Page images
PDF
EPUB

besoin d'aucun échafaudage pour accéder aux différentes parties du front de taille. En outre, les deux ateliers inférieurs se trouvent protégés par les plateformes mobiles contre les éboulements et contre la chute des déblais fouillés dans l'atelier supérieur.

Les déblais sont évacués au jet de pelle à travers le corps du bouclier dans des wagonnets roulant sur le radier du tube ou, pour les ateliers supérieurs, dans des goulottes qui les conduisent à ces wagonnets.

La queue du bouclier prolonge le corps sur la longueur nécessaire au montage de deux anneaux du cuvelage, tout en recouvrant en outre 0,14 du troisième anneau en arrière. Il y a donc toujours (0,75 +- 0.14) = 0,89 du revêtement recouvert par le bouclier au moment même où la poussée vient d'être opérée et où le dernier anneau n'est pas encore monté. En réalité, cette longueur peut se réduire à 0,80 environ à la fin de la poussée, car on est obligé de faire celle-ci un peu plus longue qu'il n'est théoriquement nécessaire, pour tenir compte de l'élasticité du cuvelage qui revient un peu en avant quand il cesse d'être comprimé par les vérins.

Les vérins de poussée sont au nombre de 27 pouvant exercer un effort total de 3.463 tonnes. Ils forment quatre groupes, celui de la partie supérieure composé de 6 appareils, celui du bas et ceux des flancs, composés chacun de 7 appareils. Chaque groupe peut être commandé par un seul robinet et dans chacun des groupes chaque vérin peut être isolé des autres.

Les têtes des pistons sont évasées et terminées par de grands patins d'acier en forme d'arc de cercle épousant la circonférence intérieure du bouclier et de dimensions suffisantes pour répartir la poussée sur l'ensemble du cuvelage.

Le piston de chaque vérin forme lui-même pot de presse pour un petit piston de faible diamètre prenant appui sur le cuvelage et servant à ramener en place le vérin après la poussée, au moyen d'eau comprimée envoyée dans l'intervalle des deux pistons par un flexible avec raccord à vis. Le rappel du petit piston lui-même est fait très facilement à l'aide d'une pince à main.

Le montage des voussoirs du cuvelage est opéré au moyen d'un appareil, dénommé grue de montage, fixé au moyen d'un support

Ann. des P. et Ch. MÉMOIRES 1911-I.

2

en acier coulé sur la cloison verticale médiane. Cet appareil est constitué par un bras pouvant pivoter autour de l'axe du souterrain et dont une extrémité, dénommée grip, forme la tête d'une presse hydraulique différentielle logée dans le bras de la grue tandis que l'autre porte un contrepoids. L'orientation de la grue est obtenue au moyen de deux chaînes, d'une part s'enroulant sur un tambour solidaire de la grue et, d'autre part, fixées aux tiges de presses hydrauliques commandées simultanément et en sens opposé par un robinet spécial.

Pour monter le cuvelage d'un anneau, on amène chaque voussoir sur un wagonnet dans la queue du bouclier, on le fixe sur le grip au moyen de broches à baïonnette s'enfonçant dans les trous des nervures, on le soulève en ramenant le grip en arrière, puis on oriente la grue de façon à le placer en face de la position qu'il doit occuper. Il ne reste plus qu'à allonger le grip pour l'amener dans cette position et après interposition dans les joints de lamelles en bois créosoté, à l'y maintenir à l'aide de broches auxquelles on substitue les boulons définitifs pendant qu'on s'occupe à placer le voussoir suivant.

Les canalisations d'eau du bouclier sont en acier extra fort avec raccords en bronze. La conduite d'eau des vérins est en cuivre avec raccords, brides et connexions en bronze. Les tubes en sont dudgeonnés en épaulement conique contre la pression et au besoin brasés sur la bride ou sur le raccord. Ils ont une longueur suffisante pour parer aux vibrations et donner une certaine latitude d'ajus

tement.

Les commandes hydrauliques et la robinetterie sont fixées sur la cloison arrière du corps du bouclier à portée de la main d'un mécanicien se tenant sur la plateforme supérieure.

III. USINE CENTRALE.

La mise en action du bouclier nécessitait l'emploi d'eau comprimée à forte pression et, sous la Seine, l'emploi d'air comprimé. Cette fourniture d'air et d'eau, ainsi que celle d'électricité pour l'éclairage et la force motrice, a été assurée par une usine établie sur l'esplanade des Invalides dans un grand hall provisoire de 34,00 de longueur sur 24,00 de largeur (voir plan et coupe fig. 1 et 2 ci-contre).

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][subsumed][ocr errors][merged small][merged small]
[blocks in formation]

PLAN ET COUPE DE L'USINE PROVISOIRE A AIR COMPRIMÉ.

[blocks in formation]

34,00

Le bâtiment est constitué par des fermes métalliques reposant sur des poteaux en bois et supportant la toiture en tuiles. Entre les poteaux, les murs de l'usine sont formés par un remplissage en maçonnerie de briques. De nombreux châssis vitrés laissent pénétrer la lumière à profusion dans ce bâtiment.

L'usine ne produit pas son énergie, qui lui est envoyée sous forme de courant électrique à 5.500 volts, 25 périodes, par la Société « le Triphasé » d'Asnières et par la Société Anonyme Westinghouse (usine des Moulineaux). Cette double alimentation assure la continuité de la marche, même en cas d'arrêt accidentel d'une des sources d'énergie.

Le courant à 5.500 volts est employé directement par les moteurs des compresseurs d'air à basse pression. Pour tous autres usages, il est transformé en courant à 190-110 volts, au moyen de 3 transformateurs à bain d'huile pour courant triphasé d'une puissance de 90 kilovoltampères, installés en arrière des tableaux de distribution. L'air comprimé à basse pression destiné à faire équilibre à la pression hydrostatique, est fourni par 4 compresseurs de la Compagnie Ingersoll-Rand. Chacun d'eux est actionné par courroie au moyen d'un moteur asynchrone triphasé à bagues de 220 chevaux fonctionnant à 5.500 volts, 25 périodes et 368 tours environ. Chaque compresseur est composé de 2 cylindres de 0,615 de diamètre et 0,609 de course, symétriquement placés par rapport à la poulie de commande, travaillant normalement à 100 tours par minute. L'air est aspiré et comprimé de chaque côté des pistons à une pression maxima de 2 k. 800 et la production d'un compresseur est, par minute, de 70 mètres cubes d'air mesuré à la pression atmosphérique.

L'aspiration de l'air se fait à l'extérieur par une cheminée élevée de 4,00 environ au-dessus du toit de l'usine et dont l'orifice est orienté à l'opposé des vents régnants, pour éviter l'introduction de poussières. L'air est amené aux compresseurs par un caniveau en béton enduit au ciment.

A la sortie de chaque compresseur, l'air est refroidi au moyen d'eau de Seine dans un réfrigérant par surface de 53m2. Il passe ensuite dans un réservoir de 1,25 de diamètre et 3,25 de hauteur,

destiné à amortir les chocs et les pulsations dans la canalisation générale et à débarrasser l'air des traces d'huile qu'il pourrait contenir. Une canalisation générale relie ces réservoirs au front d'attaque. L'air, encore tiède à la sortie des réfrigérants, achève de s'y refroidir et arrive au chantier dans des conditions très satisfai

santes.

La régularisation de la pression se fait de deux manières : par une soupape à charge réglable placée sur chaque réservoir d'air et par une vanne réglant l'aspiration des compresseurs et commandée par un piston sous lequel agit l'air comprimé. Si la pression monte, la vanne se ferme, il y a moins d'air aspiré et par suite moins d'air comprimé. La pression tend donc à baisser.

Les prévisions des entrepreneurs avaient été établies dans l'hypothèse qu'il faudrait trois compresseurs en marche constante, le quatrième restant en réserve. Les quatre compresseurs pouvant donner ensemble par heure 16.800 mètres cubes d'air (mesurés à la pression atmosphérique), la consommation ne devait done pas dépasser 338 mètres cubes d'air par heure et par mètre carré de front d'attaque du bouclier.

Au cas où ces prévisions n'auraient pas été réalisées, l'usine avait été disposée pour recevoir un cinquième compresseur. Nous verrons plus loin que cette adjonction n'a pas été nécessaire, mais que les quatre compresseurs ont fonctionné simultanément à certains moments. Les prévisions de l'entreprise étaient donc très judicieusement établies.

En outre de ces quatre compresseurs, l'usine en comprend un cinquième pouvant comprimer l'air à 7 k. 300 par centimètre carré, en vue de l'exécution des injections. Cet appareil, fourni par la Compagnie Ingersoll-Rand, est actionné par courroie. Il est du type Compound avec un cylindre à basse pression de 0,463 de diamètre et un cylindre à haute pression de 0m,311, tous deux de 0,305 de course faisant 150 tours par minute. La production en air libre est d'environ 15m3 par minute pour une force absorbée de 70 à 85 chevaux. A ce compresseur sont adjoints un réfrigérant de 14m2,500 de surface et un réservoir de 2m3,10.

L'eau comprimée pour la manœuvre du bouclier, des plateformes

« PreviousContinue »