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notre bien-aimé souverain Ferdinand VII, dont le cœur auguste et majestueux n'ambitionne que le bien, la félicité de ses sujets. Soyez-en donc dignes, et comptez sur votre pardon, si vous vous soumettez de de suite. L'expérience vous a appris que je sais accomplir mes promesses, et que ma parole est inviolable. Vous ne pouvez douter de votre sort, quand il vous conste qu'indépendamment de la division qui vient d'arriver de la péninsule, j'ai sous mes ordres celles d'une armée dont la valeur et la détermination vous sont bien connues.-Si, malgré cette démarche que m'inspire l'humanité, et les principes qui ont toujours dirigé ma conduite, vous persistez dans votre rébellion, ainsi que vous l'avez fait depuis mon débarquement, rien ne pourrra plus m'arrêter, toute considération disparaîtra ; je marcherai sur vous avec les forces respectables qui sont sous mes ordres : la désolation et la terreur seront à leur tête; et si les traîtres de Barcelonne terminèrent par ma juste vengeance leur criminelle existence, je veux qu'on ne retrouve même pas les cendres de cette île déloyale, ni la mémoire des infâmes rebelles qui, méprisant le pardon de leur souverain, s'obstinèrent à leur propre extermination.

Réponse du gouverneur de l'île de la Marguerite à son excellence le général en chef des troupes du roi Ferdinand VII.

Les Spartiates de Colombia ont vu, avec une singulière surprise, le parlementaire inattendu que V. Exc. leur a envoyé : ils s'étonnent que vous leur adressiez, dans un stile barbare, Pintimation de vous rendre cette île après avoir hostilisé ses côtes de la manière la plus sanguinaire, sans que vous ayez préalablement mis en usage ce moyen; cependant ils voient avec satisfaction que V. Exc. a connų son égarement, en jugeant le juste ressentiment d'une légitime défense et la noble résolution de venger les nouveaux outrages que vous nous faites éprouver. -Les troupes de ce roi que commande V. Exc. n'ont rien obtenu en venant souiller encore les plages arides de la Marguerite, et ne peuvent, par cela, espérer de la rendre à la tyrannique domination de l'Espagne. C'est aussi impossible qu'il le serait de croire que V. Exc. pût accomplir les promesses qu'elle fait toujours par des phrases mensongères, quand elle parle de l'inviolabilité de sa parole. Si V. Exc. connaît bien les résolutions de la masse des habitans de cette île, elle doit voir aussi que ce n'est pas la cause de quelques individus que

nous défendons, et que le brave général Arismendi, · à qui V. Exc. attribue l'origine de nos malheurs, loin de nous valoir les maux qu'elle suppose, mit en votre pouvoir le don précieux de la liberté, sut nous élever au faîte de la gloire, nous laissant, à son départ, de savantes leçons pour nolre défense, et l'exemple utile de toujours vaincre les Espagnols. Le sang qui s'est versé, celui qui pourra se répandre encore, c'est vous qui l'avez voulu; tout homme ne doit-il pas se défendre contre ses ennemis? Ne savezvous pas la haine que les habitans de cette fle ont voué à leurs oppresseurs ? Et pourquoi voulez-vous attribuer vos crimes au héros Arismendi? Admirez F'enthousiasme qui nous anime tous, pour vous ensevelir sons les ruines de notre pays, avec tout ce que nous possédons de plus cher, plutôt que de laisser apercevoir à la postérité, dans le brillant tableau de nos victoires, la déshonorante tache d'une servile humiliation.

Oui, il est vrai, V. Exc. est bien connue de nous tous, et jamais les habitans de la Marguerite ne perdront le souvenir des trompeuses promesses que vous leur fîtes autrefois. Au lieu du bien que vous leur assuriez, ils furent accablés de toute espèce de Un cri général se fit entendre sur ces rochers; ce cri douloureux fut celui qui détermina sa

maux.

juste insurrection qu'il a eu le droit d'adopter. Depuis lors nous avons renouvelė nos sermens de vaincre ou de mourir, en effaçant de notre mémoire les trompeuses paroles de pardon, d'oubli du passé, avec lesquelles tous les chefs espagnols colorent toujours leurs intentions, et les perfides tramès qu'ils ue cessent d'ourdir pour nous sacrifier. Ainsi il paraît superflu de répondre à cette manœuvre ou démarche que V. Exc. a eu la bonté de faire en faveur de l'humanité, lorsqu'en même tems elle nous menace de détruire sans retour cette île. Il ne nous reste qu'à lui faire connaître les sentimens unanimes de ses habitans, et leurs dernières résolutions. Si vous êtes vainqueurs, vous régnerez sur les hideux décombres, sur les cendres, et les lugubres restes que. vous laisseront notre constance et notre valeur. C'est, avec eux que votre tyrannique ambition pourra se complaire; elle dominera la triste dévastation de la Marguerite, jamais ses défenseurs.

SUPPLÉMENT.

DANS l'intervalle qui s'est écoulé entre la composition et la publication de cet ouvrage, le tems a découvert quelques parties de cet avenir dont il semble être encore plus gros en Amérique qu'il ne l'est en Europe.

Le monde vient de voir ce qu'il n'avait jamais vu une archiduchesse d'Autriche franchissant les mers pour aller au Brésil essayer le premier trône que l'Amérique ait offert à une princesse venue d'Europe pour régner sur elle: la fille des Césars modernes, transplantée dans des climats dont les premiers Césars n'avaient point soupçonné l'existence. Jamais l'aigle d'Autriche, cet aigle qui, à l'aspect des trônes, se transforme si volontiers en

lombe (1), n'avait pris un vol aussi lointain. Cette alliance est l'initiative de celles que le nouveau Monde est appelé à contracter avec l'ancien liens heureux, liens favorables pour

:

(1) Tu felix Austria nube,

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