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Au G. Q. G., un officier supérieur du génie, spécialiste en matière d'alimentation en eau, ayant le titre d'Inspecteur Général du Service des eaux et «< chargé de centraliser tous les << renseignements utiles sur le régime des eaux sur tout le << théâtre d'opérations du Nord-Est et d'étudier les moyens pratiques de pourvoir à l'alimentation des armées en eau potable »; dans chaque armée, des équipes spéciales de puisatiers, rattachées aux compagnies du Génie des étapes et devant assurer l'exécution des travaux arrêtés suivant les indications techniques émanant de l'Inspecteur Général du Service des eaux au G. Q. G.

«<

Mais, dès les premières semaines qui suivirent cette création, il fut reconnu que l'organisation première devait être renforcée pour donner au Service des eaux de chaque armée son autonomie propre, sous la direction d'un chef de service compétent.

Ainsi complétée à la date du 24 juin 1915, l'organisation du service a été par la suite encore modifiée et améliorée, mais dans quelques détails seulement. Dans ses grandes lignes elle a finalement, et pendant la majeure partie de la campagne, fonctionné comme suit:

au G. Q. G.: l'Inspection Générale du Service des eaux, organisme chargé d'exercer dans les armées et directions d'Étapes, au nom du Général en chef, un contrôle technique permanent sur le fonctionnement des services d'eau, de centraliser et éventuellement reviser les demandes de matériel adressées par eux et d'y satisfaire, enfin de procéder aux renforcements ou diminutions de personnel par prélèvement d'un service sur les autres; dans chaque armée ou direction d'étapes: un chef de service en principe Ingénieur en chef ou Ingénieur des Ponts et Chaussées mobilisé (1) — secondé par un certain nombre d'offi

(1) Liste des fonctionnaires de l'Administration des Ponts et Chaussées ayant été chefs de service d'eau d'armée ou de direction d'étapes:

MM. le colonel BOISNIER, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées,
les lieutenants-colonels GUILLET, LAHAUSSOIS, LE GAVRIAN,
LEVESQUE, NINCK, PARENT et PRINCE, Ingénieurs en chef des
Ponts et Chaussées;

les commandants ARON, AUBRY, BOULLE, BOUrgeois, Gadreau,

ciers ou officiers d'administration, chefs de secteurs, choisis parmi des idoines (conducteurs ou adjoints techniques des Ponts et Chaussées ou de la ville de Paris, ingénieurs ou agents de services municipaux ou de sociétés de distribution d'eau, entrepreneurs, etc.); comme spécialistes, une compagnie, dite de puisatiers, par armée ou direction d'étapes, à effectifs variables d'un moment à l'autre suivant l'importance des travaux prévus ou en cours; comme auxiliaires, des renforts en main-d'œuvre fournis suivant les besoins par les Corps sur la demande du chef de service.

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s'est

Cette organisation par armée ou direction d'étapes à l'épreuve, montrée très rationnelle, comme donnant au Service des eaux le caractère de semi-fixité qui lui était indispensable, en particulier dans la guerre de position, pour la réalisation des grands programmes de travaux, correspondant aux différentes opérations projetées; elle a paru, à ce point de vue, préférable à l'organisation par corps d'armée adoptée par les armées britannique et américaine, à laquelle on a cependant eu recours, temporairement, dans les périodes de progression rapide des derniers mois de la guerre; à ce moment, chaque chef de service d'eau d'armée, tout en gardant la direction d'ensemble du service et conservant près de lui le noyau central de sa compagnie, a détaché dans chaque corps d'armée en opérations un officier de secteur et quelques équipes, chargées de satisfaire aux premiers besoins en eau de la troupe au cours de la marche en avant.

GILLES-CARDIN, HERMANN, LOEWY, PASCALON et TESSIER, Ingénieurs en chef ou ordinaires des Ponts et Chaussées;

le commandant BUNAU VARILLA, ancien Ingénieur des Ponts et Chaussées;

les capitaines AUBERTIN, COLLIN, FOURAULT, SALMON et THIOLLIÈRE, Ingénieurs des Ponts et Chaussées ;

les officiers d'administration principaux LAINÉ et REISSIG, anciens conducteurs des Ponts et Chaussées.

DÉVELOPPEMENTS DU SERVICE DES EAUX

Avant d'indiquer quel a été le rôle du Service des eaux et les travaux qu'il a exécutés, il est utile de donner quelques chiffres qui permettront de se faire une idée du développement que peu il a pris.

à

peu

Créé, nous l'avons dit, en juin 1915, le Service des eaux n'eut à l'origine une importance réelle que dans les 2o et 4o armées où un gros effort était à faire en vue de la préparation de la bataille de Champagne et dans la 10° armée, qui opérait en Artois, où le manque d'eau avait conduit le commandement local à organiser, dès le 15 avril 1915, un service spécial. Partout ailleurs, il resta pendant plusieurs mois à l'état embryonnaire, parce que, d'une part, les besoins n'étaient pas impérieux et que le génie des divisions suffisait à exécuter les travaux correspondants. Mais peu à peu, le Service des eaux prit partout de l'exten

sion.

Le personnel qui, pour l'ensemble des services d'eau d'armée et de direction d'étapes, comprenait :

le 1er octobre 1915: 30 officiers et 1.590 sous-officiers, caporaux et soldats, s'élevait:

le 1er juin 1916 à 40 officiers et 2.584 sous-officiers, caporaux et soldats;

le 20 juillet 1916 à 64 officiers et 3.788 sous-officiers, caporaux et soldats ;)

le 11 novembre 1918 à 93 officiers et 5.215 hommes (1).

(1) Ces chiffres, qui peuvent paraître élevés, sont encore très modestes quand on les compare à ceux correspondants des armées britannique et américaine:

Dans l'armée britannique, chaque corps d'armée comprenait en effet une compagnie de puisatiers, à effectifs renforcés, avec les cadres correspondants.

Dans l'armée américaine, et sur le seul front de Woëvre, au moment des opérations de septembre-octobre 1918, le Service des eaux comptait 39 officiers et 1.400 hommes.

Les travaux exécutés qui comprenaient le 1er octobre 1915: 312 captages ou aménagements de sources;

782 curages ou aménagements de puits; 577 forages ou fonçages de puits; 195 installations d'abreuvoirs ; représentaient le 1er juin 1916:

582 captages ou aménagements de sources; 2459 curages ou aménagements de puits; 1390 forages ou fonçages de puits;

682 installations d'abreuvoirs ;

et la

pose d'environ 55 kilomètres de canalisations.

Ils ont depuis lors considérablement augmenté encore et il a été impossible d'en poursuivre la statistique jusqu'au bout.

Mais on aura une idée de l'importance de ces travaux quand on saura que le Magasin central créé à Nangis, en mai 1917, pour alimenter directement les armées en matériel provenant de l'intérieur et stocké dans ce magasin, a expédié de mai 1917 au 11 novembre 1918:

et

Plus de 6.000 pompes à main;

Plus de 1.300 pompes à moteur;

1284 cuves métalliques de 5 mc. formant réservoirs;

363 kilomètres de canalisations,

que les usines Durenne de Bar-le-Duc et de la Société de Pont-à-Mousson à Foug, dont toute la production était réservée au Service des eaux depuis janvier 1917, lui ont fourni depuis cette date jusqu'au 11. novembre 1918:

les usines de Bar-le-Duc, 157 kilomètres de canalisation; les usines de Foug,

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id.

id.

ATTRIBUTIONS DU SERVICE DES EAUX

Le service des eaux est tout d'abord chargé de la préparation (suivant les directives qu'il reçoit de l'État-Major ou d'après les demandes qui lui sont adressées par les Corps) de l'exécution et enfin de l'exploitation de tous les travaux d'alimentation en eau Ann. des P. el Ch., MÉMOIRES, 1919-IV.

2

(points d'eau pour les hommes, abreuvoirs pour les chevaux, desserte des camps, cantonnements et hôpitaux, postes de chargement pour locomotives de voie de 60 cm. et, parfois même, pour locomotives à voie normale).

Il est en second lieu le conseiller technique de l'État-Major pour l'organisation des transports d'eau par voitures, camions, wagons-citernes et bateaux-citernes, qui fonctionnent au cours d'une offensive et d'une progression.

Enfin, il collabore intimement avec le Service de santé en raison des attributions de ce service en ce qui concerne la qualité des eaux.

TRAVAUX EXÉCUTÉS PAR LE SERVICE DES EAUX

1o GUERRE DE POSITION

Pendant toute la durée de la guerre de position, où les fluctuations du front ont été insignifiantes, le rôle du service des eaux a consisté à équiper ce front d'une façon de plus en plus complète. Les points d'eau qui, à l'origine, étaient créés en très petit nombre, là où les besoins se révélaient les plus urgents et suivant les disponibilités en personnel, furent peu à peu développés, les abreuvoirs multipliés; les installations, d'abord sommaires, réalisées dans les camps ou les hôpitaux, furent perfectionnées; en résumé, pour permettre au poilu de tenir pendant ce stationnement de plus de trois années, on tenta d'améliorer les installations de tous ordres de manière à lui donner, malgré les difficultés rencontrées, un peu de confort et de bien-être; le Service des eaux suivit cette impulsion et les travaux furent poursuivis pour mettre de plus en plus l'eau en plus grande quantité à la portée des hommes, en vue d'améliorer les conditions d'hygiène, notamment en créant des lavoirs, bains-douches, etc.

Mais pendant cette période, c'est surtout dans les régions où ont eu lieu des actions de grande envergure et où, par suite, des effectifs considérables ont été accumulés, que le Service des eaux a dû fournir, très rapidement, son plus gros effort. La prépara

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