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II

Par M. MESNAGER

Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées,

Inspecteur p. i. de l'École nationale des Ponts et Chaussées.

Mesdames, Messieurs,

M. l'Inspecteur général KLEINE, Directeur de l'École des Ponts et Chaussées, qui a le très grand regret de se trouver dans l'impossibilité de prendre part à la triste cérémonie qui nous réunit aujourd'hui, m'a chargé d'être son interprète pour exprimer, à la famille si cruellement éprouvée de notre camarade de Joly et à ses nombreux amis ici rassemblés, la peine profonde et le vide cruel que cause sa perte à l'École des Ponts et Chaussées.

Depuis de longues années les élèves avaient apprécié son enseignement clair et précis. Il avait succédé à Quinette de Rochemont dans la chaire de ports de mer. Il devait sembler qu'après un aussi illustre représentant de la construction maritime, connu et apprécié du monde entier, le poste serait difficile à remplir pour un successeur. Il n'en avait rien été : dès le premier jour, de Joly s'était imposé. Ses vues larges, profondes, présentées d'une façon nette et limpide, avaient captivé les élèves. Cela d'ailleurs n'avait été une surprise pour aucun de ceux qui le connaissaient. Son prédécesseur, qui avait été son chef direct et était grand connaisseur d'hommes, l'avait apprécié depuis longtemps; il avait coutume de dire « On peut s'en remettre à de Joly, tout ce qu'il entreprend, il le réussit à souhait ! »>

Nombreux sont les élèves qu'il a formés et plusieurs se sont déjà distingués dans la voie qu'il leur avait fait connaître, montrant par les remarquables applications des méthodes qu'il avait préconisées la haute valeur de la formation qu'il leur avait donnée et les fruits excellents qu'elle était susceptible de porter. Il faut cependant en général de longues années pour qu'on puisse apprécier les résultats d'un enseignement, nous devons donc nous attendre à en voir dans la suite des résultats plus remarquables

encore.

C'est surtout dans les discussions aux séances du Conseil de l'École que ses collègues de l'École des Ponts et Chaussées avaient pu apprécier la sûreté de son jugement et la valeur de ses avis. Il n'y avait pas une question dont il se désintéressât. Présentant toujours des solutions simples et inspirées par un esprit large et compréhensif, il nous frappait tous par la promptitude avec laquelle il dégageait, d'une situation complexe et hérissée de difficultés, la solution qui ensuite s'imposait à tous.

Une voix plus autorisée vous a dit la haute valeur professionnelle et civique du brillant collègue que nous pleurons, les services hautement appréciés que, dominant la douleur d'une perte cruelle subie au début, il a rendus au cours de la grande guerre. Elle vous a fait apprécier la part considérable qui lui revient dans l'œuvre de la Victoire. Il ne m'appartient pas d'en parler après elle.

Au nom de l'École des Ponts et Chaussées et de ses professeurs, au collègue hautement apprécié, à l'ami que nous pleurons tous, je dis : « Adieu ! Mais nous ne t'oublierons pas, ton souvenir restera grand et vivant parmi nous ! »

Puissent nos profonds regrets adoucir l'amertume de la séparation pour la famille éplorée qu'il laisse après lui!

N° 19

PAROLES PRONONCÉES

Par M. KLEINE

Vice-Président du Comité de l'exploitation technique des chemins de fer

A la séance DU 31 JUILLET 1919 A L'OCCASION DU DÉCÈS

DE

M. A. GOUPIL

Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées.

Notre Comité vient de faire une perte cruelle; nous rendions hier les derniers devoirs à M. l'Ingénieur en Chef Goupil.

La carrière de notre cher et regretté collègue est une carrière de chemin de fer. Il a eu, pendant de longues années, la lourde charge des travaux d'entretien de tout le réseau de l'Ouest. Je l'ai alors beaucoup connu et apprécié pendant que j'étais ingénieur en Chef du contrôle de ce réseau. Aussi, l'ai-je fait attacher, dès que je l'ai pu, au secrétariat de notre Comité, et nommer, en 1912, membre de votre Assemblée.

Il a pris une part très active à vos travaux soit comme rapporteur de nombreuses affaires, soit comme membre de la deuxième Commission permanente et de la Commission des accidents.

A la veille de la guerre il s'était attaché à obtenir sinon l'unification immédiate des signaux fixes, du moins l'unification des signaux à main échangés entre les agents des gares et des trains, appelant avec anxiété l'attention du Comité sur ce fait que tel signal commandant le refoulement sur un réseau avait une signification diamétralement opposée sur d'autres réseaux.

Membre de la Commission du freinage continu des trains de marchandises, Goupil a présenté des rapports très documentés sur les réactions auxquelles ce mode de freinage donne lieu dans les trains de grande longueur.

Hier encore, il était rapporteur de la Commission chargée d'assurer enfin la répétition des signaux sur les machines et il consacrait ses derniers efforts à la rédactión d'un lumineux rapport dont il faisait adopter les conclusions.

Dans toutes ses études, Goupil a su déployer ses éminentes qualités scientifiques et techniques, une érudition et une puissance de travail hors de pair.

Toutes ces belles qualités, ce n'est pas dans votre seul Comité que j'ai eu à les apprécier. Goupil était depuis de longues années la cheville ouvrière de la Commission des Annales des Ponts et Chaussées, où j'ai pu, comme Président, admirer son inlassable labeur. Il passait la majeure partie de son temps à notre riche bibliothèque de l'École nationale des Ponts et Chaussées, et là, il lisait tout, il étudiait tout, dans les ordres les plus divers et dans toutes les langues. Pas un numéro de nos Annales qui ne contînt de nombreuses notes-souvent très développées et du plus grand intérêt. Là aussi, sa disparition sera douloureusement ressentie.

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Messieurs, Goupil a été un grand praticien, un grand savant, un admirable érudit, c'était un puissant cerveau et un noble cœur. Je ne lui savais qu'un défaut : une modestie exagérée.

Que sa veuve désolée, que la belle famille qu'il a su fonder, veuillent bien recevoir l'assurance de la part que nous prenons à leur grande douleur ! Je puis leur certifier que dans notre Assemblée, Goupil avait l'estime et l'amitié de tous.

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