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CHAPITRE II

Première opération. Marche de l'armée autrichienne sur l'Inn. Position des armées françaises et alliées. Projet de l'Archiduc de pousser les corps séparés des Français et confédérés sur le Danube, et de passer ce fleuve entre Ingolstadt et Ratisbonne, pour opérer simultanément sur les deux rives.

L'ARCHIDUC envoya, le 9 avril, la déclaration de guerre à Munich, et le ro, jour fixé les pour hostilités, le passage de l'Enns fut effectué. Le même jour, les opérations correspondantes eurent lieu sur tous les points; le général Jellachich partit, avec un détachement de dix mille hommes du sixième corps, pour aller s'emparer de Munich ; le général Dedovich, avec trois mille hommes, pour bloquer Passaw : les premier et deuxième corps, sous les ordres des généraux

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comte de Bellegarde et Kollovrath, qui formaient l'aile droite de la grande armée de l'archiduc Charles, sortirent de Bohème, l'un par Tirschenreit, l'autre par Rosshaupt, et se réunirent à Vernberg; les huitième et neuvième corps, sous les ordres de l'archiduc Jean, se portèrent rapidement sur le Tagliamento; le marquis de Chateler, détaché par l'archiduc Jean, avec sept mille hommes du huitième corps, entra dans le Tyrol par la vallée de Puster, et arriva, dès le 12, près de Brixen; un autre détachement d'égale force, faisant partie du neuvième corps et sous le commandement du général Stoichewitz, fut envoyé en Dalmatie contre le duc de Raguse; enfin, l'archiduc Ferdinand, à la tête du septième corps qui formait la troisième armée autrichienne, passa le même jour la Pilica, auprès de Novemiasto, et déboucha, sans résistance, dans le grand duché de Varsovie.

Les troupes françaises et alliées étaient à peine rassemblées et ne pouvaient soutenir qu'une défensive imparfaite; elles furent donc partout obligées à des marches rétrogrades, tant que la grande armée autrichienne conserva l'offensive et présenta un centre formidable auquel s'appuyaient, en quelque sorte, toutes les opérations : c'était ainsi du bon ou du mauvais succès des opérations du centre qu'allait dépendre, en grande partie, l'issue de la campagne; l'archiduc le savait, et il

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n'avait rien négligé pour concentrer sur ce point des moyens formidables et décisifs.

Le passage de l'Inn fut effectué de la manière suivante :

Les sixième et cinquième corps, et le deuxième de réserve, à Braunaw.

Le troisième corps entre Braunaw et Scharding, sur un pont de pontons construit à Mul

heim.

Le quatrième corps, et le premier de réserve, à Scharding.

Un détachement, sous les ordre de Jellachich, à Wasserbourg, se dirigeant sur Munich.

Ainsi, les sixième et cinquième corps, avec le deuxième de réserve, formaient la gauche; le troisième corps, le centre; le quatrième corps et le premier de réserve, la droite.

Le généralissime marcha avec la colonne qui passa l'Inn à Braunaw.

Ces différens corps marchèrent, le lendemain, dans la direction de l'Iser, et parallèlement à cette rivière; ils conservèrent, pendant les premières opérations de cette campagne, à peu près leurs places respectives: il sera donc nécessaire de s'en souvenir, pour suivre avec facilité la suite des mouvemens.

L'armée autrichienne arriva le 15 au soir sur les bords de l'Iser, n'ayant fait en six jours que vingt lieues de France, soit à cause des mauvais

chemins, soit par faute d'activité dans les généraux qui conduisaient les colonnes, soit encore pour attendre l'arrivée des magasins qui suivaient l'armée; institution nouvelle, présentant des avan⚫ tages, mais qui ralentissait la marche. Cette extrême lenteur dans un mouvement d'où dépendait le succès de la campagne, eut pour les Autrichiens de graves inconvéniens; elle donna le temps au maréchal duc d'Auerstaëdt de passer le Danube à Ratisbonne, à la division Demont, près de Neustadt, de se former et d'entrer en ligne; aux Wirtembergeois, de renforcer les Bavarois; aux corps des ducs de Rivoli et d'Oudinot, de s'approcher de Pfaffenhofen sur le flanc des Autrichiens; enfin, à l'empereur Napoléon, d'arriver de sa personne et de diriger les opérations.

Voyons actuellement ce qui se passait dans l'armée française et dans celle des alliés.

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Dès le 10 environ, le prince de Neuchâtel avait été envoyé de Paris pour présider à la réunion des différens corps, et activer la marche des troupes de la Confédération.

L'empereur avait fixé le lieu de rassemblement dans les environs de Ratisbonne : mais cet ordre, donné dans la supposition où les Autrichiens ne marcheraient point sur-le-champ après la déclaration de guerre, devenait dangereux une fois qu'ils s'avançaient en force vers l'Iser.

Ratisbonne formait une pointe en avant, exposant les deux flancs d'une armée qui voudrait prendre cette direction. En effet, les Bavarois voyant la force de l'ennemi qui les attaquait, ne pensèrent point à marcher de ce côté; ils se retirèrent pour se former derrière l'Iser, tandis

que

le maréchal Masséna et le général Oudinot gagnaient leur droite pour l'appuyer. Le dục d'Auerstaëdt descendait du Haut-Palatinat, vers Ingolstadt, en couvrant sa gauche par la division Friant, qui longeait les corps autrichiens de Bellegarde et de Kollovrath, restés en Bohème pour l'observer. Ce général, calculant le temps nécessaire pour que l'empereur Napoléon se rendît à l'armée, et que les troupes dont le maréchal Mas. séna venait de prendre le commandement, à Ulm, pussent arriver à Augsbourg, et se réunir, avec celles du général Oudinot, à l'armée bavaroise, donna des ordres pour se rapprocher de cette armée et concentrer ses troupes à Ingolstadt, suivant les instructions anciennes qu'il avait reçues. En conséquence, il était parti de Nuremberg et avait porté son quartier-général, le 11, à Hémau, où la division Morand prit position le 12 et devait être suivie par le reste de son armée, lorsqu'il reçut l'ordre du prince de Neuchâtel de se diriger vers Ratisbonne. Il refusa pendant deux jours d'exécuter une disposition que les événemens qui s'étaient succédés dans l'intervalle pouvaient

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