Page images
PDF
EPUB

épais patin en béton armé par de vieux rails soigneusement entretoisés.

Pour les quatre piles suivantes on a bien trouvé le calcaire à la faible profondeur indiquée par les sondages, mais ce qu'on a vu c'est que ce calcaire était différent de celui qui forme la gorge. La texture n'était pas la même, et de plus il était très nettement pétrolière.

En somme il y avait eu là un ravinement intense de la roche sédimentaire primitive, puis comblement partiel du vide par des matériaux détritiques relativement bien concrétionnés, enfin charriage probable d'une lentille de calcaire de nature différente.

Les deux dernières piles ainsi que la culée "gare" ne pouvaient plus être fondées sur le calcaire, elles ont dû être assises sur le schiste à très grande profondeur, car dans cette région on se trouve sur des remblais effectués au moment de la construction du chemin de fer de Philippeville à Constantine.

Cette situation a entraîné de grosses sujétions pour l'édification de la culée.

Eu égard à l'importance de l'appui, on a été obligé de l'exécuter en cinq massifs, d'abord le mur de parement par moitié, puis successivement les deux murs en retour.

Grâce à ce procédé, grâce surtout à la saison, l'on a pu établir de solides boisages pour maintenir les terres de mauvaise nature qui forment le remblai, et le succès de l'œuvre paraissait être assuré.

Treize mois après l'achèvement de la culée, une fissure verticale se produisit dans le parement provoquant comme conséquence des fissures, plus faibles heureusement, dans la voûte de 9m,80 du viaduc aval, et l'examen minutieux de l'accident montra que le mur en retour aval s'était légèrement renversé à l'extérieur.

L'accident résultait évidemment de la poussée des terres interposées entre les murs en retour, mais il était dû surtout, soit que les barbacanes inférieures se fussent bouchées, soit qu'elles eussent été mal faites, — à ce que le schiste s'était imbibé d'eau et était devenu savonneux.

A l'origine, avant qu'aucun mouvement ne fût commencé, on aurait très probablement évité tout accident en déblayant complètement entre les murs jusqu'au niveau des fondations et en remplissant

le vide en béton maigre. Mais comme le mouvement existait, il fallait employer un remède plus radical et plus sûr, et ce remède c'était évidemment de dessécher complètement le sol de fondation.

En même temps que l'on fonçait un puits dans le massif compris entre les murs en retour, l'on ouvrait une galerie placée dans l'axe du viaduc (l'ouvrage est comme je l'ai dit déjà formé de deux viaducs jumelés), et aboutissant à 0,75 au-dessous u sol de fondation.

Une fois terminés le puits et la galerie, l'on pratiqua une ouverture sous le mur parement de la culée, et des tuyaux furent placés dans la galerie pour écouler les eaux d'infiltration.

Au fond du puits on établit une chambre voûtée de 1 mètre de côté appuyée sur le mur de la culée et dont les trois autres piédroits sont munis de barbacanes.

Le puits fut comblé ensuite en pierres sèches rangées à la main, et ce qui restait à remplir entre les murs en retour, environ 6 mètres de hauteur, le fut en béton maigre.

Par mesure de précaution un fort tirant de 0,05 de diamètre accolé au parement intérieur de la culée et enrobé dans le béton, fut placé pour relier les deux murs en retour. Grâce à l'épaisseur de ces murs, les plaques d'ancrage ont pu être aisément dissimulées sous les parements.

Depuis le moment où ces travaux de consolidation furent commencés jusqu'à maintenant, aucune trace de mouvement nouveau ne s'est produite.

Ce qui se dégage de cet exposé c'est que même dans les cas où elle semble devoir être la plus simple et la plus facile, la question de fondation d'un grand ouvrage est toujours délicate, et que malgré les apparences, en dépit des sondages exécutés, on est, même en terrain de rocher stratifié, exposé à de très graves mécomptes. En ce qui concerne les culées, je veux parler bien entendu des culées très élevées, il ne faudrait jamais chercher de fausses économies dans le remplissage entre les murs, et le vide ne devrait en aucun cas être rempli ni en terre ni même en débris rocheux.

Je ne parle pas de la question de l'eau dans les fondations, tout le monde sait en effet qu'une fouille à flanc de coteau doit être drainée,

et dans l'espèce c'est simplement par suite d'une faute dans l'exécution que cette précaution élémentaire n'a pas été convenablement prise.

CHAPITRE III.

Voûte de 70 mètres.

Les voûtes de 8,80 et de 9,80 n'offrent rien d'intéressant à à signaler.

Les quelques particularités qui méritent d'être relatées dans les arches de 16 mètres et dans celle de 30 mètres, le seront à propos de la grande voûte de 70 mètres dont je vais aborder la description.

Caractéristiques de la voûte de 70 mètres. Dans la situation où l'on se trouve à Constantine, l'adoption d'une grande arche était chose tout indiquée, et l'on peut même dire que l'ouverture de cette arche était par la topographie des lieux fixée à moins de 2 mètres près.

Sur la rive droite on croirait, à l'inspection du profil en long, que l'on pouvait réduire l'ouverture de 7 à 8 mêtres, mais la plateforme qui se trouve en avant de la culée est en réalité en encorbellement sur l'a-pic de la gorge et il eût été imprudent d'y appuyer l'ouvrage. La grande arche est, comme on l'a dit plus haut, composée de deux arceaux semblables, en arc de cercle (pl. 16).

Les rayons sont de 37 mètres à l'intrados, de 40m,97 à l'extrados, l'épaisseur à la clef est de 1,50.

La largeur de chaque arceau au niveau de la plinthe est de 4 mètres, et chaque parement est dressé avec un fruit de 1/40, de telle sorte qu'au niveau du socle la largeur se trouve être de 5,25.

L'ouverture au niveau de la fondation serait de 70 mètres si l'intrados était prolongé jusque-là. En réalité cette ouverture est un peu moindre, parce que dans un but de décoration l'on a assis les culées sur des soubassements en libages de la plus forte dimension que les carrières ont pu les fournir. Les saillies de ces libages réduisent l'ouverture d'environ un mètre.

Les tympans sont élégis par des voûtes en plein cintre dont

l'ouverture devait être de 4,80; en réalité, et à cause de la dissymétrie occasionnée par la pente de 0,0117 qui règne sur la grande arche, on a donné 4m,85 aux petites voûtes de la rive gauche et 4,75 à celles de la rive droite.

Pour éviter que par opposition avec la convexité de la grande arche, la chaussée ne parût creuse au milieu, le couronnement n'est pas arasé suivant une ligne droite, on lui a donné une contre-flèche de 0,06.

[merged small][ocr errors][merged small]

la méthode indiquée dans le cours de M. RESAL.

Il ne paraît pas utile de décrire cette méthode, ni même de donner le calque de l'épure.

La courbe ne sort nulle part du tiers médian des joints.

La pression atteint 29 kg. par centimètre carré, le maximum se produit à la clef.

En fait ce chiffre est dépassé, car en raison de ce que le tablier s'appuie simplement sur les bords intérieurs des arceaux, il y a une dissymétrie dans la charge.

Il est bien difficile de calculer cette augmentation; il faudrait d'ailleurs, pour le faire, tenir compte de ce que les bords extérieurs qui supportent le parapet sont également soumis à une surcharge localisée.

Etant donnée l'épaisseur de la voûte, la surcharge doit se répartir sur une largeur sensiblement plus grande que la portée de l'appui, et il est certain que l'augmentation de pression ne dépasse pas 4 à 5 kg par centimètre carré.

Ces résultats ne s'appliquent bien entendu qu'à une voûte théorique ne supportant que des charges verticales sans réactions mutuelles.

En fait il en est autrement; la rigidité des tympans, même quand ils sont élégis, s'oppose dans une certaine mesure aux déformations que les charges roulantes et les variations de température tendent à produire dans la voûte. En ce qui concerne la température qui ici est de beaucoup la cause prédominante, on observera qu'en été la clef s'élèvera moins que si la voûte était libre, en hiver que l'abaissement sera pour le même motif un peu plus faible.

[graphic][merged small][merged small]
« PreviousContinue »