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fournissent au trésor les supplémens qui lui sont nécessaires, et assurent à nos guerriers des récompenses dignes de leurs services et de la munificence de leur souverain.

Les circonstances actuelles ont diminué le produit des douanes. Cette diminution est la suite des mesures que commaudait la politique; nous devons en attendre avec confiance le résultat. C'est en calculant cette diminution, qu'on porte nos revenus à 730 millions; et rien ne peut faire craindre d'erreur dans cette évaluation.

Vous avez apprécié l'utilité des opérations faites sur la dette de la Toscane, de la Ligurie, et du Piémont. Les principales parties des perceptions indirectes vous présentent toutes des améliorations: et nous pouvons dire, qu'aucune nation jouissant des douceurs d'une longue paix, n'a peut-être jamais offert un tableau de finances digne d'inspirer autant de sécurité que celui qui vous est présenté après vingt années de guerre et de révolution.

L'adoption de ce budget satisfaisant, a dû terminer les travaux de votre session; mais avant de la clore, l'empereur a voulu réaliser la promesse qu'il vous avait faite et vous donner une marque éclatante de sa satisfaction et de sa bienveillance. Un jeune officier, chargé de cet honorable mission, va être introduit dans cette enceinte; il vous présentera, de la part de S. M. les nombreux drapeaux pris en Espagne, par ses armées victorieuses.

Ces drapeaux, monumens de la valeur française, seront suspendus à ces voutes pacifiques; ces trophées militaires, en déCorant le temple des lois, deviendront les emblèmes de l'union, de la force et de la sagesse; ils rapelleront ces nobles pensées d'un empereur aussi grand par les lois que par les armes, qui ne jouirait plus de sa gloire, si ele ne devait pas augmenter notre bonheur, et qui sait en même tems que, pour les Français, il ne peut exister de bonheur sans gloire.

Je vais me hâter, Messieurs, de vous lire le décret que nous sommes chargés de vous présenter. Je ne veux point, en prolongeant ce discours, retarder plus long-tems une solennité dont je me sens également pressé de jouir comme ancien soldat, comme magistrat et comme père.

L'orateur donne lecture du decrét de S. Me en date du 19 Janvier, qui fixe au 22, la clôture de la session de 1809.

M. de Ségur descend de la tribune au milieu des ap plaudissemens.

M. le président fait lecture de la lettre suivante.

Quartier-général impérial, au camp de
Madrid, le 21 Décembre, 1808.
A. S. Exc. M. le comte de Fontanes, président du corps
législatif.

J'ai l'honneur de vous prévenir, M. le comte, que S. M. l'empereur et roi, a chargé M. de Ségur, adjudant-com

mandant, de porter et présenter au corps législatif, les 80 drapeaux et étendards pris par l'armée française, aux combats d'Espinosa, Burgos, Tudela, Sommo Sierra et Madrid.

Cet officier supérieur, qui a pris une partie si honorable à l'affaire de Sommo-Sierra, va se mettre en marche dès que l'état de sa blessure le permettra, pour remplir cette mission, qui est pour lui un témoignage précieux de l'estime et de la satisfaction de l'empereur, pour les services qu'il a rendus. Je prie V. Exc. de recevoir l'expression des sentimens de ma plus haute considération.

Le prince de Neuchâtel, vice-connétable, major-général de l'armée,

(Signé)

ALEXANDRE.

En ce moment, une musique guerrière se fait entendre à l'extérieure de la salle.

Une députation de douze membres du corps législatif, uom mée samedi en comité général, introduit les militaires porteurs des drapeaux, ayant à leur tête M. l'adjudant-comman dant, comte de Ségur fils.

Ces braves, accueillis par de nombreux applaudissemens et Tes acclamations prolongées de vive l'empereur! vont se placer aux deux côtés de la statue de S. M. dans l'enceinte qu'oc cupe M. le président.

M. l'adjudant-commandant, comte de Ségur paraît à la tribune, et prononce le discours qui suit:

"Messieurs, l'empereur me charge d'avoir l'honneur de vous présenter les drapeaux ennemis, pris aux combats d'Espinosa, Burgos, Tudela, Sommo-Sierra et Madrid.

"Les voilà, ces signes de ralliement des ennemis de la France! comment donc osaient-ils les déployer contre le héros du monde, sans croire que c'étaient des trophées qu'ils éle vaient à sa gloire !

"Nous, soldats du grand empereur, dévoués à ses ordres, fiers de les exécuter, ou de mourir, quelle plus noble récom pense peut-il nous donner que celle de vous apporter les marques éclatantes de ses victoires, d'en orner le sanctuaire de ces lois conçues par son génie, et sanctionnées par votre sagesse !

"Permettez-moi donc, Messieurs, de me féliciter aujours d'hui de l'honneur que S. M. daigne m'accorder, en me chargeant de déposer au milieu des députés de tous les départemens de la France, les témoignages de la gloire nationale, témoignages, qui désormais ici seront ceux de la constante bienveillance de S. M. pour l'un des plus illustres et des pre miers corps de l'empire."

Les plus vifs applaudissemens accompagnent M. de Ségur fils jusqu'aux banquettes de M M. les conseillers d'état, où il va se placer auprès de M. de Ségur son père.

et que nul sacrifice n'est impossible pour le souverain qui lui réservait un si beau jour.

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Oui : J'en atteste l'honneur français. Telle est sa pensée. Lhonneur fiançais ! que de prodiges on peut faire avec ce seul mot! L'honneur français, dirigé par un grand homme, est un assez puissant, ressort pour changeer la face de l'uni

vers.

On a souvent nommé les rois d'illustres ingrâts : on a dit, non sans quelque raison, qu'ils mettaient trop tôt en oubli le dévouement de leurs sujets, et qu'auprès du trône il était plus utile de flatter que de servir. Combien le maître à qui nous sommes attachés, mérite peu ce reproche! Du haut point d'élévation qu'il occupe, il jette un regard équitable sur les talens qui sont au-dessous de lui; car il est trop élevé au ́dessus d'eux tous, pour ne pas les juger tous avec impartialité. Ses bienfaits préviennent à chaque instant ses serviteurs de toutes les classes, et particulièrement ses fidèles compagnons d'armes. Le pinceau des grands artistes est chargé de reproduire les grandes actions; les places publiques portent les noms des guerriers morts sur le champ de bataille et se décorent de leurs images; des arcs de triomphe s'élèrent à la gloire des armées françaises, et un temple voisin conservera sur des tables d'or, la mémoire des braves. C'est là qu'un héros veut donner à ses soldats une part de son immortalité. Il embellit leur vie par la fortune et les titres dus à leur courage. Il fait plus, il honore leur mort, et sa royale amitié ne néglige pas même le marbre de leurs tombeaux.

Quels dévouemens extraordinaires ne doit pas attendre un souverain si magnanime!

Aussi que de grandes choses il a fait exécuter dans un règne si court et si rempli!

Périsse à jamais le langage de l'adulation et de la flatterie! Je ne commencerai point à m'en servir dans les dernières paroles qui je prononce à cette tribune d'où je vais descendre pour toujours. Je n'ai point oublié les devoirs imposés à ce corps respectable et cher, dout j'ai l'honneur encore une fois d'être l'organe et l'interprête. Le corps législatif ne doit porter aux pieds du trône que la voix de l'opinion publique.

C'est avec elle seule que je louerai le prince. J'exprimerai franchement l'admiration qu'il m'inspire; j'en trouve l'ocea sion naturelle dans cette fête guerrière où brille toute sa gloire. L'élite de la Franee et de l'Europe est ici rassemblée, J'en appelle à leur témoignage. Tout ce que je vais dire de Jui sera merveilleux et véritable.

Transportons-nous par la pensée, dans l'avenir. Voyons ce héros comme la postérité doit le voir un jour, à travers les nuages du tems, C'est alors que sa grandeur paraitra, pour ainsi dire, fabuleuse. Mais trop de monumens attesteront les

merveilles de sa vie pour que le doute soit permis. Si nos derniers descendans veulent savoir quel est celui qui, seul, depuis l'empire romain, réunit l'Italie dans un seul corps ? l'histoire leur dira: c'est Napoléon. S'ils demandent quel est celui qui, vers la même époque, dissipa les hordes arabes et musulmanes au pied des Pyramides et sur les bords du Jour dain? 'histoire leur dira: c'est Napoléon.

Mais d'autres surprises les attendent. Ils apprendront qu'un homme, en quelques sorte désigné d'en haut, partit du fond de l'Egypte au moment où toutes les voix de la France l'appelaient à leurs secours et qu'il y vint rétablir les lois, la religion et l'ordre social menacés d'une ruine prochaine; cet homme encore sera Napoléon. Ils verront dans dix années, trente états changeant de forme, des trônes fondés, des trônes détruits. Vienne, deux fois conquise, et les successeurs du grand Frédéric perdant la moitié de leur héritage. Ils croiront d'abord que tant de révolutions et de victoires sont l'ouvrage de plusieurs conquérans. L'histoire, appuyée sur le témoignage unanime des contemporains, dissipera toutes les méprises.

Elle montrera toujours le même Napolén, fondant de l'Autriche sur la Prusse, poussant sa inarche victorieuse jusqu'aux dernières limites de la Pologne, s'élançant toute-à-coup du fond de la Sarmatie vers ces monts qui séparant la France des Espagnes, et striomphant près de ces régions où l'antiquité plaçait les bornes du monde.

Et cependant les prodiges ne seront pas épuisé! Il faudra retracer encore les bienfaits d'un code immortel; il faudra peindre lous les arts rappelant à Paris la magnificence de Rome antique; car il est juste que la ville où residé un si grand homme, devienne aussi la ville éternelle.

J'interroge maintenant tous ceux qui m'écoutent. En est il un seul qui désavoue le moindre trait de ce tableau ? Heureux les princes qu'on peat louer dignement avec la vérité? Heureux aussi l'orateur qui ne donne aux rois que des éloges justifiés par leurs actions! L'assemblée et les tribunaux renouvellent leurs applaudissemens et leurs acclamations.

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M. le président déclare que la session de 1809 est ter→ minée..

MM. les orateurs du gouvernement, ayant quitté la salle, le corps législatif se sépare.

30 Janvier.

PRÉFECTURE de polich.

Une ordonnance en date du 26 Janvier, portant réglement général pour les prisons du ressort de la préfecture de police, contient les dispositions suivantes:

TOME IV.

Dispositions générales.

Art. 1. Les concierges, ainsi qu'il est prescrit par la loi tiennent un registre, coté et paraphé à toutes les pages, sur lequel ils inscrivent de suite et sans aucun blanc, les prisonniers qui leur sont amenés, ainsi que l'acte ou l'ordre d'envoi ; ils y portent également en marge l'acte ou l'ordre de la remise de chaque prisonnier, la date de la sortie, ainsi que l'ordonnance, l'arrêté ou le jugement, en vertu duquel elle a lieu.

2. Le concierge de chaque maison et le commis au greffe, ne pourront jamais s'absenter l'un et l'autre à la fois; l'un d'eux sera toujours présent au greffe ou dans la maison.

Les concierges ne pourront jamais découcher sans y être au

torisés.

3. Tous les employés dans les prisons sont subordonnés aux concierges, dont ils reçoivent et exécutent les ordres.

4. Tous les prisonniers entrans, avant d'être introduits parmi les autres, seront visités par le médecin de la maison, afin d'être assuré qu'ils ne sont point malades; ceux qui seraient reconnus malades, seront placés dans l'infirmerie.

5. Les chambres et dortoirs des prisonniers non condamnés, seront ouverts à six heurs du matin, depuis le 1er Avril jusqu'au 1er Octobre, et à huit heurs le reste de l'année.

6. Les prisonniers seront renfermés dans les dortoirs et chambres; savoir, ceux qui ont des chambres particulières à neuf heures du soir, depuis le 1er Avril jusqu'au ler Octobre, et a six heurs le reste de l'année.

Les autres seront renfermés en tout tems, une demi-hears ayant la nuit. Lors de la fermeture, il sera fait un appel nominal de tous les prisoners.

7. Les concierges visiteront tous les jours les prisonniers placés au secret. Ils leurs feront prendre l'air lorsque les autres prisonniers ne se trouveront pas dans les cours, et ils les feront toujours accompagner par un employé.

8. Il est défendu aux prisonniers de troubler l'ordre et la tranquillité qui doivent régner dans les cours et promenoirs, pendant les heures de la promenade.

Ceux qui contreviendraient à cette défense, seront punis, pour la première fois, par la privation de promenade pendant trois jours, et en cas de recédive, pendant huit jours.

9. Aucun prisonnier ne pourra travailler dans le greffe, it ne pourra y rester momentanément que pour ses affaires personnelles, et après y avoir été appelé par le concierge.

10. Aucun prisonnier ne pourra, sous quelque prétexte que ce soit, s'arrêter dans les guichets; il ne pourra même passer d'un corps de logis à l'autre sous le prétexte de visiter les autres prisonniers ou autrement; les gardiens qui le souffriraient, seront punis, pour la première fois, par la privation de sortie pendant un mois, et la seconde fois ils seront destitués.

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