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routes s'ouvrent pour établir des communications entre les différens points des départemens.

La construction d'un grand nombre de ponts est entreprise. Ceux de Bordeaux, de Rouen, d'Avignon sur le Rhône, de Turin sur le Pò, sont les plus notables. Ceux de Bordeaux et de Rouen, ainsi que celui sur la Durance, qui a été achevé l'année dernière, étaient regardés comme impossible. Ua grand nombre d'autres ponts sont de même achevés.

Travaux de Paris.

Le canal de l'Ourcq et la distribution de ses eaux dans les différentes parties de Paris, sont l'objet d'une dépense, de 2,500,000 francs par an. Dans quelques années ces travaux seront complettement achevés. Déjà soixante fontaines répandent les eaux de l'Ourcq dans les principaux quartiers et marchés de la capitale. L'eau y'arrive et les arrose continuellement. La Seine, la Marne, l'Yonne, et l'Oise, sont l'objet de travaux considérables pour améliorer leur navigation.

La coupure de Saint-Maur, qui sera achevée l'année prochaine, abrégera la navigation de la Marue de cinq lieues, et donnera des eaux pour de nombreuses usines. Les écluses établies au Pont-de-l'Arche, à Vernon et à......faciliteront la navigation de la Seine, et d'autres écluses la prolongent jusqu'à Troyes et à l'Aube. Les ponts de Choisy de Besons et d'Jena, facilitent les communications ou concourent à l'embellissement de la capitale.

Le Louvre s'achève; on abat cette quantité de maisons qui se trouvent entre le Louvre et les Tuileries. Une seconde galerie réunit les deux palais.

Marine.

Nous avons perdu la Gaudeloupe et l'Isle de France. La volonté de secourir ces colonies ne devait point faire tenter la sortie de nos escadres dans l'état d'infériorité relative où elles se trouvaient.

Depuis la réunion de la Hollande, ce pays nous a fourni dix mille matelots et treize vaisseaux de ligne. Nous avons des flottes considérables dans l'Escaut et à Toulon. Des divisions. de vaisseaux de ligne plus ou moins fortes, sont dans les différens ports, et quinze vaisseaux sur les chantiers d'Anvers. Tout y est disposé de manière à ajouter chaque année un grand nombre de bâtimens de guerre à notre escadre de l'Escaut. Deux vaisseaux de ligne sont en construction à Cherbourg, et l'approvisionnement en bois et en matériaux de toute espèce y est si considérable, que nous en pourons mettre cinq sur le chantier avant la fin de 1811. L'Orient, Rochefort, Toulon, ont toutes leurs cales occupées. De nombreux vaisseaux se construisent à Venise.. Naples devait, suivant les traités, avoir cette année six vaisseaux de ligne et six frégates.

Ce royaume ne les a pas. Le gouvernement de ce pays sẽ convaincra de la nécessité de réparer cette négligence.

Nos ressources, notre navigation intérieure suffisent pour porter eu peu d'années le matériel de notre marine au même point que celui de nos ennemis.

Les essais faits sur la conscription maritime ont réussi; les jeunes gens dé 18, 19, et 20 ans mis à bord de nos vaisseaux montrent la meilleure volonté, et se forment rapidement.

Les fréquentes sorties de nos escadres, le cabotage, les évolutions de nos flottes et flotilles dans le Zuyderzée, l'Escaut, et nos rades, ont fait faire à nos jeunes conscrits des progrès qui donnent lieu de concevoir les meilleures espérances.

Guerre.

En une année la plupart des places fortes de l'Espagne ont été prises après des siéges qui honorent le génie et l'artillerie de l'armée française. Plus de deux cents drapeaux, quatrevingt mille prisonniers et des centaines de pièces de ca poa ont éte enlevés aux Espagnols dans plusieurs batailles rangées. Cette guerre tournait à sa fin, lorsque l'Angleterre sortant de sa politique accoutumée, est venue se présenter en première ligne. Il est facile de prévoir le résultat de cette lutte, et d'en comprendre tous les effets sur les destins du monde.

La population de l'Angleterre ne pouvant suffire à l'occupation des deux Indes, de l'Amérique et de plusieurs établis semens dans la Mediterranée; à la défence de l'Irlande et de ses propres côtes, aux garnisons et aux équipages de ses immenses flottes, à la consommation d'hommes d'une guerre opiniâtre soutenue contre la France dans la péninsule espagnole, bien des chances sont pour nous et l'Angleterre s'est placée entre la ruine de sa population, si elle persiste à soutenir cette guerre, ou la houte, si elle l'abandonne après s'être si fortemant mise en avant.

J

La France a 800,000 hommes sous les armes, et lorsque de nouvelles forces, de nouvelles armées marchent sur l'Espagne pour y combattre nos éternels ennemis, 400,000 hommes, 50,000 chevaux restant dans notre intérieur, sur nos côtes, sur uos frontières, prêts à se porter à la défense de nos droits, partout où ils pourraient se trouver menacés.

Le systême continental, qui se suit avec la plus grande constance, sappe la base des finances de l'Angleterre; déjà son change perd 33 pour 100; ses colonies sont sans débouchés pour leurs productions; la plupart de ses fabriques sont fermées........ Et le systême continental ne fait que de naître! Suivi pendant dix ans il suffirait seul pour détruire les ressources de l'Angleterre.

Ses revenus ne sont pas fondés sur le produit de son sol, mars sur le produit du commerce du monde; dès à présent, ses comptoirs sont à moitié fermés. Les Anglais espèrent en

vain du bénéfice du temps et des événemens que leurs pas sions allument, que des débouchés s'ouvriront pour leur

commerce.

Quant à la France, le systême continental n'a rien changé à sa position; nous étions depuis dix ans sans commerce maritime, et nous serons encore sans commerce maritime.

La prohibition des marchandises anglaises sur le continent a ouvert un débouché à nos manufactures; mais celui-là leur manquerait, que la consommation de l'empire leur en offre un raisonnable; c'est à nos fabriques à se régler sur les besoins de plus de 60 millions de consommateurs.

La prospérité du trésor impérial n'est pas fondée sur le commerce de l'univers. Plus de 900 millions qui sont nécessaires pour faire face aux dépenses de l'empire, sont le résultat d'impôts directs ou indirects naturels. Il faut à l'Angleterre, pour solder ses dépenses, deux milliards; et son revenu propre ne pourrait pas lui en fournir plus du tiers. Nous croirons que l'Angleterre pourra soutenir aussi long temps que nous cette lutte, lorsqu'elle aura passé plusieurs années sans emprunts, sans consolidation de billets de l'echiquier, et lorsque ses paiemens se feront en argent, ou du moins en papier échangeable à volonté.

Tout homme raisonnable doit être persuadé que la France peut rester dix sans dans l'état actuel sans éprouver d'autres embarras que ceux qu'elle éprouve depuis dix ans, sans augmenter sa dette et en faisant face à toutes ses dépenses.

L'Angleterre doit chaque année de guerre, emprunter 800 millions, ce qui, en dix ans, ferait huit milliards. Comment concevoir qu'elle puisse parvenir à supporter une augmentation de contributions de 400 millions pour faire face aux intérêts de ses emprunts, elle qui ne peut suffire aujourd'hui à ses dépenses qu'en empruntaut 800 millions de chaque année? Le système actuel des finances de l'Angleterre ne peut être fondé que sur la paix. Tous les systêmes de finances, basés sur des emprunts, sont en effet pacitiques de leur nature, puisqu'emprunter, c'est appeler les ressources de l'avenir au secours des besoins présens. Cependant l'administration actuelle de l'Angleterre a proclamé le principe de la guerre perpétuelle; c'est comine si le chancelier de l'échiquier avait annoncé qu'il proposera dans quelques années le bill de la banqueroute. Il est en effet mathématiquement démontré que vouloir pourvoir aux dépenses avec 800 millions d'emprunts annuels, c'est dé clarer que dans quelques années on n'aura plus d'autre ressource que la banqueronte. Cette observation frappe chaque jour les hommes clair-voyans; à chaque campagne, elle déviendra plus frappaute encore pour tous les capitalistes.

Nous sommes à la quatrième année de la guerre d'Espagne, mais ne fût-ce même qu'après quelques campagnes, l'Espagne sera soumise et les Anglais en seront chasses. Que sont quel Мммм

TOME IV.

ques années pour consolider le grand empire et assurer la tranquillité de nos enfans? Ce n'est pas que le gouvernement ne désire la paix ; mais elle ne peut se faire tant que les affaires de l'Angleterre seront dirigées par des hommes, qui toute leur vie ont fait profession de la guerre perpétuelle; et sans garantie, que serait cette paix pour la France? Au bout de deux ans, les flottes anglaises arrêteraient nos bâtimens et ruineraient nos places de Bourdeaux, de Nantes, d'Amsterdam, de Marseille, de Gênes, de Livourne, de Venise, de Naples, de Trieste, de Hambourg, comme ils l'ont déjà fait; une telle paix ne serait qu'un piége tendu à notre commerce; elle ne serait utile qu'à l'Augleterre, qui retrouverait un débouché pour son commerce, et qui changerait le systême continental. Le gage de la paix est dans l'existence de notre flotte et de notre puissance maritime. Nous pourrons faire la paix avec sûreté quand nous aurons 150 vaisseaux de ligne, et malgré les entraves de la guerre, la situation de l'empire est telle qu'avant peu nous aurons ce nombre de vaisseaux! Ainsi la garantie de notre flotte et celle d'une administration anglaise fondée sur des principes différens de ceux du cabinet actuel peuvent seuls donner la paix à l'univers. Elle nous serait utile sans doute, mais elle est désirable sous toute espèce de rapport; nous dirons plus, le continent, le monde entier la réclament; mais nous avons une consolation, c'est qu'elle est bien plus désirable encore pour nos ennemis que pour nous, et quelques efforts que fasse le ministère anglais pour étourdir la nation par la foule des pamphlets, et par tout ce qui peut tenir en action une population avide de nouvelles, il ne peat cacher au monde combien la paix devient tous les jours plus indispensable à l'Angleterre.

Ainsi Messieurs, tout dans le présent nous garantit un avenir aussi heureux que plein de gloire; et cet avenir, nous en trouvous un gage de plus dans cet enfant si désiré, qui enfin accordé à nos vœux, va perpétuer la plus illustre dynastie; dans cet enfant qui au milieu des fêtes dont votre réunion semble faire partie, reçoit déjà avec le grand Napoléon, et avec l'auguste princesse qu'il a associée à ses hautes destinées, les hommages d'amour et de respect de tous les peuples de l'empire.

Paris, le 1er Juillet.

Hier, dimanche, 30 Juin, S. M. l'empereur et roi a donné audience, au palais des Tuileries à S. Ex. M. le duc DelCampo-d'Alange, ambassadeur de S. M. le roi d'Espagne, qui a présenté ses lettres de créance à S. M.

S. Ex. a été conduite à cette audience avec trois voitures de la cour, par un maître et un aide des cérémonies; introduite

par S. Ex. le grand-maître, et présentée à S. M. par S. A. I. le prince vice-roi d'Italie, archi-chancelier d'état.

S. Ex. M. le baron de Lagerbielke, ministre plénipotentiaire de S. M. le roi de Suède, a été ensuite conduit dans le cabinet de S. M. dans les formes accoutumées, introduit par S. E. le le grand-maître des cérémonies, et présenté par S. A. I. le prince archi-chancelier d'état.

Après ces audiences, l'empereur s'étant place sur son trône, entouré des princes, des ministres, des grands-officiers de l'empire, des officiers de sa maison, des membres du sénat et de ceux du conseil d'état, a reçu une députation du corps législatif.

Cette députation a été conduite à l'audience par un maître et un aide des cérémonies, introduite par S. Ex. le grand-maître et présentée à S. M. par S. A. I. le prince de Bénévent, vicegrand-électeur.

$. Ex. M. le comte de Montesquiou, président du corps légis latif, a présénté à S. M. l'adresse suivante.

Sire,

Vos fidèles sujets, les députés des départemens au corps législatif, ne sauraient reprendre leurs travaux sans porter à V. M. un nouveau tribut de leur fidélité.

De grandes provinces réunies à cet empire, des travaux immenses entrepris pour sa prospérité et pour sa gloire, tous les arts occupés d'embellir nos villes et d'offrir aux campagnes des moyens inconnus de circulation et d'abondance, sont les nouveaux bienfaits de V. M. envers ses peuples, et les objets particuliers de notre reconnaissance; nous aimons à célébrer des conquêtes qui facilitent les relations des peuples policés, et ramennent le commerce vers cette population intérieure, source féconde de tous les échanges et de tous les produits.

An milieu de ces grandes entreprises, l'ordre et l'abondance règnent dans le trésor public, une sagesse éclairée recherche tour ce qui s'égare, et fait sortir des plus frivoles de nos besoins des richesses inconnues.

Quels ennemis de notre repos pourraient troubler cette heureuse harmonie! La religion, Sire, ne prétend à aucun empire sur la terre; fille du ciel, elle rejette tous les droits étrangers à sa sublime origine, et satisfaite de donner à l'obéissance un caractère plus auguste, elle ne veut être indépendante que de nos vices et de nos faiblesses.

L'Espagne fatiguée de ne servir que la haine de nos ennemis, les abandonnera à leur vains efforts; alors se terminera cette lutte sanglante, et nous avons pour gage de nos triomphes lą parole infaillible de V. M.

Sire, un seul sentiment règne dans cet empire, et c'est votre bonheur qui le fait naître. Cet enfant auguste accordé à nos vœux, et déjà le plus tendre objet de vos affections et de nos es

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