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Elle a également démontré le désavantege et l'inconvénient d'une négociation à Paris.

S. M. veut traiter avec la France, mais elle ne veut traiter que sur le pied d'une égalité parfaite. Elle est prête à traiter avec les alliés de la France; mais la négociation doit également embrasser les intérêts des alliés de la Grande-Bretagne.

Aussitôt que les bases d'une négociation auront été déterminées d'une manière satisfaisante, et qu'on sera convenu d'un lieu contre lequel il ne puisse être fait d'objection, S. M. sera disposée à nommer des plénipotentiaires pour se réunir à ceux des autres puissances engagées dans la guerre; mais S. M. ne consentira pas de nouveau à envoyer ses plénipotentiairee dans une capitale hostile.

Mais, lorsque S. M. a permis au soussigné d'adresser cette exposition franche et nullement équivoque de ses sentimens au ministre de l'empereur d'Autriche, elle a en même tems chargé le soussigné de lui déclarer que n'ayant reçu aucune preuve authentique d'une commission reçue par le prince Star hemberg pour entrer en explication au nom du gouvernement français, et donner des assurances par lesquelles ce gouvernement puisse être lié, S. M. n'a pas prescrit au soussigné d'autoriser le prince de Starheinberg à parler, au nom de S. M. au gouvernement français.

Le soussigné a l'honneur de prier le prince de Starhemberg, d'agréer l'assurance de sa haute considération.

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Au bureau des affaires étrangères, le 8 Janvier, 1808.

4.

NÉGOCIATION A LA SUITE DE L'ENTREVUE D'ERFURTH.

No. I.

Copie de la lettre de LL. MM. les empereurs de France et de
Russie à S. M, le roi d'Angleterre.

Sire,

Erfurth, le 12 Octobre, 1808.

La

Les circonstances actuelles de l'Europe nous ont réunis à Erfurth. Notre première pensée est de céder au vœu et aux besoins de tous les peuples, et de chercher, par une prompte pacification avec V. M. le remède le plus efficace aux malheurs qui pèsent sur toutes les nations. Nous en faisons connaître notre sincère désir à V. M. par cette présente lettre. guerre longue et sanglante qui a déchiré le continent, est terminée, sans qu'elle puisse se renouveler. Beaucoup de changemens ont eu lieu en Europe, beaucoup d'états ont été bouleversés. La cause est dans l'état d'agitation et de malheurs où la cessation du commerce maritime a placé les grands peuples. De plus grands changemens encore peuvent avoir lieu, et tout contraires à la politique de la nation anglaise.

La

paix est donc àfla fois dans l'intérêt des peuples du continent, comme dans l'intérêt des peuples de la Grande-Bretagne.

Nous nous réunissons pour prier V. M. d'écouter la voix de l'humanité, en faisant taire celle des passions, de chercher, avec l'intention d'y parvenir, à concilier tous les intérêts, et par là garantir toutes les puissances qui existent, et assurer le bonheur de l'Europe et de cette génération, à la tête de las quelle la providence nous a placés.

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Copie de la lettre du ministre des relations extérieures à M. Canning.

(Jointe à la lettre des deux empereurs,)

Monsieur,

Erfurth, le 12 Octobre, 1808,

J'ai l'honneur d'adresser à V. Exc. une lettre que l'empereur des Français et celui de toutes les Russies écrivent à S. M. britannique. Sans doute la grandeur et la sincérité de cette démarche seront appréciées: on ne peut attribuer à faiblesse ce qui est le résultat de l'intime liaison des deux plus grands monarques du continent, unis pour la paix comme pour la guerre.

S. M. l'empereur m'a chargé de faire connaître à V. Exc, qu'elle a nommé des plénipotentiaires, qui se rendront dans la ville du continent où S. M. le roi de la Grandes Bretagne et ses alliés enverront leurs plénipotentiaires. Quant aux bases de la négociation, LL. MM. sont disposées à adopter celles précédemment proposées par l'Angleterre même savoir, l'uti possidetis, et toute autre base fondée sur la justice et sur la réciprocité et l'égalité qui doivent régner entre toutes les grandes nations.

J'ai l'honneur d'ètre, &c.

(Signé)

No. III.

CHAMPAGNY.

Copie de la lettre de M. le comte de Romanzoff à M. Canning, (Jointe à la lettre des deux empereurs.)

Monsieur,

Erfurth, le 12 Octobre, 1808.

J'envoie à V. Exc. une lettre que les empereurs écrivent au roi d'Angleterre. S. M. l'empereur de Russie se flatte que l'Angleterre appréciera la sincérité et la grandeur de cette démarche; elle ne peut attribuer à faiblesse ce qui est le résultat de l'union intimne des deux plus grands monarques du continent, unis pour la paix comme pour la guerre.

S. M. m'a chargé de faire connaître à V. Exc. qu'elle a nommé des plénipotentiaires, qui se dirigeront leurs plénipotentiaires; et que, quant aux bases de la négociation, LL MM. ne trouvent pas d'inconvénient à adopter toutes celles précédemment proposées par l'Angleterre même; savoir l'uti possidetis, et toute autre base fondée sur la justice et sur la réciprocité et l'égalité qui doivent régner entre toutes les grandes nations.

J'ai l'honneur d'être, &c.

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Copie de la lettre de M. Canning à M. de Champagny (Remise au courrier français, porteur des premières lettres,) Londres, 22 Octobre, 1808.

Monsieur,

J'ai l'honneur d'accuser réception à V. Exc. de la lettre qu'elle m'a adressée d'Erfurth, en date du 12 courant, et à laquelle était jointe une lettre adressée au roi, mon maître.

Je ne perdrai pas de tems à mettre ces lettres sous les yeux de S. M., et à vous en transmettre les réponses à Paris par un messager,

J'ai l'honneur d'être, etc.

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Traduction de la lettre de M. Canning à M. le comte de

Champagny,

(Apportée par un courier anglais.)

Monsieur,

Londres, le 28 Octobre, 1808,

Ayant mis sous les yeux du roi, mon maître, les deux lettres que V. Exc. m'a transmises d'Erfurth, dont une était adressée à S. M., j'ai reçu l'ordre de S. M. de répondre à cette lettre par la note officielle que j'ai l'honneur de joindre ici.

Il m'est ordonné d'ajouter que S. M. ne tardera pas à com muniquer au roi de Suède et au gouvernement d'Espagne, les propositions qui ont été faites à S. M.

V. Exc. sentira qu'il est nécessaire que S. M. reçoive, sans délai, l'assurance que l'admission du gouvernement d'Espagne comine partie dans la négociation, est entendue et consentie par la France.

Lorsqu'on aura reçu la réponse de V. Exc. sur ces points, et aussitôt que S. M. connaîtra les sentimens du roi de Suède et du gouvernement d'Espagne, je recevrai l'ordre de S. M. de correspoudre avec V. Exc. sur les autres points de votre lettre, J'ai l'honneur, &c. (Signé)

GEORGE CANNING,

No. VI.

Traduction de la note de M. Canning addressée à M. le comte de Champagny.

(Jointe à la lettre du même jour.)

Londres, le 28 Octobre, 1808.

Le roi a constamment déclaré qu'il désirait la paix, et qu'il était prêt à entrer en négociation pour une paix générale, sur des termes conformes à ce qu'exigent l'honneur de sa couronne, sa fidélité à ses engagemens, le repos durable, et la sécarité de l'Europe. S. M. répète cette déclaration.

Si l'état du Continent est en état d'agitation et de misère," si plusieurs états ont été renversés, si d'autres encore sont menacés de l'être, c'est une consolation pour le roi de penser qu'aucune partie de ces convulsions qu'on a déjà éprouvées ou dont on est menacé pour l'avenir, ne peut, en aucun point, lui être imputée.

Le roi reconnaît volontiers que d'aussi terribles changemens sont en effet contraires à la politique de la Grande-Bretagne.

Si la cause de tant de misère se trouve dans la stagnation des relations commerciales, quoiqu'on ne dût point attendre de S. M. qu'elle apprît seulement avec regret que le systême ima giné pour la destruction du commerce de ses sujets est retombé sur ceux qui en ont été les auteurs ou les instrumens, cependant il n'est ni dans les dispositions de S. M. ni dans le carac tère du peuple sur lequel elle règne, de se réjouir des privations et des malheurs des nations mêmes qui se sont coalisées contre lui.

S. M. désire avec sollicitude la fin des souffrances du Continent.

En s'engageant dans la guerre actuelle, elle a eu pour objet immédiat la sûreté nationale. Cette guerre ne s'est prolongée que parce que ses ennemis n'ont offert aucun moyen de la ter miner avec sécurité et d'une manière honorable.

Mais, dans le cours d'une guerre commencée pour sa propre défense, de nouvelles obligations ont été imposées à S.'M. en faveur des puissances que les agressions d'un ennemi commun ont forcées de faire cause commune avec elle, ou qui ont sollicité l'assistance et l'appui de S. M. pour le recouvrement de l'indépendance nationale.

Les intérêts de la couronne de Portugal et ceux de S. M. sicilienne sont confiés à l'amitié et à la protection de S. M.

S. M. tient au roi du Suède par les liens de la plus étroite alliance, et par des stipulations qui unissent leurs conseils pour la paix comme pour la guerre.

S. M. n'est encore liée à l'Espagne par aucun acte formel; mais elle a contracté avec cette nation, à la face de l'univers, des engagemens non moins sacrés, et qui, dans l'opinion de S. M. la tient autant que les traités les plus solennels. S. M.

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suppose donc qu'en lui proposant des négociations pour la paix générale, les relations subsistant entre elle et la monarchie espagnole ont été clairement prises en considération, et que l'on a entendu que le gouvernement, agissant au nom de Ferdinand VII, ferait partie dans les négociations dans lesquelles S. M. est invitée à entrer.

No. VII.

Copie de la lettre de M. Canning à l'ambassadeur de Russie à Paris.

(Cette lettre a été remise à M. de Romanzoff, elle était accompagnée d'une note de M. Canning en date du 28 Octobre, entièrement conforme à celle adressée à M. de Champagny.)

Monsieur l'ambassadeur,

Londres, le 28 Octobre, 1808.

Ayant mis sous les yeux du roi mon maître les deux lettres que M. le comte Nicolas de Romanzoff m'a transmises d'Erfurth, j'ai recu les ordres de S. M. de répondre à celle qui lui est adressée, par la note officielle que j'ai l'honneur d'envoyer ci-jointe à V. Exc.

Quelque disposée qu'aurait pu être S. M. à répondre di rectement à S. M. l'empereur de Russie, vous ne sauriez ne pas sentir, monsieur l'ambassadeur, que par la façon inusitée dont les lettres signées par S. M. I. ont été rédigées, et qui les a privées entièrement du caractère d'une communication particulière et personnelle, S. M. s'est trouvée dans l'impossibilité de se servir de cette marque de respect envers l'empereur de Russie, sans reconnaître en même temps des titres que S. M. n'a pas reconnus.

J'ai ordre d'ajouter au contenu de la note officielle, que S. M. s'empressera de communiquer à S. M. le roi du Suède, et au gouvernement actuel de l'Espagne, les propositions qui lui ont été faites.

V. Exc. verra qu'il est de toute nécessité que S. M. soit immédiatement assurée que la France reconnaisse le gouverne ment de l'Espagne comme partie à toute négociation. Que telle soit l'intention de l'empereur de Russie, S. M. ne peut pas en douter.

S. M. se rappelle avec satisfaction le vif intérêt que S. M. I. a toujours témoigné pour le bien-être et la dignité de la monarchie espagnole, et elle n'a pas besoin d'autre assurance que S. M. I. ne saurait avoir été induite à sanctionner par sa concurrence ou par son approbation des usurpations dont le prin cipe n'est pas moins injuste que l'exemple en est dangereux pour tous les souverains légitimes. Aussitôt que les réponses sur cet objet auront été reçues, et que S. M. aura appris les sentimens de S. M. le roi de Suède et ceux du gouvernement de l'Espagne, je ne manquerai pas de prendre les ordres de

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