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N 67

NOTICE

SUR

M. POINCARÉ (Nicolas-Antoni)

ANCIEN INSPECTEUR GÉNÉRAL DES PONTS ET CHAUSSÉES

par

M. LAMBERT, Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées

M. Poincaré (Nicolas-Antoni), est né à Nancy, le 13 février 1825; il entra à l'Ecole Polytechnique en 1845 et à l'Ecole des Ponts et Chaussées le 1er novembre 1847.

Nommé Ingénieur ordinaire de 3 classe, le 16 octobre 1850, il est envoyé successivement dans les départements du Cantal et de la Mayenne; il est ensuite chargé, en 1856, du service hydraulique de toute la région de l'Est comprenant le département de la Meuse et une partie du département des Vosges et de la Haute-Marne, puis, dans la suite, du contrôle des travaux du chemin de fer de Lérouville à Sedan.

Promu Ingénieur en Chef en 1874, il est mis à la tête du service des travaux de la 2o section du Canal de l'Est, et en 1880, du contrôle, à la résidence de Paris, de l'exploitation technique du réseau des chemins de fer de l'Etat.

En 1886, il est nommé Inspecteur Général des Ponts et Chaussées et appelé, en cette qualité, aux hautes fonctions d'Inspecteur du Service Hydraulique au Ministère de l'Agriculture.

Dès sa sortie de l'Ecole des Ponts et Chaussées, M. Poincaré se révèle un Ingénieur remarquable, très actif, d'esprit net et précis.

Dans le département de la Meuse, il installe le service météorologique du bassin de la Meuse et ses nombreuses publications sont toujours utilement consultées par les Ingénieurs de la région (1).

Il crée également le service hydraulique qui n'existait avant 1856 qu'à l'état embryonnaire et provoque la création dans la vallée de la Meuse, d'un grand nombre de syndicats de drainages et d'irrigations. Il organise un service d'annonces des crues et un service de prévision du temps pour l'agriculture. Son observatoire météorologique attire l'attention de M. Le Verrier, qui voulut faire venir M. Poincaré à Paris auprès de lui; il refusa par attachement pour la Meuse où habitait la famille de sa femme.

Au lendemain de la guerre de 1870, au cours de laquelle il contribua à la défense nationale, il fallut rétablir rapidement sur territoire français les voies navigables et les voies ferrées interceptées par la nouvelle frontière pour assurer les communications indispensables entre le Nord, l'Est et le Midi de la France; le Ministère des Travaux Publics songea de suite à utiliser les brillantes qualités de M. Poincaré qui fut mis à la tête d'une section importante du Canal de l'Est.

C'est là qu'il donna sa mesure par l'exécution rapide de travaux considérables sur une étendue de 150 kilomètres environ tant sur la rivière de Meuse que sur le canal de la Marne au Rhin.

Ces travaux comprennent des dérivations de la Meuse, des barrages, écluses, ponts-canaux, usines, aqueducs-siphons, écluses de garde, rigoles d'alimentation, etc... dont les dépenses se sont élevées à plus de 25 millions; signalons parmi ces ouvrages:

Les usines de Vacon qui peuvent élever 50.000 mètres cubes d'eau par jour pour alimenter en été le canal de la Marne au Rhin;

Le groupe des ouvrages situés près de la gare de l'Est à Sorcy

(1) M. J. Mascart, astronome à l'Observatoire de Paris, a publié au sujet des études météorologiques de M. Poincaré, un intéressant et très élogieux article dans la Révue Générale des Sciences du 15 septembre 1911.

pour permettre le passage du canal, du chemin de fer et de deux chemins de grande communication;

Le souterrain de Kœur ;

Les ouvrages de la traversée de Verdun comprenant des ponts, une écluse, un souterrain, des ports et des quais qui contribuent à l'embellissement de la ville

Plusieurs de ces ouvrages ont été décrits par M. Alfred Picard, Inspecteur Général des Ponts et Chaussées, dans sa belle publication sur l'alimentation du Canal de la Marne au Rhin et du Canal de l'Est.

A Paris, comme Inspecteur Général du Service Hydraulique, M. Poincaré sut donner une vive impulsion aux travaux des améliorations agricoles; il conserva, jusqu'à l'âge de 75 ans, ces importantes fonctions, toujours jeune de corps et d'esprit.

M. Poincaré, d'un caractère plein d'élévation et d'énergie, savait ce qu'il voulait et pourquoi il voulait ; toujours dominé par le souci d'intérêt général, il lui sacrifiait au besoin ses intérêts personnels ; c'est ainsi qu'il risqua de briser sa carrière, en refusant, en 1852, de prêter serment à l'Empire.

Homme de devoir avant tout, d'une parfaite bonté, M. Poincaré témoignait à ses collaborateurs et ses subordonnés la plus grande bienveillance. Il s'effaçait volontiers et, comme l'a si bien dit sur sa tombe, M. Chevalier, Maire de la Ville de Bar-le-Duc : « La simplicité de ce sage, de ce philosophe, qui ne rechercha jamais que » l'ombre, captiva néanmoins l'attention par une admiration sympathique et respectueuse, sentiment qu'évoquait pour le » passant, sa noble figure ».

»

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M. Poincaré sut faire aimer le Corps des Ponts et Chaussées par tous ceux qui l'approchaient; son fils, Raymond Poincaré, Président du Conseil général de la Meuse, fit voter la fusion des services de voirie en septembre 1910.

Avec l'aide de Madame Poincaré, son incomparable compagne, il guida les études, non seulement de ses fils, mais aussi de leurs amis, entretenant entre eux une saine émulation, donnant à tous leçons et

conseils, et les faisant profiter de sa grande expérience et de sa solide instruction.

M. Poincaré mourut à Sermaize à l'âge de 87 ans.

Les obsèques eurent lieu à Nubécourt, petit village de la Meuse, au milieu d'une affluence considérable d'amis de la famille et de notabilités politiques et administratives de la région de l'Est.

Le deuil était conduit par ses fils, Raymond Poincaré, Sénateur, Membre de l'Académie française, Lucien Poincaré, Directeur de l'Enseignement secondaire au Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, et par son neveu, Henri Poincaré, Membre de l'Institut.

La cérémonie fut hautement impressionnante dans sa modeste simplicité

Octobre 1911.

NUMÉROS

des articles

67

68

69

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Notice sur M. POINCARE (Nicolas-Antoni), ancien Ins-
pecteur Général des Ponts et Chaussées, par M. LAMBERT,
Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées.

Paroles prononcées aux obsèques de M. Paul LODER,
Elève-Ingénieur des Ponts et Chaussées, sous-lieutenant
aviateur; par M. KLEINE, Inspecteur Général, Directeur
de l'École Nationale des Ponts et Chaussées..
Résistance des pieux. Théorie et applications; par
M. J. BENABENQ, Ingénieur des Travaux publics de
l'Indo-Chine (Deuxième partie)

I

473

475

70

71

Les travaux d'amélioration du Rhône; par M. ARMAND,
Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées..
Observations faites sur la Seine, à Paris, pendant la crue
de Janvier-Février-Mars 1911; par M. ARANA, Sous-
Ingénieur des Ponts et Chaussées..

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72

Deuxième note sur le calcul des poutres en ciment armé ;
par M. PIGEAUD, Ingénieur en Chef des Ponts et
Chaussées..

618

CHRONIQUE

73

Essais d'éclairage avec feux clignotants aux signaux fixes
des Chemins de fer de l'Etat-Suédois; par M. GOUPIL,
Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées...

648

BIBLIOGRAPHIE.

74

Vauban.

75

Oisiveté et Correspondance. Compte rendu par M. GOUPIL, Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées. Aérostation, Aviation; par MAX DE NANSOUTY. Compte rendu par M. F. Launay, Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées..

653

656

COMPTE RENDU DES PÉRIODIQUES

76

Français, allemands, américains, autrichiens, belges,
hollandais, italiens, suisses, suédois..

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Liste des ouvrages entrés à la bibliothèque de l'Ecole des
Ponts et Chaussées du 1er Juillet au 30 Novembre 1911.
Table générale des matières publiées dans le 2o semestre 1911..

724

731

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