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un décret d'abdication. Le même jour j'ai fait une protestation solennelle contre un décret rendu au milieu du tumulte, et forcé par des circonstances critiques. Aujourd'hui que la tranquillité est rétablie, que ma protestation est parvenue entre les mains de mon auguste ami et fidèle allié, l'empereur des Français et roi d'Italie; qu'il est notoire que mon fils n'a pu obtenir d'être reconnu sous ce titre ....; je déclare solennellement que l'acte d'abdication que j'ai signé le 19 du mois de Mars dernier, est nul sous tous les rapports. C'est pourquoi je désire que vous fassiez connaître à tous mes peuples que leur bon roi, plein d'amour pour ses sujets, veut consacrer le reste de sa vie à travailler à leur bonheur. Je confirme provisoirement dans leurs emplois les membres qui composent - actuellement la junte de gouvernement, et tous les employés civils et militaires nommés depuis le 19 du mois de Mars dernier. Je me propose d'aller au-devant de mon auguste allié l'empereur des Français et roi d'Italie; après quoi, je transmettrai mes derniers ordres à la junte.

San Lorenzo, le 17 Avril, 1808.

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Note de la main de la reine Louise remise au grand duc de
Berg par la reine Marie-Louise.

Nous ne vondrions pas, le roi et moi, être importuns et ennuyeux au grand duc qui a tant à faire, mais nous n'avons aussi ni d'autre ami ni d'autre appui que lui et l'empereur, en qui nous espérons tous quatre, le roi notre intime ami de même que du grand duc, le pauvre prince de la Paix, ma fille Louise et moi; laquelle nous a écrit hier au soir ce que le grand duc lui avait dit, qui nous a pénétrés et remplis de re connaissance et de consolation, espérant le tout de ces deux sacrées, et incomparables personnes, le grand-duc et l'empereur: mais nous ne voulons rien lui laisser ignorer de tout ce que nous savons, malgré que personne ne nous dise rien, ni réponde pas même aux choses que nous demandons, les plus nécessaires pour nous; mais rien de tout cela ne nous intéresse, et seulement le bon sort de notre unique et innocent ami, le prince de la Paix, l'ami du grand-duc, où il exclamait même, dans sa prison, dans ces affreux traitemens qu'on lui faisait. Il appelait toujours son ami le grand-duc, avant même d'être survenu de cette conspiration; si j'avois le bonheur qu'il fût ici, si le grand-duc était près de nous, nous n'aurious rien à craindre. Il désirait son arrivée, se faisant une satisfaction s'il voulait accepter sa maison pour qu'il y logeât, il avait des cadeaux à lui faire; enfin il ne pensait qu'à ce moment, et ensuite d'aller au-devant de l'empereur et d'aller au-devant du grand-duc avec tout l'empressement imaginable. Nous

L

craignons toujours qu'on ne le tue ou emprisonne s'ils connais sent qu'on va le sauver. Ne pourrait-il pas se prendre quelques moyens avant toute résolution? Que le grand-duc fit aller ses troupes sans dire à quoi, et entrer, où est ce pauvre prince de la Paix, et sans donner un moment de tems pour lui tirer aucun coup de pistolet ni de rien faire, séparer la garde qu'il a (qui n'a d'autre gloire, ni d'autre désir que de le tuer, ne voulant pas qu'il vive), et que celle du grand-duc y soit, et commander absolument par ses ordres; car tandis qu'il sera entre les mains de ces traîtres indignes, et aux ordres de mon fils, que le grand-duc soit sûr qu'il sera tué; de grâce nous osons lui demander qu'il nous l'accorde, parce qu'étant hors de ces mains sanguinaires, oui ces gardes du corps, mon fils, ces méchants côtés. Nous devons toujours trembler pour sa vie quoique le grand-duc et l'empereur le veuille sauver. Ils ne leur donneront pas le tems; de grâce nous le prions au grand-duc, qu'il prenne ses mesures pour faire ce que nous lui demandons; car si l'on perd du tems, sa vie n'est pas sûre, qu'il soit persuadé qu'il serait plus sûr entre les mains de lions et de tigres acharnés. Mon fils fut hier, après son dîner, enfermé avec l'Infantado. Escoiquitz, ce méchant prêtre, et Saint-Charles, le plus malin de tous cela nous fait trembler; ils y restèrent depuis une heure et demie jusqu'à trois heures et demie. Le gentil homme qui va avec mon fils Charles, est cousin de Saint-Charles; il a de l'esprit et assez d'instruction, mais c'est un Américain, méchant, très-ennemi de nous, de même que Saint-Charles, qui ont reçu tout ce qu'ils sont du roi mon mari, et aux pétitions du pauvre prince de la Paix, de qui ils se disaient parens. Tous ceux qui vont avec mon fils Charles sont de la même intrigue, et très-propres pour faire tout le mal possible, et faire paraître avec les couleurs les plus véridiques, la plus affreuse fausseté. Je prie le grand-duc de pardonner mes griffonages, et si je n'écris pas bien, car j'oublie quelquefois de certaines paroles ou phrases en français, parlant toujours espagnol depuis 42 ans, étant venue ici me marier à treize ans et demi, et quoique je parle français, ce n'est pas au courant: mais le grand-duc comprendra bien, et saura corriger les défauts de la langue.

No. VII.

Note écrite de la main de la reine d'Espagne, et remise au grand-duc de Berg par la reine Marie-Louise.

Le roi, mon mari, qui me fait écrire, ne pouvant pas le faire à cause des douleurs et enflure qu'il a à la main droite, désirerait savoir si le grand-duc de Berg voudrait bien prendre sur lui et faire tous ses efforts avec l'empereur, pour assurer la vie du prince de la Paix qu'il fût assisté de quelques domestiques ou chapelains. Si le grand-duc pouvait aller le voir,

ou au moins le consoler, ayant en lui toutes ses espérances, étant son grand ami. Il espère tout de lui, de l'empereur à qui il a été toujours très-attaché. Que le grand duc obtienne de l'empereur qu'on donne au roi mon mari, et à moi, et au prince de la Paix, de quoi vivre ensemble tous trois dans un endroit bon pour nos santés, sans commandement ni intrigues, nous n'en aurons certainement pas, l'empereur est généreux; c'est un héros; il a toujours soutenu ses fidèles alliés et ceux qui sont poursuivis. Personne ne l'est plus que nous trois, et pourquoi? parce que nous avons toujours été ses fidèles alliés. De mon fils, nous ne pourrons jamais espérer, sinon misères et persécutions. L'on a commencé à forger, et l'on continue tout ce qui peut rendre, aux yeux du public et de l'empereur même, le plus criminel, cet innocent ami, et dévoué aux français, au grand-duc et à l'empereur : le pauvre prince de la Paix! Qu'il ne croie rien; ils ont la force et tous les moyens pour faire paraître comme véritable ce qui est faux.

Le roi désire, de même que moi, de voir et de parler au grand-duc; qu'il lui donnât lui-même la protestation qu'il a en pouvoir. Nous sommes bien sensibles à ces troupes qu'il nous a envoyées, et à toutes les marques qu'il nous donne de son amitié. Qu'il soit bien persuadé de celle que nous avons toujours eue et avons pour lui; que nous sommes entre ses mains et celles de l'empereur, et que nous sommes bien persuadés qu'il nous accordera ce que nous lui demandons, qui sont tous nos désirs, étant entre les mains d'un si grand et généreux monarque et héros.

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No. VIII.

Lettre de la reine Marie-Louise au grand-duc de Berg. Monsieur, mon, frère, je viens de voir à l'instant l'adjudant-commandant qui m'a remis votre lettre, par laquelle je vois avec la plus grande peine que mon père et ma mère n'ont pas pu avoir le plaisir de vous voir; plaisir qu'ils désiraient tant; ne mettant leur confiance qu'en vous, qui pouvez contribuer à leur tranquillité. Le pauvre prince de la Paix qui est couvert de blessures et de contusions, languit en prison, et ne cesse d'invoquer le terrible moment de la mort. li ne se rappelle que de son ami le grand-duc de Berg; il dit que c'est celui en qui il a confiance pour son salut. Mon père, ma mère, et moi, nous avons parlé à votre adjudant-commandant, il vous dira tout. Je n'ai de confiance que dans votre amitié pour moi, et que vous sauverez mon père, ma mère, et moi, ainsi que le pauvre prisonnier. Je n'ai pas le tems de vous en dire davantage. Je mets ma confiance en vous.

Mon père ajoute deux lignes à cette lettre, et suis de cœur,
Votre très-affectionnée sœur et amie,
MARIE-LOUISE.

(Signé)

Aranjuez, le 22 Mars, 1806,

Lettre du roi Charles au grand-duc de Berg.

Monsieur et très-cher frère, ayant parle à votre adjudantcommandant, et l'ayant informé de tout ce qui s'est passé, je vous prie de me rendre le service de faire connaitre à l'empereur la prière que je lui fais de délivrer le pauvre prince de la Paix, qui ne souffre que pour avoir été l'ami de la France, et de nous laisser aller avec lui dans le pays qui conviendra le mieux à ma santé. Pour le présent nous allons à Badajoz ; j'espère qu'avant que nous ne partions vous nous ferez réponse, si vous ne pouvez pas absolument nous voir; car je n'ai confiance qu'en vous et dans l'empereur. En attendant,

Je suis,

Votre très-affectionné frère et ami, de tout cœur,

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Lettre de la reine Louise au grand duc de Berg.

Monsieur mon cher frère,

Je n'ai aucun ami, sinon V. A. I. Le roi, mon cher mari, vous écrit, vous demande votre amitié; seulement en vous et en votre amitié nous nons confions. Mon mari et moi, nous Dous unissons pour vous demander que vous nous donniez la preuve la plus forte de votre amitié pour nous, qui est de faire que l'empereur connaisse notre sincère amitié, de même que pour les Français. Le pauvre prince de la Paix, qui se trouve emprisonné et blessé pour être notre ami, et qui vous est tout devoué de même qu'à toute la France, se trouve ici pour cela et pour avoir désiré ici vos troupes, de même que parce qu'il est notre unique ami. Il désirait et devait aller voir V. A. I. et actuellement il ne cesse de nommer V. A. I. de la désirer et l'empereur, V. A. 1. obtenez-nous que nous puissions finir nos jours tranquilles, dans un endroit convenable à la santé du ́ roi, qui est délicate, de même que la mienne, avec notre unique ami, l'ami de V. A. I. le pauvre prince de la Paix, pour finir nos jours tranquillement. Ma fille sera mon interprète si je n'ai pas la satisfaction de pouvoir connaître et parler à V. A. I. Pourrait-elle faire tous ses efforts pour nous voir? quoique ce fut un instant de nuit, de jour, ou comme elle voudrait. L'adjudant-commandant de V. A. 1. vous dira tout ce que nous lui avons dit. J'espère que V. A. I. nous obtiendra ce que nous désirons et demandons, et que V. A. I. pardonne mes griffonages et oublie à lui donner l'Altesse, car je ne sais où je suis, et croyez que ce n'est pas pour lui manquer l'assurant de toute mon amitié.

Je prie Dieu qu'il ait V. A. I. en sa sainte et digne garde. Votre très affectionnée,

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No. IX.

Note écrite de la main de la reine Louise, et remise au grandduc de Berg par la reine Marie-Louise.

Ayant reçu hier un papier d'un Mahonnais, qui voulait avoir une audience secrette de moi, après que le roi mon mari fut couché, où il me dounerait les plus grandes lumières de tout ce qu'il y a ; il voulait que je lui donnasse (moi seule) six ou buit millions, les demandant en emprunt à la compagnie des Phillippines, pour faire une contre révolution, et faire délivrer le prince de la Paix, et contre les Français. D'abord le roi et moi, nous le fimes mettre en prison sans communication, où il restera jusqu'à ce qu'on sache la vérité de tout. Nous croyons que c'est un émissaire des Anglais, qu'il voulait nous perdre. Le roi, le prince de la Paix, étant et ayant toujours été les uniques amis des Français, de l'empereur, et surtout du grand-duc, et point du tout des Anglais, nos en nemis naturels, nous croyons qu'il serait bien nécessaire que le grand-duc fit assurer le pauvre prince de la Paix, qui a toujours été l'ami du grand-duc, et espérant toujours de lui et de l'empereur, tout son asyle, comme il lui avait écrit par Isquierdo aussi, au grand-duc et à l'empereur même; mais je ne sais et même crois cela n'a pas été donné et peut-être renvoyé. Il faudrait qu'il tirât des mains de ses gardes du corps et des troupes de mon fils, le pauvre prince de la Paix, son ami; car on le tuera ou emprisonnera, et ils diront qu'il est mort de blessures, et après que le grand duc l'aura en surêté, (ne l'étant jamais s'il reste quelques-uns de ses méchans à son côté) qu'il y ait des mesures un pen fortes, car sans cela les intrigues vont, augmentant sur-tout contre le pauvre ami du grand-duc et moi, et le roi mon mari n'est pas bien sûr.

Mon fils fit appeler le fils de Biergol, qui est officier de la secrétairerie d'état aux relations extérieures; mon fils le vit dans sa chambre, présent l'Infantado et tous les ministres. Qu'il y a-til de nouveau au Sitio? et le roi qu'y a-t-il? Il répondit la vérité; rien de nouveau; le roi sort fort peu; la reine n'est pas sortie; ils ne voient personne. Ils ont fait arranger un appartement pour si le grand-duc et l'empereur viennent. On lui donna l'ordre de s'en retourner ici auprès de son père jusqu'à ce qu'il parte qui est un qui soigne nos comptes, comme trésorier. Tous ceux que nous suivent, il les appellent les déserteurs. Je vois qu'ils trament quelque chose de fort contre nous; nous sommes en grand risque.

infantado et le ministre sont très-méchans, plus encore que les autres. Je crois que nous sommes exposés le roi et moi, et le pauvre priuce de la Paix. Je crois qu'ils ne veulent, ni que nous voyons le grand-duc, ni l'empereur, et je crois que notre vie n'est pas du tout sûre; si le grand-duc ne prend quelques mesures qui arretent les abominables intentions de B b

TOME IV.

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