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voûtes par la méthode ordinaire ? Cette précaution paraît, théoriquement, inutile d'après ce qui a été constaté relativement à la séparation de la douelle d'avec son cintre.

Toutefois, on a vu qu'il convient de laisser vides aux naissances et jusqu'au droit de la demi-montée les joints correspondant aux poteaux et aux contre-fiches du cintre.

Dans ces régions, en effet, on s'est contenté d'un bourrage à l'intrados pour provoquer un soulèvement de la voûte au-dessus de son cintre, des matages énergiques sont nécessaires. Les joints courants une fois exécutés, comme les matages aux naissances peuvent avoir pour effet de faire vibrer le cintre et, par conséquent, de fissurer les joints encore frais des environs de la demi-montée qui sont les seuls à prendre appui sur les couchis, on aura soin de laisser également vides les joints tels que b, c, D, e, f, G qui seront matés en dernier lieu (fig. 7).

La douelle une fois constituée, les voussoirs no2 sont posés et tous les joints du deuxième rouleau sans exception peuvent être confectionnés ; il en est de même pour le troisième rouleau (voussoirs no 3). Toutefois, il peut être utile ici de ménager pour la fin le joint d'extrados et même les joints voisins dans lesquels on effectuera en dernier lieu un matage tout particulièrement soigné avec du mortier pulvérulent à 600 kg. Cette opération a pour but de renforcer tout spécialement les parties où l'on peut craindre la formation de fissures sous l'action d'un abaissement notable de température.

7° Ordre des opérations à effectuer dans la confection d'une voûte.

En résumé, voici l'ordre des opérations à effectuer dans la confection d'une voûte:

I. Douelle.

1. Pose et calage des assises de douelle à sec.

2. Soulèvement de la partie centrale par coincement des contre-clefs.

3. Bourrages et matages des joints ordinaires partout ailleurs que dans les assises soulevées de clef.

4. Matage des joints réservés aux environs des naissances. 5. Matage des joints de demi-montée (b, c, D, e, f, G).

6. Pose de la clef, matage des joints de clef, décalage (mortier ordinaire).

II. Deuxième rouleau.

7. Pose des voussoirs no 2. Bourrage général de tous les joints sans exception.

III. Troisième rouleau.

8. Pose des voussoirs no 3.

9. Bourrage ou matage des joints courants à l'exception des joints de clef laissés vides pour le décintrement, du joint de naissance et de quelques joints aux environs des naissances.

10. Matage énergique au mortier de ciment à 600 kg. des joints de naissance laissés vides.

IV. Décintrement.

11. Abaissement et enlèvement du cintre.

12. Remplissage au mortier à 350 bourré des joints creux de naissance (intrados) et des joints creux de clef (extrados).

C. ORGANISATION DU TRAVAIL. ÉCONOMIE D'EMPLOI
DE MAIN-D'OEUVRE.

L'avantage pratique de la méthode qui vient d'être décrite réside essentiellement dans l'économie de main-d'œuvre qu'entraîne son application.

Il n'est pas besoin pour confectionner la voûte de s'adresser à des maçons particulièrement expérimentés ; des manœuvres y suffisent. Dans un pays comme la région de Fès, surtout en temps de guerre, ce point est essentiel.

A cet égard, voici l'organisation adoptée pour la construction des grandes voûtes de Mesdoura :

Pour la pose, les équipes sont disposées symétriquement sur le cintre une à chaque extrémité, une de chaque côté de la clef. Une équipe comporte un poseur de profession assisté d'un ouvrier maçon (ou à la rigueur d'un manœuvre).

Le bardage des pierres est confié à des équipes d'indigènes;

dans chaque voûte, la pose des pierres et des cales est soigneusement contrôlée par un surveillant expérimenté.

On arrive ainsi à préparer un rouleau de douelle tout entier en deux jours. Il faut un temps légèrement inférieur pour chacun des rouleaux suivants.

La douelle posée, les maçons peuvent être immédiatement libérés si leur présence est nécessaire en un autre point du chantier (confection des tympans, voûtelettes, etc...). Comme il ne s'agit plus que d'effectuer un travail mécanique, on peut parfaitement leur substituer les manoeuvres indigènes employés au bardage. Les poseurs de profession restent à leur poste pour diriger les manoeuvres et veiller à l'exécution des menues prescriptions que comporte l'application du procédé (emploi des mortiers secs ou humides, bourrages, matages, bourrages autour des cales, etc...).

L'économie de main-d'œuvre ainsi réalisée sur le procédé ordinaire de confection des voûtes est assez considérable.

Nous donnons ci-dessous le prix de revient du travail des équipes employées à la confection de deux des ponts de Mesdoura et de l'un des anneaux de l'Oued Beth-chefs de chantier, maçons, poseurs et manœuvres. Nous les comparons aux prix correspondants notés au cours de la construction du pont de l'Oued Maleh et du pont de Ben Tato construits suivant le procédé classique. Les taux des salaires payés dans les différents cas envisagés n'ont pas sensiblement varié en passant d'un ouvrage à l'autre.

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:

1.140 fr.

1.200 fr.

1.300 fr.

1.300 fr.

1.500 fr.

3.200 fr.

712 fr.

1.250 fr.

Salaires chefs de chantier, 1 fr.50 l'heure ; poseurs ou maçons, 1 fr.20 l'heure ; manoeuvres indigènes, 0 fr. 25 l'heure.

Ann. des P. et Ch., MÉMOIRES, 1919-VI.

22

On se rend compte que la dépense nécessitée par la confection d'un arc de 35 mètres comportant 145 assises de 1 m.50 est à peine supérieure à celle qu'a demandée l'exécution de l'arc de Ben Tato comportant seulement 91 assises pour un volume de maçonnerie à peu près égal. En ce qui concerne le pont de l'Oued Beth, on notera les difficultés d'approche dues à la forme même de l'ouvrage : c'est à cette seule circonstance qu'est due l'augmentation du prix unitaire de maçonnerie de voûte.

Encore faut-il noter que dans les essais qui ont été faits on a dù employer aux matages et bourrages certains ouvriers à salaire élevé, faute de manœuvres européens; en Europe, ou au Maroc dans une période normale, on obtiendrait une nouvelle économie par une meilleure répartition de la main-d'oeuvre.

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On vient de voir que la construction des voûtes par assises complètes de moellons équarris se prête remarquablement au travail de confection des joints.

A cet avantage pratique, il faut ajouter ceux que l'on déduira des considérations ci-dessous:

Une voûte ainsi constituée peut, à un meilleur titre qu'une autre, être assimilée, en vue du calcul, à un arc encastré à ses deux extrémités. Elle se compose en effet de tranches successives de pierre et de mortier séparées par des plans à peu près normaux à la fibre moyenne.

Dans toute l'étendue d'une même section transversale, le coefficient d'élasticité E reste le même, et, cela, aussi bien dans les régions de clef que vers les reins et les naissances.

Les formules auxquelles conduit l'étude de l'arc encastré seront donc appliquées ici avec plus de confiance que s'il s'agissait de voûtes constituées, aux environs des naissances, de matériaux d'élasticité différente suivant un même plan perpendiculaire à la fibre moyenne. ·

Le point qui demeure douteux quant à la validité des calculs est encore l'hypothèse première qui comporte l'invariabilité des appuis et un encastrement parfait au droit de ces appuis.

En fait, cette invariabilité n'est pas absolue, comme on l'a vu plus haut, surtout quand les appuis sont constitués par des piles.

Quant à l'encastrement aux extrémités, on ne peut soutenir qu'il soit réalisé de façon parfaite dans des voûtes où la courbe de pression est très décentrée et c'est généralement le cas des voûtes construites en moellons ordinaires où se produisent, au décintrement, des fissures à l'extrados des reins. Cet encastrement même paraît devoir être réalisé d'autant mieux que des matages énergiques ont été effectués aux naissances. Il serait désirable que, de ce côté, des observations de précision fussent entreprises. L'expérience seule fournira des données exactes sur les conditions d'équilibre intérieur d'une voûte et c'est de ces données seulement qu'on tirera des conclusions quant au degré de confiance que l'on pourra accorder au calcul.

Quoi qu'il en soit, et cette réserve bien entendue, on peut s'autoriser à retenir que dans le cas présent le calcul permettra de déterminer, tout au moins approximativement, la position de la courbe de pression correspondant aux seuls efforts statiques, et cela, mieux que si l'on avait affaire à une voûte en moellons ordinaires. On en déduira de manière toujours assez précise quels sont les joints à mater le plus soigneusement: car c'est, en somme, l'action de ces matages qui est essentielle en ce qu'elle permet d'obtenir finalement une courbe de pression générale aussi «< centrale » que possible.

Dans ces conditions, si l'on connaît, même de façon seulement approchée, la répartition des efforts qui sera réalisée à l'intérieur des maçonneries, il devient superflu de prévoir, par mesure de précaution, des chiffres d'épaisseur de voûte majorés on pourra, avec d'autant moins d'hésitation qu'on sera mieux renseigné à cet égard, réduire l'épaisseur à la clef ainsi que le rapport des épaisseurs aux reins et à la clef.

Épaisseurs à la clef.

La formule de M. Séjourné donnant l'épaisseur à la clef est la suivante :

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