserve dont il devait prendre le commandement. Il pouvait arriver le même jour à Pfaffenhausen et être en mesure d'occuper le lendemain, à la pointe du jour, Lutmansdorf, et d'appuyer la droite de l'archiduc Louis, et le corps du général Thiéry. Mais, au lieu de mettre dans son mouvement cette célérité si importante dans le moment, il se borna à se rendre de sa personne à Siégenbourg, près de l'archiduc Louis. Voyant alors la position critique où il se trouvait, il donna l'ordre à deux brigades du sixième corps, de marcher aussitôt du camp de Hornbach, où elles étaient arrivées le matin à

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