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rige une attaque, non moins formidable, sur les points de Schierling et d'Eckmühl; toutes les colonnes de son armée qui avaient débouché dans la vallée de la Laber par Buchausen et Mannsterdorf, se réunissent près de Lindach. Il ordonne au duc de Montebello de passer la Laber au-dessus de Schierling avec les divisions Gudin et Morand, et de déborder l'aile gauche de l'ennemi; il fait soutenir ce mouvement par toute la cavalerie des deux colonnes, au nombre de seize régimens, savoir; les six régimens de cuirassiers et les deux de carabiniers sous les ordres de Nansouty et Saint-Sulpice à droite, la cavalerie légère wirtembergeoise au centre, et la cavalerie bavaroise à l'aile gauche par Schierling, et il porte toute l'infanterie wirtembergeoise sur Eckmühl, qu'il fait tourner par les 21o, 25° et 12o de ligne. Cette triple attaque, combinée avec celle du duc d'Auerstaëdt, a un succès complet. En vain les Autrichiens. opposent-ils, pendant trois heures, une vive résistance; en vain leur cavalerie se précipite-t-elle sur les têtes de colonnes de gauche du duc d'Auerstaëdt; la quatrième division du troisième corps force Unterleuchling et s'avance jusqu'à Ober-Santing et le bois ; la cavalerie bavaroise tourne et culbute une batterie placée en avant; Eckmühl et son château sont emportés à la baïonnette par les Wirtembergeois. Les Autri

chiens sont menacés de voir leur centre percé, leur gauche et leur droite débordées; de tous ces points; ils se mettent alors en retraite vers les autres colonnes de leur armée, mais ils sont suivis par la cavalerie française qui débouche à droite par les défilés de Hagerstadt, et à gauche par ceux de Unter et Obersans; la cavalerie légère marche par Roking, Falkoffen et Galsbach, pour gagner la chaussée de Ratisbonne, et prendre à revers l'aile gauche autrichienne. Il était sept heures du soir; alors les divisions de cavalerie Saint-Sulpice et Nansouty se forment en masse et avancent dans la plaine des deux côtés de la chaussée entre Hagerstadt et Eglofsheim; la cavalerie légère de Montbrun et les dragons bavarois accompagnent ce mouvement et s'étendent jusqu'à la chaussée de Straubing. Pour arrêter cette masse de troupes, les Autrichiens n'ont à opposer que deux régimens de cuirassiers, ceux de l'Empereur et de Gothesheim, placés en avant d'Eglofsheim, auxquels se rallient les débris des régimens de Stipjitz, de Vincent et de Ferdinand hussards. Toute cette faible troupe, mise en mouvement avec trop de précipitation, vient se briser contre la masse des cuirassiers et carabiniers français. La résistance qu'ils opposent dans les charges successives qu'ils font, suffit seulement pour donner le temps à l'artillerie d'opérer sa

retraite ; mais bientôt la confusion et le désordre se mettent dans leurs rangs, et ils sont entraînés dans une déroute totale; tous cherchent à gagner la chaussée pour éviter le terrain marécageux de la plaine. Plusieurs bataillons de l'infanterie autrichienne sont renversés par leur propre cavalerie, et les fuyards ne se seraient peut-être arrêtés que sous les murs de Ratisbonne, si le prince Jean de Liechstenstein, qui arrivait avec sa colonne, d'après les nouveaux ordres qu'il en avait reçus, pour prendre position en arrière, ne fût tombé sur le flanc des cuirassiers français. Une charge du régiment d'Albert cuirassier arrêta sur-le-champ la poursuite, et l'armée autrichienne put se former pendant la nuit et rétablir sa communication entre tous les corps différens.

Sitôt que l'archiduc Charles, qui marchait avec la colonne du prince de Liechtenstein, avait appris les échecs de sa gauche et l'arrivée de toute l'armée française, il avait suspendu le mouvement des corps qui se portaient en avant, et n'avait plus pensé qu'à couvrir sa retraite et le point de Ratis. bonne devenu sa base d'opérations. Il avait donné, en conséquence, l'ordre au général Kollovrath d'abandonner Abbach et de reprendre la position qu'il occupait le matin à Isling, sous les murs de Ratisbonne. Il fit ranger les autres corps sur une ligne entre Thalmassing et Ge

belkofsen, pour réunir les brigades désunies des troisième et quatrième corps; et la nuit mit fin à cette journée terrible, qui décida de la retraite de l'armée autrichienne de l'autre côté du Danube, et lui coûta une perte de 4000 hommes, tués ou blessés; 5000 prisonniers, 12 drapeaux, 16 pièces d'artillerie. Les Français perdirent 2000 hommes, tant tués que blessés. Leur armée bivouaqua dans la plaine de Ratisbonne, l'infanterie en avant d'Eglofsheim, la cavalerie à Koffering, et les troupes légères s'étendant jusqu'au Danube. Le duc d'Auerstaëdt reçut le titre de prince d'Eckmülh, du champ de bataille où il s'était acquis tant de gloire.

CHAPITRE VIII.

Affaire de Ratisbonne, le 23. Retraite de l'Archiduc au-delà du Danube, vers la Bohème. Prise d'assaut de Ratisbonne par le duc de Montebello. Fin de cette partie de la campagne.

L'ARCHIDUC avait sans doute sur ce point une force de 80,000 hommes; mais il jugea avec raison qu'il serait imprudent de livrer une bataille générale dans une plaine qui ne présentait aucune position tenable, le dos au Danube, et avec une armée fatiguée par les pertes de toutes les journées précédentes. Il résolut donc d'opérer la retraite par Ratisbonne, et fit, en conséquence, établir un pont au-delà de cette ville, près de Weix, afin d'éviter les encombremens qui devaient avoir lieu en faisant sa retraite par une seule communication. Ce pont fut achevé à huit heures du matin, et dès la pointe du jour l'armée autrichienne se forma en bataille entre BurckWainting et Ratisbonne, et opéra sa retraite

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