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publique, ministres de cette reine du monde, réunissons-nous pour assurer le triomphe de l'humanité et de la raison : portons de concertau pied de tous les autres trônes, les remontrances de l'une, les suppliques de l'autre; ne cessons de faire entendre leur voix. Les chemins pour y parvenir s'élargissent tous les jours; un sentiment général de justice s'est introduit auprès des princes; ils s'honorent de l'humanité, de la bonne-foi, de l'équité; l'emploi de la force se décrédite de jour en jour; les glaives s'émoussent visiblement, l'ordre civil prévaut; bientôt les armées ne seront plus destinées qu'à repousser, comme au tems des Romains, les barbares loin des frontières; ces dispositions vraiment généreuses invitent à demander aux dépositaires des forces des nations d'employer leur pouvoir pour fermer à la fois une des grandes plaies de l'humanité, et le gouffre dans lequel l'Espagne précipite les débris de sa puissance. Lorsqu'elle fit la première conquête de l'Amérique, elle occupait le premier rang parmi les puissances de l'Europe: lorsqu'elle doit faire la seconde, on l'aperçoit au dernier,

et dans cet état de déclin, c'est lui rendre le plus important service que de l'engager à mettre un terme à des tentatives dont le résultat ne peut plus que retomber sur elle.

Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs et remplir un devoir à l'égard des Français en joignant à cet écrit les pièces suivantes, dont l'authenticité ne nous laisse aucun doute :

EXPOSITION.

De tous les travaux du gouvernement suprême des provinces unies du Sud Amérique pendant l'administration actuelle.

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Les élémens qui, depuis 1810, avaient causé successivement des malheurs, et qui avaient arrêtés les progrès d'une cause aussi noble, se conjurèrent encore à la fin de 1815, pour nous causer la dernière affliction. La faible force que nous avions sauvée de la malheureuse journée de Sipésipée, menaçait de se disperser. L'armée qu'on organisait dans la province de Cuyo, pour attaquer le Chili, ne se regardait pas en sûreté dans son camp. Les ennemis, orgueilleux de leurs victoires, combinaient leurs plans pour envelopper les peuples qu'ils menaçaient déjà par des points différens, sans que nous pussions nous flatter

que notre résistance pourrait nous sauver de tant de dangers. Le trésor national était dans l'impossibilité non-seulement de satisfaire ses engagemens, mais il était sans aucuns moyens de pourvoir aux Besoins les plas pressans. L'esprit public avait perdu de vue les dangers communs, et il s'occupait exclusivement des fausses théories qui le menaient à chercher la liberté dans la dissolution des liens de la société. La discorde s'était emparée de tous les cœurs, et avait démoralisé tous les sentimens honnêtes et généreux. La valeur et le courage étaient employés à la destruction mutuelle des citoyens de la même patrie, et on n'épargnait ni les amis ni les parens. La subordination militaire était méprisée par le dernier subalterne, l'autorité n'était considérée qu'autant qu'elle correspondait avec la licence, l'erreur ou le crime. Il me coûte de le dire, mes compatriotes; mais je dois être franc quand j'ébauche l'horrible tableau que notre patrie présentait à la vue des autres nations. La manifestation de ses propres défauts ne déshonore jamais quand on la fait dans la ferme et vertueuse résolution de s'en corriger. Ce n'est pas moi, le premier ami de la patrie, qui a versé publiquement des larmes à cause de notre précédente et malheureuse situation; excusez-moi donc en raison du but que je ne propose.

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La calomnie triomphait en déchirant la réputation des citoyens les plus respectables. La capitale de l'Etat qui avait conservé une certaine dignité au milieu des évènemens les plus difficiles, avait déjà l'air d'un foyer des passions de tous les peuples. Tous les partis étaient en présence, les haines profitaient du danger commun, pour exercer leurs vengeances respectives, en s'attribuant les uns aux autres la cause de leurs disgrâces, et en inspirant les soupçons les plus injurieux.

Legrand peuple de Buenos-Aires, auquel on ne refusera pas le mérite de s'être appauvri pour porter des secours aux peuples ses confrères, dans cette lutte glorieuse, qui n'a jamais été jaloux des lauriers qui ne lui appartenaient pas, et qui n'employa la violence que pour empêcher qu'on ne rompît les liens qui rendaient notre pouvoir respectable, ce grand peuple fut dans le cas d'une terrible réaction, dout le succès aurait suffi pour détruire les fondemens du crédit et l'existence de la patrie. L'anarchie, en un mot, avait mis l'Etat dans une conflagration universelle.

Cependant quand on pouvait croire que nos malheurs ne pouvaient pas augmenter, les troupes por tugaises se présentèrent sur nos frontières, au bord septentrional de notre rivière, dans l'intention de

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