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Lesquels, après avoir échangé leurs pleins-pouvoirs, sont convenus des articles suivans.

Art. 1. S. A. R. le prince des Asturies adhère à la cession faite par le roi Charles, de ses droits au trône d'Espagne et des Indes, en faveur S. M. l'empereur des Français, roi d'Italie, et renonce, autant que besoin, aux droits qui lui sont acquis comme prince des Asturies, à la couronne des Espagnes et des Indes.

2. S. M. l'empereur des Français, roi d'Italie accorde, en France, à S. A. R. le prince des Asturies, le titre d'Altesse Royale avec tous les honneurs et prérogatives dont jouissent les princes de son sang.

Les descendans de S. A. R. le prince des Asturiés conserveront le titre du prince, celui d'altesse sérénissime, et auront toujours le même rang en France, que les princes dignitaires de l'empire.

3. S. M. l'empereur des Français, roi d'Italie, cède et donne, par les présentes, en toute propriété, à S. A. R. le prince des Asturies, et à ses descendans, les palais, parcs, fermes de Navarre, et les bois qui en dépendent, jusqu'à la concurrence de cinquante mille arpens, le tout degrévé d'hypothèques, et pour en jouir en toute propriété, à dater de la signature du présent traité.

4. Ladite propriété passera aux enfans et héritiers de S. A. R. le prince des Asturies; à leur défaut, aux enfans et héritiers de l'Infant don Charles; à défaut de ceux-ici, aux descendans et héritiers de l'infant don Francisque; et enfin à leur défauts aux enfans et héritiers de l'infant don Antoine. Il sera expédié des lettres-patentes et particulières de prince à celui de ces héritiers auquel reviendra ladite propriété.

S. M. l'empereur 'des Français roi d'Italie accorde à S. A. R. le prince des Asturies, quatre cent mille francs de rente appanagère sur le trésor de France, et payables par douzième chaque mois pour en jouir lui et ses descendans, et venant à manquer la descendance directe de S. A. R. le prince des Asturies; cette rente appanagère passera à l'infant don Charles, à ses enfans et héritiers, et à leur défaut à l'infant don Francisque, à ses descendans et héritiers.

6. Indépendamment de ce qui est stipulé dans les articles précédens, S. M. l'empereur des Français, roi d'Italie, accorde à S. A. R. les prince des Asturies une rente de six cent mille francs également sur le trésor de France, pour en jouir sa vie durant. La moitié de ladite rente sera reversible sur la tête de la princesse son épouse, si elle lui survit.

7. S. M. l'empereur des Français, roi d'Italie, accorde et garantit aux infants don Antoine, oncle de S. A. R. le prince des Asturies, don Charles et don Francisque, frères audit prince.

1o, Le titre d'altesse royale, avec tous les honneurs et pré

rogatives dont jouissent les princes de son sang, les descendana de leurs altesses royales conserveront le titre de prince, celui d'Abtesse sérénissime, et auront toujours le même rang en France que les princes dignitaires de l'empire.

2o. La jouissance du revenu de toutes leurs commanderies en Espagne, leur vie durant.

3°. Une rente appanagère de 400,000 francs, pour en jouir eux et leurs héritiers à perpétuité, entendant S. M. I. que les Infants don Antonie, don Charles, et don Francisque, venant à mourir sans laisser d'héritiers, ou leur postérité venant à s'éteindre lesdits rentes appanagères appartiendront à S. A. R. le prince des Asturies ou à ses descendans et héritiers, le tout aux conditions que LL. AA. RR. don Charles, dou Antoine et don Francisque adhèrent au présent traité.

8. Le présent traité seta ratifié, et les ratifications en serout échangés dans huit jours, ou plutôt si faire se peut. Bayoune, le 10 Mai, 1808.

(Sigué) DUROC. (Signé) JUAN DE ESCOIQUITZ.

No. VI.

Lettre du prince des Asturies et des infans, à la Junte, da 12 Mai, 1808.

Don Ferdinand, prince des Asturies; et les infans don Carlos, et don Antonio, sensibles à l'attachement et à la fidélité constante que leur ont témoignés tous leurs Espagnols, les voient avec la plus grande douleur au moment d'être plongés dans la confusion et menacés des extrêmes calamités qui en seraient la suite; et sachant qu'elles proviendraient en grande partie de l'ignorance dans laquelle ils sont, soit des motifs de la conduite que LL. AA. ont tenue jusqu'ici, soit des plans déjà tracés pour le bonheur de leur patrie, ils né peuvent se dispenser de chercher à les détromper par les salutaires avis qui leur sont nécessaires, pour ne pas entraver l'exécution de ces plans, et en même tems de leur donner le plús cher témoignage de l'affection qu'ils ont pour eux.

Ils ne peuvent en conséquence s'empêcher de leur faire connaitre que les circonstances dans lesquelles le prince prit les rênes du gouvernement à la suite de l'abdication du roi són père, l'occupation de plusieurs provinces de royaume et de toutes les places frontières par un grand nombre de troupes françaises, la présence de plus de 60,000 hommes de la même nation dans la capitale et dans les environs, enfin beaucoup de données que d'autres personnes ne pouvoient avoir, leur persnadèrent qu'étant entourés d'écueils, ils n'avaient plus que la liberté de choisir, entre plusieurs partis, celui qui produirait le moins de maux, et qu'ils choisirent comme tel, le parti d'aller à Bayonne.

Après l'arrivée de LL. AA. RR. à Bayonne, le prince alors roi, apprit inopinément que le roi son père avait protesté

octre son abdication, prétendant qu'elle n'avait pas été volontaire. Le prince n'ayant accepté la couronne que dans la persuasion que l'abdication était libre, fut à peine assuré de Texistence de cette protestation, que son respect filial le déterinina à rendre le trône; et peu après, le roi son père y renonça en son nom et au nom de toute sa dynastie en faveur de l'empereur des Francais, afin qu'ayant en vue le bien de la nation, l'empereur choisit la personne de la dynastie qui dévált l'occuper à l'avenir.

Dans cet état de choses LL. AA. RR. considérant la situation dans laquelle elles se trouvent, et les circonstances critiques où l'Espagne est placée; considérant que, dans ces circonstances, tout effort de ses habitans, à l'appui de leurs droits, serait non-seulement inutile, mais funeste, et qu'il ne servirait qu'à faire répandre des ruisseaux de sang, à assurer la perte toute au moins d'une grande partie de ses provinces ét celle de toutes ses colonies d'outremer; s'étant convaincues que le moyen le plus efficace pour éviter de tels maux, serait que chacune de LL. AA. consentit, en son nom et en tout ce qui lui appartient, à la cession de ses droits au trône, cession déjà faite, par le roi leur père; réfléchissant également que sa dite majesté l'empereur des Français s'oblige, dans cette supposition, à conserver l'indépendance absolue et l'intégrité de la monarchie espagnole, ainsi que de toutes ses colonies d'outremer, sans se réserver, ni démembrer la moindre partie de ses domaines; qu'elle s'oblige à maintenir l'unité de la réligion catholique, les propriétés, les lois et les usages; ce qui assure pour, et d'une manière inconstestable, la puissance et la prospérité de la nation espagnole; LL. AA. croient lougtems donner la plus grande preuve de leur générosité, de l'amour qu'elles lui portent et de leur empressement à suivre les mouvemens de l'affection qu'elles lui doivent, en sacrifiant en tout ce qui leur appartient, leurs intérêts propres et personnels à l'avantage de cette nation, et eu adhérant par cet acte, comme ils ont adhéré, par une convention particulière, à la cession de leurs droits au trône. Elles délient en consé quence les Espagnols de leurs obligations à cet égard, et les exhortent à avoir en vue les intérêts communs de la patrie, en 'se tenant paisibles, en espérant leur bonheur des sages dispo sitions et de la puissance de l'empereur Napoléon. Par leur empressement à se conformer à ces dispositions, les Espagnols doivent croire qu'ils donneront à leur prince et aux deux infans le plus grand témoignage de leur loyanté, comme LL. AA. RR. leur donnent le plus grand témoignage de leur tendresse paternelle, en cédant tous leurs droits, et en oubliant leurs propres intérêts pour les rendre heureux, ce qui est l'unique objet de leurs désirs.

(Signés.) Io el principe CARLOS, et ANTONIO. Bordeaux, le 12 Mai, 1888.

No. VII.

Lettre du prince Ferdinand à l'infant D. Antonio, de Bayonne le 28 Avril, 1808.

Mon cher Antoine,-J'ai reçu la lettre du 24 et j'ai lu la copie de la lettre de Murat, et ta réponse, dont je suis satisfait. Je n'ai jamais douté de ta prudence, et de ton attachement à ma personne, et ne sais comment t'en récompenser. J'ignore comment tout ceci finira; je désire que ce soit bientôt, et surtout à la satisfaction de tous. Je te préviens que l'empereur à dans les mains une lettre de Marie-Louise, qui porte que l'abdication de mon père a été forcée; fais comme si tu l'ignorais, mais conduis-toi en conséquence, et tâche que ces maudits Français ne te fassent aucun trait de leur méchanceté.

Je suis ton frère affectionneé, etc.

(Signé)

QUATRIÈME PARTIE.

FERDINAND.

Lettres du prince Ferdinand à l'Empereur, depuis son arrivée à Valencia; du roi Charles et de la reine Louise, depuis leur arrivée en France.

No. I.

Monsieur mon frère,-Nous sommes arrivés, mon-très-cher oncle et mon frère, ce matin à onze heures heureusement dans cette résidence, où M. le prince de Bénévent, ainsi que la princesse, nous ont témoigné le plus grand empressement de nous être agréables.

Je me hâte d'en rendre compte à V. M. I. et R. c'est un hommage qui lui est bien dû, et qui répond parfaitement aux vœux de mon cœur pour la personne de V. M. I. et R. les infans mes très-chers frères partagent mes sentimens, et me chargent d'en être l'organe auprès de V. M. I. et R.

Je la prie d'en être bien persuadée et de me croire avec la plus haute considération.

De V. M. I. et R. le bon frère,

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J'ai recu avec bien du plaiser la lettre de V. M. I. et R. datée du 15 du courant. Je lui rends grâce des expressions affectueuses dont elle m'honore, et sur lesquelles j'ai compté toujours, et je les répéte à V. M. I. et R. pour sa bonté en

faveur de la demande du duc de San Carlos et de Macanaz, que j'ai eu l'honneur de lui recommander.

Je fais aussi à V. M.-I. tant au nom de mon frère et de mon oncle qu'au mien, des complimens bien sincères sur la satisfaction qu'elle a eue dans l'installation de son cher frère sur le trône d'Espagne; l'objet de tous nos désirs ayant été toujours le bonheur de la nation généreuse qui habite ce vaste royaume, nous ne pourrons voir à sa tête un monarque si digne et si propre par ses vertus à le lui assurer, sans en ressentir la plus grande consolation. C'est le sentiment et le désir d'être honorés de son amitié, qui nous ont portés à lui écrire la lettre adjointe, que je prends la liberté d'envoyer à V. M. I. en la priant qu'après l'avoir lue elle daigne la présenter à S. M. C. Une médiation si respectable nous assure qu'elle sera reçue avec la cordialité que nous souhaitons.

Excusez, Sire, cette liberté, qui doit son origine à la confiance sans bornes que V. M. I. et R. nous a inspirée, et assurée de toute notre affection, et de tout notre respect permettez que je lui en renouvelle les plus sincères et invariables sentimens avec lesquels.

J'ai l'honneur d'être,
Sire,

De V. M. I. et R.

Les très-humble et tres-obéissant serviteurs,

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J'ai reçus avec bien de la reconnaissance la lettre D.V. M. I. et R. du 20 du mois courant, dans laquelle elle daigne m'assurer la prompte expédition de ses ordres pour mes affaires.

Mon oncle et mon frère ont été charmés comme moi de l'annonce de l'arrivée de V. M. I. et R. à Paris, qui nous rapproche de sa présence; et puisque, quelle que soit la route, elle doit passer près d'ici, nous regarderions comme une bien grande satisfaction que V. M. I. et R. eût la bonté de nous permettre d'aller à sa rencontre, et de lui renouveler personnellement nos hommages à l'endroit qu'elle désignât, pourvu que cela ne l'incommodât pas. V. M. I. et R. excusera ce désir inséparable du sincère attachement et du respect avec lesquels j'ai l'honneur d'être.

Sire,

De V. M. I. et R.

Le très-humble et très-affectionné serviteur,
(Signé) FERDINAND.

Valencia, le 26 Juillet, 1808.

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