ainsi soulevées : ces assises elles-mêmes ont été maintenues en place à l'aide de cales introduites à force entre la douelle et les couchis. Dans le même but, pour éviter le desserrage des coins, ceux-ci étaient imbibés d'eau et ont été entretenus humides pendant tout le temps qui a précédé le clavage.

Rouleau de douelle d'un arc de 30 m. aux environs de la clef.

b

On est venu alors mater énergiquement les joints laissés vides en continuant de coincer les cales inférieures. Cela fait, on a enlevé successivement les coins en bois que l'on a été obligé de ruiner. Les pierres de clef ont été introduites l'une après l'autre et mises en place par calages contre les assises voisines. Les joints de clef ont été énergiquement matés au mortier à 600 K° de ciment par mc. de sable.

Aussitôt après, on a enlevé les cales la voûte s'est abaissée de façon imperceptible sans atteindre le cintre dont elle est demeurée nettement détachée.

La descente a eu pour effet de comprimer les joints vers l'intrados et de compléter ainsi l'effet des matages.

L'idéal eût été évidemment de réaliser l'opération de soulèvement qui vient d'être décrite au moyen de vérins. On eût pu ainsi soulever la voûte tout entière et la séparer de son cintre à partir des naissances (1).

On aurait procédé aux opérations de matage et de bourrage sur la voûte ainsi cambrée et le clavage aurait eu lieu dans les mêmes conditions que précédemment.

Quant au décintrement, on aurait pu l'effectuer sans inconvénient aussitôt après.

L'effort total à exercer à la clef pour détacher du cintre le rouleau comprenant les seuls voussoirs de douelle n'est pas considérable. On se rend compte aisément de son ordre de grandeur :

assimilons notre voûte à l'arc simple pour lequel

13

= cos 0.

3471 kgs (grand arc de Mesdoura,

Telle est la force destinée à combattre la poussée de l'arc. Pour l'élévation de la clef on applique la formule simplifiée.

Une élévation de 1 cm. est produite par une force de 300 kgs. par mètre de largeur de voûte. Il ne s'agit bien entendu que du soulèvement du seul rouleau de douelle.

(1) On sait que c'est là le procédé ingénieux imaginé par M. l'Ingénieur FREYSSINET en vue du décintrement des deux voûtes du pont de Villeneuve,

40 Décintrement.

En somme, autant qu'on l'a pu faire par les moyens rudimentaires dont on disposait, on a tenté de réaliser par avance une séparation aussi complète que possible de la voûte d'avec son cintre.

Cette séparation a pu être réalisée aux naissances et à la clef; seules, les assises des régions de demi-montée recevaient les réactions du cintre.

L'avantage théorique et pratique d'un pareil résultat s'explique aisément on réalise ainsi une voûte dont les pressions s'établissent une fois pour toutes dès la construction; on ne court donc pas l'aléa d'un abaissement important au décintrement entraînant une modification de l'équilibre intérieur dont on ne saura jamais rien au point de vue quantitatif et qu'on ne pourra corriger.

L'abaissement du cintre et son enlèvement pouvant dès lors être réalisés sans risque à tout moment, on procédera à ces opérations dès l'achèvement de la voûte et c'est là un point important pour l'organisation du travail dans la construction des ponts à multiples anneaux.

Quelle peut être l'importance des réactions du cintre sur la voûte aux environs de la demi-montée ?

Il est évidemment impossible de chiffrer, même approximativement, des efforts de cette nature; mais leur faible importance a pu être révélée expérimentalement par les opérations de décin

trement.

Voici les chiffres qui ont été obtenus pour onze voûtes :

On observera la constance remarquable des résultats en ce qui concerne les trois voûtes centrales de 35 m. pour des temps d'appui sur cintre très différents. Cette constance se constate aussi pour cinq des voûtes de 30 m., mais de façon moins nette: cela tient à ce que, par suite de la poussée exercée par les voûtes centrales, les clefs des voûtes latérales étaient déjà surélevées de quantités variables selon le degré de séparation de chacune d'elles d'avec son cintre pour le pont central, les moellons tétués de

(1) Les chiffres des abaissements constatés comprennent le lassement et l'enfoncement des piles que l'on n'a pu mesurer faute d'appareils. L'enfoncement des piles est certain en raison de la nature du sol de fondation (argile).

(2) Arcs à culées perdues; portée suivant la ligne de naissance de la fondation de rive gauche: 45 m. 10.

parement étant identiques à ceux des corps intérieurs, les matages et bourrages ont été effectués partout de la même façon; pour les ponts amont et aval, les pierres des parements présentaient entre elles des joints minces (8 mm. en parement, 1 à 2 cm. à l'intérieur) pour lesquels la même opération a été plus difficile; la séparation des douelles d'avec le cintre était plus accusée pour les voûtes du pont médian que pour celles des ponts extrêmes.

Quoi qu'il en soit, il est permis de penser que la préparation des joints a eu pour effet de donner rapidement aux voûtes une élasticité suffisante pour permettre leur décintrement peu après leur confection.

Au pont de l'Oued Cheracher aval, le résultat obtenu a été particulièrement intéressant: 0 mm. 7 à 24 heures on l'attribue à ce que la confection des joints a été très soignée et effectuée par les équipes expérimentées qui avaient été dressées à Mesdoura; en outre, la voûte est particulièrement légère; on a

lo

0 m. 60

avec a = 0,10 (1),

De plus, la croissance des épaisseurs est plus accentuée qu'à

De plus, les voussoirs étaient normaux à la fibre moyenne et non plus à l'intrados.

L'abaissement de la clef paraît donc à peu près indépendant du temps séparant la confection de la voûte du décintrement; il est d'autant plus faible que le coefficient z est plus petit (légèreté de l'arc à la clef) et que la croissance des épaisseurs vers les naissances est plus accusée.

Comme on devait s'y attendre, l'abaissement de la clef est à peu près égal à l'abaissement des régions en contact avec les

(1) Voir plus loin la définition de ce coefficient. (2) Ibid.