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Les résistances à la compression ont été déterminées, de la même manière que dans les essais précédents, sur les moitiés des prismes qui venaient d'être rompus par flexion.

Les divers résultats fournis après 20 ans par les mélanges ternaires sont donnés ci-après par le tableau XV, suite du tableau II de la première note. Ceux des mélanges binaires sont donnés par les tableaux XVI, XVII et XVIII, suites des tableaux III à XIII, dont chacun relatait les grandeurs numériques de l'un des divers éléments précédemment déterminés pour ces mortiers.

Ce qu'il y a de plus intéressant, dans des essais d'aussi longue durée à l'eau de mer, c'est de comparer les états de conservation des divers mortiers et de noter les altérations qui ont pu y être observées, surtout quand, comme dans le cas actuel, tous avaient été faits avec un même ciment correspondant au type admis par l'Administration des Travaux Publics, à l'époque où les essais ont été entrepris, pour les ouvrages destinés à subir le contact prolongé de l'eau de mer (1).

Beaucoup des mortiers n'ont présenté, extérieurement, aucune trace d'altération, ou que de légères veines rectilignes en saillie, semblant produites par des dépôts calcaires plutôt que par un commencement de désagrégation. Sur d'autres prismes, les veines, plus étendues et parfois serpentantes ou ramifiées, avaient un caractère plus inquiétant. Parfois une arête, plus souvent un angle, montrait une fissure, dont la longueur ne dépassait guère 2 à 3 mm. Enfin, dans des cas beaucoup plus

(1) Résistances à la traction par cm2 (moyennes des 3 plus fortes sur 6 briquettes) atteintes par ce ciment dans les essais normaux exécutés d'après le cahier des charges type de 1885 :

Durée de conservation dans l'eau de mer

4 sem. 12 sem. 20 ans

Résistances

Pâte pure.

58,7

62,3

68,7

à la traction

Mortier normal 1: 3 (battu à la spatule) 20,5 27,2

45,7

A la fin de l'expérience, toutes les briquettes étaient encore exemples du moindre indice de désagrégation.

rares, on a observé des crevasses assez importantes ou même une désagrégation plus ou moins complète.

Contrairement à ce qui se produit d'ordinaire, on n'aperçoit dans les essais actuels aucune relation bien nette entre les phénomènes de désagrégation et la richesse des mortiers en ciment ou la nature du sable employé. Ces phénomènes ne semblent d'ailleurs avoir influé en rien sur les résistances, sauf pour les mortiers au sable fin de Trouville sans addition de sable de Gattemarre; avec ces derniers mortiers, des éprouvettes de même composition initiale ont souvent donné, au bout de 20 ans, des résistances très discordantes, dont la plus forte semble encore inférieure à ce qu'elle aurait dû être d'après certains indices sur lesquels il serait trop long de s'étendre ici.

Dans quelques mortiers un peu caverneux, tels que les mortiers maigres au sable régulier de Gattemare, on a parfois trouvé, après rupture, même dès les essais à quatre semaines, des dépôts blancs, pâteux, riches en magnésie, résultant d'échanges entre l'eau de mer et l'hydrate de chaux mis en liberté pendant le durcissement du ciment. En outre, après les ruptures à 20 ans, on a remarqué que, dans la plupart des séries faites. avec un même sable, l'intérieur des mortiers les plus maigres présentait une teinte rougeâtre, qui allait en s'atténuant plus ou moins vite pour des proportions de ciment croissantes; à partir de 20: 80 ou de 25: 75, les mortiers avaient conservé, intérieurement, leur teinte grise ordinaire. Seuls, ceux au sable fin de Trouville avaient tous pris la coloration rougeâtre, d'autant plus marquée qu'ils étaient plus désagrégés. Ce phénomène, que nous avions déjà signalé dès le début de nos recherches, semble done indiquer un commencement de décomposition. Il a été observé de même fréquemment par M. Maynard sur de très anciens blocs d'expérience conservés en mer à La Rochelle.

Les résistances à la flexion et à la compression atteintes par les mortiers aux mélanges des sables de Gattemarre et de Trouville sont données par le tableau XV; elles ont servi à établir les figures 9 et 10, représentant par des courbes de niveau, comme les figures 2 à 5 de la première note (p. 184 bis),

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la loi de variation des résistances de tous les mélanges ternaires les plus intéressants de ciment et des deux sables. De même que dans la figure 5, qui correspondait aux résistances à la compression après 12 semaines, les courbes de niveau accusent nettement l'influence de la proportion de ciment; mais elles sont moins voisines que précédemment de parallèles au côté GZT du triangle (fig. 2), et montrent qu'à proportion de ciment égale, il semble y avoir avantage, au point de vue de la résistance finale, à ne pas mettre trop de gros sable.

Les résistances des mortiers à proportions échelonnées de ciment et de chaque sable sont relatées par les tableaux XVII et XVIII. En ce qui concerne les cinq premiers sables, les résultats présentent peu de différences, sauf que le no 4 brut, très riche en gros éléments de plus de 5 mm., a donné généralement des résistances plus fortes et peu régulières. Les résultats sont reproduits graphiquement par les figures 11 et 12, analogues à la figure 6 (p. 188 bis), dans lesquelles on a pris pour abscisses les proportions de ciment entrant dans 100 de mélange sec, et porté en ordonnées les résistances à la flexion et à la compression après 20 ans. Pour ne pas trop compliquer les figures, on a remplacé les cinq premiers sables par les moyennes des résistances correspondantes. On y a représenté également les résistances fournies par les mortiers U à Z (droites Z'Z des figures 9 et 10), contenant deux tiers de sable de Gattemare tamisé pour un tiers de mélanges en diverses proportions de ciment et de sable de Trouville, et correspondant à peu près au maximum de compacité de tous les mortiers faits avec ces trois éléments (fig. 3).

On voit immédiatement que les mortiers aux sables bruts atteignent encore des résistances plus fortes que ceux aux mêmes sables tamisés; il a été déjà expliqué que ce résultat provient de ce que les très gros grains laissés dans les premiers forment un remplissage compact au sein d'un mortier plus riche. Le sable de Gattemarre, à grains assez gros et réguliers sans éléments fins, et renfermant dès lors une très forte proportion de vides, ne fournit que de faibles résistances

tant que le volume de ciment introduit reste sensiblement inférieur à celui des intervalles. Le sable de Trouville, uniformément fin, donne des résistances encore plus faibles, même quand on ne tient pas compte des résultats particulièrement bas fournis par certains prismes en voie de désagrégation. Enfin, on constate que les mélanges théoriques à deux parties de gros grains pour une de grains fins, ciment compris, donnent des résistances très fortes, équivalentes à celles des sables bruts bien que les sables de Gattemarre et de Trouville aient été employés après tamisage; encore le premier contenait-il environ moitié de grains moyens, sans lesquels on aurait obtenu des résistances sensiblement plus élevées.

Les moyennes des résistances à la compression atteintes par tous les mortiers respectivement après 4 semaines, 12 semaines et 20 ans, sont entre elles à peu près comme les nombres 39, 47 et 100.

Pour la comparaison des résistances finales avec les prix de revient calculés des divers mortiers, un diagramme construit d'après le même principe que la figure 7 conduirait à des conclusions analogues.

En définitive, les résultats qui viennent d'être analysés confirment, par l'expérience d'une très longue immersion dans l'eau de mer, les règles que nous avions déjà posées dès les premières années de nos recherches, à savoir que, principalement dans les travaux maritimes, on doit avoir soin d'éviter l'emploi de sables trop réguliers et surtout de sables fins, et que les meilleurs résultats sont fournis par des mélanges contenant à peu près deux tiers de leur poids de grains aussi gros que le permet la nature de l'ouvrage projeté, pour un tiers de grains fins, ciment compris, avec le moins possible d'éléments de grosseurs intermédiaires (1).

Boulogne-sur-Mer, le 10 mars 1916.

(4) Quand les éléments moyens font complètement défaut, le rapport 3 2 est généralement préférable au rapport 2: 1 pour la proportion des gros grains aux grains fins.

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