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i espagnoles de l'Amérique , *et on n'envoie guères que six millions de piastres en Europe. Les mines donnent, comme nous l'avons dit, un produit annuel en or et argent de 23 millions de piastres; ainsi le Gouvernement n'en enlève qu'un peu plus du tiers : le surplus est employé presqu'entièrement à solder la "balance du commerce. S- 56. D'après les renseienemens authenti- Que de

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ques que M. de Jiumboldt a recueillis, il parait plus des

les dépenses générales du Gouvernement, qu'une piastre ^~ ou environ 8 francs par individu.

On voit donc quV/ faut rabattre beaucoup des revenus immenses que l'on a souvent supposé que l'Espagne tirait du Mexique. On peut en dire autant de ses autres colonjes, qui toutes ensemble sont d'un produit bien inférieur à celui du Mexique.

M. deHumboldt compare le produit de toutes les colonies espagnoles avec le produit des possessions anglaises en Asie: il en résulte que celles-ci produisent encore moins au Gouvernement anglais. Leur revenu net ne s'élève pas au-delà de 3,4oo,ooo piastres, tandis que leur population est de 3i millions d'habitans. Ainsi le Mexique, avec une population cinq fois moindre , donne un produit net plus que double que les possessions anglaises aux Indes. Il est vrai , comme le remarque M. de Humboldt , que le prix de la journée aux Indes étant cinq fois moindre qu'au Mexique , le produit des impôts doit être moindre dans la même proportion , en les supposant également accumulés de part et d'autres. Au reste , les Indes présentent à l'Angleterre un avantage commercial qui est bien au-dessus du produit net des impôts.

Mais c'est assez sortir de notre sujet; nous espérons que nos lecteurs nous pardonneront cette digression. Nous en aurions fait beaucoup de semb'nbles si nous ne nous étions fait une loi, en faisant cet extrait, de nous borner à tout ce que l'intéressant ouvrage de M. de Humboldt renferme de relatif aux mines.

métaux précieux.

que l'importation annuelle des productions et des marchandises étrangères au Mexique, y compris la contrebande, est aujourd'hui de 20 millions de piastres; - •

L'exportation du Mexique en productions de l'agriculture ou de l'industrie, n'est que de 6 millions de piastres;

Le surplus de la valeur de l'importation est donc balancé par une exportation annuelle de 14 millions de piastres en métaux précieux.

Si à cette somme on aloute les 8 à 9 millions de piastres exportées pour le Gouvernement, on aura une exportation métallique de 22 à 23 millions de'piastres, qui est à peu près égale au produit annuel des mines que l'on a indiqué cidessus.

Cependant il paraît qu'il y a annuellement au Mexique une légère accumulation de numéraire ; mais elle ne peut pas être au-delà d'un million de piastres.

S. 5f. La prospérité actuelle de la colonie dépend donc essentiellement de la prospérité des mines. Cependant elles n'ont pas arrêté les progrès de l'agriculture et de l'industrie autant qu'on pourrait le croire. Sans doute les capitaux que l'an consacre à des exploitations , et les bras qui y sont employés pourraient être appliqués à de noHveaux défrichemens ; mais aussi l'existence d'une exploitation nouvelle vivifie tout le pays qui l'environne j on voit s'élever à l'entour, des villes populeuses et de riches cultures, qui subsistent même après que l'appauvrissement de la mine a fait abandonner les travaux et a transporté les mineurs dans une autre contrée.

M. de Humboldt croit donc que les mines ont accéléré plutôt que retardé les progrès de l'agriculture et de l'industrie au Mexique. Il a observé que les pays où les campagnes sont les mieux cultivées, et où l'industrie manufacturière est la plus active, sont précisément ceux qui renferment les mines les plus riches. II est fâcheux cependant que la Colonie ne puisse fonrnir à ses besoins et à son luxe que par le produit de ses mines qui peut , comme noirs l'avons déjà vu , souffrir de grandes diminutions par les guerres maritimes. Sans doute l'expérience éclairera les Mexicains sur leurs véritables intérêts , et leur apprendra par la suite à extraire de leur propre sol, le fer, l'acier, le mercure nécessaire à l'exploitation de leursmines d'argent. (Voy. ci-dessus, $. 11 à i5 et 27).

$. 58. Nous avons vu que le produit annuel Etatfntnr des mines du Mexique asextuplé dans le cours desmine"du dernier siècle. M. de Humboldt ne craint pas d'avancer qu'il est très-probable que ce produit déjà si considérable , bien loin d'avoir atteint son maximum , doit au contraire continuer d'augmenter.

Il se fonde sur une multitude de considérations puissantes. La chaîne des andes est si étendue, et.les minerais d'argent y sont en général si abondans, qu'on doit croire qu'il y a encore beaucoup de points qui ont échappé aux recherches des mineurs; il y a même des gîtes de minerais connus, qui n'ont été que superficiellement exploités. On doit donc espérer de voir naître par la suite, des exploitations nouvelles; et cela est d'autant plus probable, que la découverte des mines aujourd'hui les

plus productives, ne remonte qu'à quarante ou cinquante ans , quoique les Espagnols soient depuis trois siècles paisibles possesseurs de toute la Nouvelle-Espagne.

En outre, il est hors de doute que les vices que nous avons fait remarquer dans la conduite des exploitations au Mexique, doivent occasionner des variations non-seulement dans les produits nets, mais encore dans les produits bruts des mines, et que souvent ils ont été la seule cause de l'abandon de certaines mines qui, mieux exploitées , pourraient par la suite redevenir lucratives.

Ainsi, outre l'espérance que l'on peut avoir de découvrir de nouveaux gîtes de minerais , il est certain que les mines qui sont aujourd'hui exploitées, pourraient devenir plusproductives, et que celles qui sont abandonnées pourraient être reprises avec bénéfice , si les Mexicains apprenaient enfin à diriger leurs exploitations avec cette intelligence et cette économie sage qui distingue les mines de Saxe , et surtout, si en cherchant à tirer de leur sol les matières

Premières que nécessitent ces travaux , et que Europe leur fournit à des prix très-élevés , ils s'affranchissaient du tribut que lève sur eux l'avidité des négocians, et de la dépendance où ils sont aujourd'hui pour réaliser leurs richesses minérales.

( ha Jin de cet extrait paraîtra dans un des . prochains Numéros. )

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