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JUIN.

1r. Paris. Concours de l'Académie française. L'Académie française vient de rendre son jugement sur le concours extraordinaire qu'elle avait prorogé en 1841. La question proposée était celle-ci : Déterminer l'influence de la littérature espagnole sur la littérature française au commencement du dix-septième siècle.

C'était la première fois qu'une litté rature moderne était l'objet d'une appréciation académique, et l'importance du sujet appelait des développements étendus.

Une commission spéciale, composée de MM, Lebrun, de Barante, de Ségur, Cousin, Viennet, Mignet et Victor Hugo, a examiné les ouvrages soumis au concours, et, sur ses conclusions prises à l'unanimité, l'Académie a décerné le prix à l'ouvrage no 4; l'auteur de cet ouvrage est M. Adolphe de Puisbusque (de Paris), ancien souspréfet, membres de plusieurs sociétés littéraires. Un accessit a été décerné au n. 5.

18. Occupation des iles Marquises. Rapport adressé par le contre-amiral Dupetit-Thouars à M. le ministre de la marine et des colonies, sur la navigation de la frégate la Reine-Blanche après son départ de Faiparaiso, et sur

la prise de possession de l'archipel des iles Marquises.

Baie de Taiohae, frégate la Reine

Blanche, le 18 juin 1842,

En partant de Valparaiso, pressés d'arriver aux Marquises, nous gouvernames directement sur l'ile Fatuiva (la Madeleine), la plus méridionale du groupe de S.-E. du cet archipel. Nous arrivâmes en vue de cette île le 26 avril; le 27, nous visitâmes toute la côte occidentale et nous eûmes quelques relations avec les indigènes. Cette ile qui contient, assure-t-on, de 15 à 1,800 habitants, n'offre qu'un mouillage en pleine côte, toujours dangereux et fréquenté seulement par les baleiniers que le besoin de provisions force à y relacher. Le 28 au matin, nous étions sur la côte occidentale de l'île Tahuata (la Christine), où nous fùmes contrariés par des calmes qui se prolongèrent assez avant dans la journée; ce ne fut qu'à trois heures que nous atteignimes le mouillage de la baie de Vaïtahu.

A peine étions-nous à l'ancre sur de M. François de Paule, supérieur de cette rade, que nous reçùmes la visite

la mission établie en cette ile; mais ce ne fut que le lendemain que le rol Yotété vint à bord, accompagné da révérend supérieur de la mission, qui voulut bien nous servir d'interprète. Le roi parut enchanté de me revoir, et me dit qu'il serait venu à bord la veille, dés que la frégate avait été aperçue, s'il n'avait pas craint que nous fussions Américains. Il m'apprit alors qu'il y avait environ quatre mois qu'une baleinière appartenant à un bâtiment de pêche des Etats-Unis, ayant perdu son bâtiment en chassant une baleine, était venue, après plusieurs jours de mer et de souffrance, étant sans vivres, relâcher à l'île Fatuiva, où elle avait été accueillie à coups de fusil, et où elle avait perdu un homme par suite de cette attaque imprévue. Repoussés de l'île de Fatuiva, ces marins avaient repris le large et étaient arrivés à l'ile Tahuata, où le roi ne les avait pas beau. coup mieux reçus, car il les avait dépouillés de leurs vêtements, et leur avait même enlevé leur baleinière. Depuis cette époque, les marins américains, ayant trouvé à s'embarquer sur un ba

!

leinier venu en relâche, protestèrent,
avant leur départ, contre les actes de
piraterie dont ils avaient été les vic-
times, et menacèrent Yotété de la ven-
geance de leur gouvernement. Yotété,
éclairé depuis par les missionnaires et
les capitaines venus en relâche dans la
baie de Vaïtahu, conçut de vives inquié-
tudes sur les suites que pouvait avoir
pour lui cette mauvaise affaire, et il
était encore sous l'impression de ces
alarmes lorsqu'il vint me voir. Il me
demanda de le protéger et de débar-
quer, lorsque je partirais, une partie
de mon équipage et des canons de la
frégate. Je lui répondis que j'y con-
sentirais s'il voulait reconnaître la sou-
veraineté de S. M. Louis-Philippe, et
prendre le pavillon français. Il accepta
avec empressement ces propositions, et
nous convinmes que la déclaration de
prise de possession aurait lieu le 1er
mai, jour de la fête de S. M. Louis-
Philippe, et qu'aussitôt le pavillon fran-
çais serait arboré sur l'ile Tahuata.
Toutes nos dispositions furent prompte-
ment faites, et le 1er mai, à dix heures,
je me rendis à terre accompagné de
l'état-major général et d'une partie
de celui de la Reine-Blanche. Une
garde de soixante hommes nous avait
précédés et avait été rangée en ba-
taille auprès du mât de pavillon pour
rendre les honneurs à nos couleurs na-
tionales, lorsque, après la déclaration
de prise de possession que j'allais faire
au nom du roi, en présence du roi
Yotété, des principaux chefs et d'un
grand concours d'indigènes, elles se-
raient déployées pour la première fois
sur le groupe du S.-E. des îles Mar-
quises. Le pavillon fut hissé aussitôt,
nous le saluâmes de trois cris, Vive le
roi! vive la France! qui furent suivis
de trois décharges de mousqueterie
faites par la garde d'honneur, et par des
fanfares exécutées par toute la mu-
sique. La frégate la Reine-Blanche,
mouillée à petite distance du rivage
et entièrement pavoisée, prit également
part à cette cérémonie, en répondant
à nos acclamations par une salve de
vingt-un coups de canon.

Les habitants, réunis en grand nom-
bre, manifestaient également leur joie
par des acclamations bruyantes et répé-
Lées, et tous me demandèrent de mettre
des canons à terra, Nous nous rendimes

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ensuite chez le roi, où l'acte de la recon-
naissance de la souveraineté de S. M.
Louis-Philippe et celui de la prise de
possession furent immédiatement signés.

Le même jour, nous fixâmes avec le roi Yotété le lieu de la baie où notre établissement serait fondé, et nous entreprîmes, sans perdre de temps, les travaux nécessaires à la construction des logements et magasins. De jour en jour, depuis cette époque, ces travaux prirent une plus grande activité; les marins de la Reine-Blanche, envoyés à terre pour prendre part à nos opérations d'établissement, rivalisèrent de zèle avec les marins de la 120 compagnie, destinés a former la garnison.

Le 22, la baraque destinée au logement de la garnison, et celle des vivres, que j'avais fait construire à bord, pendant notre traversée en venant de Valparaiso, étaient achevées, ainsi que le four et un magasin à poudre; l'établissement commença alors à s'admi nistrer par lui-même.

Dans une course que j'ai faite le 5 mai a la baie de Hanamanu, île d'Hivaoa (la Dominique), j'ai obtenu la reconnaissance de la souveraineté du roi par les chefs principaux de l'ile, qui nous ont demandé à prendre le pavillon français et à recevoir une garnison, ce que j'ai promis d'accorder lorsqu'ils auraient construit pour nous une case de 20 mètres de long sur 8 mètres de large. Ayant tracé cette case, les trois tribus qui occupent la baie se sont immédiatement mises à l'œuvre pour satisfaire à ma demande.

Tout semblait prendre à Vaïtahu une tournure favorable a nos intérêts et nous promettre un prompt succès, lorsque le 23, au moment où je me disposais à quitter la baie pour me rendre à l'ile de Nukuhiva, un homme qui passe pour être l'instrument aveugle des volontés du roi menaca de tuér un Espagnol que j'avais fait venir d'une baie située au vent de l'île pour nous servir d'interprète à l'établissement, s'il ne quittait pas aussitôt la baie de Vaitahu. Instruit de ce fait par l'Espagnol lui-même, il me parut que cette menace avait été faite pour voir jusqu'à quel point nous étendions notre pou voir, Je me rendis aussitôt chez le roi, ou ayant fait venir l'homme coupable, je lui déclarai en précénon du roi Yo

tété que si, à l'avenir, il se permettait la moindre insulte contre les hommes de l'établissement, ou même contre ceux que je pourrais employer, je le ferais embarquer, et qu'il ne reverrait jamais son fle. Il ne parut pas trèseffrayé de ma menace, et deux jours après il poursuivit un Anglais que j'avais fait venir de l'île de Hivava pour faire de la chaux, et l'attaqua dans le jardin même du supérieur de la mission, qui, étant survenu, empêcha qu'il ne fût tué. Ce événement se passait au moment du coucher du soleil; je n'en fus informé qu'un peu tard, mais dès le jour, je me rendis chez le roi, que je ne trouvai plus; il était parti avec toute sa famille pour aller pleurer un mort, me dit-on; mais bientôt j'appris qu'il s'était caché dans une baie voisine, ce qui me confirma dans l'opinion où j'étais que ces insultes répétées avaient été provoquées par lui.

J'envoyai une embarcation à la recherche du roi, elle revint sans l'avoir trouvé où l'on assurait qu'il était alle. Je fis venir alors son neveu, jeune homme qui parle bien l'anglais, et je l'engageai à aller dire à Yotété que, s'il ne reparais sait pas, je ne le considérerais plus comme roi, et que je me ferais roi moi-même à sa place. Čet indigène alla en effet à la recherche de Yotété, qu'il trouva caché tout près dans le ravin boisé de la petite baie d'Hanamiliai, située sur la même rade. Le roi cependant refusa de l'accompagner, et me fit dire qu'il ne consentirait à revenir qu'autant que le révérend supérieur de la mission irait lui-même l'y engager, ce qui eut lieu aussitôt; M. François de Paule ayant bien voulu s'exposer remplir cette mission, il nous ramena le roi, sa femme et son fils aîné. Le roi Yotėtė confessa ses torts et dit qu'il s'était caché parce qu'il avait eu peur. Je lui reprochai son manque de confiance en moi, et lui dit que la faute d'un homme tel que celui qui était coupable ne devait nullement l'inquiéter, à moins qu'il n'eût agi par son ordre. Je lui déclarai alors que j'exigeais qu'il me le livrât, et que je le garderais quelque temps à bord pour le punir, mais qu'il ne lui serait fait aucun mal; j'annonçai ensuite au roi l'intention de garder son fils en ôtage jusqu'à ce qu'il eût rempli cette condition. Il parut alors très

affligé de ma résolution, mais il se rendit à terre avec l'intention apparente de nous satisfaire. Nous devions appareiller le même jour; je retardai notre départ pour lui donner le temps d'envoyer le nommé Panaau, ce qu'au bout de deux jours il n'avait pas encore fait. Alors, pressé par le temps, craignant que quelques-uns des bâtiments de ma division ne fussent déja arrivės à la baie de Taiohae (île Nukuhiva), j'appareillai pour venir ici, en emmenant comme ôtage le jeune Timao, fils aîné du roi. Il était essentiel pour moi d'avoir cette garantie, le nommé Panaau étant un très-mauvais sujet, trèsdangereux et capable de commettre toute espèce de crime.

Je ne me suis point éloigné de Vaitahu sans éprouver quelques regrets d'être obligé de partir si promptement; cependant je laissai M. le capitaine de corvette Halley dans un poste suffisamment fortifié contre un coup de main, avec des hommes bien armés et capables de battre à eux seuls tous les babitants de Tahuata. Cette fle qui, encore en 1838, contenait de 14 à 1,200 habitants, n'en a pas aujourd'hui plus de 7 à 800 en tout; il y a cette différence pourtant, c'est qu'en 1838 il n'existait que très peu d'armes à feu sur cette ile, tandis qu'aujourd'hui il n'y a pas un indigène qui ne possède au moins deux ou trois fusils. Il n'y a point à crain dre, avec ces habitants, une attaque de plein jour ni à force ouverte, mais on peut redouter un assassinat par surprise ou le feu, si une surveillance active n'empêche pas une tentative de ce genre de réussir.

En partant de Vaïtahu, nous emme. nâmes avec nous le révérend père supérieur de la mission, qui, depuis plus de quatre mois, était sans nouvelles des missionnaires de Nukuhiva et d'Uapou, qu'il savait d'ailleurs très exposés aux brutalités des indigènes de ces deux îles; il désirait vivement savoir ce qu'ils étaient devenus, et, d'un autre côté, j'étais convaincu, par l'influence morale qu'ont déjà acquise nos missionnaires parmi les naturels. que la présence de M. François de Paule à bord de la frégate ne pouvait être que très favorable au succès de la mission que j'avais à remplir; et, en effet, je ne me trompais pas, comme le verra bientôt

Votre Excellence par les détails qui vont suivre.

Nous allåmes en premier lieu nous présenter devant la baie de Hakakau, où demeure le roi d'Uapou; j'expédiai un canot à terre, et j'appris, à son retour, que M. Caret et les missionnaires qui étaient avec lui sur cette île avaient été forcés de s'embarquer, il y avait à peu trois mois, et qu'au moment de leur départ ils avaient été pillés; enfin, que ce n'était qu'avec peine qu'ils avaient pu s'échapper sains et saufs. Nous apprimes encore que leur mission n'était cependant pas restée sans succès, qu'ils avaient fait dix ou douze prosélytes que leurs compatriotes ne pouvaient arracher à la foi qu'ils avaient embrassée, et que parmi eux se faisait surtout remarquer une ancienne grande prêtresse.

Pressé de suivre ma mission, je ne pus pour le moment m'occuper de porter secours à nos coreligionnaires, et j'ajournai ce projet à l'arrivée du premier bâtiment qui nous rallierait.

Le lendemain, 31 mai, nous mouillâmes dans la baie de Taiohae, où aucun des bâtiments que j'attendais n'était encore arrivé. Je fis aussitôt dire au roi de venir à bord, et il arrivà sans se faire attendre. Après avoir causé quelques instants avec lui par l'intermédiaire de M. François de Paule, je lui proposai de reconnaître la souveraineté du roi des Français, et je lui promis de mettre une garnison dans sa baie s'il y consentait; de plus, je m'enga geai à forcer la tribu de Taioas à faire la paix et à lui rendre sa femme, qu'ils lui avaient enlevée par surprise. Le roi s'empressa d'accéder à mes propositions; il fut convenu que j'enverrais le lendemain chercher les chefs principaux de Taioas, que la paix se ferait à bord en ma présence, et qu'aussitôt tous déclareraient ensemble, par un acte authentique, la souveraineté de S. M. Louis-Philippe. Ayant en effet envoyé un canot inviter les chefs de Taioas à venir faire la paix sous ma médiation, ils se rendirent à mon invitation et arrivèrent à bord de très-bonne heure le 4 juin. Tous les chefs principaux des deux baies, ayant consenti à faire la paix, se donnèrent la main en signe de réconciliation, et on rédigea aussitôt l'acte de reconnaissance

de la souveraineté de S. M. LouisPhilippe, roi des Français, que tous signèrent avec nous. Il fut ensuite convenu que la déclaration de prise de possession aurait lieu en grande cérémonie dès le lendemain, à onze heures du matin, et que le pavillon serait aussitôt arboré sur le mont Tuhiva, situé au sud de la baie de Hacapehi. Le roi s'empressa alors de me céder en toute propriété pour la France, par un acte authentique émané de sa volonté, le mont Tuhiva, pour y faire un fort, et toute la baie pour y fonder les établissements qui nous seraient utiles, et il me demanda avec instance que je lui fisse délivrer un pavillon pour l'arborer sur sa maison au moment même où nos couleurs nationales seraient déployées sur le mont Tahiva, lors de la déclaration de prise de possession.

Le 2 juin, à dix heures, je quittai la Reine-Blanche, accompagné de l'étatmajor général et d'une partie de celui la frégate, et nous nous rendîmes à terre, où le roi vint se joindre à nous. Il était suivi des chefs principaux de la baie, de ceux des Taioas et de la tribu des Hapas. Arrivés sur le mont Tuhiva, nous y fûmes reçus par M. le capitaine de corvette Collet. Ayant fait ouvrir un ban, je prononçai, au nom du roi, la déclaration de prise de possession de Nukuhiva et des îles du groupe nordouest qui en dépendent. L'acte authentique de la prise de possession fut dressé immédiatement après la cérémonie et signé par tous les chefs.

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Les transactions terminées, les chefs des Taioas me prièrent de leur donner un pavillon pour arborer sur leur baie, où ils demandèrent à être reconduits. Je leur accordai un pavillon, et je leur fis distribuer quelques présents. Ils partirent ensuite, très-satisfaits de l'accueil qu'ils avaient reçu, pour la baie d'Hacapahi, où ils résident. En témoignage de leur reconnaissance, ils m'envoyèrent, par le retour du canot, des cochons en présent.

Dès le même jour, nos tentes furent dressées dans la baie de Kakapéhi, au pied du mont Tuhiva, où doit être placé un fort dont j'ai ordonné la cons. truction, et auquel j'ai donné le nom de Collet, en commémoration du contre-amiral de ce nom, père du capitaine de corvette Collet, destiné à le fonder

et à le commander, ainsi que le groupe du nord-ouest des îles Marquises.

La 2 section de la 120o compagnie fut immédiatement débarquée pour y tenir garnison. Les travaux d'établissement commencèrent aussitôt, et depuis ont été continués avec une ardeur qui ne s'est pas ralentie un instant.

L'équipage de la frégate la ReineBlanche envoie chaque jour tous ses ouvriers de chaque profession et les corvées d'hommes nécessaires pour employer le peu d'outils dont nous pouvons disposer pour hâter les travaux.

Le roi Temo-Ana nous a accueiliis avec un empressement très-remarquable; il a changé de nom avec M. Collet, espèce de contrat en usage parmi les Polynésiens, qui fait de celui auquel on donne son nom un autre soi-même. Nous lui avons fait présent d'un uniforme rouge, d'une paire d'épaulettes de colonel, de chemises, d'un pantalon.

porte tous ces vêtements avec aisance, et s'est montré très-reconnaissant de nos bons procédés. Il nons a donné en échange douze arbres à pain magnifiques et six cocotiers. Avec ces matériaux, que nos charpentiers sont occupés à mettre en œuvre, j'espère que bientôt nous pourrons disposer d'une baraque de 20 mètres de long sur 7 ou 8 de large; on continuera à augmenter les constructions à mesure que les matériaux nous arriveront; des indigènes nous fabriquent de la chaux, et, le commandant Collet ayant trouvé une argile propre à faire des briques, j'ai l'espérance fondée que nous pourrons arriver à faire des tuiles et des briques en quantité suffisante pour les besoins de l'établissement. Le 4, la corvette la Triomphante est arrivée et a mouillé en rade venant de Valparaiso, et, en dernier lieu, des îles Gambier, où elle est allée porter les présents de la reine; ils ont été accueillis avec enthousiasme et reconnaissance par le roi et toutes les populations de ce groupe; le commandant et l'état-major de la Triomphante ont assisté à l'inauguration de la cathédrale des îles Gambier; ils racontent des choses merveilleuses de ces fles, où, en effet, il paraît que les efforts de nos missionnaires ont été couronnés du succès le plus complet.

Dès l'arrivée de la Triomphante, qui, comme vous le savez, monsieur le

ministre, a perdu son commandant, M. Baligot, dans sa traversée de Brest à Rio-Janeiro, j'ai nommé à ce commandement M. Postel, second de la Reine-Blanche, et j'ai embarqué M. Cellier de Starnor sur la frégate, où il commande la batterie et la 160° compagnie des équipages, qui précédem. ment était commandée par M. Sevin, lieutenant de vaisseau, aujourd'hui devenu second de la frégate par suite du débarquement de M. Postel.

Le détachement d'artillerie arrivé par la Triomphante est dans la meil. leure situation possible, et est animé d'un très-bon esprit; M. Rohr, qui le commande, montre un grand zèle pour son service.

Conformément à vos instructions, j'ai divisé ce détachement en deux sections, composées chacune de la moitié des canonniers d'artillerie de la marine et de la moitié des ouvriers de la même arme; la première section, commandée par M. Rohr, est placée ici sous les ordres de M. Collet; la deuxième est partie sur la Triomphante pour se rendre à ceux de M. Halley, à Valtahu.

Le 7, nous avons reçu le navire l Jules-César, expédié par M. le commandant Buglet, en vertu des ordres que je lui avais laissés; il nous apporte buit mois de vivres pour le personnel des deux établissements, ce qui me permet d'en assurer la subsistance jusqu'au 1er janvier prochain, et d'aligner jusqu'au même jour les vivres des deux corvettes la Boussole et l'Embuscade, qu'il est urgent de laisser ici au moins jusqu'à ce que tous les logements et magasins d'approvisionnement soient terminés.

Le 9, voulant consolider la paix entre le roi Temoana et les chefs des Taioas, qui, malgré le traité conclu à bord de la Reine-Blanche, retenaient toujours la femme du roi, je m'embarquai na jour, accompagné de Temoana et du révérend supérieur de la mission de l'île de Tahuata, et nous allâmes à la baie d'Hakapahi, où ils résident. A notre arrivée, nous apercûmes le pavillon français qui flottait sur la maison du vieux chef Mahéatité. Nous fùmes très-bien accueillis, non-seulement des chefs qui déja avaient passé deux jours à bord de la frégate, mais encore de toute la population; elle nous accompagna dans notre promenade au

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