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constitué ont été soudées. Pour réaliser ces soudures, il a été procédé de la manière suivante :

L'enlèvement de chaque taquet, dont l'emprise sur le cintre correspondait à trois assises de voussoirs, a été effectué par fragments, de façon que le soutènement de la partie supérieure restât constamment assuré. A cet effet, les pièces de bois formant butée n'étaient déboulonnées qu'au fur et à mesure du remplissage en maçonnerie des vides séparatifs des deux tronçons. Quand, toutefois, des porteà-faux ne pouvaient être évités, il était immédiatement paré au danger qu'ils comportaient de décollement des maçonneries supérieures et de leur glissement sur le cintre (notamment pour les taquets I et I'

correspondant à la plus

grande inclinaison), soit par

l'interposition de pièces de

Joint see)

(Joint sec)

Fig. 50.

bois dites «< butons », soit par l'amarrage de câbles embrassant et solidarisant une série d'assises supérieures (voir figure 50).

Pendant cette opération, les joints supérieurs, tels que a, étaient maintenus secs jusqu'à l'achèvement complet du remplissage, et il en a été de même pour les deux joints b et c, situés de part et d'autre des voussoirs de clef (fig. 51), lorsqu'a été faite la jonction des tronçons IV et IV'. L'écartement correspondant à ces divers joints secs était assuré par des coins en chêne.

b

Ycoin

с

Fig. 51.

Ce fut seulement après que le premier rouleau eut été ainsi complété, que l'on procéda au garnissage de tous les joints secs, garnissage qui a constitué le clavage proprement dit. Ce travail final a été exécuté simultanément pour ces joints, au nombre de 10, soit 5 de chaque côté de l'axe, savoir: ceux du sommier, des trois taquets et de la clef.

Ann. des P. et Ch. MÉMOIRES, 1911-IV.

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Il a consisté d'abord dans le bourrage à la fiche, puis suivant la méthode de M. Séjourné, dans un matage énergique opéré au moyen d'une spatule en fer frappée à coups de maillet en bois.

Incident. C'est peu de temps avant ce clavage que le cintre a subi le mouvement dont il a été fait mention dans le chapitre relatif au calcul de la charpente, et qui a été la conséquence du flambement des grands poinçons placés dans l'axe du pylône central.

Depuis le commencement de l'exécution des maçonneries (23 juin 1909) jusque vers le 15 juillet, les tassements avaient été normaux, ainsi qu'il ressort des résultats consignés sur le tableau ci-dessous pour les nivellements relatifs à ces dates des 23 juin et 15 juillet.

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Suivant ces premières constatations, un léger surtassement s'était produit du côté aval (7 m/m, puis 9 mm), mais ces différences, relativement minimes, n'étaient encore de nature à motiver aucune inquiétude. Il n'en a plus été de même après la date du 15 juillet, car la dénivellation entre l'amont et l'aval atteignait 21 m/m le 20 juillet, 39 m/m le 24 juillet, et enfin 62 m/m pendant la nuit du 24 au 25 juillet, jour du clavage.

En même temps apparaissait très nettement la cause de cette dangereuse anomalie, nous voulons dire l'inflexion des poinçons d'axe, inflexion qui avait pour effet de refouler le sommet du pylône central de 0m, 41 vers l'amont. Aussi importait-il, pour parer à cette

situation très grave, d'apporter la plus grande hâte à l'opération du clavage afin de soulager le cintre de l'excès d'effort qui lui était imposé; ainsi fut fait, et pendant la journée du 24 juillet les travaux furent poussés avec une activité fiévreuse. Il fut même nécessaire, la nuit survenant, de poursuivre le travail à la lueur de torches pour compléter la pose de la dernière file de voussoirs de la clef; encore cette rangée ne put-elle être parachevée le soir même, et les derniers vides restant à combler furent-ils garnis de pièces de bois fortement coincées à la masse, et destinées à faire office de clavage provisoire pendant la durée de la nuit.

Nous ajouterons que ce n'a pas été sans quelque difficulté que ce dernier effort a été obtenu des ouvriers, car le mouvement de la charpente ne leur avait pas échappé et il eût été à craindre qu'ils évacuassent le chantier si la présence sur le cintre du personnel dirigeant n'avait dissipé leurs appréhensions.

Si nous rappelons ces incidents, c'est parce que nous les considérons comme comportant une utile leçon de choses et un enseignement dont il convient de faire état en matière de charpente de cintre, savoir, ainsi que nous croyons l'avoir établi dans les calculs antérieurs, que pour la détermination de la résistance des pièces chargées debout (tels les poinçons d'axe) il y a lieu de faire abstraction des contreventements par moisage.

Quoi qu'il en ait été, les mouvements ont cessé, ou sont devenus insignifiants après le clavage du premier rouleau. En tout cas, et c'était ce qui importait essentiellement, la dénivellation des repères amont et aval ne s'est plus sensiblement accentuée à partir de ce moment.

Ce résultat a été évidemment la conséquence du clavage lui-même qui avait eu pour effet de soulager le cintre, mais il nous paraît devoir être attribué aussi aux mesures de consolidation qui ont été appliquées, et qui ont consisté d'une part dans l'établissement de haubans supplémentaires ancrés à l'aval et s'opposant au déplacement du sommet du pylône central vers l'amont, d'autre part dans la pose de contreventements complémentaires solidarisant transversalement les poinçons infléchis.

Le croquis schématique fig. 52, qui représente l'ossature du

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pylône central et des poinçons d'axe avant tout chargement (trait plein), et figure, avec exagération des déplacements et déformations, la position des différentes pièces au moment du clavage (trait pointillé) met en relief, en en donnant l'explication graphique, le fait de dénivellation mentionné précédemment, c'est-à-dire l'abaissement du repère aval a de la clef par rapport à celui d'amont b.

Ce même dessin fait ressortir aussi la cause d'un léger désaxement qui s'est produit vers l'aval, et dont le maximum a été,

suivant les constatations faites au cercle d'alignement, de 0,13.

Construction des 2e et 3 rouleaux. Le complément de la voûte a été exécuté suivant la même méthode de sectionnement que le premier rouleau, c'est-à-dire en 8 tronçons édifiés et clavés simultanément. Ces travaux d'achèvement n'ont comporté aucune particularité devant faire l'objet d'une mention spéciale.

Commencés le lendemain du clavage du premier rouleau soit le 26 Juillet, ils ont été terminés, pour le deuxième rouleau le 11 Août, et pour le troisième rouleau le 31 Août 1909, date du clavagé définitif de la voûte.

Au début de la première de ces périodes, il s'est encore produit un léger tassement (0,006 à l'amont et 0,010 à l'aval) provenant vraisemblablement de ce que le mortier des joints de clavage n'avait pas encore fait sa prise complète. Mais ce mouvement, constaté le lendemain de la reprise des maçonneries, n'a été suivi d'aucun autre, car les nivellements effectués les 30 juillet, 3 Août et 21 Août, jour

du clavage du troisième rouleau, ont accusé des cotes identiques à celles du 27 juillet.

Au total, les mouvements subis par le cintre depuis le commencement du chargement jusqu'au clavage définitif de la voûte ont consisté, savoir:

1o En un tassement de 82 m/m du repère placé au sommet amont, en un tassement de 155 m/m du repère placé au sommet aval, soit une différence de 0,073 entre les altitudes des deux repères de la clef.

2o En un désaxement de 0,13 de la clef vers l'aval.

Ces déformations, minimes en proportion des grandes dimensions de l'ouvrage, ne sont pas perceptibles à l'œil, d'autant moins que les irrégularités de plan et de profil qui auraient pu en résulter ont été aisément corrigées en fin d'œuvre, lors de la pose du couronnement.

Fissures observées. - Des observations qui ont été faites, minutieusement et chaque jour, de l'état des maçonneries pendant toute la durée de la construction de la voûte, il est ressorti que des fissures se sont produites deux jours avant le clavage du premier rouleau, et ce aux points suivants indiqués sur la figure 44 (page 171).

Dans les joints supérieurs des 42 et 62 assises au-dessus du sommier de rive gauche.

Dans les joints supérieurs des 38° et 46 assises au-dessus du sommier de rive droite.

Nous ne faisons mention de ces constatations que pour mémoire, car de ces fentes les trois dernières étaient à peine perceptibles, et la première, celle intéressant la 42° assise de rive gauche, n'avait que l'épaisseur d'une aiguille de petit calibre. Ce joint a été refouillé aussi profondément que possible, puis garni d'un coulis de ciment

pur.

Toute trace de fissurage aux points ci-dessus visés a d'ailleurs disparu complètement quelques jours après le clavage du premier rouleau, et nul autre indice de dislocation ne s'est ensuite révélé.

Superstructure. Après le clavage du troisième rouleau la détermination du programme à suivre pour la continuation des

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