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maltre des cérémonies de service, et présentée à S. M. par S. A. S. le prince archi-chancelier de l'empire.

M. Doormann, président de la députation, a présenté à l'empereur une adresse à laquelle S. M. a répondu.

Adresse de la députation des villes de Hambourg, Lubeck et Bremen.

Sire,

Votre majesté impériale et royale voit aux pieds de son trône les députés de trois villes, dont deux ont été fondées par Charlemagne, et que Napoléon a réunies à son empire.

Sire, l'histoire de Hambourg, de Lubeck et de Bremen est scellée de la ligue anséatique; cette ligue commerçante et guerrière qui a civilisé l'Europe dans le moyen âge, vivifié les côtes arrosées par les deux mers du Nord, qui a conçu et exécuté en partie ce beau projet de l'affranchissement du commerce européen; pour de telles entreprises un grand homme suffit, mais dans l'absence des héros, les hommes et les peuples ont besoin de ligues et de confédérations ; nous avons du moins la gloire d'avoir commencé ce qu'achève votre puissance; nous vous remettons avec confiance l'héritage de prospérité que les siècles nous ont transmis.

Sire, ce qui arrive était, pour ainsi dire, écrit d'avance dans les annales de nos tems modernes; partout on voit les villes anséatiques rivales de l'Angleterre et amies de la France; toujours, depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIV, depuis le 9e jusqu'au 18e siècle, les plus illustres comme les plus sages des reis vos prédécesseurs, ne cessent de nous soutenir, de nous protéger, de nous défendre; ainsi, tous les prouostics de l'histoire nous annonçaient que, s'il arrivait un tems où nous devious être agrégés à un autre empire, ce serait pour nous trouver dans les rangs que nous marquaient l'attachement, la reconnaissance et la mémoire des rapports politiques et com

merciaux.

Sire, de tous tems nous avons été Français par le cœur et par les préférences. Si l'anarchie qui a précédé le règne de votre majesté avait un moment relâché ces liens si vieux et si doux, nous nous sommes empressés de les resserrer dès que votre avènement au pouvoir a rassuré le monde et l'ordre social, et vos nouveaux sujets ne peuvent, Sire, vous jurer de vous être plus fidèles qu'ils ne sont montrés depuis dix ans, dévoués à vos volontés, obéissans à votre système, prêtant à l'accomplissemeut de vos desseins, le courage de tous les efforts et de tous les sacrifices, et il est consolant et doux pour les honorables souvenirs de notre patrie, de croire que notre indépendance ne pouvait céder qu'à celui qui à tout cède, et que notre existence politique ne devait finir qu'à l'époque où les destins voulaient que le Tibre et l'Elbe coulassent sous les mêmes lois.

Si votre majesté, de ce haut point d'élévation d'où elle voit les choses humaines, permet quelqu'orgueil à notre faiblesse, nous oserons penser encore que nous n'entrons pas comme do territoire vulgaire, comme une acquisition obscure dans ce cercle immense de provinces étonnées, et heureuses d'obéir à un seul maître; notre antique et commune origine, l'activité de notre industrie, la gloire de notre commerce qui a si souvent alarmé l'Angleterre, la renommée de notre loyauté, la simplicite de nos inceurs privées, la splendear de nos établis semens publics, ce mélange heureux d'aristocratie sans mogne, et de démocratie saus orages, cette police spartout sentie et nulle part aperçue, cette alininistration vigilante et paternelle, faible image de ce gouvernement dont votre majesté étend sur l'Europe presqu'entière le bienfait et le miracle; ces travaux désintéressés, enfin ces institutions en faveur des pauvres dont les rois nous envoyaient demander le secret et le modèle, voilà, Sire, ce que nous faisons pour la patrie; voilà peut-être ce qui nous rend dignes d'être Français sous le règne de votre majesté.

Si quelque chose manquait à notre activité, à notre industrie, à ce systême de commerce qu'avoue la morale et que la sagesse conseille, celui que V. M. recommande, accueille et préfère, à ce commerce qui n'est point un jeu mais, un travail; qui n'est point une loterie, mais un calcul; qui ne vend pas des propriétés illusoires et des richesse chimériques, mais des productions réelles; si quelque chose enfin manquait à nos cités à ces entrepôts de l'univers, c'était on territoire, son empire, et puisqu'il appartient à votre génie d'anéantir les distances ainsi que les obstacles, puisqu'il lui plaît de commander aux fleuves, d'entrer dans des routes nouvelles pour mieux réunir les mers, nous verrons les produits de tous ces climats rassemblés sous votre sceptre, les fruits de l'Ibérie, de la Provence et des Calabres, arriver sans douanes et sans barrières jusqu'aux magasins de Hambourg, de Bremen et de Lubeck, qui pourront les offrir dès aujourd'hui au continent septentrional, et bientôt à l'océan libre et pacifié. Sire, nous remplirons avec bonheur le devoir d'apprendre bientôt à ceux que nous ont envoyés ce que déjà publiait la rénommée, mais ce qu'on sait bien mieux autour de votre trône et dans votre ville impériale; nous voulons dire avec quels soins, avec quelle prévoyance paternelle V. M. I. traite ses nouvelles familles adoptives dont nous faisons partie; nous le savons, Sire, tandis que V. M. présente à leurs premiers citoyens pour alimens de leur ambition, pour récompense de leur dévoue ment le partage des diguités et des places de son empire, elle s'attache en même tems les classes les plus utiles et les plus obscures par les liens des bienfaits et de la reconnaissance, elle ordonne les ménagemens les plus bienveillance, les plus touchans égards pour les besoins, pour les maux, pour les mœurs, pour les habitudes, pour les préjugés même!......Invincible

séduction de la puissance unie à la bonté qui assure V. M. que ses anciens sujets, nos aînés en amour et en gloire, seront bientôt égalés par la plus active et la plus douce des rivalités Sire, permettez-nous de croire qu'à une de ces époques où vous parcourez vos royaumes comme les autres rois parcour raient leur provinces, vous voudrez peut-être après avoir recueilli les bénédictions de vos peuples du midi dans la capitale des Césars, venir recevoir les hommages de vos peuples du Nord, dans ces lieux historiques qu'a visités le premier et jusqu'à vous le plus grand des empereurs modernes! Combien il nous serait doux à nous-mêmes d'obtenir ce dernier bienfait de V. M. I. et R. de sortir de cette auguste audience pour remporter dans nos murs qui vu Charlemagne, l'espérance de voir Napoléon-le-grand.

Réponse de Sa Majesté.

"Messieurs les députés des villes anséatiques de Ham"bourg, Brême et Lubeck, vous faisiez partie de l'empire 66 germanique: votre constitution a fini avec lui. Depuis ce "tems,, votre situation était incertaine. Je voulais reconsti

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tuer vos villes sous une administration indépendante, lorsque "les changemens qu'ont produits dans le monde les nouvelles "lois du conseil britannique, ont rendu ce projet imprati"ble. Il m'a été impossible de vous donner une administra"tion indépendante, puisque vous ne pouviez plus avoir un "pavillon indépendant.

"Les décrets de Berlin et de Milan sont la loi fondamentale

"de mon empire, Ils ne cessent d'avoir leur effet que pour les nations qui défendent leur souveraineté et main"tiennent la religion de leur pavillon, L'Angleterre est "en état de blocus pour les nations qui se soummettent aux "arrêts de 1806, parce que les pavillons qui se sont ainsi "soumis aux lois anglaises sont dénationalisés; ils sont

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anglais. Les nations, au contraire qui ont les sentimens de "leur dignité et qui trouvent dans leur courage et dans leur "forces, assez de ressources pour méconnaître le blocus "sur par notification, vulgairement appelé blocus sur le "le papier, et aborder dans les ports de mon empire autres que ceux réellement bloqués en suivant l'usage reconnu et "les stipulations du traité d'Utrecht, peuvent communiquer "avec l'Angleterre. L'Angletrre n'est pas bloquée pour **elles. Les décrets de Berlin et de Milan, dérivant de la "nature des choses, formeront constamment le droit public "de mon empire pendant tout le tems que l'Angleterre main"tiendra ses arrêts du conseil de 1807 et 1808, et violera les stipulations du traité d'Utrecht sur cet matière.

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"L'Angleterre a pour principe de saisir les marchandises ་་ appartenant à son ennemi, sous quelque pavillon quelles "soient. L'empire a dû admettre le principe de saisir les

TOME IV.

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"marchandises anglaises ou provenant du commerce de l'An"gleterre sur quelque territoire que ce soit. L'Angleterre "saisit les voyageurs, les marchandises, les charretiers de la "nation avec laquelle elle est en guerre, sur toutes les mers. "La France a dû saisir les voyageurs, les marchands, les "charretiers anglais sur quelque point du continent qu'ils se "trouvent et où elle peut les attiendre: et si, dans ce systême "il y a quelque chose de peu conforme à l'esprit du siècle, "c'est l'injustice des nouvelles lois anglaises qu'il faut en

66 accuser.

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"Je me suis plu à entrer dans ces développemens avec vous, pour vous faire voir que votre réunion à l'empire est une "suite nécessaire de lois britanniques de 1806 et 1807, et non "l'effet d'aucun calcul ambitieux. Vous trouverez dans "mes lois civiles une protection que, dans votre position mari"time, vous ne sauriez plus trouver dans les lois politiques. Le commerce maritime, qui a fait votre prospérité, ne peut "renaître désormais qu'avec ma puissance maritime. Il faut reconquérir à la fois les droits des nations, la liberté des mers et la paix générale. Quand j'aurai plus de cent vaisseaux de haut-bord, je soumettrai dans peu de campagnes "l'Angleterre. Les matelots de vos côtes et les matériaux "qui arrivent aux débouchés de vos rivières me sont néces66 saires.

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"La France dans ses anciennes limites ne pouvait construire 66 une marine, en tems de guerre: lorsque ses côtes étaient "bloquées, elle était réduite à recevoir la loi. Aujourd'hui, par l'accroissement qu'a reçu mon empire depuis six ans, 66 je puis construire, équiper et armer vingt-cinq vaisseaux de "haut-bord par an, sans que l'état de guerre maritime puisse "empêcher ou me retarder en rien.

"Les comptes qui m'ont été rendus du bon esprit qui anime vos concitoyens, m'ont fait plaisir; et j'espère, avant peu, avoir à me louer du zèle et de la bravoure de vos "matelots,"

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Paris, 21 Mars,

Oldenbourg, le 1er Mars,

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M. de Keverberg, préfet du département de l'Ems-Supérieur, chargé de prendre possession du duché d'Oldenbourg, a terminé cette opération le 28 du mois dernier,

Cette auguste cérémonie a été célébrée avec toute la solennité et l'éclat que permettaient les localités. M. le général baron de Sailly, commandant dans le ci-devant duché d'O!denbourg; M. Fredy-Comberten, sous-préfet provisoire de l'arrondissement d'Oldenbonrg, et les autorités civiles et militaires en résidence dans la ville s'étaient réunis chez M. le commissaire impérial, tendis que le clergé d'Oldenbourg ras

semblé à l'hôtel de la régence, se rendait à l'église luthé rienne.

Le commissaire impérial, accompagné des autorités ci-dessus désignées et de M. Vonder Decken, grand-drossart du duché, ne tarda point à se rendre à l'église, et après avoir prononcé un discours analogue à la circonstance, il proclama la réunion du duché d'Oldenbourg à l'empire français.

M. Vonder Decken obtint en suite la parole, et déclara, tant en son nom qu'en celui des fonctionnaires publics présens et de ses compatriotes, que le prince de Holstein les ayant dégagés de leur ancien serment, ils étaient prêts à jurer obéissance et fidélité à l'empereur Napoléon.

Le nouveau serment fut prêté avec acclamation par tous les fonctionnaires publics oldenbourgeois qui assistaient à la céré monie, et le procès verbal en fut aussitôt dressé.

On lut ensuite l'acte de prise de possession, qui dans la même journée fut proclamé dans toute la ville.

L'assemblée en cortége escortée comme elle l'avait été à son arrivée par la garnison de la ville, retourna à l'hôtel du commissaire impérial. Le plus grand ordre a présidé à la cérémonie, qui n'a été interrompue que par des démonstrations de joie, et le cri répété de vive l'empereur.

Paris, le 20 Mars.

Aujourd'hui, 20 Mars, à neuf heures vingt minutes du matiu, l'espoir de la France a été rempli: S. M. l'impératrice est heureusement accouchée d'un prince; le roi de Rome et son auguste mère sont en parfaite santé.

Le 19, entre huit et neuf heures du soir, S. M. ressentit les premières douleurs. Les princes et princesses de la famille, les princes grands-dignitaires, les ministres, les grands-officiers de la couronne, les grands-officiers de l'empire et les dames et officiers de la maison, avertis par la dame d'honneur, se sont rendus au palais des Thuileries.

Depuis neuf heures jusqu'à six heures du matin les douleurs se sont succédées avec des intervalles; à six heures, elles se sont ralenties; mais à huit elles ont repris avec plus de vivacité, sans interruption, et se sont terminées par la plus heureuse délivrance.

L'empereur, qui pendant tout le travail, n'a pas cessé de prodiguer à l'impératrice les soins les plus touchans, a montré à cet heureux instant la plus vire satisfaction, et sachant avec quelle impatience le peuple français attendait le moment où il pourrait partager sa joie, S. M. a donné l'ordre de faire tirer les salves de cent-un coups de canon, qui devaient annoncer à la France ce grand événement.

Dès que l'enfant a été présenté à S. M. l'empereur, la goue GG GG 2

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