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faut une victoire en Allemagne, qui porte les armées au-delà des routes d'Inspruck et de Munich, et l'on voit que c'est toujours au cours du Danube que se rapportent les grandes opérations: c'est aussi par elle que nous commencerons l'examen de cette guerre.

Nous avons fait connaître, dans l'introduction de cet ouvrage, les efforts qu'avait faits l'Autriche pour mettre sur pied une armée formidable; et elle était parvenue, en effet, à disposer de plus de 500,000 hommes, dans un temps où la France n'en pouvait guère mettre en campagne que 200,000. Il ne suffisait cependant pas d'avoir levé une masse aussi imposante, il fallait en organiser le mouvement; et c'est à ce point important que l'archiduc généralissime donna tous ses soins. Instruit, par les guerres précédentes, des avantages d'une grande mobilité, ce prince crut la trouver en divisant l'armée en corps distincts, à l'exemple de l'armée française. Chacun de ces corps formait un ensemble complet des différentes armes, avait un état-major particulier et une administration intérieure ; séparés, ils pouvaient agir par eux-mêmes, et, réunis, ils présentaient une subdivision commode pour tous les mouvemens partiels et le détail des subsistances. Cette mesure n'empêchait pas d'augmenter tel ou tel corps par un renfort de troupes de différentes armes, suivant le besoin et

relativement à la nature du terrain. Toute l'ar mée active se trouva, vers la fin de février, former neuf de ces corps et deux de réserve, chacun d'environ 50,000 hommes, distribués ainsi qu'il suit l'armée principale, sous les ordres de S. A. l'archiduc Charles, composée des six premiers corps et des deux de réserve, était destinée à agir en Allemagne, et se rassemblait en Bohème et en Autriche. Les huitième et neuvième, sous les ordres de l'archiduc Jean, formaient l'armée d'Italie et se réunissaient en Carinthie et en Carniole; le septième corps, sous le commandement de l'archiduc Ferdinand, et devant agir contre le duché de Varsovie, se concentrait en Gallicie.

Pour opposer à des forces aussi considérables, les Français n'avaient en Allemagne que le corps du maréchal duc d'Auerstaëdt et les débris de celui d'Oudinot, avec les troupes de la Confédération du Rhin; en Italie, que trois faibles divisions, et en Pologne, que les troupes du duché de Varsovie.

La faiblesse de ces corps, l'étendue du terrain qu'ils occupaient, leur rendaient impossible de prendre l'offensive, et même à la plupart de se réunir, pour opposer une résistance suffisante à la masse des ennemis; en un mot, le moment semblait arrivé, pour l'empereur d'Autriche, de frapper un grand coup et de se pré

senter en Europe comme l'arbitre et le protecteur de ses destinées. Il ne fallait peut-être, pour réussir dans cette entreprise, que marcher avec vigueur et promptitude, en chassant devant soi les légers obstacles que l'on rencontrerait, et en devançant les mesures vigoureuses que les Français pouvaient prendre. C'était surtout en Allemagne que les grands coups devaient être portés, et les autres opérations sur les ailes n'en étaient qu'accessoires : la Bohème se présentait alors comme la base naturelle des opérations de l'armée d'Allemagne. En débouchant de ce pays avec toutes ses forces, et entrant en Westphalie vers la fin de mars, au lieu d'attendre au 10 d'avril, l'armée autrichienne, forte de près de 200,000 hommes, écrasait le duc d'Auerstaëdt, soit qu'elle le surprît encore dans ses cantonnemens, soit qu'elle l'attaquât dans sa marche oblique pour gagner le Danube ; et elle dispersait son armée dans le Haut-Palatinat, en l'éloignant du point de rassemblement. Elle coupait également, ou arrêtait dans leur marche, toutes les troupes françaises ou confédérées en Saxe, en Hanovre et dans le Nord; et le théâtre de la guerre s'établissait sur le Rhin, dès l'ouverture de la campagne. Alors les dispositions. incertaines du cabinet de Saint-Pétersbourg changeaient peut-être, lorsque l'éloignement et l'espoir du succès auraient rendu cette puis

sance plus indépendante. Les côtes de la Baltique s'ouvraient aux Anglais, et le parti de l'Autriche dans le nord de l'Allemagne, qui se déclara même après ses revers, aurait alors déployé tous ses moyens. Aussitôt ce coup hardi porté, l'archiduc pouvait tourner à gauche et tomber sur les corps français nouvellement en marche, tandis qu'un corps autrichien aurait tourné la position du Lech par Inspruck, Kemptenetle Voralberg; prises ainsi à dos et resserrées par l'insurrection du Tyrol, les troupes françaises et confédérées sur la rive droite du Danube, ayant d'ailleurs en tête le sixième corps et le deuxième de réserve autrichiens, sous le commandement du général Hiller, auraient eu beaucoup de peine à se concentrer dans une position en arrière, et auraient été obligés d'opérer leur retraite à la hâte par la Souabe et les frontières de la Suisse. Pendant ce temps, l'archiduc Jean, commençant sa campagne en Italie quinze jours plus tôt, aurait fait des progrès plus rapides encore, sans craindre de s'aventurer, puisqu'il aurait toujours eu son flanc droit soutenu par l'insurrection du Tyrol, et son flanc gauche par l'insurrection de Croatie et d'Istrie, qui observait le Bas-Isonzo.

Tel était le premier plan de l'archiduc Charles, que plusieurs personnes ont attribué au général Mayer, mais dont l'archiduc sentait si bien

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senter en Europe comme l'arbitre et le protecteur de ses destinées. Il ne fallait peut-être, pour réussir dans cette entreprise, que marcher avec vigueur et promptitude, en chassant devant soi les légers obstacles l'on renconque trerait, et en devançant les mesures vigoureuses que les Français pouvaient prendre. C'était surtout en Allemagne que les grands coups devaient être portés, et les autres opérations sur les ailes n'en étaient qu'accessoires : la Bohème se présentait alors comme la base naturelle des opérations de l'armée d'Allemagne. En débouchant de ce pays avec toutes ses forces, et entrant en Westphalie vers la fin de mars, au lieu d'attendre au 10 d'avril, l'armée autrichienne, forte de près de 200,000 hommes, écrasait le duc d'Auerstaëdt, soit qu'elle le surprît encore dans ses cantonnemens, soit qu'elle l'attaquât dans sa marche oblique pour gagner le Danube ; et elle dispersait son armée dans le Haut-Palatinat, en l'éloignant du point de rassemblement. Elle coupait également, ou arrêtait dans leur marche, toutes les troupes françaises ou confédérées en Saxe, en Hanovre et dans le Nord; et le théâtre de la guerre s'établissait sur le Rhin, dès l'ouverture de la campagne. Alors les dispositions incertaines du cabinet de Saint-Pétersbourg changeaient peut-être, lorsque l'éloignement et l'espoir du succès auraient rendu cette puis

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