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ne pas prévoir, entre la Grande-Bretagne et les colonies. américaines, une lutte semblable à celle qui se termina par l'émancipation des provinces devenues depuis les États-Unis. Cette lutte, qui a déjà commencé dans la sphère de la législature, pourrait bien se terminer un jour sur un champ de bataille. Cette émancipation inévitable, que ne prépare aucune influence étrangère, le gouvernement de la métropole vint lui donner lui-même l'impulsion. L'administration fit voter par le parlement deux mesures qui feront plus pour préparer l'indépendance future de la colonie que n'auraient pu faire les efforts réunis des radicaux anglais et des sympathiseurs des États-Unis. La première mesure est celle qui réunit les deux provinces du Canada en une seule, la seconde est celle qui rend le pouvoir exécutif du Canada responsable devant la législature locale, comme le pouvoir exécutif de la métropole est responsable devant le parle

ment.

Tant que le Canada restait divisé en deux provinces, le Haut et le Bas, l'antagonisme des intérêts maintenait intact le pouvoir arbitral de la métropole. Le Bas-Canada, qui était entièrement français par l'origine, les mœurs, le langage et la religion, et qui renfermait la population la plus nombreuse et la plus démocratique, était tenu en échec par l'opposition de la province du Haut, qui formait la partie anglaise, protestante et aristocratique de la colonie. La lutte qui s'établissait régulièrement entre les législatures séparées des deux provinces était la garantie la plus réelle du maintien de la suprématie de la législature supérieure; et ceux même des colons du Haut-Canada qui formaient dans leur législature locale le parti de la réforme et des idées libérales faisaient cause commune avec le parti tory et aristocratique contre le Bas-Canada, par esprit de nationalité. Il était clair que, dès que ces distinctions nationales s'effaceraient ou s'atténueraient, dès que les deux provinces et les deux législatures séparées ne formeraient plus qu'une seule pro

vince et une seule législature; il était clair, disons-nous, qu'on verrait se constituer au Canada, comme dans la métropole, une majorité et une minorité parlementaires dont le pouvoir exécutif serait entièrement dépendant. C'est ce qui arrive aujourd'hui.

La seconde des mesures dont nous avons parlé doit entraîner des conséquences plus graves encore. Constituer un gouvernement colonial responsable devant la législature locale, c'est rompre tous les liens qui rattachent la colonie à la souveraineté de la métropole; c'est faire d'elle, à proprement parler, un État indépendant. Le gouverneur de la colonie, qui dépend du gouvernement central, lequel dépend lui-même de l'accord des trois pouvoirs, se trouve encore dépendre de telle bu telle majorité qui se présentera dans l'assemblée coloniale. La souveraineté réelle est ainsi complètement perdue de vue, et le gouverneur de la colonie devient lui-même le souverain d'un royaume indépendant.

Les conséquences ne se firent pas attendre, et l'événement prouva bientôt que si la mesure n'était pas politique, elle était au moins libérale. Ainsi le gouverneur général, qui avait un cabinet tory, rencontra dans la chambre une opposition telle qu'il fut obligé de capituler et de remettre le pouvoir exécutif à la discrétion du parti français et du parti radical anglais. Jusqu'à présent le parti français était frappé d'une sorte d'ostracisme, et c'est cette injuste exclusion qui avait amené l'insurrection de 1837. Aujourd'hui M. Lafontaine, chef reconnu du parti français, siège dans le conseil, et un nouveau ministère complètement libéral gouverne le Canada.

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Discours d'ouverture. Naissance du prince

Ouverture du parlement.

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Voyage du roi de Prusse. Déficit financier. Misère

Modification du cabinet.

des céréales. Tarif mobile.

Tarif des revenus.

Discussion.

O'Connell.

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Discussions. Adoption de la loi.

Adoption.

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Loi

Question

du repeal. Enquête.

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Troubles des districts manufacturiers.

Arrestation et condamnation.

Motion Roebuck.

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Prorogation du parle

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Attaques contre la personne de la reine.

Rétablissement des affaires.

Dans le discours d'ouverture du parlement (3 février), après s'être félicitée de la naissance du prince de Galles et s'être applaudie de la bienveillance qui avait porté le roi de Prusse à venir, en personne, assister en qualité de parrain au baptême du prince, après avoir fait le tableau de la situation extérieure, la reine recommandait à l'attention immédiate des deux chambres l'état des finances du pays.

« Vous aurez vu avec peine, dit S. M., que, durant plusieurs années, le revenu annuel a été insuffisant pour soutenir les charges publiques. J'aime à croire que, pleinement convaincus des maux qui résulteraient d'un déficit continuel de cette nature pendant la paix, vous examinerez avec soin les meilleurs moyens de le combler... »

Quels pouvaient être ces meilleurs moyens? Le discours royal le laissait pressentir, quoique vaguement encore dans

un paragraphe qui appelait la sollicitude du parlement «< sur l'état des lois qui règlent l'importation du blé et d'autres productions étrangères; » une phrase « sur la détresse qui n'avait point cessé dans les districts manufacturiers » ne renfermait qu'un éloge stérile de la patience populaire, éloge que des troubles sanglants devaient bientôt cruellement démentir. « Le peuple, était-il dit, a supporté avec une patience et une fermeté exemplaires les souffrances et les privations qui en ont été le résultat. »>

Telle était donc la situation intérieure pour le ministère de sir Robert Peel, un déficit immense à combler, une détresse générale à secourir. Que le cabinet actuel n'eût pas créé cette position mauvaise, que ce fût là un triste héritage d'une politique antérieure, et que sir Robert Peel pût rejeter sur lord Palmerston la responsabilité d'un état de choses aussi grave, c'est ce que nous n'avons pas à examiner. Assez souvent, dans les luttes de tribune qui vont s'ouvrir, les récriminations amères, les accusations politiques seront renvoyées des uns aux autres; assez souvent nous aurons à reproduire quelques-unes des péripéties de ce grand drame parlementaire; le fait important pour l'histoire du peuple anglais, c'est la solution telle quelle apportée à ces difficultés, c'est l'appréciation des mesures imaginées par sir Robert Peel pour améliorer la situation.

On se rappelle que du jour où le cabinet wigh fut rem placé au pouvoir par le cabinet de sir Robert Peel, la seule pensée du nouveau ministre fut de rétablir l'équilibre dans les finances. C'est dans le changement de la loi des céréales que sir Robert Peel en avait vu les moyens. Son système mûri en silence, malgré les récriminations des wighs et des radicaux, allait enfin être exposé.

Quelques jours avant l'ouverture du parlement, le cabinet se trouva modifié par la retraite du duc de Buckingham, ancien lord Chandos. Cette retraite était significative: car le duc de Buckingham, ennemi de tout progrès industriel et

de toute idée libérale, est le représentant exclusif de l'intérêt agricole en Angleterre; on pouvait donc croire que sir Robert-Peel perdait en lui le plus ferme de ses soutiens dans la question des céréales, et d'ailleurs il était à craindre que le ministre démissionnaire ne ralliât sur la question, contre le cabinet, une fraction des tories. Toutefois sir Edward Knatchbull, un des tenants les plus distingués du parti agricole, restait au ministère, et lord March, fils du duc de Richmond, connu pour professer des opinions semblables, persistait dans son projet de proposer l'adresse.

C'est dans ces circonstances que sir Robert Peel parut à la chambre des communes pour exposer le système nouveau (1) attendu avec anxiété par tous les partis. Après un discours où, malgré le haut talent de l'orateur, apparut assez clairement l'embarras de la situation, le ministre fit connaître cette échelle de droits sur laquelle repose le plan de la législation nouvelle. Voici cette échelle, mise en regard de celle qui existait d'après la législation précédente :

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(1) Nous avons profité, pour l'étude et l'exposition de cette question financière, de l'excellent travail donné en novembre 1812, à la Revue des Deux-Mondes, par M. Davergier de Hauranne.

Ann. hist. pour 1842,

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