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5 novembre 1852.

Décision portant qu'un nouveau bâtiment de l'État sera affecté, à dater de 1853, à la surveillance de la pêche du corail sur la

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Application à l'Algérie du décret du 9 janvier 1852, sur la

Application à l'Algérie de l'institution des Sociétés de

HISTOIRE ÉTRANGÈRE.

DEUXIÈME PARTIE.

CHAPITRE PREMIER

Fautes du ministère Rogier, élections nouvelles, majorité hostile au ministère, crise ministérielle, persistance du cabinet à garder le pouvoir; dangers de cette situation, relations politiques avec la France, craintes d'invasion, susceptibilités nationales, insultes de la presse belge, le Bulletin français, la Nation, réclamations diplomatiques, acquittements; relations commerciales avec la France, expiration du traité de 1845, négociations, mauvais vouloir du cabinet belge, menaces de représailles, arrangement provisoire, décret frappant les houilles et fontes belges; échec nouveau du ministère, chute définitive, administration de Brouckère, conciliation et modération; reprise des négociations avec la France, convention commerciale, loi Faider relative aux offenses contre les souverains étrangers; précautions défensives, places fortes, armée, avances faites à la Russie, mise en non activité des officiers polonais; le tiers parti, apaisement des passions politiques, travaux sérieux.

Finances. Budget, caisses d'épargne. Chemin de fer, transil, commerce. Lignes composant le réseau, rôle des chemins de fer belges, développements commerciaux, navigation transatlantique.-Population. Mouve ment pendant dix ans. — Paupérisme. Statistique des indigents, la misère dans les Flandres, ses causes, ses effets.

BELGIQUE.

L'année 1851 avait été, pour le ministère, une année de crise: l'année 1852 devait voir se consommer sa ruine. Le cabinet présidé par M. Charles Rogier n'avait duré, on se le rappelle, qu'à l'aide de replâtrages et grâce aux concessions du parti catholique. Une fraction importante du parti libéral s'était même détachée de cette administration qui, depuis le 12 août 1847, avait la pré

tention de représenter tout le libéralisme belge. L'âpreté maladroite avec laquelle M. Rogier avait conduit les relations diplomatiques avec la France, l'opposition blessante qu'il avait faite aux plus légitimes influences du parti catholique, la ténacité avec laquelle il se retenait au pouvoir, toute cette attitude cassante et personnelle expliquaient la diminution progressive de la majorité dans les Chambres. Le dédaigneux appui que lui avait offert le parti catholique en novembre 1851 (Voyez l'Annuaire précédent, p. 449), la persistance du cabinet à présenter des projets d'impôts antipathiques au pays et rejetés par l'opinion libérale elle-même, tout faisait prévoir qu'un nouvel appel aux électeurs serait l'occasion d'une leçon sévère.

Les élections de 1851 pour le Sénat avaient donné au ministère une voix seulement de plus; les élections de juin 1852 lui enlevèrent douze voix et le constituèreut en minorité flagrante. M. Rogier dut donner sa démission; mais son ambition blessée ne lui permit pas d'accepter sincèrement la situation nouvelle. Pendant l'interrègne ministériel, il s'opposa de tous ses efforts à la constitution d'une administration définitive.

Le 27 septembre, M. Rogier se représentait, comme chef du cabinet, devant le Parlement. Il fallut lui donner une nouvelle leçon, plus significative encore que la première. Non-seulement la persistance de M. Rogier à se cramponner au pouvoir était devenue une insulte à l'opinion publique, mais encore elle était devenue un danger pour le pays.

Les modifications apportées à la constitution politique de la France avaient réagi profondément sur la Belgique. Ce royaume constitutionnel, dont la destinée avait paru quelque temps liée à celle du gouvernement français, ne pouvait assister sans émotion à un changement qui replaçait à la tête de la France le neveu de celui qui régnait autrefois sur la Belgique. Les partis se plurent quelque temps à aggraver les craintes conçues pour la neutralité du royaume. Tantôt on affirmait sérieusement que le Prince Président de la République française avait écrit une lettre autographe à S. M. le roi Léopold, pour lui exprimer le désir que les institutions de la Belgique fussent mises en harmonie avec celles de la France, tantôt on parlait d'une action moins

violente, mais aussi hostile, exercée sur les relations commer

ciales du pays.

Les violences insensées d'une partie de la presse belge contre le chef de l'Etat en France, ne contribuèrent pas peu à envenimer la situation. La sagesse des deux gouvernements eût pu seule mettre un terme à ces terreurs et à ces agressions.

Il faut bien le dire, c'était surtout à des écrivains français, depuis longtemps fixés en Belgique ou récemment repoussés de leur pays par les événements politiques, qu'on attribuait ces attaques violentes ou honteuses. Sans doute il doit être beaucoup pardonné aux souffrances et aux amertumes de l'exil; mais le proscrit ne doit jamais oublier que son premier devoir est de respecter le pays qui lui donne un asile.

Sans prétendre à s'immiscer en aucune façon dans l'administration intérieure ou dans la justice de la Belgique, le gouvernement français s'était cru en droit de faire parvenir, par la légation française, deux plaintes officielles contre les offenses de la presse belge. Deux feuilles périodiques, le Bulletin français et la Nation furent particulièrement poursuivies, dans les mois de mars et de septembre, sous la prévention de calomnie et d'injures envers le Président de la République. La première de ces deux publications, produit éphémère des rancunes du parti parlementaire vaincu le 2 décembre 1851, avait motivé, par son acrimonie, une demande d'expulsion contre les écrivains et de poursuites judiciaires contre l'imprimeur et l'éditeur responsable. La seconde, organe des idées radicales, avait poussé l'outrage jusqu'à des provocations à l'assassinat. On comprendra dès lors que les réclamations de la légation française fussent posées dans un langage sévère. Et cependant, ces écrivains qui déshonoraient la presse furent acquittés par le jury belge. On supposa, non sans raison, la complicité morale du cabinet dans cette impunité acquise à l'injure et à la calomnie.

Ces offenses, imprudemment encouragées par l'attitude hostile du ministère Rogier, compliquaient d'une manière fâcheuse une situation extérieure, déjà rendue grave par l'expiration des traités du 13 décembre 1845. Aux efforts loyalement tentés par le cabinet français pour le renouvellement de la convention expirée,

on n'avait répondu que par une mauvaise volonté mal déguisée, et le ministre français à Bruxelles avait dû laisser entrevoir la possibilité de représailles. C'était une guerre de tarifs qui s'annonçait.

Le ministre de Belgique, le prenant sur un ton d'indifférence presque menaçante, laissait entendre à l'envoyé français, M. le duc de Bassano, que le statu quo pouvait paraître à la Belgique plus avantageux qu'un traité; que la France ne pourrait se passer des houilles belges et qu'un traité de commerce paraissant impossible, les négociations pouvaient n'être reprises que sur la base d'une convention littéraire.

:

A cela, M. Drouyn de Lhuys répondait, avec une honorable modération Vous semblez indifférents sur les conséquences d'une guerre de tarifs; alors, pourquoi nous demander la garantie du droit de 15 centimes sur vos houilles? ne rusons point et disons franchement ce que nous voulons. La France désire la remise en vigueur de la convention de 1845 jusqu'au 31 décembre 1852; une convention littéraire pour dix ans, moyennant des réductions de droits sur les houblons, les bestiaux du Luxembourg et les cotonettes, et enfin des négociations sérieuses pour un traité de commerce définitif. Quant aux houilles, M. Drouyn de Lhuys se refusait à souscrire un engagement nouveau qui n'avait trouvé place dans aucun des traités antérieurs, se réservant d'user de tous ses droits, au cas où le gouvernement belge repousserait la conclusion d'une convention nouvelle.

En réponse à ces observations, le 20 août, M. Charles Rogier faisait les quatre propositions suivantes :

1o Le statu quo;

2o La reprise des négociations pour un traité définitif et complet;

3o La remise en vigueur de la convention de 1845 pour un temps court et déterminé, avec reprise immédiate des négociations pour un traité; de plus, convention littéraire et arrangement relatif aux houblons, aux bestiaux du Luxembourg et aux cotonnettes; enfin, une déclaration portant que la France maintiendrait, pendant la durée de la prorogation, le droit de 15 centimes sur les houilles belges;

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