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jusqu'ici. (7).

L'habileté consommée, la prudence et la perseverance du Lieutenant-général lord Wellington, et la discipline ainsi que la bravoure des officiers et soldats sons ses ordres, se sont déployées éminemment dans tout le cours de la campagne. Les effets que ces grandes qualités ont produits en inspirant de la confiance et de l'énergie aux troupes des alliés de sa majesté, se sont heureusement fait voir par leur bonne conduite en général.

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drigo, Olivenza, 25,000 hommes de l'armée de vos alliés; vous avez livré le pays entre le Tage; vous l'avez brûlé, dévasté, c'est alors que vous osez dire que le principal objet des efforts de S. M., la défense du Portugal, a été accompli et que les desseins de l'ennemi ont été déjoués. Plût à Dieu que Wellington défende un jour ainsi l'Angleterre!

(7.) Jusqu'ici. Ce mot est digne de remarque. Ainsi vous vous vantez d'avoir abandonné les trois quarts du Portugal; d'avoir saccagé le pays, dont Vous vous disiez les teurs et que vous regardiez proteccomme le vôtre et vous n'êtes pas sûrs de le conserver. Vous dites jusqu'ici; c'est un aveu que l'évidence des faits arrache au ministère anglais.

Pour nous, nous vous dirons clairement que nous désirous que ce jusqu'ici s'étende fort loin; que si le jour où notre armée s'embarquera doit être un jour de fête, ce n'est que pour le peuple anglais, que les avantages de la lutte actuelle seront d'autant plus grauds pour nous que vous y mettrez plus d'enjeux.

Il faut qu'elle soit forte pour être décisive, qu'elle soit longue pour produire tous ses résultats. Une armée de 60,000 Anglais campée sur les hauteurs de Lisbonne, forcée à tirer de Londres jusques à la paille dont elle a besoin; l'Angleterre obligée à entretenir constamment à l'embouchure du Tage, 600 transports et 20,000 marins, ayant à nourrir, non-seulement 80,000 soldats ou matelots, mais encore 400,000 hommes, femmes ou eufans réfugiés à Lisbonne, et

concentrés sur un seul point; dever, enfin fournir à toutes ces dépenses avec un change qui pera 33 pour cent, c'est déjà ce qu'il peut y avoir de plus avantageux pour la France dans la lutte actuelle. C'est le complément du systême continental, qui diminue d'un côté vos recettes en réduisant votre commerce, et qui d'autre part, augmente vos dépenses en vous obligeant à avoir des armées en Sicile et à Lisbonne. C'est qu'on peut appeler en termes vulgaires, vous faire brûler la chandelle par les deux bouts. En attendant, l'armée française, selon la loi fondamentale, vit du pays sur lequel elle fait la guerre, et ne nous coûte que la solde que la France serait obligée de payer partout.

Enfin, si Massena, ayant reçu ses renforts et son artillerie de siége, veut marcher contre vous, après avoir éteint vos batteries; ou si, vous-mêmes fatigués de cette lutte ruineuse, vous marchez à lui, qu'arrivera-t-il ? Si vous êtes victorieux, vous n'aurez aucun résultat; car à peine aurezvous fait deux marches, que vous rencontrerez de nouvelles armées. Vaincus, vous êtes perdus. Soixante mille hommes pour l'Angleterre équivalent à cinq cent mille hommes pour la France. Les deux pays sont dans le rapport de un à trois pour leur population; ils sont encore dans le même rapport quant à l'immensité des contrés où vous êtes obligés d'avoir des troupes, ce qui établit la proportion de un à neuf.

Nous ignorons quelles sont

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les dispositions du cabinet des Thuileries; mais nous désirons de toutes nos forces que le prince d'Esling manœuvre au lieu de vous attaquer, et vous retienne ainsi quelques années. Le résultat serait; pour vous une centaine de millions ajoutés à votre dette; et pour nous, la certitude d'une soumission plus absolue de la péninsule. Lorsqu'il s'agit d'une si grande étendue de continent, qu'est-ce que quelques années? Toutes les nations qui ont été assujéties, se sont défendues pendant plusieurs années. Vous seuls avez offert cet exemple Inouï dans l'histoire d'une nation vaincue dans une seule bataille, et tei

vos vainqueurs, que vos lõis, vos coutumes, tout vous a été ravi par une seule victoire.

et particulièrement par la part lement soumise aux Normands brillante qu'elles ont eue à l'affaire de Busaco, où l'ennemi a été repoussé, (8.), et S. A. R. nous ordonne encore de vous dire qu'elle a la confiance que vous la mett ez en état de continuer à douuer les secours les plus efficaces à la brave nation de la Péninsule, pour l'aider à soutenir la lutte qu'elle montre l'intention de

(8.) L'affaire de Busaco, de quelque mamère qu'elle se soit passée et quelle que soit l'exactitude des relations publiées de part et d'autre, a-t-elle atteint le but du général français ou celui du général anglais ?

Le but du général anglais, tel qu'il l'indique lui-même, en ces termes, dans sa dépêche du 30 Septembre, "Quoique je craigne de ne pouvoir réussir à atteindre le but que j'avais eo passant le Mondego, et en occupant la Sierra de Busaco, je ne regrette point de l'avoir fait," étaitde défendre Ja position de Mongedo, dont la droite s'appuyait à cette revière et aux montagues inaccessibles de la rive droit du Zezère, qui se jette dans le Tage à 30 lieues de là; et dont la gauche s'étendait sur des montagues, dont les contre

TOMB IV.

forts vont s'appuyer sur le Douro. Par cette position centrale, le général anglais n'obtenait pas la gloire de défendre le Portugal, puisque déjà il a abandonné trente lieues de pays à l'ennemie. Pour défendre le Portugal, il aurait fallu qu'il fit lever le siége d'Almeida, ou du moins qu'il occupât les belles positions de Guarda. Cependant, ayant jugé convenable de prendre la position de Busaco, il couvrait les trois quarts du Portugal, il protégeait les belles vallées du Tage et du Mondego, il tenait toute l'armée française éloignée de quarante lieues de la capitale; il gardait ses communications avec Oporto et avec toutes les provinces au-delà du Douro, dont il restait maitre. L'armée française du Portugal demeurait séparée de plus de quatre-vingt lieues de l'armée du midi, et ne conservait pour subsister qu'un pays que Wellington avait dévasté avec méditation, et en y mettant tout le tems nécessaire pour que la devastation fût complette; elle se trouvait ainsi réduite à faire venir d'Espagne ses convois, par des chemins impraticables, et, au moment de la saison des pluies, elle aurait été séparée de l'Espague et obligée de retourner sur Almeida. L'armée anglaise occupant la position de Busaco, le Portugal presqu'entier lui procurait des subsistances, et ne fournissait rien à l'armée française. Si le géné ral anglais s'était donc maintenu pendant quinze jours seulement dans la position de Busaco, il aurait pu se vanter d'avoir gagné la campagne et DDDD

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défendu le Portugal; on au rait à la vérité été dans le cas de lui reprocher le ravage de trente lieues de pays, mais ce reproche ne serait pas resté sans répouse, s'il avait forcé l'armée française à évacuer ce pays même, et prouvé par le fait que ces ravages avaient contribué aux succès de la campagne.

Toutes ces combinaisons, toutes ces considérations n'ont point échappé au général anglais; il voulait défendre sa position, et on s'est battu à Busaco. Le résultat de la bataille a été le passage du Mondego, l'évacuation de Coimbre, et une retraite à marches forcées sur Lisbonne. Daus sa précipitation, Wellington n'a pu ravager que l'espace d'une lieue à la droite et à la gauche de sa route, et l'armée française arrivant presqu'en même tems que lui à la vue de ses vaisseaux, a trouvé des provisions immeuses dans les belles vallées du Tage. Le général français a fait tout ce qu'il a voulu faire; le général anglais n'a rien fait de ce qu'il voulait faire; la journée de Busaco a rendu inutiles tous. les ravages qu'il a exercés et que les Portugais lui reprocheront à jamais. Lorsqu'ils voudront apprendre à leurs enfans comment les Anglais défendent un pays, ils leur montreront les ruines de leurs villages, de leurs châteaux et de leurs villes.

Que plusieurs brigades, emportées par cette brillante impétuosité des troupes françaises, aient voulu franchir des hauteurs inaccessibles, qu'elles y soient parvenues, et qu'elles

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