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CHRONIQUE

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79

DES PONTS ET CHAUSSÉES

AVIS

Les manuscrits présentés pour l'insertion dans ces Annales sont soumis à l'examen d'une Commission dite Commission des Annales des Ponts el Chaussées.

Cette Commission se réunit à l'École Nationale des Ponts et Chaussées, 28, rue des Saints-Pères.

Membres de la Commission:

M. KLEINE, Inspecteur général de 1re classe, Directeur de l'École Nationale des Ponts et Chaussées, Président.

M. JACQUINOT, Ingénieur en chef, Inspecteur de l'École Nationale des Ponts et Chaussées, Secrétaire.

MM. CHARDON, Conseiller d'État chargé des services du Personnel et de la Comptabilité. - DREYFUS (Silvain), Inspecteur Général, Directeur de la navigation intérieure et de l'aménagement des eaux. DE JOLY, Inspecteur Général, Directeur des Ports maritimes. CONSTANTIN, Ingénieur en Chef, Directeur des Chemins de fer. MAHIEU, Inspecteur général, Directeur de la voirie routière. DEFLINE, Ingénieur en chef, Directeur des Mines.

MM. ALEXANDRE; CHARGUÉRAUD; MEUNIER; LUNEAU; CRAHAY DE FRANCHIMONT, SCHOENDOERFFER, RIBIÈRE, DE VOLONTAT, COUSTOLLE, TOURTAY, FONTANBILLES, MONMERQUÉ, Inspecteurs généraux des Ponts et Chaussées de 1re classe. ROBERT, Inspecteur général de 2o classe, Secrétaire du Conseil général des Ponts et Chaussées.

MM. COLSON; LIMASSET; RÉSAL; BLONDEL; BONNET; DUSUZEAU; DESCUBES; IMBEAUX; LOCHERER; MESNAGER; MOURET; D'OCAGNE; PIGEAUD; SÉJOURNÉ, Professeurs à l'École des Ponts et Chaussées.

M. THERON, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Secrétaireadjoint.

NOTA: La Commission des Annales des Ponts et Chaussées n'est en aucune façon responsable des opinions émises et des théories développées par les auteurs; elle ne s'immisce pas dans les questions de priorité.

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Inspecteur général des Ponts et Chaussées,

Professeur à l'École nationale des Ponts et Chaussées,

Ancien Directeur des Ports Maritimes au Ministère des Travaux Publics,

LE 3 SEPTEMBRE 1919.

I

Par M. CHARGUERAUD,

Inspecteur général des Ponts et Chaussées,
Conseiller d'État,

Vice-Président du Conseil général des Ponts et Chaussées
fet du Conseil supérieur des Travaux Publics.

Mesdames, Messieurs,

C'est avec la plus vive émotion, au nom du Ministre des Travaux publics, profondément affecté par la mort prématurée d'un collaborateur qu'il estimait tout particulièrement, au nom du Conseil général des Ponts et Chaussées, et aussi comme ami, que j'adresse le suprême adieu à notre excellent camarade de Joly. Je ne retracerai pas sa belle carrière, si bien remplie, si désintéressée, si fructueuse pour le bien public; elle mérite une étude attentive et une notice détaillée; elle doit servir 'd'exemple à tous ceux que la passion du devoir anime et qui placent, avant leurs satisfactions ou leurs convenances personnelles, le souci de l'intérêt général.

De Joly est mort victime de ces belles qualités auxquelles un pays doit sa force et son prestige.

Ann. des P. et Ch., MÉMOIRES, 1919-IV.

1

L'année dernière, dans des circonstances semblablement douloureuses, j'assimilais le dévouement du soldat tombant au front et celui du combattant de l'arrière, lorsque ce dernier, se sachant exposé au danger, n'hésitait pas à faire le sacrifice de sa vie à la Patrie.

Ce fut le cas de de Joly. Chargé dès le début de la guerre, à Cherbourg, auprès du Préfet maritime, de diriger le service des phares, il fut, au commencement de l'année 1915, appelé à Paris pour collaborer à l'organisation et à la direction de l'exploitation des ports maritimes. Les circonstances exigeaient un effort considérable et des connaissances très étendues; de Joly, avec cette maîtrise, cette autorité, cette sûreté de vues qui le caractérisaient, y rendit des services dont la valeur et l'importance seront mieux appréciées lorsque, grâce à un certain recul, les choses pourront être jugées avec calme et sérénité. Et cependant, il venait de perdre, à Cherbourg, une fille aimée, et son jeune fils était au plus fort des combats du front. Ni le chagrin éprouvé, ni l'anxiété journalière n'affaiblirent à aucun moment son acti

vité et son travail.

Ses éminentes qualités le désignaient pour les services les plus difficiles; aussi, vers la fin de 1916, fut-il nommé Directeur des Transports Maritimes. C'était une tàche formidable qui lui incombait et, malgré ses appréhensions, il ne lui vint pas à l'idée de se récuser.

Hélas! c'est là qu'il devait contracter le mal auquel il a succombé. Aux soucis de tous les instants, au travail acharné de chaque jour vinrent s'ajouter des fatigues physiques auxquelles, en raison de sa forte constitution et de son excellente santé, il ne crut pas devoir prendre garde. Obligé de participer en Angleterre, à des négociations d'où dépendait le ravitaillement du pays, il traversa plusieurs fois le détroit dans des conditions matérielles difficiles et par des temps qui eussent exigé des précautions particulières. Mais ni les avertissements, ni les sollicitations alarmées des siens ne purent arrêter 'son ardeur. Dans ces périodes de transformation de services, auxquelles nous avons si souvent assisté, à un moment où il était question de remettre

les transports maritimes à un autre Ministère, il me fit cette déclaration qui le peint tout entier :

« J'ai hâte, me dit-il, de voir réaliser ce transfert qui me permettra de me retirer; j'ai la fièvre en permanence; je suis tous les soirs extrêmement fatigué; je ne me crois pas obligé de conserver ce service dans un autre Ministère; mais, à l'heure actuelle, je n'abandonnerai pas le Ministre qui a placé sa confiance en moi et quoi qu'il puisse m'arriver, j'irai jusqu'au bout. >>

Le 1er avril 1917, il put enfin prendre ce repos qu'il avait si bien gagné. Malheureusement ce repos ne devait pas être d'assez longue durée. La création, au mois d'octobre de la même année, d'une Direction spéciale des Ports maritimes au Ministère des Travaux publics, allait le plonger à nouveau dans une activité prématurée. C'était à lui que l'on devait tout naturellement penser pour ce service. Se croyant suffisamment guéri et pensant pouvoir ménager ses forces, il accepta. Un an plus tard, il devait abandonner son poste et nous ne devions plus le revoir ! Ces simples constatations ne suffisent-elles pas à établir que de Joly est une victime du devoir, devoir qui, à ses yeux, s'imposait plus impérieusement à l'heure où chacun se rendait compte des besoins de la Patrie et de la nécessité de tout lui sacrifier.

Madame, vous qui avez donné le meilleur de votre temps et de vos forces aux œuvres de guerre, vous êtes une de ces femmes qui auront beaucoup souffert; mais vous aurez l'orgueil d'avoir souffert pour la Patrie. C'est dans cette pensée que vous trouverez le secours nécessaire dans votre détresse. Nous, les camarades de celui que vous pleurez, nous garderons pour lui une admiration sans bornes et un souvenir douloureusement ému.

Adieu, cher de Joly, cher ami, adieu!

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