ville et par ses réflexions personnelles, pour ne pas percevoir la limite des possibilités d'application de l'épuration des eaux d'égout à l'aide du seul système d'épandage agricole du « tout à l'égout », et pour ne pas reconnaître que lorsqu'on a affaire à d'immenses agglomérations, l'emploi exclusif de l'épandage devient insuffisant contre la pollution progressive des cours d'eau d'aval, parce que le système se heurte bien vite à l'impossibilité de trouver des surfaces de terrains sablonneux suffisamment grandes et conduit à des dépenses prohibitives pour les budgets municipaux. L'étude des questions de l'hygiène publique dont Launay avait la passion à un degré rare, l'avait amené depuis de longues années à adhérer à la Société de médecine publique, composée de médecins éminents et d'ingénieurs sanitaires. Parmi les grandes commissions et les sociétés scientifiques dont il avait été nommé membre, ou sociétaire, il n'en est aucune qui lui tint plus à cœur que celle-là. Dès la fin de 1913, il en avait été élu président pour l'année 1914; mais il devait conserver sa présidence, par tacite consentement, jusqu'à la fin des hostilités. Son prédécesseur à cette présidence, l'éminent docteur Vincent, Inspecteur général du service de santé, auquel on doit la découverte si précieuse du sérum polyvalent contre la fièvre typhoïde et qui a sauvé la vie à d'innombrables défenseurs de la France, sur notre front, en Macédoine et au Maroc, fit à Félix Launay, dans la séance où il lui transmit ses pouvoirs de Président, la déclaration symptomatique suivante qui prouve combien on l'avait en haute estime dans ce milieu scientifique : « Après avoir eu l'honneur de présider les séances de notre Société, je n'en connais pas de plus grand que d'être remplacé par vous. » J'ajoute que la notoriété de Félix Launay comme ingénieur de grands travaux d'assainissement n'avait fait que s'accroître malgré son départ du service de la ville de Paris. Aussi était-il souvent appelé par le Ministre des Travaux publics à représenter la France comme délégué officiel dans de nombreux congrès internationaux d'hygiène publique. C'est ainsi qu'il participa aux Congrès de Berlin, de Budapest, de Madrid et, en dernier lieu, à celui de Philadelphie, aux États-Unis. C'est à l'occasion de ce dernier Congrès que la photographie si vivante, qui a été insérée au début de la présente notice, a été prise à Washington par un photographe américain. Nous en devons la communication à la pieuse attention de Mme veuve Launay sa fidèle compagne; nous l'en remercions ici, très respectueusement au nom des lecteurs des Annales des Ponts et Chaussées. 1 Je termine cette notice historique de la vie et des travaux de Félix Launay en m'excusant de sa longueur: nous avions, l'un pour l'autre, depuis l'École polytechnique, une affection presque fraternelle qui ne s'est pas démentie, un seul jour, depuis 43 ans. Paris, le 8 janvier 1919. Bibliographie. BIBLIOGRAPHIE DES PRINCIPALES PUBLICATIONS DE M. FÉLIX LAUNAY Inspecteur général des Ponts et Chaussées 1o La submersion des vignes dans l'Aude et dans l'Hérault. (Annales du régime des eaux, avril et juin 1887.) 2o La submersion des vigues dans l'Aude (Canaux de Luc et de Fabrezan). (Annales du régime des eaux, avril 1888.) 3o La dérivation des eaux de la Neste. (Annales du régime des eaux, avril 1889.) 4° L'avenir des canaux d'irrigation. (Annales du régime des eaux, avril 1890.) 5o Le drainage de la plaine de Gennevilliers. (Annales agronomiques, juillet 1892.) 6o Cours d'hydraulique agricole et de génie rural (en collaboration avec M. A. Durand-Claye, 2 vol., Doin, édit., 1890-1892). 70 Note sur les tramways électriques de Budapest. (Annales des Ponts et Chaussées, décembre 1894.) 8° L'état actuel et l'assainissement de Paris et la loi du 10 juillet 1894. (Annales des Ponts et Chaussées, mars 1895.) 9o Les irrigations à l'eau d'égout de Gennevilliers pendant l'hiver de 1895. (Revue d'hygiène, mai 1893.) 10° L'assainissement de la ville de Berlin en 1894. (Annales des Ponts et Chaussées, sept. 1895.) 11° Notice. Les travaux de l'aqueduc et du parc agricole d'Achères (en collaboration avec M. G. Bechmann). (Annales des Ponts et Chaussées, 2o trim., 1897.) Médaille d'or de 600 fr. 12° Les champs d'épandage de la ville de Paris. (Revue d'hygiène, déc. 1897.) 13° Rapport au Congrès international d'agriculture de 1900 (en collaboration avec MM. Bechmann et Vincey sur l'utilisation agricole des eaux d'égout). 14° Rapport au Congrès international d'hygiène de 1900 sur la protection et l'épuration des sources et des cours d'eau. (Mesures administratives.) 15° L'épuration bactérienne des eaux d'égout. Rapport 'de missions en Angleterre, novembre 1900. 16° Traduction de l'anglais d'un ouvrage de M. G. Thudicum sur le traitement bactérien des eaux d'égout (Béranger, éditeur, 1901). 170 Réflexions sur l'épuration bactérienne des eaux d'égout. (Revue d'hygiène, mai 1901.) 18° Souterrains ou tunnels. Extraction des roches, mines, explosifs. Leçons professées à l'École des Ponts et Chaussées (autographiées 1910). 19° Réfection du souterrain de Mauvages. (Annales des Ponts et Chaussées, 1912-1913.) 20° Cours de procédés généraux de construction. 1re Partie : matériaux, sondages, terrassements, fondations. Leçons professées à l'École des Ponts et Chaussées (1913-1914) (autographiées). N° 7 FORMES ET DIMENSIONS DES GRANDS BARRAGES EN MAÇONNERIE Par M. RESAL Inspecteur général des Ponts et Chaussées DES BARRAGES. 1. MÉTHODE USUELLE ET MÉTHODE RATIONNELLE POUR LE CALCUL Nous rappellerons tout d'abord que, dans un corps élastique, l'ellipsoïde des actions moléculaires, relatif à un point M situé sur une surface périphérique libre A B (fig. 1), se réduit à une ellipse con tenue dans le plan tangent à cette surface. Soit R l'une des deux actions moléculaires principales. Menons par l'autre axe de l'ellipse un plan défini par l'angle Τ 2 (1) qu'il fait avec le plan tangent. La composante normale R' de l'action moléculaire conjuguée de ce plan oblique a pour valeur R cos2 w (1). N A Fig. 1. B Supposons maintenant que la surface périphérique, au lieu d'être libre, soit soumise, par l'effet des forces extérieures, à (1) La composante tangentielle de cette action moléculaire, dont il sera question plus loin, est R sin cos w, ou (RN, sin cos w. une pression normale N. Le troisième axe de l'ellipsoïde, perpendiculaire au plan tangent, ne sera pas nul, mais égal précisément à N. L'action R' aura alors pour expression : Méthode usuelle de calcul. Le profil-type du mur de réservoir est un triangle rectangle dont le côté vertical OA correspond au parement amont, et dont l'hypothénuse O B, faisant avec la verticale l'angle 2, correspond au parement aval (fig. 2). Fig. 2. B Considérons une section horizontale A B du massif de maçonnerie. On évaluera comme il suit le travail de compression R subi par cette section en A, sur le parement amont, ainsi que le travail de compression S' en B, sur le parement aval. Réservoir vide : R = Ay; S'= 0. Réservoir plein jusqu'au sommet 0: La lettre désigne le poids du mètre cube de maçonnerie, et la lettre e l'épaisseur A B du mur, à la distance verticale y du sommet 0. On ae que y tg 2x. L'angle 2 z se détermine par la condition le travail R soit égal à la pression hydrostatique 1000 y quand le réservoir est plein: |