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II

CONSTRUCTION DE VOUTES EN MOELLONS
ÉQUARRIS PAR MATAGES OU BOURRAGES

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La méthode de construction que l'on va exposer a été appliquée tout d'abord, à titre d'essai, à la voûte amont de l'Oued Cheracher et l'emploi en a été généralisé dans la confection des ponts de Mesdoura, de l'Oued Cheracher (arc aval), de l'Oued Masmouda et de l'Oued Beth.

Les voûtes de ces ouvrages sont exclusivement constituées d'assises régulières de moellons à peu près équarris séparées par des joints allant partout de l'intrados à l'extrados: aucune distinction n'a été établie entre les qualités des maçonneries des diverses parties d'une même voûte et il n'a pas été fait emploi de maçonnerie ordinaire grossièrement appareillée. Les moellons équarris ont des faces dressées avec une tolérance de 4 à 5 centimètres suivant les plans de lit (joints de voûte).

Les surfaces de parement en douelle sont smillées pour faciliter la pose sur le cintre. Les surfaces de parement des têtes sont bouchardées ou tétuées suivant qu'il s'agit d'un parement général d'ouvrage ou d'un parement intérieur. Les ́ queues de pénétration dans la voûte sont généralement de 0 m. 32 et 0 m. 48. Ces chiffres désignent aussi les longueurs alternatives des queues des pierres de parement à l'intérieur de la douelle. Douelle. On pose tout d'abord à sec sur le cintre les moellons formant parements de douelle: tous ces moellons sont réunis entre eux par des cales en pierre coincées à des emplacements convenables pour qu'elles puissent faire office de transmetteurs de pression,

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Les équipes chargées de la confection des joints sont disposées alors sur la voûte, une à chaque naissance, deux à la clef — une Ann. des P. et Ch., MÉMOIRES, 1919-VI.

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pour chaque moitié de voûte — et, s'il en est besoin, deux sur les reins.

Le mortier est réparti par couches de 8 à 10 cm. dans les joints et vigoureusement maté dans toute la région avoisinant la clef, bourré avec soin partout ailleurs. Cette opération peut être effectuée en une journée.

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Deuxième rouleau. Généralement, dès le lendemain, les joints sont assez durs pour qu'on puisse circuler avec précaution sur la voûte et l'on procède à la pose des deuxièmes voussoirs correspondant aux assises de douelle à courte queue (fig. 7 voussoirs no 2).

Ces pierres reposent sur les assises inférieures par l'intermédiaire d'une couche de mortier convenablement mouillé. On les assujettit aux assises de la douelle au moyen d'éclats de pierre. On procède alors à l'introduction du mortier en se contentant d'en effectuer un bourrage soigné dans tous les joints.

Troisième rouleau. On vient enfin poser la troisième rangée de moellons comme on l'a fait de la deuxième (moellons no 3). Le mortier introduit, on effectue des matages énergiques aux naissances suivant un nombre d'assises variable à déterminer dans chaque cas (8 à 10). Partout ailleurs - reins et clef effectue un bourrage.

on

Enfin, au cours de la construction, on remplit de mortier que l'on bourre les joints parallèles aux tétes en ayant soin d'y introduire des cales en pierre présentant une face aussi grande que possible suivant le plan de lit normal à l'intrados et aux têtes.

Le mortier employé à toutes ces opérations a le même dosage: 350 kil. de ciment par mètre cube de sable, à Mesdoura.

La distinction que l'on a entendu faire entre les matages et les bourrages est la suivante: le matage s'effectue sur un mortier sec pulvérulent qui est pilonné vigoureusement à l'intérieur du joint à l'aide d'un outil spécial formé d'un fer plat sur lequel on frappe d'énergiques coups de masse. Le bourrage est effectué à la main par un seul ouvrier, au moyen d'un pilon de dimensions réduites sur un mortier légèrement humide.

Le matage s'effectue dans toutes les régions où le joint serait susceptible de travailler à l'extension. Il a pour but d'introduire des compressions supplémentaires ou, tout au moins, de réaliser, à ces endroits critiques, des joints particulièrement résistants.

Le bourrage n'a d'autre but que d'obtenir un remplissage des joints aussi parfait que possible: le mortier légèrement humide présente des qualités de résistance inférieures à celles du mortier maté, mais le fait n'a pas d'importance tant qu'il ne s'agit que de résister à des efforts de compression. En retour, l'adhérence aux pierres est mieux assurée.

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1° Premier effet des matages: Amélioration générale
de la position de la courbe de pression.

Le procédé, on le voit, n'a d'autre but que d'obtenir un << renforcement » des parties critiques des joints.

Si l'on admet que l'effet des matages est de provoquer, aux endroits où ils sont réalisés, des compressions supplémentaires, on voit que l'on tend ainsi à «< centrer » la courbe de pression en la rapprochant de la fibre moyenne.

A ce point de vue, la méthode (apparaît comme unè généralisation de la méthode classique des matages isolés dans les joints fixes du cintre.

Aucune fissure ne peut d'ailleurs se produire par suite d'un fléchissement du cintre au cours de la construction en raison même de la constitution de la voûte posée à joints secs sur son cintre et de la rapidité avec laquelle sont confectionnés les joints.

2o Deuxième effet des matages: Séparation de la voûte
d'avec son cintre.

Les matages qui sont effectués dans les joints de douelle des environs de la clef ont pour effet de soulever la voûte au-dessus

de son cintre. Le même effet se constate aux naissances si l'on a soin de laisser vides le premier joint ainsi que les joints sur appuis fixes du milieu de la montée et si l'on vient, en fin de travail, mater énergiquement ces joints.

L'arc se trouve alors détaché de son cintre à la fois aux naissances et à la clef et il ne repose sur ce dernier que vers le milieu de la montée.

On s'en rendra compte sur la photographie page 308 qui représente le rouleau de douelle du pont de l'Oued Cheracher amont, les joints achevés (on procède à la pose des voussoirs no 2). La séparation de la voûte et de son cintre est tellement accusée aux naissances qu'on la constate sur la photographie même.

On a partout mis ce fait en évidence par une expérience très simple: les couchis dont on s'est servi sont constitués, non point par des madriers mais par des tiges carrées de 8 × 8 séparées les unes des autres. Les tiges vibrent et rendent un son clair partout où elles sont séparées de la douelle. Ailleurs, vers la demi-montée, le son demeure mat.

3o Accentuation de l'effet décrit ci-dessus:
Soulèvement de la voûte à la clef. Clavage.

Il a paru intéressant de provoquer d'une manière encore plus nette la séparation de la douelle d'avec son cintre.

On a procédé de la manière suivante à Mesdoura : les assises de douelle une fois posées à sec, on a introduit à la place de l'assise de clef une série de coins et de contre-coins en bois d'olivier (fig. 8).

Les joints ab des voussoirs formant contre-clefs étaient spécialement taillés pour recevoir l'appui des contre-coins C'.

Les coins C ont été enfoncés à coups de masse: on a constaté une surélévation des contre-clefs de 5 mm.; la quatrième assise s'est élevée de 2 mm. 5; le soulèvement n'était plus perceptible vers la 8e assise.

On a alors rempli les joints courants de la voûte en réservant pour la fin de l'opération les joints correspondant aux assises

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