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ligne de pieux et palplanches devait servir en même temps d'écran antipercolateur sous le barrage. A son enracinement dans la culée rive gauche, le barrage comporte un pertuis de chasses, placé à l'aval des orifices de prise d'eau et destiné à débarrasser cette dernière des dépôts de vase ou gravier qui gêneraient l'alimentation du canal.

A l'aval, le barrage était défendu contre les affouillements par une triple rangée de blocs artificiels, maintenus en position par une file de rails battus et moisés entre eux; sur chaque rive les berges sont protégées à l'amont et à l'aval contre les affouillements par des perrés en béton reposant sur des massifs, également en béton, établis à l'abri d'une file de pieux et palplanches descendus à la cote (56,00). Le rideau de pieux et palplanches, d'un développement total de 660 mètres, avait la forme d'un double U formant cage au fleuve, et s'opposant au contournement des culées du barrage.

En cours d'exécution, il fut nécessaire de modifier complètement les fondations du barrage.

Les pieux descendaient assez aisément, mais les palplanches, que l'on battait par panneaux, se brisaient bien avant que leur pointe eut pénétré dans le gravier serré, et l'on dut abandonner le mode de fondation primitivement prévu. La résiliation de l'entreprise fut prononcée et l'on décida la continuation des travaux en régie.

Deux solutions étaient à envisager fonder par caissons à l'air comprimé, ou par blocs creux havés, employés avec succès au Havre (Annales des Ponts et Chaussées, année 1885, 1er semestre, pages 96 à 106) par M. l'Ingénieur WIDMER, pour la construction des murs de quai de la darse du neuvième bassin à flot.

C'est ce dernier mode de fondation qui fut admis, en raison de l'économie notable qu'il offrait sur l'air comprimé (50 0/0 environ).

Le havage des blocs, qui a présenté au début quelques difficultés, est devenu une opération facile dès que les blocs furent montés sur rouet métallique à base coupante (fig. 2). L'épuise

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Fig. 2.

Nouvelles fondations du barrage.

Plan et coupe suivant ab des puits havés.

Ann. des P. et Ch. MÉMOIRES, 1916-V

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(64,00)

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ment à l'intérieur des blocs havés se fait au moyen de pompes manœuvrées électriquement. Le groupe électrogène comprend un moteur à gaz pauvre, actionnant une dynamo qui sert également à l'éclairage de nuit des chantiers, l'opération du havage se poursuivant nuit et jour pour diminuer les frais d'épui

sement.

Actuellement, le corps du barrage est très avancé. Il ne reste à exécuter, dans la partie centrale, que deux blocs havés qui seront descendus dès cet été. Les culées et les défenses des rives sont achevées et le corps du barrage construit sur 60 mètres (fig. 3). Malgré l'état de guerre actuel, l'ouvrage sera complètement terminé avant la fin de l'année courante.

Les travaux subirent un ralentissement en août 1914 du fait de la mobilisation de l'Ingénieur et du conducteur qui en étaient chargés. Ils furent repris et activement poussés en 1915 par M. le conducteur CHARDEAUX, qui a montré, dans leur conduite, un zèle et une compétence dignes des plus grands éloges.

Les crues du Chéliff, pourtant très redoutables, n'ont causé que peu d'avaries aux ouvrages. La seule qui mérite d'être mentionnée a détruit, en janvier 1915, deux blocs en cours de havage dans la partie centrale du lit mineur du fleuve. Cet accident est dû à l'arrêt des travaux après la mobilisation, qui a empêché la descente des blocs au moment où la saison était favorable à cette opération. Depuis cette époque, grâce à la prudente répartition des chantiers durant les mois d'hiver, aucune avarie grave n'est survenue.

Dispositions de la prise d'eau. - La prise d'eau a été aménagée pour pouvoir donner au canal d'amenée 12 mètres cubes d'eau à la seconde. Elle comporte cinq ouvertures pouvant donner chacune 2 m3 5 à la seconde, total : 12 mètres cubes.

Ce débit est justifié de la façon suivante par les auteurs de l'avant-projet de 1904.

Les céréales ont besoin d'un arrosage mensuel du mois de décembre au mois d'avril. Si les pluies manquent ou sont insuffisantes, il faut y suppléer en versant sur les champs à chaque

arrosage, une couche d'eau de 8 centimètres d'épaisseur. Il faudrait alors dériver, pour chaque hectare irrigué, un volume d'eau mensuel de 800 mètres cubes, soit un débit net par seconde de 0 1. 30 ou, en admettant une perte de 1/5, un débit brut de 0 1. 36. Les terrains susceptibles d'irrigation contenant 32.000 hectares, le canal d'amenée devra prendre au barrage un débit de 0 1. 36 × 32.000 ou de 12 mètres cubes environ.

Comme les terres à céréales doivent rester en jachères une année sur trois, un débit de 8 mètres cubes serait suffisant, mais les débits du Chéliff sont souvent inférieurs à 8 mètres cubes et il convient, pour utiliser un débit moyen de 8 mètres cubes de pouvoir prendre un débit supérieur toutes les fois que cela est possible. En outre, il est utile de pouvoir arroser les jachères pour y faire pousser du fourrage, nécessaire pour l'élevage du bétail.

Il fallait prévoir également la création de luzernières et d'orangeries, qui exigent plus d'eau que les céréales. Avec un canal de 12 mètres cubes seconde, on aura la certitude de pouvoir sauver de la sécheresse toutes les cultures d'hiver et de printemps.

En été, le débit d'étiage du Chéliff descend rarement au-dessous de 2 mètres cubes seconde. Il permettra de faire quelques cultures dites d'été, telles que maïs, sorgho, melons, pastèques qui sont très rémunératrices. Toutefois, pour éviter des mécomptes et assurer l'arrosage des cultures pérennes (vergers, luzernières, coton, etc...), l'Administration s'est réservé le droit de réglementer et de limiter chaque année les superficies qui pourront bénéficier des irrigations d'été. Dans ce but, un système d'observations pluviométriques sera installé dans le bassin du Haut-Chéliff. Après quelques années d'expérience, on pourra préjuger, dès le printemps des quantités, d'eau qui resteront disponibles l'été suivant pour l'irrigation.

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Dépenses engagées. Le montant du projet s'élevait à 900.000 francs, y compris une somme à valoir de 101.170 fr. 50 à répartir sur les exercices 1911 et suivants.

Par suite du changement de mode des fondations et de la

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